- Ouvrage lu dans le cadre du Prix Orange de la bande dessinée 2023 -
Dans la nuit pluvieuse, Antoine, est déposé précipitamment par son père chez ses grands-parents qui habitent une maison isolée au coeur de la forêt vosgienne. Antoine n'est pas ravi car il ne s'y plaît pas. Il passe ses journées auprès de sa grand-mère dont il voudrait s'émanciper et essaie d'éviter son grand-père, un chasseur, figure du patriarche : mutique, violent et puissant.
Dans la première partie, nous suivons le quotidien d'Antoine, entre jeux, ennui et attente des nouvelles de ses parents. Jusqu'au jour où sa grand-mère, qui doit faire des courses au village, lui demande de retrouver son grand-père parti dans la forêt chercher des trompettes de la mort. Antoine le rejoint puis se perd en cherchant les champignons. Dans une seconde partie, le récit bascule dans le fantastique, Antoine s'est transformé en chevreuil et va participer à une terrible partie de chasse.
J'ai apprécié ce récit initiatique pour son originalité et son atmosphère inquiétante. le protagoniste, Antoine est touchant. le garçonnet est déposé en pleine nuit par son père dans cette grande maison effrayante car sa mère a disparu. le lecteur ressent de l'empathie pour l'enfant et devine son angoisse. J'ai souri aux nombreuses références de la culture populaire des années 90 (la Game Boy, Mario, la musique, Tortue Ninja, Power Rangers) qui m'ont rappelé des souvenirs.
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Les trompettes de la mort » aborde différents thèmes comme les relations intergénérationnelles parfois teintées d'incompréhension, l'enfance, l'imaginaire, la nature, le rêve.
J'ai été conquise par la première partie très réaliste et l'ambiance qui se dégage du scénario ainsi que le graphisme. le basculement dans le fantastique est très intéressant et astucieux, même si j'ai toujours un peu de mal avec ce genre (question de goût uniquement). J'ai trouvé le récit très rythmé et j'ai apprécié qu'il se déroule au coeur de la forêt, lieu de mythe et de fantasme. J'ai aimé qu'il y ait plusieurs niveaux de lecture et que la fin soit ouverte.
L'esthétique de ce roman graphique est indéniable. Les illustrations sont très belles et hypnotiques. J'ai adoré les choix de colorisation, en bichromie dans des teintes vives et psychédéliques.
Simon Bournel-Bosson signe un roman graphique envoûtant sur l'enfance et la complexité des relations humaines.