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EAN : 9782362800887
128 pages
Editions Thierry Marchaisse (03/09/2015)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Voilà donc ce que cette lettre devrait réussir à faire pour mériter son appellation : vous évoquer, dans tous les sens de ce verbe, vous appeler à moi, vous faire venir à moi, mais en moi, depuis les replis les plus personnels de ma mémoire.

En vous évoquant, je me convoque ainsi du même coup devant ce « vous en moi », c'est-à-dire devant mon propre passé.

D'où la dimension passablement égotiste de l'entreprise, car le vous en moi à qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre ne peut se lire sans quelques prérequis, et d'abord celui, évident, d'avoir lu au moins un livre de Barthes. Il ne présente pas grand intérêt pour celui qui ne sait absolument pas de quoi il parle. D'autre part, il me semble qu'il requiert aussi un certain niveau de connaissance en matière de critique littéraire et/ou artistique.

Ce livre ne s'adresse donc pas au grand public, mais bien au public averti, et probablement assez restreint, de ceux qui connaissent son sujet. Jean-Marie Schaeffer ne fait pas ici oeuvre de vulgarisateur, car l'adresse - même fictive - à Roland Barthes fait qu'il s'adresse nécessairement à un récepteur disposant du même vocabulaire et du même langage que lui. le format l'impose clairement : écrire à Roland Barthes pour lui expliquer en quoi consiste son oeuvre n'aurait évidemment aucun sens. Il faut d'ailleurs préciser qu'il s'agit d'un ouvrage de commande, puisqu'elle s'insère dans une collection de livres étant tous des lettres à un auteur.

Passé cette première barrière, le lecteur averti trouvera dans cet ouvrage un hommage chaleureux à cet homme dont l'oeuvre a bouleversé durablement l'approche de la critique littéraire et artistique, en France et dans le monde. En particulier, on sent un désir de "réhabilitation" de la part de l'auteur ; j'emploie des guillemets car Roland Barthes est largement considéré comme une référence, voire comme un classique, puisque ses ouvrages sont étudiés sur les bancs de l'université. Pour autant, l'oeuvre de Barthes comporte un tournant qui a été trop souvent mal compris, selon Jean-marie Schaeffer, car Barthes a été considéré comme un des fers de lance du structuralisme, une méthode d'analyse qui fonde la plupart de ses ouvrages, et il s'en serait ensuite détourné complètement, reniant ce qu'on a appelé depuis sa "période structuraliste", comme s'il s'agissait là d'un passé gênant. Je schématise, bien entendu, ce ne sont là que de grossiers raccourcis.

Toujours est-il que Jean-Marie Schaeffer prend le contrepied de cette reconstruction a posteriori du sens global de l'oeuvre de Barthes et en présente sa vision personnelle. Selon lui, Barthes n'a jamais été structuraliste, au sens où le structuralisme est trop souvent considéré comme une doctrine. Il n'a été structuraliste que dans la mesure où il a utilisé cette méthode d'analyse pour établir ses propres critiques. de la même façon, l'auteur considère que Barthes ne s'est jamais complètement départi de la méthode structuraliste, même jusque dans ses ouvrages de la période "post-structuraliste" comme La Chambre claire. Je ne saurais me positionner là-dessus, je ne connais presque rien au structuralisme, et mes lacunes en ce domaine m'ont sans doute empêchée d'apprécier l'intégralité de ce livre à sa juste valeur.

Pour autant, les deux livres que j'ai lus de Barthes sont précisément témoins de chacune de ces deux périodes, Mythologies pour la première et La Chambre claire pour la seconde. Et il me semble que les différences sont bien plus d'ordre stylistique que méthodologiques, même s'il se trouvera sans doute beaucoup de spécialistes pour me contredire. Quand la rhétorique des Mythologies est très rigoureuse, logique et ne laissant de place à rien d'autre que l'analyse, celle de la Chambre claire est beaucoup plus digressive et laisse une large place à la voix et au ressenti de l'auteur ; mais l'étude que Barthes y fait de la photographie, si j'ai bien compris le propos de Schaeffer, utilise peu ou prou les mêmes outils que ceux de la méthode structuraliste.

Quoi qu'il en soit je n'ai jamais aimé cette façon binaire d'appréhender l'ensemble d'une oeuvre, comme s'il pouvait y avoir un "avant" et un "après" clairement définis. Je trouve cela trop simpliste. J'étais donc assez d'accord avec le propos de l'auteur, même si je n'en ai pas saisi toutes les subtilités, par manque de connaissances.

Pour revenir à la forme épistolaire, j'ai trouvé cela plutôt réussi au début, quand il parlait de l'évocation, avec le fait d'évoquer un mort qui faire revivre ce qu'il y a de lui en nous. Cela prenait tout son sens, alors, d'écrire une lettre. Et cela faisait très justement écho à La Chambre claire, où Barthes voit dans la photo des êtres décédés une sorte d'évocation, ou même de convocation des morts. Mais au milieu de l'ouvrage il m'a semblé que l'aspect épistolaire se diluait et qu'il n'était au fond qu'une sorte de prétexte ; la seule différence effective résidait dans le "vous dites" à la place de "Barthes dit". L'évocation n'est donc pas réussie du début à la fin, selon moi.

Pour autant, l'auteur raconte avec finesse comment Barthes l'a accompagné toute sa vie durant, et il y a tout de même un côté assez touchant à cela, même s'il disparaît parfois derrière des analyses critiques assez ardues. le tout est écrit dans un style assez proche de l'auteur de la Chambre claire, à tel point qu'on pourrait presque dire que c'est une lettre à Barthes "à la manière de Barthes".

Ce fut donc pour moi une lecture assez laborieuse, parsemée de nombreuses petites perles de compréhension que je tâcherai de garder en mémoire. le jour où j'aurai lu tout Barthes, je le relirai, et je l'apprécierai sans doute encore plus.


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Le texte de Jean-Marie Schaeffer, publié aux Editions Marchaisse dans la collection "Lettres à", tient son originalité comme d'ailleurs toute cette collection, de sa disposition sous forme de lettre. Ici l'auteur s'adresse au grand critique et sémiologue Roland Barthes. La lettre commence par une forme de justification devant l'incongruité d'écrire une lettre à un mort, car en effet, que peut-on bien attendre d'un mort lorsqu'on lui écrit une lettre ? Jean-Marie Schaeffer répond à cette problèmatique en invoquant le fait que la personne à laquelle il s'adresse ici n'est qu'une évocation de Roland Barthes, l'idée qu'il se fait de Roland Barthes, un Roland Barthes tant intemporel qu'impersonnel. Une fois l'acte d'écriture justifié, le texte va présenter, de façon très personnelle, entremêlé des expériences et du vécu de l'auteur les grands principes, textes et théories de Roland Barthes. On y retrouve bien sûr de larges références au strucuralisme, théorie selon laquelle la langue est un système dans lequel chaque élément n'est définissable que par rapport aux autres éléments de ce même système, la sémiologie étudiant les signes dans la société y tient également une place importante, sans oublier le concept majeur d'auteur, source de conflits littéraires importants à l'époque de la publication du texte La mort de l'Auteur, texte qui remettait en question les fondements même de la critique littéraire telle qu'elle se pratiquait alors.
Dans sa lettre Jean-Marie Schaeffer, nous fait faire le tour de l'oeuvre de Roland Barthes, ses principaux ouvrages y sont mentionnés notamment Fragments d'un discours amoureux, La mort de l'auteur, La chambre claire, La système de la mode, s/z et bien sûr Mythologies, nous faisant partager sa propre idée et son ressenti sur ces grands textes.
Cependant et malgré sa grande richesse, ce texte reste très technique, obscur parfois même, nécessitant certaines connaissances linguistiques pour être bien compris et j'ai du me replonger à plusieurs reprises dans les grands concepts de la linguistique pour le comprendre, une seconde lecture serait d'ailleurs nécessaire pour aller au fond des choses.
Pour finir je tiens à remercier Babelio et les Editions Thierry Marchaisse pour ce livre qui m'a malgré tout donné envie de rédécouvrir l'oeuvre de Roland Barthes.
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J'ai bien aimé ce livre, mais j'y poserai quand même un "problème": c'est qu'il n'est pas pour tous publics. En effet, je pense qu'il va surtout intéressé les passionnés, et surtout ceux qui ont déjà un bagage littéraire derrière eux. Pour les autres, je pense que la lecture en sera un peu gâchée. Sinon, pour ma part, j'ai bien apprécié la lecture de ce livre, qui sans payer de mine, possède tout de même son intérêt.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La mort (réelle) de l'écrivain (...) crée les conditions pour que puisse naître la figure de l'auteur comme Loi de l'Œuvre. Tant que l'écrivain est vivant, les lecteurs sont libres (c'est peut-être une des raisons pour lesquelles l'école préfère les écrivains morts), personne ne pouvait se prévaloir d'être investi de l'autorité à parler à la place de qui est vivant (même si celui-ci, comme c'est le cas de nombreux écrivains, se tait quant à son œuvre). Mais dès qu'il est mort il devient la Loi de l'Œuvre qui, comme toute loi, nécessite des interprètes légitimes et compétents.
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Ne pas dire grand-chose de la lecture traduit précisément l'acceptation de sa nature radicalement privée, individualisée et échappant à toute sanction d'(il)légitimité. (...) Ce que fait la lecture, comme la critique, ce n'est pas découvrir un sens (...) qui serait tapi dans l’œuvre (...), c'est générer un sens, c'est remplir de sens une forme.
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Imaginer le désastre c'est, selon vous, l'accepter, de même qu'énoncer son caractère inévitable c'est l'asserter. (...) Le "fascisme" de la langue ne réside donc pas seulement dans le fait qu'elle nous oblige à parler, mais aussi dans le fait que par sa nature assertive elle nous engage toujours ontologiquement : dire que la mort est inévitable, c'est accorder l'être à la mort.
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La langue n'est bonne que lorsqu'il y en a plus d'une. Dès qu'il n'y en a qu'une seule, elle devient mauvaise, parce qu'elle devient à la fois obligatoire (on ne peut pas passer à une autre) et autiste (elle est refermée sur elle-même).
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Un texte lisible est un texte qui peut être "consommé" passivement, alors qu'un texte scriptible exige une intervention active du lecteur : on ne peut le lire qu'en le réécrivant.
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