Ca fait huit jours que nous sommes ici et nous nous fatiguons énormément. A notre arrivée, l'herbe commençait à entamer la maison. Je sens que l'heure de ma retraite sans flambeaux, je me demande de quoi, est proche et que j'en fais l'apprentissage. 15 ou vingt ans de silence et de solitude, égayées par le jardinage et des promenades de moins en moins longues, il me semble ce soir que ça fera mon affaire, me la ferait, aussi peu méchamment que possible. J'ai acheté une brouette, ma première brouette! Elle roule bien, avec sa seule roue. Je surveille les amours des doryphores et m'y oppose, avec succès, quoique humainement, c'est à dire en jetant les parents dans le jardin de mon voisin et en brûlant les oeufs. Que ne m'en a-t-on fait autant!
Extrait de la lettre à Georges Duthuit du 9-14 avril 1951
Moi je ne crois pas à la collaboration des arts, je veux un théâtre réduit à ses propres moyens, parole et jeu, sans peinture et sans musique, sans agréments. C'est là du protestantisme si tu veux, on est ce qu'on est. Il faut que le décor sorte du texte, sans y ajouter. Quant à la commodité visuelle des spectateurs, je la mets là où tu devines. Crois-tu vraiment qu'on puisse écouter devant un décor de Bram (Van Velde), ou voir autre chose que lui? Dans Godot c'est un ciel qui n'a de ciel que le nom, un arbre dont ils se demandent si c'en est un, petit et rabougri. J'aimerais voir ça foutu n'importe comment, sordidement abstrait comme la nature l'est, pour les Estragon et Vladimir, un (sic) calvaire à sueurs et à poissons, où quelquefois il pousse un navet, se creuse un fossé. Rien du tout, ça n'exprime rien, c'est de l'opaque qu'on n'interroge même plus.
Extrait de la lettre à Georges Duthuit du 3 janvier 1951
Par l'autrice & un musicien mystère
Rim Battal propose une lecture performée de x et excès avec un grand musicien jazz et pop dont le nom sera révélé lors de la soirée. En ouverture Rim Battal invite cinq poétesses, Alix Baume, Camille Pimenta, Charlene Fontana, Esther Haberland, Virginie Sebeoun, qu'elle a accompagnées lors d'un programme de mentorat intitulé « Devenir poète.sse ». Cinq brèves lectures avant de plonger dans x et excès. Rim Battal y explore les zones d'ombre de l'ère numérique où l'industrie du sexe a une place prépondérante. Comment sculpte-t-elle nos corps et notre rapport à l'autre ? Dans une langue inventive, Rim Battal s'attaque au discours dominant sur la sexualité, le couple et l'amour pour mieux en révéler les failles.
Ce faisant, elle ouvre un espace de réflexion sur l'art. de Cabanel à Mia Khalifa, de Samuel Beckett à Grisélidis Réal, elle tisse des liens entre poésie, pornographie et oeuvres plastiques. Et dévoile ce que notre époque a de singulier et d'universel.
À lire – Rim Battal, x et excès, Castor Astral, 2024 – L'eau du bain, coll. « Poche poésie », Castor Astral, 2024.
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