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EAN : 9782321007258
128 pages
Le Robert (22/10/2015)
3.45/5   21 notes
Résumé :
Petite histoire des relations adelphiques à travers les plus belles lettres de personnages célèbres ou anonymes présentées par Didier Lett.

De Marie-Antoinette à Maxime Le Forestier, en passant par Stendhal, Vincent Van Gogh ou encore Friedrich Nietzche... Découvrez les plus belles lettres de relations adelphiques de personnages célèbres et anonymes.

Didier Lett est agrégé d'Histoire et Professeur d'Histoire médiévale à l'Université Par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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On dira ce qu'on voudra, mais rien jamais ne pourra se substituer au bonheur de serrer contre sa poitrine, une lettre où s'exprime l'attachement, de la naissance à son devenir, des liens du sang, dit adelphiques.
Bien souvent, il perpétue l'histoire familiale et, en l'absence des pères et mères disparus, il est le fil conducteur qui relie l'un à l'autre, des frères et des soeurs ; un lien qui, selon qu'il cède ou s'estompe petit à petit, pèse sur la transmission ou le flou qu'il propage vers la descendance de chacun. C'est dans la lettre à mon sens que le pouvoir des mots s'exprime le plus avant, car est bien plus forte en effet l'attente du retour espéré d'une correspondance que le simultané de la communication par mail, (l'un écrasant l'autre par sa multiplicité) lequel message laisse peu de poids à la réflexion, prêtant à l'action/réaction un réflexe dénué de distanciation et dont, du fait de la simultanéité restreint l'attendrissement, voire l'exclu totalement. En témoignent les différents échanges présentés par Didier LETT (un nom bien destiné ma fois) dont la profondeur est criante quelle que soit la nature des sentiments.
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Joseph du Bourg à son frère Bruno, sur l'état de santé de leur frère, Philippe ; expression de la fierté familiale à l'évocation du la mitre, couvre-chef du frère évêque :
― Prie Dieu qu'il rende à notre frère la santé et l'usage de ses jambes, dont il en a eu une de cassée à son service ayant la mitre en tête. Nous t'aimons et te chérissons de tout notre coeur.
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Lord Byron à sa demi-soeur Augusta ; attachement passionnel conditionnant désormais tout autre épanchement amoureux :
― On dit que l'absence détruit les passions faibles et confirme les fortes. Hélas ! celle que tu m'inspires est la somme de toutes les passions et de toutes les tendresses, elle s'est renforcée mais elle me détruira – je ne parle pas de destruction ‘physique', car j'ai résisté et puis résister, à beaucoup de choses – mais de l'annihilation de toute pensée, de tout sentiment, de tout espoir qui n'ait de près ou de loin un rapport avec toi et avec nos souvenirs.
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Honoré de Balzac à sa soeur ; ne pas oublier de poser l'essentiel et dire je t'aime :
― Je commence par te dire que je t'aime de tout mon coeur et que je t'embrasse de peur de l'oublier dans le courant de ma lettre.
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Eugène Delacroix à son frère Charles ; maudissant la fuite du temps et la réciproque paresse conduisant chacun à rester dans sa charge et loin de l'autre demeurer :
― On a bien par ci, par là une quinzaine de jours disponible. Mais un ou deux mois sont bien difficiles à prendre sur le train ordinaire de la vie comme elle est arrangée... Si nous reprenions au moins l'habitude de nous écrire de temps en temps, cela ferait un peu diversion à cette impossibilité de nous voir.
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Ernest Renan à sa soeur Henriette ; expression des regrets quant à la renonciation de la dépendance affective induite par l'abattement de la distanciation relative à la parfaite connaissance de l'autre.
― Que de fois j'ai maudit le jour où je commençai à penser, et j'ai envié le sort des simples et des enfants, que je vois autour de moi si contents, si paisibles. Dieu les préserve de ce qui m'est arrivé, et pourtant je l'en remercie.
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Ce sont des mots que l'on prête à un autre, si proche, et c'est un ravissement que de les pouvoir conserver et lire à l'envi. Non point que ces liens soient toujours indéfectibles, quant à la mesure des élans qu'ils intiment se pouvant exprimer au contraire avec une force destructrice, par manquement, ou par jalousie (souvent sur le quantitatif du lien entretenu par l'un ou l'autre des parents, à tel ou telle du frère ou de la soeur), et selon que la vie des uns et des autres évolue vers l'indépendance ou vers une certaine forme de maturité.
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Durant trente ans, Pierre Louÿs écrit à son frère Georges ; pour entretenir le lien, coûte que coûte.
Tu t'étonnes que je te parle « d'autre chose » que de ce désaccord : je te donne des nouvelles de ma vie parce que je suppose que cela t'intéresse, et je te demande tous les trois jours des nouvelles de la tienne parce que j'ai envie d'en avoir et c'est assez naturel...
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Que n'ai-je lu toutes ces lettres avec attachement, moi aussi, pour n'en point recevoir autant de sitôt. Merci donc à Robert, Les Éditions Le... et Babelio dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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À travers Lettres à mes frères et soeurs on entre dans l'intimité de personnages célèbres tels que Stendhal, Balzac, Schubert, Dostoïevski… Mais aussi d'autres plus anonymes lors de correspondances avec leurs proches pendant la guerre, ou encore de chanteurs poètes comme Renaud .

Les lettres des grands écrivains des siècles derniers m'ont semblé froides et désuètes. On remarque que les liens fraternels étaient primordiaux, puisque bien souvent les parents mouraient encore jeunes et laissaient les orphelins à la charge des aînés. On sent poindre le romantisme, l'adoration d'un frère pour sa soeur, les sentiments amoureux, l'attachement profond. L'aîné d'une fratrie a plus de pouvoir que les autres et le masculin l'emporte sur le féminin !

J'ai préféré les lettres de Willi Lutz à sa soeur, racontant sa détresse de soldat dans les tranchées, qui ne comprend plus rien à cette guerre.

La lettre de Thierry Séchan, frère du chanteur Renaud, retrace l'itinéraire de ce chanteur qui "se suicide à petit feu". Un poète qui traîne son vague à l'âme et ne peut remonter la pente.

Maxime le Forestier chante pour le frère qu'il n'a jamais eu, nous fait ressentir l'importance des liens fraternels. Quand on n'en a pas, on s'en invente, et quand ils sont partis, on les regrette. Ils sont les témoins de notre enfance, ceux avec qui on a partagé nos premières émotions.

Des lettres, on n'en écrit plus beaucoup…

Je remercie les Éditions Le Robert ainsi que Babelio pour ces mots intimes.
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J'ai lu la préface fort instructive de Didier Lett et j'ai appris un nouveau mot : adelphique, issu du grec (j'ai pris soin de vérifier !) adelphos – adelphi signifiant frère-soeur. J'aime bien sa musicalité. Cette consonance toute antique nous ramène à l'universalité quasi sacrée des liens indéfectibles du sang. L'auteur étant agrégé d'histoire, spécialiste de l'enfance et de la famille, nous propose un voyage dans le temps au travers de ce recueil de correspondances de personnages célèbres ou anonymes. Je l'ai commencé par la fin et j'ai remonté le fil du temps. le ton change. Curieusement les sentiments s'expriment avec davantage d'emphase :
Franz Schubert « Tu es mon ami le plus intime attaché à toutes les fibres de mon âme »
Dostoïevski « Je te remercie de toute mon âme, mon bon frère […]tu ne peux croire quel doux frémissement du coeur j'éprouve quand on m'apporte une lettre de toi . »
Balzac « Très chère soeur, je commence par te dire que je t'aime de tout mon coeur et que je t'embrasse de peur de l'oublier dans le courant de ma lettre. »
L'amour est souvent exacerbé, parfois fusionnel voir incestueux. Cela peut s'expliquer par le décès prématuré des parents laissant de jeunes enfants qui se tournent alors vers leurs frères et soeurs ou également par une éducation qui se fait en pension, les liens parentaux sont alors très distanciés. Ainsi la confusion entre fonction paternelle et fraternelle engendre un surinvestissement de la relation dans laquelle s'inscrivent les hiérarchies du rang de naissance, de sexe et de fonction.
La lecture de ces correspondances nous plonge au coeur de moments historiques tragiques comme la découverte d'un camp de concentration, la grande guerre. Elle nous dévoile également l'intimité de personnages publiques. J'ai particulièrement été touchée par cette lettre de Dostoïevski dans laquelle il raconte comment il a échappé de justesse à une condamnation à mort programmée.
Je remercie Babelio et les éditions Le Robert pour cette belle découverte d'une collection qui regroupe également lettres à mon père et lettres à ma mère.
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Ce recueil de texte m'a été envoyé par Masse critique de Babelio. "Mots Intimes" est la nouvelle collection consacrée à l'art épistolaire et à l'amour des mots, publiée avec le concours du site deslettres.fr, et qui fait son entrée dans le catalogue des éditions Le Robert.

Si tout le monde connait la chanson de Maxime Leforestier « Mon frère », on sait moins que Stendhal et Balzac écrivirent à leur soeur. Ce recueil nous propose vingt-deux textes entre frère et soeur, célèbres ou non. Vingt-deux textes qui mettent en lumière les relations parfois passionnelles, faites d'amour sincère, de haine, de jalousie, de respect ou de responsabilité lorsque les parents disparaissent prématurément.

La lettre, support privilégié, est souvent le moyen d'oser dévoiler des sentiments que la proximité ne permettrait pas. Elle donne un accent de sincérité aux confidences et témoignages qu'elle contient. Et même si le langage usité est un peu désuet, ces lettres apportent un éclairage intéressant sur l'histoire familiale de chacun mais aussi sur l'Histoire, ainsi la lettre désespérée de Marie-Antoinette à son frère Léopold, un mois avant sa mort, qui ne recevra aucune réponse.

Ce recueil est l'occasion de (re)découvrir certains personnages sous un angle différent, dans l'intimité de leur correspondance adelphique. La brève note biographique qui précède les lettres est la bienvenue pour éclairer la relation fraternelle qui va nous être dévoilée et situer le personnage. Il permet aussi de juger l'évolution de l'écriture au fil du temps, passant d'une rhétorique rigide et calibrée à un langage libéré de tout carcan formel.

Un coup de coeur, ancien déjà, pour la chanson de Maxime que je me passais en boucle à l'adolescence et un pour la lettre de Saul Stein, un soldat de l'armée canadienne qui raconte à ses frères et soeurs, l'horreur qu'il vient de découvrir dans les camps le 30 avril 1945.

Un recueil qui me donne envie de découvrir la suite de la collection avec, outre les lettres à ma mère, à mon père... des lettres d'amour, érotiques ou de Noël.
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Je voudrais remercier Babelio ainsi que les éditions Le Robert pour l'envoi de ce petit livre qui m'a beaucoup plu !

J'ai toujours été attirée par les correspondances –amoureuses ou autres- de personnages célèbres ou d'anonymes, et c'est donc tout naturellement que j'ai choisi cette collection de lettres "adelphiques".

J'ai apprécié ma lecture, qui m'a permis d'en apprendre davantage sur certains auteurs (comme Balzac ou Stendhal), de découvrir certains éléments inconnus de la vie d'autres (ainsi, j'ignorais que Maxime le Forestier n'avait pas de frères, mais que des soeurs, et que c'est pour cette raison qu'il a composé « Mon frère »). Les explications « limitées » des lettres ne m'ont pas gênée, et je tiens à ajouter que la présentation de l'ensemble des lettres m'a charmée !

Ainsi, j'ai pris grand plaisir à découvrir ces correspondances entre frères et soeurs ; je suis donc tentée par les autres collections de cette édition, comme « Lettres d'amour », « Lettres à ma mère », ou encore « Lettres à mon père » !

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Je me donne du courage en me disant : "Tu es soldat et tant que tu es soldat, tu es encore soldat. Nous vivons une grande époque. Chacun remplit son devoir jusqu'à la dernière extrémité." J'en suis conscient, mais Mélanie, ma tendre et fidèle sœur, je te le dis à toi seule, je ne suis plus le même soldat qu'avant. Qu'est-ce qui ne va pas ? Peut-être le devineras-tu plus facilement que je ne pourrais te le dire ? Où est passé le patriotisme ardent, le grand enthousiasme de 14 ? Où que je tourne mes regards, je n'en vois plus de traces et je connais des gens parmi tous les grades, même les plus élevés...

Lettre du soldat Willi Lutz à sa sœur Mélanie, 28 juin 1916.
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Certes, ce n'est plus cet heureux temps où toute chose me semblait entourée d'une auréole juvénile, mais c'est cette fâcheuse expérience d'une réalité misérable que j'ai cherché à rendre aussi belle que possible par mon imagination...On croit que le bonheur est accroché à l'endroit où l'on a été heureux jadis, alors qu'il n'est qu'en nous-mêmes...

Lettre de Franz Schubert à son frère Ferdinand.
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Je t'enverrai tout ce que j'écrirai, si j'écris quelque chose. Mon Dieu, combien d'images vécues, créées nouvellement pour moi, vont périr, s'éteindre dans ma tête, ou bien se déverser comme un poison dans ma sang ! Oui, si je ne peux plus écrire, je périrai.Plutôt quinze ans de détention, mais la plume à la main [...].

Lettre de Dostoïevski à sa son frère, avant sa déportation en Sibérie.
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Un artiste n'arrête jamais de créer, voyons ! À moins qu'il ne se suicide, bien sûr...Mais il est vrai que ton comportement s'apparente à un lent suicide, un suicide à petit feu. Que faire ? Te regarder sombrer les bras croisés ? Inimaginable ! [...] "Renaud, laisse pas béton!"

Thierry Séchan à son frère Renaud.
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- lettre à sa sœur d'un soldat allemand en 1916 dans le Pas de Calais :
"Ce soir, j'ai eu pour la première fois une conversation avec mes deux hôtesses. Elles disaient, entre autres choses, qu'elles priaient quotidiennement leur Dieu pour que la guerre s'arrête bientôt, et elles m'ont demandé si je le faisais aussi. Je ne leur ai rien répondu. Elles m'ont dit alors : "La guerre, grand malheur." Leur mari, tous les deux partis au front, pas de lettres, pas de journaux, pas de pain, pas de charbon, etc., dépendant de l'Allemagne pour tout. L'une des deux femmes m'a montré sa machine à coudre et m'a raconté qu'elle était très bonne et qu'elle n'avait pas été réparée depuis quinze ans. Je me suis approché et j'ai lu : "Singer". Je lui ai dit que c'était un produit de fabrication allemande et que, "en Allemagne, tout très bon !" Elle m'a approuvé en riant et a dit que les soldats aussi étaient très, très bons mais naïfs, car ils croyaient tout ce qui était marqué dans les journaux allemands."
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Alain Rey : Linguiste et lexicographe, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la langue française, dont le célèbre Dictionnaire historique de la langue française. Il est aussi l'un des principaux créateurs des dictionnaires Le Robert. Aurore Vincenti : Linguiste et chroniqueuse sur France 2, France Inter, TV5 Monde et Arte, elle a publié aux Éditions le Robert Les Mots du bitume. ---------------------------------------------------------------------------
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