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EAN : 9782070140589
210 pages
Gallimard (12/04/2013)
3.41/5   48 notes
Résumé :
À la fin des années 1980, Filippo, petit voyou italien, s’évade de prison avec Carlo, un ancien activiste des Brigades Rouges. Si Carlo est tué quelques semaines plus tard dans un braquage, Filippo, lui, arrive à Paris où il découvre le milieu des réfugiés politiques italiens et les zones d’ombre des Années de plomb, mais aussi les méthodes des polices française et italienne et des services de renseignements. Devenu veilleur de nuit, pour combler sa solitude, il com... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Février 1987 : Filippo un petit voyou qui volait, trafiquait aux alentours de la gare de Termini à Rome, s'évade de prison avec Carlo : un ancien brigadiste. Ils ont sympathisé et, le jeune homme qui n'a jamais voulu travailler en usine, ni entrer dans le système est vite fasciné par les récits des luttes ouvrières, de la solidarité , de l'espérance de ces extrémistes de gauche qui ont semé la terreur pendant " les années de plomb ". les attentats les enlèvements, les vols, les demandes de rançon, les jambisations des B.R, les luttes contre l'Ordine nuovo avec les meurtres de policiers, de magistrats, d'hommes politiques, de journalistes ....
Bref Filippo l'admire et, quand Carlo décide de s'évader : il va l'aider à gérer les détails de leur fuite par les bennes à ordures et ils vont sortir sans encombre de leur geôle mais, Carlo Fideli est attendu par 2 des siens et il le laisse poursuivre seul la cavale ! Quelques semaines plus tard Carlo va être tué lors du braquage de la banque Piémont-Sardaigne à Milan ! Heureusement qu'il lui avait conseillé de se réfugier à Paris chez sa compagne Lisa Biaggi ! Cette dernière l'accueille froidement et lui loue un petit studio, ensuite il va trouver un emploi de gardien de nuit à La Défense à Nanterre . Lisa est un ex brigadiste réfugiée avec d'autres italiens dans la Capitale ( doctrine Mitterand ) . Ils vivent tous dans l'espoir de voir leur cause se réactiver, mais aussi dans la nostalgie de ces années ou les B.R, le PCI faisaient la loi !
Filippo Zuliani s'ennuie, il se sent méprisé par la communauté des réfugiés et, il se met à écrire toutes les nuits pour s'attirer l'attention de Lisa et de son amie Cristina.
Il fait lire ses écrits et, rapidement un éditeur s'intéresse à cette histoire intitulée " l'évasion " ou Filippo imagine la suite de la cavale avec Carlo, le braquage de Milan..c'est un succès littéraire et il est sollicité par tous, mais les polices françaises et même italiennes se demandent si ce roman est une fiction ou si c'est réellement le récit fidèle des faits ! Filippo est heureux car enfin, il devient un personnage important paré de la réputation De Carlo ! Mais, comme la grenouille qui voulait être plus grosse que le boeuf ( La Fontaine ), il oublie la prudence et il s'expose à ce qui va finalement lui arriver !
Dominique Manotti nous présente un polar politique, un thriller avec une fin" téléphonée" et l'aventure d'un petit voyou qui n'a jamais rien lu, ni écrit et, qui soudainement devient un véritable écrivain ! Une affabulation difficile à croire même si le style, l'écriture de l'auteur sont agréables, fluides, simples et directes . de plus, étant agrégée d'histoire : elle aurait pu nous conter plus longuement les tristes" anni di piombi " qui ont bouleversés l'Italie de 1960 à 1980..
L.C thématique d'avril 2022 : un polar français
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Février 1987 – Filippo, petit voyou sans envergure emprisonné à Rome, se retrouve par un concours de circonstances embarqué dans l'évasionDe Carlo, prisonnier politique et membre des Brigades Rouges, dont il a partagé la cellule. Pendant ces mois d'enfermement commun, le flamboyant Carlo lui a raconté les révoltes ouvrières de la fin des années 1960, la découverte de la solidarité et de l'espérance, cette volonté farouche d'enterrer l'ancien monde et la dislocation des illusions dans la violence, à partir de l'attentat de la Piazza Fontana du 12 décembre 1969.

«Filippo écoutait, haletant. Il sentait chaque mot vibrer dans ses muscles. L'usine, il n'en avait jamais voulu, les ouvriers, un travail d'esclave, très peu pour lui. Mais le groupe soudé, solidaire à la vie à la mort, la révolte et la violence collective comme mode de vie, l'espoir de tout foutre en l'air un jour, il en avait toujours rêvé, et il n'avait jamais trouvé dans les petites bandes romaines qu'un écho lointain et déformé de ses rêves, la lutte pour la survie de tous contre tous, et la désespérance, sans jamais avoir les mots pour le dire.»

Abandonné en rase campagne par Carlo à la suite de l'évasion, Filippo parvient à rejoindre Paris, devient avec l'aide de Lisa, la compagne De Carlo, gardien de nuit dans une tour de la Défense, où il peut, tout en arpentant les plateaux déserts de la tour ou en fixant des écrans vides, ressasser les mots De Carlo sur le refus de la misère et la rage, et espérer, lui, le petit truand méprisé, gagner enfin sa part de reconnaissance et d'amour par l'écriture.

«Tu as cru que ton codétenu, un prolo et fier de l'être, prisonnier politique, instruit, beau parleur, et grand lecteur était devenu ton ami, l'ami d'un petit voyou qui sait à peine lire, incapable d'aligner trois phrases. Quelle connerie. Ces choses-là n'arrivent jamais.»

Vingt ans plus tard, «L'évasion» raconte, dans les yeux des refugiés politiques italiens de Paris, un nouvel épisode de l'écrasement de l'extrême gauche italienne, visant à apporter la preuve de sa «dérive mortifère et inexorable vers la grande criminalité», et peut-être à détourner l'attention d'une autre actualité, le blanchiment par la justice des responsables identifiés des attentats de 1969.

En dépit d'un personnage de Filippo peu crédible, ce roman (Série noire Gallimard, 2013) est l'un des plus poignants de Dominique Manotti, sur les idéaux brisés de l'extrême gauche italienne, au travers du parcours De Carlo et du destin subi de sa compagne Lisa, l'un des plus beaux personnages féminins imaginé par l'auteur.
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L'Évasion n'est pas un polar mais un roman sur l'imagination créative et surtout sur la face cachée des intrigues criminelles du pouvoir (extrême-droite) et des révolutionnaires (extrême-gauche) italiens lors des “années de plomb” puis de leurs suites. le livre de Dominique Manotti révèle son style toujours aussi dynamique, clair, précis et assez élégant. L'histoire imbrique avec habileté le scénario de l'auteur dans l'histoire réelle – ou du moins supposée très probablement réelle – en s'amusant à faire pratiquer le même exercice à son personnage-écrivain. le tout donne un livre captivant, tonique, qui m'a beaucoup plu mais qu'on peut juger décevant pour ses invraisemblances. En effet la réalité du livre est bien facile : le délinquant presque inculte prétend aux prix littéraires dès son premier livre, les refugiés politiques vivent facilement, le héros s'intègre sans souci, les recherches et les hypothèses sont immédiatement aisées et pertinentes. Autre déception qui s'apparente à la première : la superficialité des personnages et le schématisme de l'histoire italienne. Moyennant quoi je resterai fidèle à cette auteure : un grand cépage dont j'aime le vin, facile à boire et riche en arômes, dans un petit millésime !
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Depuis que j'ai découvert « Sombre sentier », j'ai attendu chacun des nouveaux ouvrages de Dominique MANOTTI avec impatience. J'ai bien entendu lu l'Evasion dans les jours qui ont suivi sa sortie. Avec une satisfaction mitigée...

Ce roman est comme d'habitude fort bien écrit. Mais il s'avère moins prenant que ses prédécesseurs et le sujet est délicat et personnellement m'a rendu mal à l'aise.

L'allusion aux démêlés de Cesare Battisti avec les justices françaises et italiennes, ou plutôt l'inverse italiennes et française, est évident. Cette période historique récente de l'Italie est peu connue. Les exactions des services secrets italiens à cette époque sont semble t-il avérées, tout comme les actes de violences des BR ou des autres organisations de ce type. Mais ce contexte rend le personnage principal bien peu attirant, ce qui empêche d'entrer pleinement dans l'histoire.
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Il n'est jamais trop tard et voilà donc que l'on se prend à vouloir rattraper le temps perdu avec quelques auteurs français de polars bien de chez nous, histoire de changer un peu des figures imposées par la déferlante nordique ou même de nos voyages plus ou moins exotiques …
Parfois cela donne quelques nuits sans lendemains avec le décevant DOA, mais il se pourrait bien que l'on assiste ici à la naissance d'une relation durable avec sa collègue et complice : Dominique Manotti.
Une auteur réputée pour ses engagements sociopolitiques (il faut dire que c'est un peu la marque de l'école française en matière de policiers).
Avec L'évasion, Dominique Manotti nous replonge à la fin des années 80, à la fin de l'épopée des Brigades Rouges italiennes, lorsque repentis et dissociés avaient délogé les attentats à la Une des journaux.
Carlo, un ex-brigadiste des années de plomb s'évade de prison (trop facilement ?) et embarque dans sa fuite (par erreur ?) un simple et vulgaire droit commun, Filippo, un petit voyou des abords de la gare de Termini.
On vous laisse découvrir les détails du hold-up manqué qui mènera Carlo sur la touche tandis que Filippo, l'évadé malgré lui, se retrouvera à Paris au coeur du milieu intellectuel des réfugiés italiens.
Le voyou apprivoisé au parfum sulfureux se met à fréquenter le beau monde et les jolies femmes d'une intelligentsia qu'il n'imaginait même pas.
Carlo n'étant plus à ses côtés pour profiter de sa gloire d'ex-brigadiste, le petit voyou se dit qu'il ne tient qu'à lui d'enjoliver, un peu au début puis beaucoup ensuite, d'enjoliver l'histoire de sa cavale et son passé.
Consumé d'envie et de jalousie envers les arrogants réfugiés italiens qu'il fréquente désormais, il se met, au propre comme au figuré, à (ré-)écrire son histoire et un engrenage étonnant se met alors en branle.

[…] Une sacrée revanche. Devenir un écrivain.
[…] Mais tout au fond de lui, sans jamais en parler à personne, il sait que c'est un rôle de composition, un rôle usurpé.

On savoure avec plaisir la reconstitution de cette époque, l'évocation des années de plomb (on se souvient encore des carabiniers romains fouillant notre voiture …).
On découvre avec étonnement la construction soignée d'une intrigue qui entremêle un thriller politique avec une surprenante histoire de création littéraire : le process de l'écriture et la recette de fabrication d'un succès de librairie sont au coeur de ce bouquin.
Pour tout dire on oublie souvent qu'il s'agit d'un roman tant on se croit dans une histoire vraie, un quasi reportage (il faut dire que l'auteure s'est visiblement inspirée, très librement, des aventures de Cesare Battisti).


Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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critiques presse (2)
LeFigaro
07 juin 2013
Dans L'Évasion, la romancière nous entraîne avec Filippo, un «droit co» mythomane, dans l'univers complexe des relations franco-italiennes des années 1980. Littérairement passionnant et redoutablement efficace.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Liberation
13 mai 2013
Filippo par les mots décolle, s’affranchit de son passé et de son présent minables et, quand bien même le bluff est à l’œuvre, il y a chez lui du vilain petit canard qui mue en cygne, c’est beau.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
- Donc ?
– Donc je m’en vais.
– Comme ça ?
– Oui, comme ça. Tu te souviens ? Nous appelions ça « la pratique des objectifs », autrefois. Quand on estime un objectif juste et nécessaire, on le prend, on le met en œuvre, on n’attend pas qu’on nous le donne. J’ai pris ma liberté.
– C’est idiot, maintenant que les Brigades rouges annoncent qu’elles déposent les armes, ils vont nous relâcher dans les mois qui viennent. Et nous, nous allons peut-être pouvoir rentrer au pays.
– Jamais. On dirait que tu ne les connais pas. Ils nous haïssent parce qu’on a fait exploser leurs misérables combines, et qu’on leur a fait peur, vraiment peur. Ils ont découvert qu’ils étaient peut-être mortels. Maintenant qu’ils ont gagné, ils vont nous le faire payer, ils se vengent et continueront à se venger, il n’y aura jamais d’amnistie, ils nous laisseront pourrir en taule ou en exil jusqu’à la nuit des temps…
– Ce n’est pas possible, Carlo, il y a encore des démocrates dans ce pays…
– …Naïve. Tu connais l’empilement des lois d’exception, combien des nôtres en taule ? Cinq mille ? Plus ? Tu as bien lu la nouvelle loi sur la dissociation ? D’abord les repentis, maintenant les dissociés, tu vas voir les ravages, nous allons pourrir sur pied. Ça va se désintégrer dans tous les sens, ils feront tout pour nous anéantir, un à un. Nos hommes politiques, pseudo-démocrates compris, sont des minables, incapables et rancuniers.
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Les thèmes centraux de la protestation s'inspirent de l’argumentaire de Sebastiani, en l'amplifiant : les Français font preuve d’un mauvais goût choquant en prenant pour du talent littéraire ce qui n’est qu’une exploitation commerciale éhontée d’un événement crapuleux, sans aucun respect de la douleur des proches des victimes. L’argument de la liberté de création littéraire est un misérable oripeau qui ne parvient pas à cacher la déroute morale d’un criminel (parce que l'auteur est criminel, sans qu’il soit précisé quel est son crime, mais sans aucun doute possible) qui cherche à échapper à la justice de son pays. Les photos de Filippo Zuliani prises par l’identité judiciaire, face et profil, sont opportunément parvenues aux rédactions, et voisinent avec celles des veuves du carabinier et du convoyeur de fonds accompagnées de leurs enfants, de préférence à la sortie de la messe du dimanche. L’effet est saisissant.
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Puis Carlo devenait flamboyant pour raconter la découverte éblouie de la force des hommes tous ensemble, et tous égaux, les défilés des ouvriers qui se formaient spontanément à la fin des assemblées, allaient d’atelier en atelier, à la découverte d’une usine qui était jusque-là un univers inconnu et menaçant dans lequel ils n’avaient pas le droit de se déplacer librement. Dans un immense élan de bonheur, de solidarité et d’espoir, ils avaient cru que l’usine leur appartenait, qu’elle devenait leur territoire. Avec ses camarades, comme tant d’autres, ils avaient noué autour de leur cou le foulard rouge pour afficher leur fierté et leur détermination. Ils avaient chassé les petits chefs haïs, commencé à réorganiser le travail et la production. Carlo racontait encore des moments d’explosion de joie sauvage, comme cette nuit à Milan où lui et ses amis avaient mis le feu, au même moment, à toutes les voitures des petits chefs. Une fête pyrotechnique enchanteresse, et une sorte de prise de pouvoir sur la ville, une sacrée revanche, qui n’a pas duré longtemps, mais enfin, vivre ça, au moins une fois dans sa vie… Filippo écoutait, haletant.
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La nouvelle de la montée en puissance de L’évasion et de ses chances dans la course aux prix littéraires est parvenue, sans que l’on sache comment, par qui, pourquoi, jusqu’aux milieux italiens bien informés, où elle fait jaser. Elle est reprise dans tous les médias, et déclenche dans la presse une véritable levée de boucliers. Les journalistes ne s’embarrassent d’aucune prudence. Les thèmes centraux de la protestation s’inspirent de l’argumentaire de Sebastiani, en l’amplifiant : les Français font preuve d’un mauvais goût choquant en prenant pour du talent littéraire ce qui n’est qu’une exploitation commerciale éhontée d’un évènement crapuleux, sans aucun respect de la douleur des proches des victimes. L’argument de la liberté de création littéraire est un misérable oripeau qui ne parvient pas à cacher la déroute morale d’un criminel (parce que l’auteur est criminel, sans qu’il soit précisé quel est son crime, mais sans aucun doute possible) qui cherche à échapper à la justice de son pays.
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Complice d’une évasion préparée de longue date. Cette fois-ci, c'est la panique. Les policiers cherchent les complices du hold-up, les tueurs de flic, et ils ont une piste sérieuse, c’est toi la piste sérieuse. Complice clé d’une évasion préparée de longue date et incapable de prouver que tu marchais seul dans les montagnes pendant le hold-up. Incapable de prouver que tu n’étais pas sur ce trottoir, devant cette banque, à Milan, où tu n’as jamais mis les pieds. Son histoire est un peu mon histoire. Non, ce n’est pas un peu ton histoire, tu es dedans jusqu’au cou. Si les flics te mettent la main dessus, tu es fichu.
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Vidéo de Dominique Manotti
C'est l'histoire d'un golden boy qui a vu dans la folie du monde de la finance des années 1980 l'opportunité de construire un système d'arnaque à grande échelle. C'est aussi l'histoire d'un escroc rattrapé par la justice, qui a fini ses jours dans un pénitencier de Caroline du Nord ce mercredi 14 avril. C'est en somme l'histoire d'un véritable personnage de roman. Comment Bernard Madoff est-il devenu un symbole des dérives du capitalisme financier moderne ?
Guillaume Erner reçoit Dominique Manotti, écrivaine, ancienne professeure de l'histoire économique du XIXe siècle et auteure de l'ouvrage “Le rêve de Madoff” paru en 2013 aux éditions Allia.
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