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Jacques Chambon (Traducteur)
EAN : 9782369352358
48 pages
Le Passager Clandestin (21/11/2019)
4.1/5   36 notes
Résumé :
Que diriez-vous si votre père, comme toutes les personnes de plus de 60 ans, devait passer régulièrement un test qui détermine si sa vie offre encore quelque intérêt pour la communauté ? En 2003, dans une société régie par la productivité, les personnes âgées ne peuvent être un « poids » pour les actifs. Aussi, passé un certain âge, chacun est contraint par la loi de passer un examen pour évaluer ses aptitudes intellectuelles et physiques et dont le résultat détermi... >Voir plus
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On découvre (ou redécouvre) parfois des textes oubliés ou passés inaperçus ; c'est le cas ici de L'Examen, de Richard Matheson, réédité chez le Passager clandestin.

Dyschroniques
L'Examen est publié dans une collection nommée Dyschroniques. Elle cherche à remettre au goût du jour des nouvelles de science-fiction (souvent d'anticipation plus précisément) parues au milieu du XXe siècle, soit sous la plume de maîtres du genre déjà reconnus, soit sous celle d'auteurs plus confidentiels qui ont donc besoin d'un coup de projecteur (un peu à l'image de ce que fait également L'Arbre vengeur). C'est donc une parution dans un petit format pour des textes précieux, puisqu'ils sont choisis par les éditeurs pour leur fort lien avec notre actualité : quand bien même le texte a été écrit il y a plusieurs décennies, en d'autres lieux et en d'autres moeurs, son propos de science-fiction recèle des réflexions précieuses pour la compréhension de notre monde à la dérive.

La vieillesse est-elle un naufrage ?
Ici, nous suivons Tom, quatre-vingts ans, qui doit passer son quatrième « test », examen qui doit vérifier ses aptitudes physiques et cognitives. Dans ce but, Leslie, son fils, l'entraîne sur certaines questions, sa femme Terry et leurs enfants sont également présents à la maison. Dans cette société (datée de 2003 dans ce récit de 1954), il semble qu'une fois les soixante ans arrivés, il faille passer un test pour mériter de rester en vie. C'est une façon certes singulière, mais assez pratique, de sélectionner ceux qui auront l'honneur et l'avantage de mourir plus vieux que les autres, cela règle les problèmes de « gestion » des personnes âgées, des soins gériatriques et autres « soucis » liés à nos EHPAD. Ce texte nous renvoie en pleine figure ce que peut ressentir une personne qu'on ne considère que sous l'angle de la productivité qu'elle n'a plus, de la mobilité qu'elle a perdue et de l'autonomie qu'elle recherche toujours.

Récit poignant et percutant
Dans ce court récit, ce qui est fort est d'abord l'empathie entre les personnages, non seulement vis-à-vis du père, Leslie, qui voit son propre père dépérir et attend malgré tout son décès approchant, mais surtout vis-à-vis du grand-père, Tom, qui arrive à la fin de sa vie et dont le destin dépend d'un banal test médical d'aptitude. Dès les premières lignes, la tension est posée entre le lien filial et familial autour du grand-père et l'extrême difficulté à trouver une utilité productive à cette « personne âgée ». le texte se termine sûrement de façon un peu trop abrupte, mais a le mérite de nous laisser imaginer la suite en toute liberté.

L'Examen est un très bon choix de la part de cette collection Dyschroniques, à la fois beau texte et très actuel au vu de notre constante recherche de la productivité au détriment de l'humain.

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Ecrite en 1954, cette courte nouvelle, qui projette l'action dans un futur qui est aujourd'hui déjà notre passé, 2003, peut faire penser un peu à 1984.

Au-delà du sujet, l'euthanasie programmée des personnes âgées incapables de réussir certains tests leur validant un sursis de cinq année, la relation père-fils est développée très pudiquement, laissant de côté les vaines interférences de la bru.

Le désarroi du fils, la fausse résignation du père, les détails tels que le laçage des chaussures noires cirées, sont palpables dans une atmosphère étouffante d'un huis clos qui enferme de plus en plus le lecteur, jusqu'au dénouement qu'il déduira aisément, sans parvenir à en sortir.

Ce beau texte aurait-il dû être plus long? Je ne crois pas tant il exprime de densité dans les relations au fil de ces quelques pages si bien écrites.
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Courte nouvelle sur la vieillesse : dans un futur imaginaire (en 2003) Les et Terry, loge Tom, le père de celui-ci. Mais ces derniers temps, Tom est rattrapé par les années qui passent, les problèmes de mémoire, d'attention viennent et l'examen qui doit décider de sa place dans la société approche...
Une nouvelle simple mais implacable. Dans ce futur, c'est un examen sur les capacités de réflexion qui décide si les plus de soixante ans ont encore leur place parmi leurs semblables. Terry pense d'une façon un peu coupable à l'échec de son père, octogénaire, à l'examen car cela signifierait la fin de cette gêne permanente chez eux. La fin est comme un coup de tonnerre... Une nouvelle à mettre en parallèle avec l'époque de celle-ci, les années 50 et le vieillissement de la population et la non-productivité d'une partie de celle-ci... La science-fiction permet de montrer de façon extrême les conséquences que peuvent avoir les décisions (très) abusives sur la vie de chacun. Nouvelle très percutante de Richard Matheson
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De passage à Saint-Malo, j'ai découvert une superbe librairie, L'Odyssée. J'y ai passé un très très long moment entre les différents espaces magnifiquement achalandés.

Bien entendu je suis ressorti avec plusieurs livres dont ce petit volume. Je ne m'intéresse généralement pas trop à la science-fiction, mais dans ce lieu je me suis retrouvé face à ce livre d'une maison d'édition que je ne connaissais pas. Plusieurs livres de la maison « le passager clandestin » me faisaient de l'oeil et j'ai opté pour ce livre de Richard Matheson. Et pour 5€, le risque pris pour découvrir n'était pas très élevé.
Je peux déjà dire que ce n'est pas le dernier de cette maison d'édition que j'achèterais.

L'auteur nous plonge dans un pays où la question de la vieillesse a été réglée par la loi, avec la possibilité d'une euthanasie d'État, contrôlée et acceptée.
Les personnes âgées, si leur famille n'a pas déjà demandé qu'ils ne soient plus un poids pour eux, doivent passer un examen tous les 5 ans. A l'issue de celui-ci leur autorisation de vie est prolongée de 5 ans en cas de réussite ou réduite à un mois le temps d'organiser les modalités administratives avant l'euthanasie.
Dans ce livre, nous sommes dans un huis-clos familial, la veille de cet examen fatidique et Richard Matheson nous tient au fil des pages.
Que ferions-nous face à un parent qui vous a élevé, qui vous a aimé et que vous avez aimé si une telle disposition était mise en place… C'est sans doute ce à quoi veut faire réfléchir l'auteur.

Le texte date de 1953 mais il est d'une écriture qui n'est pas du tout datée et même le sujet est assez moderne et pourrait tout à fait être d'actualité dans des pays comme l'Argentine de Javier Milei qui dit que tout est monnayable jusqu'aux organes…et que personnes ne doit être un poids pour l'État, et dans bien d'autres pays où « les vieux » sont surtout vus comme des problèmes.

J'ai également beaucoup aimé les quelques pages à la fin de l'ouvrage sur l'auteur, la contextualisation du sujet et la bibliographie sur la thématique. Elles étaient pour moi, aussi intéressante que le texte lui-même.
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Cette nouvelle, publiée à l'origine dans les années 50, prend place en 2003 (le futur donc - même si pour nous c'est déjà du passé). L'auteur y décrit une société qui fait face à un grave problème de surpopulation, et notamment de la hausse du nombre de personnes âgées dans une société qui se doit d'être active, et où ces dernières sont perçues comme des poids, des assistées. Pour y remédier, une loi a été votée pour que les personnes de plus de 60 ans (et donc retraitées) doivent passer tous les cinq ans des tests d'aptitude afin de valider ou non leur droit à continuer de vivre. Les personnes qui échouent sont euthanasiées.

Dans le cadre de son histoire, Richard Matheson fait le choix de nous placer dans le camp du fils adulte de Tom, octogénaire, qui vit aux crochets de son fils Leslie et de sa femme Terry. Après avoir passé le test plusieurs fois, il devient évident que le vieux ne réussira pas cette année-ci. Alors que son fils lui fait passer des tests de révision avant le jour J, on le voit en proie à d'énormes troubles d'attention, de mémoire, de motricité... Et ensuite, on suit Les et Terry qui discutent du fait que ce serait quand même mieux que le père échoue. le texte est très court, et se passe en 24h. Il ne s'agit pas tant d'une réflexion approfondie sur le sujet que sur une volonté de transcrire une tranche de la vie de cette famille, avec les émotions du fils, ses questionnements, ses contradictions, les injonctions de sa femme et le comportement embrouillé du père. Ce qui est probablement une tentative de l'auteur pour nous mettre dans la peau des gens qui seraient susceptible d'avoir voté cette loi, d'avoir des proches concernés, me fait penser à tous ces témoignages de parents d'handicapés : on n'a pas du tout le point de vue des personnes concernées. Et ici, le vieux est clairement montré comme un poids, comme un râleur, une gêne, quelqu'un qui ferait mieux d'accepter la mort plutôt que d'accepter... le cours normal de la vie, qui est de vieillir. Je ne cache pas que j'ai été très gênée par ceci, parce que quand bien même il s'agirait de montrer que ce genre de décision est horrible et ne devrait pas avoir lieu d'être, qu'on ne devrait pas avoir à choisir entre la vie d'êtres humains et le profit. Et on peut bien sûr faire le parallèle non seulement avec les personnes âgées (ici même, seulement retraitées), mais aussi avec les personnes handicapées, les personnes qui ne peuvent pas travailler, et même, carrément, les enfants. Bref, je pense que s'il s'agissait d'une critique virulente, l'auteur nous aurait donné le point de vue de celui qui risque sa vie plutôt que de donner les arguments pour / contre qu'on aurait en tant que personne qui a de l'autorité et ne risque pas sa propre vie, et de faire passer la mort du vieux comme quelque chose de, au final, bénéfique pour tout le monde.

À la fin de la nouvelle, comme pour chacun de ses textes SF réédité de nos jours et publiés dans un contexte antérieur, l'édition du passager clandestin fait une brève revue sur l'auteur, mais surtout sur le contexte du récit : ici la question du vieillissement de la population occidentale à la fin du XIXe siècle, les maladies liées aux vieillissement, le programme de sécurité sociale de Roosevelt en 1935, la question de la dignité des personnes âgées, la transition entre les "mouroirs" et les maisons de retraite, l'euthanasie involontaire... et même le programme Hitlerien concernant les personnes handicapées, malades ou âgées. On peut donc comprendre toutes les étapes qui ont mené à une amélioration des droits des personnes âgées, entre le XIXe siècle et le XXe (et, maintenant, au XXIe siècle), et même si je pense que ce genre de réflexion est un peu brutale, le fait que ce texte sorte juste au moment de la réforme des retraites par le gouvernement français est particulièrement pertinent - néanmoins le sujet n'est pas forcément bien abordé de mon point de vue.
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Si seulement il pouvait oublier le passé et prendre son père pour ce qu’il était à présent : un vieillard impotent, radoteur, qui leur gâchait la vie. Mais il était difficile d’oublier combien il avait aimé et respecté son père, difficile d’oublier les randonnées dans la campagne, les parties de pêche, les longues conversations le soir venu et toutes les joies qu’ils avaient partagées.
Voilà pourquoi il n’avait jamais eu le courage de signer la demande. Il ne s’agissait que de remplir un formulaire, d’une procédure des plus simples, beaucoup plus simple que d’attendre le retour de cet examen tous les cinq ans. Mais cela aurait signifié l’arrêt de mort de son père, le droit pour l’État de se débarrasser de lui comme d’un déchet. Il ne pourrait jamais s’y résoudre.
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Personne ne parlait de mourir. L'Administration envoyait des convocations, on subissait un examen, et ceux qui échouaient étaient sommés de se présenter au centre administratif pour leur injection. La loi fonctionnait, le taux de mortalité était stable, le problème de la surpopulation jugulé - le tout de façon officielle, impersonnelle, sans hauts cris ni scandale. Mais c'étaient toujours des personnes aimées que l'on tuait.
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« Série de nombres », murmura Tom en essayant d'assimiler les mots à mesure qu'il les entendait prononcer. Mais les mots ne se laissaient plus assimiler aussi vite ; ils semblaient s'attarder sur les tissus de son cerveau comme des insectes sur un carnivore léthargique. Il les répéta mentalement : série de... série de nombres - là, ça y était. Il regarda son fils et attendit.
« Alors ? s'impatienta-t-il après un moment de silence.
- Papa, je t'ai déjà donné la première.
- Euh... » Son père s'efforçait de trouver les mots appropriés. « Veux-tu avoir la bonté de me donner la... la... fais-moi le plaisir de... »
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Mais il était difficile d’oublier combien il avait aimé et respecté son père, difficile d’oublier les randonnées dans la campagne, les parties de pêche, les longues conversations le soir venu et toutes les joies qu’ils avaient partagées.
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Encore heureux, songea-t-il, que les examinateurs ne soient pas les fils et les filles qui avaient voté la loi. Encore heureux qu'il n'ait pas à marquer du tampon noir INAPTE la fiche de son père et, par là, prononcer la sentence.
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