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EAN : 9782714311146
55 pages
José Corti (02/05/2013)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Sept rituels Illustrés par :

Jean Arp, Victor Brauner, Max Ernst, Jacques Herold, Wifredo Lam, Matta, Dorothea Tanning


Écrits en 1954 – peu de temps après l’arrivée en France de Ghérasim Luca et la publication de son recueil Héros Limite au Soleil Noir –, les « sept rituels » qui composent L’Extrême-Occidentale sont, quoique méconnus, des textes-clefs dans son œuvre.

C’est en tirage limité qu’ils ont été publiés e... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Si, à l'opposé du mutisme, le silence est le prolongement convulsif de la parole, pour le mouvement, c'est la fixité et l'absence de geste qui remplissent les beaux rôles du mâle et de la femelle "nocturnes" dans le couple antinomique.
Par son refus même, le geste qui s'efface brise, certes, la coulée de celui qui évolue, mais pour permettre d'autant plus le jaillissement d'un bras, du buste ou de la chevelure, résurrection d'un corps jusqu'alors noyé dans la fraîche immobilité de sa fontaine d'être ou dans l'eau paisiblement courante de sa mobilité.
Bien que la pleine obscurité, chute d'eau enfouie dans la nuit de chaque être, soit à elle seule but et moyen des lustres suspendus à nos moindres tressaillements, dès qu'il s'agit de regarder ou de se montrer -forme et mouvement, tout en nous devrait épouser la fluidité des flammes (...) aucune lumière sourde, toujours la même lumière aveuglante braquée sur l'oeil du voyeur.
Or, on ne le dira jamais assez, la lumière aveugle, de même que la trajectoire apparente de sa source sidérale en paralyse le satellite.
Donc, c'est dans la plus profonde obscurité que se déroulera la partie invisible de ce rituel, la plus longue et d'ailleurs la seule inscrite, par son rythme, dans le temps.
Le rythme transmissible bien au-delà du lieu électif de sa domination rend la vision de la scène tout à fait secondaire sinon nettement nuisible à la compréhension, voire à la plénitude de sa contagion sensible.
(...) Ainsi la beauté ne se transmet plus par la voie contemplative, - au règne de l'oeil, dont la honte sanglante devrait faire rougir l'homme, sera substitué le règne de la femme, tout odeur et caresse - pour nous atteindre, la beauté perce littéralement les ténèbres, son frémissement poursuit, nous rejoint, nous traverse, il guide dans nos veines un poison ressuscitant.
Car la beauté est une maladie de peau, de nerfs, de sang et d'esprit.
(Il va de soi qu'aucune musique, fût-elle tam-tam cordes ou voix humaine, n'oserait troubler la pure sonorité d'un corps que la beauté ravage et habite)
Ce n'est qu'alors, ce n'est qu'au moment où la frénésie des participants monte et s'empare de leur purifiante faculté de frissonner, de clignoter et d'exorbiter, que s'ouvre, au beau milieu de leur front qui n'est qu'un sexe dont l'érection est visionnaire, un troisième oeil invisible, ce n'est qu'à ce moment, donc, que la scène où se déroule le rituel de la voyance illuminatrice est éclairée par des éclairs.
(...)
Ce qui s'offre alors à la voracité diaphane du regard n'est qu'une mêlée d'hommes et de femmes "foudroyés" et emblématiques qui, tout en gardant une immobilité apparente mais totale, ne cessent pas de danser derrière la fixité de leur spasme silencieux.
La seule présence des silhouettes, dont le souffle est réglé sur la stupéfaction qui le coupe, - tout cela sous un ciel déchaîné que le déchaînement des êtres, leur calme même, dépasse- jette sur les tableaux vivants une lumière spectrale et pétrifiée.
Mais dès que l'obscurité marque de son sceau invisible la reprise de son pouvoir, cette formule extatique de la révolte, qui ne s'impose à nous qu'entre deux coups de tonnerre et s'évanouit avec les éclairs, retrouve sa forme frénétique.
A ce point, seule une participation voyante peut assurer la continuité des gestes découpés et dérobés par le noir.
Ceux qui regardent et ceux qui se montrent se font face, leur confrontation pose ainsi les deux termes à confondre dans le déroulement d'une démarche unique.
Si parfois le manque d'objets préhensibles déroute les spectateurs, qu'ils se rappellent qu'au moins l'incertitude est mutuelle et, dans les rares moments où une lueur les éclaire, ils s'apercevront que la salle, elle aussi, est peuplée de statues qui s'ignorent.
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Vidéo de Ghérasim Luca
Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard
À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français.
Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn.
Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003).
À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press. La revue Po&sie, éditions Belin.
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