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Joy Setton (Traducteur)
EAN : 9782413076087
160 pages
La Croisée (09/11/2022)
3.07/5   27 notes
Résumé :
Se rebeller face à la puissance de l’hiver : une fable gothique, poétique et moderne.

Au cœur d’un petit village, l’hiver s’installe et ne veut plus partir. La lumière baisse, les enfants disparaissent, la morosité gagne les cœurs. Désespérés, les habitants décident alors de se rebeller et de faire revenir la vie, par tous les moyens. A la manière des livres de Tim Burton et d'Edward Carey, L’histoire de l’hiver qui ne voulait jamais finir modernise ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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C'est à chaque fois avec la même émotion que je découvre, dans ma boîte aux lettres, les livres que Babelio me permet de lire grâce aux masses critiques.

Parfois, j'hésite à m'y inscrire, ne sachant pas trop si l'histoire est faite pour moi. Lorsque Babelio m'a proposé de lire cette histoire, je n'ai pas hésité un seul instant, attirée par le titre, la couverture élégante, et la quatrième de couverture annonçant un univers proche de celui de Tim Burton et Edward Carey.
En déballant le paquet, j'ai été surprise de découvrir un tout petit livre ressemblant étrangement à un album jeunesse. Son format carré, les lettres dorées sur fond noir, le graphisme délicat et soigné pourraient en faire un objet précieux pour de petites mains.

Mais ce livre ne s'adresse pas aux enfants. Les nombreuses ellipses narratives, le caractère décousu au début de l'histoire, déroutent et rendent le récit complexe, mystérieux, intrigant.
Ce conte sombre et cruel plonge le lecteur dans un lieu étrange et austère, familier tout autant que merveilleux, dans lequel malgré tout, il perd vite tous ses repères. Enveloppé dans un grand manteau de neige et de glace, saisi par la froidure de l'hiver, il avance à l'aveugle.
J'ai pris mon temps pour apprivoiser le texte, relisant certains passages, parfois plusieurs fois.

Se dessine petit à petit un monde triste, sombre, insécure, tout de blanc vêtu, dominé par une seule saison, l'hiver.

« Dis-moi que tout ne va pas finir par la mort.
Que tout ne finit pas par Février.
Des fleurs sauvages mortes,
enroulées autour du cou d'un bébé qui pleure. »

L'écriture, agréable, offre un magnifique contraste entre douceur, onirisme et cruauté.

*
Imaginez un petit village niché au milieu de collines verdoyantes et ensoleillées.
Imaginez des champs cultivés, pleins de récoltes à venir.
Imaginez le murmure des ruisseaux, le chant des oiseaux, le bruissement du vent dans les arbres, les parfums champêtres et les rires d'enfants.
Imaginez-les heureux, sous un soleil éclatant, dévalant les collines, un cerf-volant à la main.
Imaginez les hommes portant des masques d'oiseaux, maîtres du ciel, à bord de montgolfières bigarrées.

« Mon père m'avait réveillée tard dans la nuit pour me montrer le soleil. Il m'avait portée jusqu'au bout de la colline et m'avait dit de regarder à l'horizon, vers les pins. Mon père avait essuyé la neige de mes cils, et il était là, une petite bille lumineuse derrière la cime des arbres.
C'est le soleil, avait dit mon père, et avec un peu de chance il fera fondre la neige et viendra l'été.
J'avais cru que les oiseaux s'étaient envolés avec une lanterne qu'ils avaient déposée dans la cime des arbres, pour moi c'était exactement à cela que ça ressemblait. »

Maintenant, imaginez Février étendant ses bras puissants de neige et de glace pour étreindre de sa puissance cet endroit autrefois coloré et lumineux où il faisait bon vivre.
Imaginez-le, répandant sa morosité et ses ténèbres en même temps que sa blancheur spectrale pour punir les habitants d'avoir osé voler dans le ciel.
Imaginez maintenant ce paysage drapé de mille nuances de gris, devenu stérile, figé dans le silence et le gel.

« Des ours bruns ont été vus en train de boutonner leurs manteaux en peau de biche en prévision des températures glaciales. »

Imaginez Février, abattant tout ce qui vole, les montgolfières comme les oiseaux, la lumière comme les rires des enfants.
Imaginez ces villageois envahis par de sombres pensées, piégés par le froid de l'hiver, vivant sans soleil et sans chaleur.
Imaginez maintenant leur tristesse, leur colère et leur inquiétude lorsque Février leur vole leurs enfants, les uns après les uns, les emportant malgré leur vigilance, dans sa demeure.

« Je regarde le ciel, les vagues grises déferlantes. Je suis épuisé et fou de la disparition de ma fille, ça me remue au plus profond de moi-même. Je casse une branche d'arbre. Je la fais tourbillonner en grands cercles avant de l'envoyer vers le ciel.
Elle s'envole bien plus haut que je ne l'aurais pensé, et volant de plus en plus haut, déchire une jambe de nuage, puis descend en flèche pour creuser un trou dans l'épaule d'un autre nuage.
Dans le premier trou, on voit une paire de pieds pendant du bord. Dans le deuxième trou, on voit un homme arpentant une pièce sombre. »

Ce récit parle de guerre et de résistance menée par quelques habitants du village contre Février.
Quels stratagèmes vont-ils imaginer pour se libérer de sa domination, le faire reculer et lui reprendre tous ceux qu'il a emportés ?

*
Ce bel album a tous les éléments classiques d'un conte de fées moderne : dans cet univers imaginaire et surnaturel, le héros doit affronter l'hiver et surmonter des épreuves afin de retrouver son enfant.
Comme dans tous contes, cette histoire est porteuse d'une morale, elle éclaire notre monde et révèle des vérités complexes sur la nature humaine autour du courage, de notre capacité à agir pour rendre notre monde meilleur, mais aussi malheureusement, de notre pouvoir de nuisance.

*
Les illustrations de la dessinatrice russe Anastasia Kardachova, la dimension sociale non négligeable, la pulsation, le rythme de l'écriture imprégnée de musique donnent à ce récit toutes les allures d'un conte russe. La personnification de Février rappelle Morozko, le roi de l'hiver, l'incarnation du gel dans les contes traditionnels russes.

Pour mieux nous faire partager les émotions des personnages, un véritable travail a été effectué sur la mise en page, les polices d'écriture, la taille des lettres, le graphisme et les couleurs.

*
Les contes de fées ont bercé mon enfance et c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai renoué, le temps d'une lecture, avec ce genre littéraire que je lis désormais rarement.
Conte fantastique, récit choral, poèmes en prose, « L'histoire de l'hiver qui ne voulait jamais finir » étonne par son style, la beauté de sa langue riche en images, en sonorités et en couleurs. Un premier roman touchant, un joli conte d'hiver empreint de poésie et de mélancolie, à lire pendant les longs mois d'hiver, bien au chaud au coin du feu, avec, en fond sonore, le bruit réconfortant du bois qui craque.
Une jolie découverte.

*
Un grand merci à Babelio, aux éditions la croisée et l'auteur Shane Jones qui ont eu la gentillesse de m'offrir ce beau cadeau.
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Ouvrage reçu dans le cadre d'une opération Masse critique privilégiée, je tiens tout d'abord à remercier babelio et les éditions la croisée pour l'envoi de ce magnifique ouvrage.
Oui, réellement magnifique en tant qu'objet d'ailleurs car relié, petit format cartonné et relié et illustré, bref une véritable oeuvre d'art à lui tout seul à tel point que je suis d'abord tombé sous le charme de l'objet-livre et que je me suis dit, avant même de le découvrir, qu'il fallait à tout prix que j'en aime également la teneur. Alors, certes, au départ, déception car ce conte est cruel (comme la majorité des contes d'ailleurs à leur origine) et que je ne comprenais pas exactement là où l'auteur voulait conduire son lecteur). Puis deuxième déception lorsque je ne comprenais pas le lien entre les différents personnages mais une fois que j'en ai eu compris le principe, alors là, je me suis régalée.

Cet ouvrage m'a un peu fait pensé aux écrits de Mathias Malzieu que j'aime beaucoup dit dit en passant avec sa manière de commencer ses
pages (il n'y a pas de chapitres) par un titre surligné en gras qui la plupart du temps est aussi le début d'une phrase. Je m'explique : ne vous étonnez pas si vous débutez une page ainsi "La fille qui sentait le miel et la fumée" (titre) "s'assit par terre..." (début de la phrase en court. Notre héros s'appelle Thaddeus et celui-ci va se battre non pas contre un méchant (comme cela est généralement le cas dans les contes) mais contre Février qui ici n'est pas un moi mais une saison à lui tout seul et plonge généralement les gens dans la mélancolie, surtout depuis qu'il dure à n'en plus finir et surtout, que les enfants du village disparaissent les uns près les autres. A la disparition de sa fille Bianca puis plus tard de son épouse Selah, Thaddeus sait qu'il doit agir mais comment s'y prendre...Il aurait fallut s'envoler dans les cieux mais en Février, plus rien ne vole...

Un conte cruel au départ certes (mais...je ne vous en dirai pas plus), assez étrange il est vrai mais qui au final, m'a enchanté, même si il aura fallu du temps ! Un livre que je recommande d'avoir dans sa bibliothèque car il est vraiment de toute beauté, un bon cadeau à offrir mais pas à n'importe qui...à quelqu'un qui saura en apprécier la valeur et saura, comme moi, je l'espère, se plonger dans la teneur du texte et en apprécier toute la beauté et la morale qui va avec (même si une fois encore, j'ai eu un peu de mal mais cela valait le coup de persévérer !
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En général, j'aime bien les trucs originaux, qui sortent de l'ordinaire... Mais qu'elle déconvenue avec ce conte.

Je suis sans aucun doute passée a côté... En fait je n'ai pas trop compris ou voulait m'emmener l'auteur. Je ne suis jamais rentrée dans l'histoire.

Ce conte est assez noir, tortueux, trop sans doute. Même si on retrouve un côté poétique parfois dans l'écriture.

Sans doute aussi parce que la (ma) vie actuelle est plutôt dans des tonalités foncées, et que j'avais besoin de voir des choses en couleurs.
Un conte sans doute lu au mauvais moment .

Par contre si je n'ai pas été réceptive, il faut reconnaître que ce petit livre est magnifique. J'ai également apprécié les graphismes qui ponctuent le récit.

Je remercie Babelio et les éditions La Croisée pour cet envoi
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le récit intemporel, s'installe dans un petit village où l'hiver ne veut plus s'en aller.
La lumière baisse, le soleil n'apparaît plus. La neige tombe sans arrêt. Les habitants entrent dans une profonde tristesse.
Février semble être le responsable de tous ces méfaits qui vont tellement loin que des enfants commencent à disparaître, que l'air ne soutient plus les ailes des oiseaux.
Les prêtres clouent de mystérieux messages dans la ville.
Le groupe des Masques d'oiseaux décide de se révolter en partant en guerre contre Février. Sans armes classiques, avec des ruses et beaucoup d'ironie.
Des éléments imaginés, des personnages symboliques nous rappellent qu'on est bien dans un conte .
L'auteur, Shane Jones a un style inattendu. le texte est parsemé d'illustrations étonnantes.
Un récit cruel, mais poétique à la fois.
En lisant les renseignements sur les premières pages, je vois que le conte a été édité en 2009 aux USA, traduit en plusieurs langues, en français en Suisse en 20213 .
Les éditions La Croisée de la présente édition de novembre 2022 ont révisé la traduction.
Le livre est un très bel objet à la couverture noire et dorée.
Aucune page n'est numérotée.
Une découverte qui m'a fait rencontrer une ambiance inhabituelle peuplée d'êtres inventés par l'imagination de l'auteur.
Les illustrations d'Anastasia Kardashova méritent vraiment le détour et contiennent quelques surprises.

Merci à Babelio et aux éditions La Croisée pour m'avoir permis de rentrer dans un univers particulier.
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Ma première impression fut positive devant ce petit conte pour adultes au joli format carré, avec des pages illustrées et du papier de qualité.
Mais très vite, j'ai déchanté.
Tout d'abord parce que dès le début, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, qui est tortueuse, souvent incompréhensible et très noire, voire malsaine par moment, bien que comportant de jolies phrases poétiques.
Les illustrations sont assez petites et n'ont parfois pas grand rapport avec le texte, ce que je déplore.
Mais mon reproche principal c'est que je n'ai pas compris grand chose à cette histoire qui se passe dans un endroit où l'hiver n'en finit plus, où la tristesse a envahit les esprits, où les enfants disparaissent et où tout ce qui a un rapport avec le vol (les montgolfières, les cerfs-volants, les oiseaux etc…) est désormais interdit.
Beaucoup de phrases sont totalement incompréhensibles et on ne comprend pas bien où l'auteur veut nous emmener, en ce qui me concerne, il ne m'a emmené nulle part, car même si j'ai lu le livre du début à la fin, je suis restée totalement hermétique à son univers.
Je remercie Babelio et les éditions La Croisée pour cet envoi.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
"La seule chose qui m'a vraiment donné envie de participer à cette guerre, à part le fait que c'était sacrément excitant, c'est ce que Thad et le Professeur nous ont montré. Ils appelaient ça un journal d'humeurs. Ca expliquait comment nos humeurs changent selon la saison. Bon, mo je ne suis pas Professeur mais c'était bien clair que ça allait mal pendant la saison de Février. Le quotient de tristesse, enfin je ne sais pas comment ils appellent ça, atteignait son maximum."
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Un essaim d'abeilles est venu sur mon cou et a formé un entonnoir vers le ciel. Les abeilles ont disparu à travers les nuages, on entendait un grondement terrible. Quelques secondes après, l'entonnoir s'est effondré et des milliers d'abeilles mortes sont tombées du ciel comme de la pluie, et ont rempli la panière. Leurs petits corps étaient durs et froids. Clemens est resté figé, les yeux plantés sur moi alors que je me protégeais de la chute des abeilles.
C'était d'une tristesse incroyable.
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Je grimpe sur le toit. Ta chambre est sous moi. Je ferme un oeil et tends la main pour déchirer l'horizon. Je tire le ciel vers moi comme un vieux papier peint. Je te vois qui dors dans un lit de plumes de canard. Je ferme les yeux et finis ce rêve où nous sommes tous les deux dans une montgolfière. Le nouveau ciel a l'odeur de l'océan. On dirait du velours quand tu te colles à lui pour envoyer la montgolfière vers ta mère qui t'attend sur la colline.
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"Je voulais t'écrire une histoire de magie. Je voulais des lapins qui sortent des chapeaux. Je voulais des montgolfières qui t'emportent jusqu'au ciel. En fin de compte, cela n'a été que tristesse, guerre, cœurs brisés. Tu ne l'as jamais vu, mais j'ai un jardin au fond de moi."
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Liste d'artistes qui ont créé des mondes imaginaires pour guérir leur tristesse :

1. Italo Calvini
2. Gabriel Garcia Marquez
3. Jim Henson et Jorge Luis Borges _ Labyrinthes
4. Le créateur de MySpace
5. Richard Brautigan
6. J.K. Rowling
7. L'inventeur des jouets Lite-Brite
8. Anne Sexton
9. David Foster Wallace
10. Gaugin et les Caraïbes
11. Charles Schulz
12. Liam Rector
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