L'histoire secrète des fleurs

Pendant des millions d'années « les plantes recouvraient la surface de la Terre ; elles avaient innové à de multiples reprises pour évoluer à partir de leur lointain ancêtre aquatique, mais il leur manquait encore une dernière touche de couleur, qui allait se révéler aussi jolie que diablement efficace : la fleur. »
En préambule François Parcy fait un bref rappel de l'évolution du monde végétal et en parallèle celui de leur mode de reproduction. Tout d'abord l'algue a colonisé les milieux aqueux, mer, rivières, lacs puis sortant peu à peu de l'eau elle s'adapte au milieu terrestre et, il y a 450 millions d'années apparaissent les fougères. Une nouvelle évolution a favorisé l'apparition des conifères, arbres ayant des cônes males et des cônes femelles et se reproduisant par des graines. Certaines de ces plantes ont traversé des millions d'années pour arriver jusqu'à nous, il s'agit bien sûr des pins, des épicéas, du Ginkgo Biloba et de Welwitschia mirabilis une étrange plante des déserts de Namibie et Angola. Ces arbres comportent une espèce male et une espèce femelle et la reproduction se fait par dissémination du pollen.
Enfin, il y a environ cent cinquante millions d'années les plantes à fleur firent leur apparition et « allaient tout bouleverser. » les plantes à fleurs qui évoluèrent rapidement furent pour Darwin, le père de la théorie de l'évolution, « un abominable mystère. »
Francois Parcy, directeur de recherche au laboratoire de physiologie cellulaire et végétale de Grenoble, nous entraine dans une belle histoire, une belle épopée scientifique qui m'a intéressée. A mon sens c'est aussi une ode, une louange aux chercheurs qui se penchent depuis 200 ans sur « l'histoire secrète des fleurs » c'est à dire sur ces quand ? comment ? et pourquoi ? les fleurs sont-elles apparues et fleurissent-elles ?
Nous savons déjà que « Les fleurs ces redoutables séductrices (et) déploient multiples stratégies » nectar sucré et pollen source de protéines, couleurs chatoyantes et parfums pour attirer les insectes dans le seul but de se reproduire ; « qu'importe la façon pourvu qu'on ait l'insecte ! »
Pour élucider ce mystère d'apparition des fleurs en ce monde, nous pénétrons dans les laboratoires et les serres où poussent ces fleurs soignées par ces hommes au caractère souvent bien trempé, ces hommes passionnés, pugnaces, créatifs, inventifs, au raisonnement acéré et travaillant inlassablement jour et nuit et défendant leurs idées et leurs trouvailles face à une communauté parfois impitoyable.
« Ces hommes et ces femmes qui vouent leur vie à percer les secrets du vivant, émerveillés en premier lieu par ce qui existe, par la capacité de la science à le rendre intelligible, jusqu'à l'échelle des molécules. » Ces chercheurs dont l'intellect est en effervescence, prennent des chemins plein de bizarreries et peuplés de mutants (modèles d'étude génétique) ils fouillent ainsi les fleurs au plus secret de la vie, dans l'infiniment petit : leur génome, leurs gènes et leurs protéines ; ils dissèquent, imaginent, supputent inlassablement pour comprendre comment se forme une fleur et quels mécanismes entrent en jeu.
le langage imagé de François Parcy permet de comprendre ces mécanismes intimes et secrets de la formation de la fleur ; les découvertes qui nous sont révélées, elles sont étonnantes et passionnantes.
« Alors pourquoi les fleurs existent elles ? Les fleurs existent car les plantes perçoivent dans la durée des jours et des nuits le signal pour fleurir. C'est un signal d'une fiabilité extraordinaire puisque, à un même endroit et à une même date, la durée des jours ne varie pas d'une année sur l'autre ; elle est exactement la même. Se fier à la température aurait été une opération bien plus risquée pour les plantes. Les fleurs existent donc car, une fois le signal photopériodique perçu, les plantes envoient dans leur sève ascendante la molécule florigène qui va atteindre la pointe des tiges. Les fleurs existent car le florigène va mettre en route l'architecte floral qui va à son tour, faire travailler les bâtisseurs d'organes dans les différentes couronnes de la future fleur. »
Cette réponse peut vous paraître à priori évidente mais elle a été démontrée par les plus grands chercheurs, souvent généticiens. Leur travail rigoureux, leur démarche scientifique irréprochable a permis de lever une partie du mystère.
Ce livre, je le conseille à tous les curieux, à ceux qui aiment la nature mais à mon sens un certain bagage scientifique est nécessaire et pour ma part, au début, j'ai cru que j'allais le lâcher. Mais non cette enquête florale m'a beaucoup intéressé. le livre est illustré des portraits des chercheurs croqués par Elliot Parcy et un choix de poèmes très beaux et judicieusement choisis.
« Voici venir le temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ; Valse mélancolique et langoureux vertige ! »
Les Fleurs du mal Baudelaire

Enfin, Je remercie les éditions « humenSiences » et Babelio pour l'envoi de cet exemplaire dans le cadre de la dernière Masse Critique.

Si vous êtes intéressé par tout ce qui concerne les plantes, tant sur leur reproduction que sur leur nourriture ou encore leur évolution, ce livre est fait pour vous ! Il répond de façon précise à toutes ses questions. le style est très fluide et vraiment très agréable malgré un niveau scientifique élevé. Toutefois, ce niveau rend la lecture plus ou moins complexe. Ce que je n'imaginais pas en voyant le titre et le résumé.
J'ai tout de même aimé découvrir, par cette lecture, quelques secrets des fleurs qui m'intéresse énormément.