Je suis particulièrement touchée qu'
Hervé Pouzoullic m'ait demandé de publier une chronique sur son second roman,
L'Homme qui voulait aimer sa femme… En effet, nous sommes en contact sur les réseaux sociaux depuis environ un an et j'ai lu en octobre dernier,
le Bigorneau fait la roue, un livre divertissant et léger (https://www.babelio.com/livres/Pouzoullic-
Le-bigorneau-fait-la-roue/828731/critiques/1438701 ).
Dans ce second roman, je retrouve sans réelle surprise les personnages déjà rencontrés, un certain univers bobo chic parisien, la même ambiance de réussite sociale et d'aisance matérielle, un dépaysement bretonnant et le même esprit dans la couverture ; la parade nuptiale du bigorneau arborait un bleu turquoise et, ici, c'est un rose vif qui attire l'oeil, toujours trop tapageur à mon goût.
Après sa vision de l'amour durable, le même narrateur nous embarque dans une écriture à la première personne dans sa vie conjugale et illustre son désir de maintenir au plus haut niveau la passion des premiers jours.
C'est la même comédie romantique, drôle et déjantée, une suite logique des péripéties du premier opus. Les personnages ont tous un petit côté too much, sauf peut-être la grand-mère bretonne pour qui j'éprouve une certaine tendresse ; à la longue, cela donne un effet de surenchère démesurée quand chacun des membres de la famille, chien compris, participe à la névrose générale et s'en va consulter. Les tribulations du sympathique trio de copains s'enchainent et se succèdent comme une suite de sketches souvent dénués de crédibilité. La vie conjugale est un chassé-croisé artificiel et la psychologie féminine me paraît un peu survolée.
Il y a tout de même une forme d'originalité quand le JE du personnage rejoint le JE de l'écrivain ; en effet, pour montrer qu'il aime sa femme comme au premier jour, le héros du roman entreprend d'écrire un livre sur elle et de chercher un éditeur pour le publier. Et nous voilà plongés dans la mise en abyme de l'écriture du Bigorneau fait la roue dont le pitch était bien « l'incompréhension dans le couple pour durer » !
Là où cela devient encore plus intéressant, c'est lorsque les critiques auxquelles le personnage de fiction doit se confronter vont comme un gant au véritable roman d'
Hervé Pouzoullic… Il faut indéniablement saluer l'humour, les dialogues percutants et la richesse de l'intertextualité, mais l'émotion n'est pas au rendez-vous ; il n'est jamais possible de s'identifier aux protagonistes. Plus qu'une comédie sentimentale, c'est un vrai film catastrophe ! le personnage principal est « tarte » quand je le voudrais romantique, les scènes d'amour sont « consternantes »… À trop faire le malin, l'écrivain perd ses lecteurs. J'ai déjà souligné le côté cinématographique des livres d'
Hervé Pouzoullic ; il le dit lui-même dans son roman : « écrivez caméra à l'épaule ».
J'étais à deux doigts d'écrire une critique en tout point similaire à celle que j'avais publié pour le Bigorneau… L'auteur me sauve en faisant sa propre autocritique dont je me contente de retranscrire les grandes lignes. Je saisis mal cette posture d'auto-flagellation mais elle sonne juste…
Tel quel cependant, ce roman se lit facilement, est idéal pour la chaise-longue ou la plage, mais sans plus.
Hervé Pouzoullic a un vrai talent : pourquoi ne pas l'utiliser autrement, dans un autre registre, d'inspiration moins autobiographique ? Là, je serai curieuse de le redécouvrir.