Nous sommes en l'an 553 180. Sur une Terre transfigurée, quelques capsules spatiales s'écrasent dans la jungle. À l'intérieur, plusieurs androïdes dont alpha, une unité plus douée que les autres et qui découvre rapidement Robert, seul survivant humain à être parvenu jusqu'à la surface. Robert lui apprend que l'humanité s'est autodétruite et que, pour tout recommencer, lui et sa femme June ont élaboré un plan : attendre que la planète soigne ses blessures pour pouvoir la repeupler tels de nouveaux Adam et Eve. Seulement voilà, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévues et plusieurs espèces hostiles habitent désormais la Terre.
L'argentin
Diego Agrimbau, l'auteur de
Diagnostics, fait de nouveau équipe avec son compatriote
Lucas Varela pour
L'Humain, une bande-dessinée de science-fiction pure et dure chez Dargaud. Baigné dans un rouge omniprésent (et qui lui confère une atmosphère à la fois étrange et agressive), le récit imagine une toute nouvelle planète où la vie semble avoir évolué loin de l'espèce humaine, morte quelque part en route par sa propre faute. Cependant,
L'Humain ne souhaite pas véritablement se transformer en parabole écologiste mais tente de réfléchir sur la folie de l'homme et sa tendance indécrottable à se prendre pour Dieu.
Robert, dernier humain encore en vie, va affronter une triste vérité : il est le dernier de son espèce et le projet un peu fou qu'il a monté avec sa femme June ne pourra jamais se réaliser. de ce deuil, l'histoire s'enfonce dans la folie d'un Robert qui se rêve en nouveau maître absolu avec, sous ses ordres, une escouade d'androïdes condamnés à exécuter ses ordres, même les plus abjects. Rapidement, la bande-dessinée se pose en métaphore de l'exploitation coloniale et de toutes les sortes d'esclavages possibles, humaines ou animales, qui ont jalonné l'Histoire. Robert exploite les autochtones qu'il a lui même décrété indignes et inférieurs et seul alpha, doué du pouvoir de désobéir, va jouer le rôle de moralisateur. La question posée par
L'Humain n'en reste pas moins radicale : et si la morale ne suffit pas, que faire ?
Pour toute réponse, les deux auteurs nous offrent un épilogue taciturne et nihiliste en diable, condamnant le genre humain et sa folie, gratifiant cette planète redevenu sauvage d'une deuxième chance sous l'égide d'un robot dernier dépositaire d'une éthique morte depuis longtemps.
C'est une très belle aventure que nous offre les éditions Dargaud avec
L'Humain, disséquant le phénomène de l'homme-démiurge avec une cruauté savamment dosé dans un futur aussi lointain que mystérieux. Une excellente bande-dessinée à mettre entre toutes les mains et qui ne manque parfois pas d'humour…noir, évidemment.
Lien :
https://justaword.fr/lhumain..