L'humour légendaire du truculent Professeur Bernstein

À la manière de Plonk & Replonk - en nettement plus irrévérencieux* - ou d'un Faux Graphiste - les rares fois où il utilise des photographies - , le truculent Professeur Bernstein se livre à l'art du détournement et de la parodie.

Dès l'avant-propos signé par Jorge Bernstein en qualité de Professeur honoraire de Picture Telling à l'Université du Tennessee de Chattanooga, le ton est donné. le professeur nous apprend que « c'est à Chattanooga qu'on trouve la fédération américaine des modélistes ferroviaires. C'est dire si on se fait chier dans cette putain de ville ». Pour information, la fédération américaine des modélistes ferroviaires - la NMRA (https://www.nmra.org/) - est vraiment localisée à Chattanooga. Toujours dans cet avant-propos, le Professeur Bernstein invite le lecteur « à apprécier à leur juste valeur la qualité de ces photos légendées, qui sont le miroir déformant d'une époque où l'épopée collective avait encore un sens, où la beauté du monde se reflétait dans les yeux humides des soldats de la liberté » (p. 5).

Pour comprendre l'art du Picture Telling dont le professeur Bernstein est spécialiste, un exemple illustrera bien le propos. Une carte postale représente un cheval, une infirmière et un soldat blessé dans un box avec comme légende : « Bruno s'était battu en vain pour que sa femme ne le quitte pas pour ce salaud de canasson » et comme dialogue entre le soldat blessé et l'infirmière : « - Mais enfin, qu'est-ce qu'il a de plus que moi ? - Un énorme sexe, Bruno ». Évidemment, on est loin de la finesse d'un Raymond Devos et davantage dans un humour à la Fluide Glacial, à la Dickie, à la David Mourier.

Troisième tournée de détournements et parodies - les deux premières avaient été publiées chez AAARG Éditions, celle-ci chez les éditions Rouque Moutte - , cet opus n'est pas nécessairement à mettre entre toutes les mains. En tout cas, ces détournements du type de ceux des situationnistes m'ont fait énormément rire d'un « rire universel, qui relie les hommes et les femmes dans une grande farandole de joie » (p. 5).

Et comme le disait Valery, « Au revoir ».

* La vidéo de présentation donne un avant-goût de l'état d'esprit du livre : https://www.youtube.com/watch?v=tdT8sHe5X9c&index=11&list=¤££¤28Jorge Bernstein27¤££¤_1mPQnofjvnSRKQ/. Son blog donne également une idée du travail du Professeur Bernstein : http://jorgebernstein.tumblr.com/.