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Micheline Laguilhomie (Autre)Maud Mannoni (Autre)
EAN : 9782070322848
463 pages
Gallimard (12/02/1985)
3.97/5   208 notes
Résumé :
Quatrième de couverture (Folio) - Summerhill, c'est l'aventure d'une école auto-gérée fondée en 1921 dans la région de Londres.
Son fondateur, le psychanalyste A. S. Neill (1883-1973), s'est dressé contre l'école traditionnelle soucieuse d'instruire mais non pas d'éduquer. Il s'est dressé contre les parents hantés par le standard du succès (l'argent). Il s'est insurgé contre un système social qui forme, dit-il, des individus « manipulés » et dociles, nécessai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a certains livres dont je repousse régulièrement la lecture... et ce sont régulièrement des essais. On m'a souvent conseillé la lecture de "Libres enfants de Summerhill", notamment pendant ma formation d'éducateur spécialisé. Je crois que finalement cette lecture est arrivée au bon moment, celui où une autre expérience professionnelle indispensable pour moi à cette lecture m'était survenue... celle de parent d'un petit bonhomme de 4 ans !

Ma lecture aurait été tout autre il y a 5 ans je pense. En tant qu'éducateur, je ne peux que saluer la plupart des idées évoquées par l'auteur et encore plus à l'époque où elles ont été énoncées, soit les années 60 pour l'édition originale. Éloge de la liberté pour l'éducation des enfants tant qu'elle ne les mets pas en danger ou ne vient pas heurter trop fort celle des autres, condamnation des châtiments corporels, condamnation de la morale religieuse... et la plupart du temps de la morale tout court qui ne cherche qu'à culpabiliser les enfants, remise en cause de l'enseignement classique qui privilégie l'histoire, les mathématiques ou les langues vivantes plutôt que les matières pratiques qui permettent d'aider à la vie concrète... Tout cela semble tomber sous le coup de la logique quand on réfléchit à tous ces enfants qui sont mis à l'écart du système scolaire traditionnel, qui sont considérés comme des délinquants en puissance en fonction de quelques mots peu châtiés... et qui s'empressent du coup de donner raison aux étiquettes qu'on leur colle. L'amour inconditionnel comme remède principal pour ces écorchés vifs peut sonner baba cool soixante-huitard mais me semble pourtant être tellement utile dans sa bienveillance si simple mais j'en suis sûr si efficace.

Je sens l'inquiétude poindre en vous... En devenant parent, serais-je devenu un apôtre de la fessée et de l'éducation rigoriste et sévère ? Bien sûr que non... mais comme l'auteur le reconnait lui-même, cette liberté idéale vient se heurter à la société toute entière et son modèle quand l'enfant est élevé en son sein. Summerhill est une oasis où certains parents choisissent de faire grandir leurs enfants dans la liberté... mais en les y abandonnant finalement à d'autres, ce qui me paraitrait inconcevable avec mon fils ! Alors je m'efforce d'appliquer la plupart des préceptes énoncés, avec sans doute moins d'"extrémisme" que ne le prône Neill, lui qui a eu la chance de pouvoir vivre avec sa fille dans l'oasis qu'il avait lui-même créé !

Ce qui est rassurant c'est que l'auteur ne manque pas d'incohérences (qu'il pointe parfois lui-même d'ailleurs) quand ses grands principes viennent se heurter avec sa propre réalité.... prônant l'acceptation totale du bruit des enfants... sauf quand cela vient trop lui casser la tête ! Tout est réglé dans les assemblées collectives du samedi où la position du directeur ne gagne pas toujours ! Alors je fais avec mes propres compromissions, reprenant parfois le bonhomme sur quelques noms d'oiseaux, le frustrant de sa liberté et le grondant quand l'urgence des horaires du matin ne me permet pas de lui laisser toute latitude sur les activités souhaitées... je suis devenu parent en somme, bien heureux de ne pas me reconnaitre dans les portraits de parent anti-vie que dresse l'auteur... mais suis-je vraiment objectif ?

On ne peut passer sous silence certaines pensées un peu datées, sur l'homosexualité ou l'avortement, plutôt avant gardistes pour l'époque dans son non jugement et son ouverture, mais assez légers sur l'analyse. L'auteur reconnait dans ses premiers mots que "en matière de psychologie, nous ne sommes pas très avancés". Je confirme, il y a eu du progrès depuis. Même concernant l'image des femmes, ses idées sont plutôt en avance... mais ses observations restent engoncés dans des stéréotypes de genre (les activités que les filles aiment à Summerhill, leur tendance à se venger sur les gens alors que les garçons se vengent sur les objets, le fait qu'il faut que les femmes aient un travail... qu'elles pourront retrouver après avoir élevé les enfants)... On ne peut demander à un auteur d'être visionnaire et en avance partout !

L'ensemble m'a aussi plu par son côté iconoclaste, anti-religieux du fait de la morale liberticide, anti-capitaliste par sa volonté de ne pas faire dépendre le bonheur du seul bien possédé, anti-communiste par le pressentiment que l'idéologie ne pouvait pas mener les masses collectivement au bonheur suprême, anti-violence et anti-guerre, anti-anarchie par respect des autres humains.

L'école de Summerhill existe encore aujourd'hui et a survécu à son créateur puisqu'elle est aujourd'hui dirigée... par sa fille. Au delà de certaines limites qu'on pourrait pointer, je pense que notre système de protection de l'enfance n'aurait qu'à se féliciter que les foyers que je connais bien par ma profession ressemblent beaucoup plus à Summerhill qu'aux lieux de "moins pires" qu'elles sont actuellement... pour les meilleurs d'entre eux...
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" Imaginez une école...

Où les enfants sont libres d'être eux-mêmes...
Où la réussite n'est pas définie par des critères académiques mais par chaque enfant de manière personnelle...
Où l'ensemble de l'école se gérer démocratiquement en assemblé générale où chaque personne dispose d'un droit égal à être entendu...
Où vous pouvez jouer toute la journée si vous le voulez...

Et il y a du temps et de l'espace pour s'asseoir et rêver....

Pourrait-il exister une telle école... "

De ces quelques lignes, je n'ai conçu un seul mot... Tout juste me suis-je avancé à traduire de l'anglais leur auteur.
On pourrait les croire issues de la verve poétique de quelque penseur anglo-saxon. Mais il n'es est rien. Cette réalité éducative a bien existé. Et bien qu'elle est failli disparaître – chose que je n'ai découvert que récemment – elle existe toujours.

C'est l'entière-liberté laissée aux élèves qui guide la pédagogie d'A. S. Neil. Ce qui interpelle le plus, c'est que les élèves ne sont contraints à aucune assiduité en classe. C'est même avec fierté que l'auteur explique que le jeu est la principale activité des enfants. Guidés par leurs envies, ils sont même plus qu'encouragés à " épuiser leur curiosité ". La seule règle admise semble être que chacun a le droit de faire ce qu'il veut... Dans la limite où ses envies n'affectent pas les autres personnes. Les griefs et la gestion quotidienne de l'école s'administrent en assemblée générale. Tous, élèves comme professeurs ont égal droit à la parole et chacun dispose d'un égal droit de vote. Des règles sur les heures de coucher, l'utilisation des locaux, la répartition de l'argent de poche, les sanctions y sont instituées... Et peuvent disparaître la semaine qui suit.

Si A. S. Neil présente dans ce livre les modalités de son école, il explicite aussi longuement sa pédagogie. Son ambition, former un " enfant autonome ", confiant en ses capacités et aimant la vie. Menant à bien ses objectifs, mais sans imposer de résultats scolaires. Propre, mais parce-qu'il l'aura choisi. Honnête, mais parce-qu'il aura admit par lui-même l'inutilité du mensonge. Sans attitude malsaine en matière sexuelle car sa curiosité aura été satisfaite et son éducation en la matière sans tabou...

Héraclite disait " on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. " : Car son cours n'est jamais le même et qu'on a forcément soi-même changé.
Cela traduit assez fidèlement mon sentiment par rapport à ce livre. Lu pour la première fois à la fin de mon adolescence, je l'avais trouvé éclairant sur la difficile question de l'éducation – j'avoue volontiers ma naïveté en ces temps jadis – C'est avec un cynisme doux-amer que je le relit aujourd'hui : Écrit au début des années 60, cet éloge de la totale liberté rendant l'enfant autonome et prêt à affronter notre société engoncée dans ses conventions " anti-vie " laisse dubitatif...
Puis, j'ai découvert que cette école existait toujours aujourd'hui – sous la direction de Zoé Readhead Neil , la petite Zoé du livre... - Que cette école avait faillit disparaître en 1999... Et obtenu l'agrément des autorités britanniques en 2007...

Je ne résiste pas par finir par une traduction à nouveau :
" Summerhill Fondée en 1921... Toujours là aujourd'hui. " :

http://www.summerhillschool.co.uk/
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Ce livre que j'ai lu alors que j'étais très jeune m'avait à l'époque séduite. Par la suite j'ai rencontré une jeune américaine qui avait fréquenté une école Montessori, elle avait une approche de l'éducation très différente des standards classiques qui me semblait intéressante, bien qu'à mon sens, ne pouvant être qu'expérimentale ou réservée à des enfants en difficulté. D'ailleurs, pour mes fils, j'ai fait le choix d'une école dont les méthodes d'enseignement étaient à l'opposé de celles mises au point par la pédagogue et médecin Maria Montessori, celles de la préceptrice d'origine alsacienne Rose Hattemer, ce qui leur a plutôt bien réussi.

Sans vouloir privilégier une méthode plus qu'une autre, je pense que la plus efficace est sans aucun doute celle qui apprend aux enfants à réfléchir.
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J'ai lu ce livre plusieurs fois avant de devenir mère, entre 17 et 25 ans et j'en avais une très haute opinion. Tout me séduisait et m'avait conquise, les principes, les idées, les exemples de pédagogie et d'activités proposées aux élèves de ce système. Et bien entendu, je m'étais jurée que si je pouvais, mes enfants, si j'en avais, bénéficieraient de ce type d'enseignement où l'épanouissement personnel prend plus d'importance que l'apprentissage "magistral". Pour moi, un système où l'enseignement reposait sur deux notions fondamentales (la liberté des élèves ainsi que l'auto-responsabilité) ne pouvait qu'être le must de toute pédagogie. J'ai eu ma fille assez tôt et effectivement je me suis longuement documentée sur les méthodes d'enseignement alternatives et j'ai longtemps recherché un système d'enseignement différent. Elle a d'ailleurs suivi une petite part de sa scolarité dans un système légèrement différent et bilingue.
C'est avec le recul de l'âge que j'ai pris conscience de la portée "culpabilisatrice" du texte. Tout le monde en prend plein la figure : les parents comme les pédagogues oeuvrant dans le système classique. L'auteur condamne nos "comportements totalitaires", ou plus simplement dit la discipline imposée aux enfants.
Aujourd'hui, si j'ai pris beaucoup de distance par rapport à ce texte, concernant les méthodes d'éducation proposées, je choisis de le considérer comme un plaidoyer pour le bonheur et la liberté de chacun, plus qu'une méthode idéale pour élever ses enfants. Parce que dans la société actuelle finalement, c'est bien ce qui pose le plus question, la recherche du bonheur, quelle que soit la définition que chacun y donne. Qu'on soit enfant, parent ou éducateur, comment conserver sa part de liberté dans une société de plus en plus encadrée et codée. le livre de Neill ne donne pas de réponses à cela. Mais c'est la lecture que j'en fais, après deux décennies de réflexion sur le sujet.
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Alexander Sutherland Neill fut un pédagogue hors normes.
Il créa la Summerhill School pour enfants de 5 à 16 ans, selon un principe de liberté d'aller en cours ou non. Les "élèves" ont le droit de faire des bêtises" ! Avec la méthode "permissive" de Summerhill Neill pense que, une fois l'intérêt épuisé, les enfants peuvent grandir "sainement".
.
Ce livre est sorti en 1970, en pleine période contestataire, avec Mai 68 en France, Woodstock et les hippies aux USA.
.
J'ai lu ce livre peu après sa sortie. J'ai moi-même, ado, été influencé par ce courant. Je reconnais que, même si cela peut développer la créativité, cette "anti-méthode" est assez destructrice, et je pense qu'une génération a été plus ou moins détruite moralement par cette tornade.
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Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
Quant je me sers du mot " anti-vie ", je ne veux pas dire " qui recherche la mort " je veux dire " qui craint la vie plus que la mort ". Être anti-vie, c'est être pro-autorité, pro-église et religion, pro-refoulement, pro-oppression ou pour le moins au service de toute ces choses.
En somme être pro-vie, c'est aimer l'amusement, les jeux, l'amour, le travail intéressant, les violons d'Ingres, le rire, la musique, la danse, la considération pour les autres et la foi en l'homme. Être anti-vie, c'est aimer le devoir, l'obéissance, le profit et le pouvoir. Au cours de l'histoire, l'anti-vie a gagné et continuera de le faire aussi longtemps qu'on inculquera à la jeunesse qu'elle doit accepter les conceptions adultes du jour.
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En somme, c'est la vue large des choses que les enfants acquièrent qui donne à notre gouvernement intérieur son importance. Les lois traitent de questions essentielles, pas d'apparences. Les lois qui régissent la bonne tenue en ville ne sont que des compromis avec une civilisation moins libre. "En ville" - dans le monde extérieur - , on gâche son énergie précieuse à s'inquiéter des petits riens. Comme s'il était important dans l'ordre de la vie de bien s'habiller ou de se vêtir comme un sac. Summerhill, en échappant aux vétilles extérieures de la vie, a un esprit communautaire en avance sur son temps. Évidemment, on y appelle sans doute trop souvent une bicyclette une foutue bécane, mais, au fond, cela a-t-il tant d'importance ?
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L'idée commune que les bonnes habitudes qui ne nous ont pas été inculquées de force dans notre prime enfance ne peuvent se développer en nous plus tard dans la vie est une idée avec laquelle nous avons été élevés et que nous acceptons aveuglément, tout simplement parce qu'elle n'a jamais été contestée. Pour ma part, je la renie.
La liberté est nécessaire à l'enfant parce que seule la liberté peut lui permettre de grandir naturellement -- de la bonne façon. Je vois les résultats de l'asservissement dans mes nouveaux élèves en provenance d'écoles secondaires de toutes sortes. Ils ne sont qu'un tas d'hypocrites, avec une fausse politesse et des manières affectées.
Leur réaction devant la liberté est rapide et exaspérante. Pendant les deux premières semaines ils tiennent les portes pour laisser passer leurs professeurs, ils m'appellent "Monsieur" et se lavent soigneusement. Ils regardent dans ma direction avec respect, ce que je reconnais facilement comme de la crainte. Après quelques semaines de liberté, ils montrent leur vrai visage. Ils deviennent impudents, sans manières, crasseux. Ils font toutes les choses qui leur ont été défendues dans le passé : ils jurent, ils fument, ils cassent des objets. Et pendant tout ce temps ils ont une expression polie et fausse dans les yeux et dans la voix.
Il leur faut dix mois pour perdre leur hypocrisie. Après cela ils perdent leur déférence envers ce qu'ils regardaient auparavant comme l'autorité. Au bout de dix mois environ, ce sont des enfants naturels et sains qui disent ce qu'ils pensent, sans rougir, ni haïr. Quand un enfant grandit librement dès son jeune âge, il n'a pas besoin de traverser ce stade de mensonge et de comédie. La chose la plus frappante à Summerhill, c'est la sincérité de ses élèves.
La question de sincérité dans la vie et vis-à-vis de la vie est primordiale. C'est ce qu'il y a de plus primordial au monde. Chacun réalise la valeur de la sincérité de la part de nos politiciens (tel est l'optimisme du monde), de nos juges, de nos magistrats, de nos professeurs, de nos médecins. Cependant, nous éduquons nos enfants de telle façon qu'ils n'osent être sincères. (p. 154-155)
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Quelle partie de notre éducation est véritablement constructive, réellement consentie ? Le travail manuel est trop souvent réduit à la confection de quelque objet fabriqué sous l’œil d'un expert. Même le système Montessori, reconnu comme un système d'enseignement imaginatif dirigé, n'est qu'un moyen artificiel de faire apprendre à l'enfant par l'activité. Je ne vois là rien d'imaginatif.
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Nous sommes anti-vie et pro-mort quand nous faisons le jeu des politiciens, des mercantis et des exploiteurs. Nous faisons leur jeu parce qu'on nous a appris à rechercher la vie d'une façon négative, nous adaptant humblement à une société autoritaire et nous apprêtant à mourir pour les idéaux de nos maîtres. Les gens ne meurent par amour que dans les romans ; dans la réalité, ils meurent par haine.
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