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EAN : 9782330043407
356 pages
Actes Sud (04/02/2015)
4.01/5   76 notes
Résumé :
Enlevée tout enfant à sa famille biologique par Doll, jeune vagabonde au visage défiguré par une balafre d’origine inconnue, Lila a grandi sur les routes de l’exode où la Grande Dépression a durablement jeté une multitude d’indigents. Quand sa protectrice disparaît mystérieusement, la jeune fille se loue comme domestique avant d’échouer dans une maison close, à Saint Louis, où Doll ne réapparaît que pour se voir bientôt inculpée d’assassinat. Plus seule que jamais, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
4,01

sur 76 notes
«Lila savait que cela n'avait pas pu se passer comme dans son souvenir, c'est-à-dire comme si le vent l'emportait, avec des bras autour d'elle pour la rassurer et un chuchotement dans son oreille pour lui rappeler qu'elle n'était pas seule.»
Petite fille délaissée, abandonnée à elle-même, Lila est enlevée - et sans doute sauvée - par Doll, qui lui semble venir à elle «tel un ange dans le désert». Même si Doll n'a pas de logis, pas d'argent, si elle n'a qu'une existence de nomade à lui offrir, marchant avec une bande d'ouvriers agricoles pour trouver où vendre leurs bras, elles ont une belle relation, très forte. Et Lila a plutôt un bon souvenir de cette vie - avant la Grande Dépression.

Adulte, solitaire et sauvage, Lila rencontre le révérend John Ames, et c'est une belle histoire d'amour, surprenante et singulière, que nous raconte Marilynne Robinson.

J'ai beaucoup aimé la façon pénétrante, profonde et subtile dont elle nous emporte dans la vie intérieure de Lila, dans des vagues de méfiance et de tendresse, de peur et de joie, dans des interrogations métaphysiques aussi.
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L'enfant exaspérait par ses pleurnicheries alors on l'a mise à la porte de cette maison où des gens dormaient parfois à même le sol.
Mais Lila ne parle pas de cette époque où elle a été enlevée par Doll, pleine de pitié envers cette petite de quatre ou cinq ans, toute rachitique, dont personne ne prenait soin. Enveloppée d'un châle qui l'accompagnera longtemps, Lila fut emmenée sous la pluie jusqu'à la petite maison d'une vieille femme. Si chétive, pleine de poux, elle fut probablement sauvée par l'attention de Doll et ses cuillérées de gruau de maïs données si patiemment pour la maintenir en vie.
Maintenant, Lila est mariée avec le Révérend et habite la petite bourgade de Gelead, dans l'Iowa. Elle ne cesse de se remémorer le passé, son passé, un temps sur lequel le Révérend ne l'a jamais interrogée.

Aucune trame temporelle ne se dessine ici et le lecteur doit se laisser dériver vers différentes phases du passé de Lila qui surgissent, en désordre, au gré de ses pensées.
Elle s'attarde sur la cabane, ce refuge qu'elle a trouvé juste avant de faire la connaissance du Révérend Ames. Fatiguée de marcher, elle s'est arrêtée un jour dans cette petite maison abandonnée, non loin du bourg de Gelead. Elle a éprouvé le besoin de rester un moment au même endroit, avec sa petite valise, son sac de couchage et sa solitude.
Un jour, « toute dégoulinante de pluie, elle était entrée dans son église » alors qu'il baptisait deux bébés et, du discours du Révérend, ses pensées retournent vers Doll qui l'avait ramassée un autre jour de pluie. Avec elle, pendant plusieurs années, elles ont suivi sur les routes une petite troupe et offraient leurs bras dans les fermes, avant le Krach. Une année, elles se sont sédentarisées afin que Lila puisse aller à l'école et apprendre à lire et écrire.

La voix de Doll résonne toujours dans sa tête avec la recommandation de ne jamais faire confiance à personne. Mais l'approche délicate du Révérend, cette attraction qu'elle éprouve vers l'église, cette tranquillité qu'elle ressent, marchant aux côtés du vieil homme si doux, si solide, la retiennent, l'empêchent de repartir sur les routes. Et puis, elle est peut-être lasse de cette vie solitaire.
Dans la Bible, elle recopie une dizaine de fois des passages dont elle veut saisir le sens. Pourraient-ils lui donner des réponses à ses interrogations sur l'existence, à la honte qu'elle éprouve vis-à-vis de certains épisodes de sa vie, au caractère étrange et gênant de certaines pensées qui la traversent ?
Une question l'obnubile et elle ose la poser au Révérend « pourquoi les choses se passent-elles comme elles se passent ? » Celui-ci reconnaît humblement son incapacité à y répondre sur le champ.

Vous aurez compris que ce roman, puisant quelques passages dans la Bible, glisse vers des interrogations théologiques. Même si elle est amenée avec intelligence, sans aucune orientation précise puisque le Révérend hésite lui-même à répondre catégoriquement à ces questions légitimes sur le pouvoir de Dieu, cette approche religieuse peut rebuter certains lecteurs. D'ailleurs, ces passages, sans réelles réponses, peuvent même paraître assez abscons parfois.
Cependant, toute la beauté de cette lecture réside dans la relation qui s'instaure entre le vieux pasteur et Lila. Une relation si palpable, pleine de prudence et de douceur, avec la peur du Révérend de voir partir Lila, de constater qu'elle n'est pas heureuse avec lui. Pour Lila, c'est la peur que son mari regrette cette union et, alors qu'elle est enceinte, l'inquiétude que le bébé perçoive son humeur sombre et ses pensées plutôt tristes. Elle découvre la douceur et le réconfort apportés par l'amour du Révérend mais peut-elle légitimement s'y lover ? Saura-t-elle enfin, malgré son parcours chaotique, accorder sa confiance à un être humain ? La bonté du pasteur arrivera-t-elle à concilier chez elle son passé et son présent ?
Pourtant, toute insignifiante que peut paraître la vie de Lila, elle a bien son importance puisque Doll voulait ardemment qu'elle vive et le Révérend n'a qu'un désir, qu'elle reste là, avec lui.

Un peu déstabilisée par le début de cette lecture, j'ai trouvé ensuite qu'elle s'apprivoisait tout doucement. Ce fond de questionnements spirituels lui confère finalement une atmosphère très délicate qui s'apprécie, même si l'on condamne le caractère sectaire de toutes les religions !
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"Pourquoi les choses se passent comme elles se passent ?" Cette question qui la taraude, Lila n'a encore jamais osé la poser à quelqu'un. de toute façon, elle n'espère pas vraiment de réponse, c'est simplement sa façon à elle de prendre du recul et de ne pas se laisser submerger par cet instinct de survie qui la guide depuis son plus jeune âge. Depuis que, délaissée et maltraitée par sa famille, elle a été enlevée par Doll, une vagabonde et a trouvé auprès d'elle ce qui peut ressembler à de la tendresse malgré des conditions de vie très rudes.

Cette question pourtant, elle la pose spontanément au Révérend Ames alors qu'elle vient de trouver refuge dans la petite ville de Gilead de nombreuses années plus tard. Ces deux solitudes qui se rencontrent semblent se reconnaître, reste à les apprivoiser mutuellement. Entre le vieil homme et la jeune femme plus si jeune se tisse alors une relation étonnante, faite d'amour et de crainte, d'espoir et d'incrédulité. le Révérend a perdu très tôt sa femme et le bébé qu'elle venait de mettre au monde. En épousant Lila, bientôt enceinte, il entrevoit de nouveau le bonheur. Tandis que Lila fait son nid, elle s'interroge sur ce bonheur qui s'offre à elle et qu'elle n'est pas très sûre de mériter après toutes les épreuves qu'elle a traversées.

Doucement, patiemment, sous la plume précise de l'auteure s'esquisse le portrait d'une jeune femme réservée, sauvage, livrée à elle-même mais bien décidée à comprendre le monde qui l'entoure. En l'enlevant, Doll lui a certainement sauvé la vie. En décidant de mettre entre parenthèse leur existence nomade le temps d'une année pour que Lila apprenne à lire, écrire et compter en allant à l'école, elle lui a donné les clés pour avancer.

Ce roman d'apprentissage au féminin est plein de sensibilité malgré le contexte à la fois rude et cruel dans lequel se débat la courageuse Lila. Avec subtilité, l'auteure trace le difficile cheminement des sentiments au bout duquel la jeune femme, d'abord méfiante et incrédule, s'autorisera à être aimée et à aimer en retour.

La construction du roman se joue de la temporalité et explore les pensées de Lila en revenant parfois sur son enfance, son adolescence aux côtés de Doll, les années plus difficiles lorsque cette dernière disparaît, et l'instant présent alors qu'elle s'apprête à devenir mère à son tour. le questionnement sur ses origines est au coeur de ses réflexions et les réponses qu'elle cherche en recopiant des passages de la bible ne suffisent pas toujours à l'apaiser. Seule la relation avec le Révérend, aussi tendre qu'intellectuelle finira par avoir raison de ses craintes.

Un très beau roman, à la fois âpre et sensuel, plein de pudeur.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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«Seigneur, que ce livre fut ennuyeux ! » dirais-je pour rester dans le ton du roman. Pas une fois je n'ai pu me dire « Ce n'est pas si mal finalement », pour revenir à des considérations plus terre à terre. Jusqu'au bout j'ai lu sans appétence, sans parvenir à m'intéresser à l'histoire de cette pauvre Lila.
Un passé lourd, trop lourd. Une vie de solitaire, de vagabondage jusqu'à la rencontre du révérend qui deviendra son mari. Lila garde les choses en elle avec une peur qui la taraude. Les souvenirs sont obsédants : un couteau mille fois évoqué, une écharpe, un manteau, une cicatrice, des personnages disparus ou partis depuis longtemps. Ces images constituent son univers mental même aujourd'hui sous l'oeil bienveillant du révérend.
Lila attend un enfant. Ce moment est prétexte à d'incessants retours en arrière qui surgissent à chaque étape, souvent les mêmes souvenirs. On suit ses pensées désordonnées, contradictoires, partant dans tous les sens. Ses pensées fluctuent rapidement. On passe d'une époque à l'autre. Dans cet exercice, rares sont les auteurs à emporter sans effort le lecteur avec lui. Ici ce n'est pas le cas. Non qu'il soit difficile de se situer mais le procédé narratif donne l'impression de faire du sur place. On tourne en rond.
Vous l'avez compris je me suis engluée dans les tourments de Lila, lassée de tant de redites et de réflexions faussement profondes ainsi « l'éternité était pleine de toutes sortes d'espaces qu'on ne trouvait pas dans ce monde-ci » ou encore l'avant-dernière phrase « peut-être même osait-il s'imaginer pleurant Lila au paradis, car ne pas la pleurer signifierait qu'il était mort, après tout ». Finalement je n'ai pas tout compris…
Un roman qui n'était définitivement pas pour moi.
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(Lu enV.o)
D'Une écriture limpide et puissante,ce roman vous emporte ,vous bouleverse et ne vous laisse pas indemne.
Émue aux larmes par certains passages (ce qui ,pour moi,est assez rare à la lecture d un roman pour vous donner une idée,l avant dernière fois ,c était lors de la mort de la maman de Bambi! )

L histoire de Lila ,petite fille mal aimée et négligée ( peu de détails sur ses parents,sa maison...etc..mais des souvenirs confus de cris,de sejours prolongés a l abri sous une table ou de punitions a l exterieur de la maison dans le froid ...) Lila est enlevée par Doll ,femme d ouvrage occasionnelle de la maison,une femme simple et pauvre dont on ne connaîtra que le prénom..
Doll ,qui a probablement pitié de la petite ou qui est en mal d enfant à choyer,l'enlève,la kidnappe.Pour éviter qu on lui reprenne l enfant et des éventuelles poursuites,commence alors une longue errance rythmée par des travaux saisonniers qu'elle dégote pour survivre .
Cette pauvre femme portant sur le visage une affreuse cicatrice ,a tout d une vagabonde( fière,elle se défend d être comme "ces va nu pieds":elle ,au moins ,elle tient son rang(qui est parmi les derniers de l échelle sociale de l époque juste devant les clochards ,vagabonds ,simples d esprit et anciens esclaves noirs)elle se lave,elle,et elle rapièce et rafistole ses vêtements et conseille à la petite Lila de marcher sans se retourner ni tourner la tête en traversant un village...
Doll et Lila sont donc sur la route,dorment dehors été comme hiver.Elles rencontreront Duane et sa bande de naufragés de la vie et se joindront à eux ....la seule richesse du groupe étant une charrette tirée par une vieille mule (qui mourra malheureusement...)
S ensuivent quelques années "heureuses",rythmées par les marchés ,le travail aux champs ,veillées autour du feu.
Doll se sédentarise un an afin de permettre à Lila d aller a l école et d apprendre à lire et à écrire ,ce qui lui vaut la désapprobation et le mépris du petit groupe!(ils trouvent prétentieux et inutile d apprendre à lire :pour qui se prend elle?)
La grande dépression des années 20 se profile et bientôt ,le groupe se dissout , n a plus de travail et c est réellement la misère (l atmosphère est proche de celle du roman les raisins de la colère)
Jamais Doll ne révélera a Lila qui sont ses parents et jamais elle ne connaîtra le repos :on en vient à douter:
Était ce un enlèvement? Ou Un sauvetage?
Après la mort de Doll,dérive lente de Lila et puis fuite à travers champs,la nature retrouvée ...( après un bref passage dans une maison close qui semble être le lieu où aboutissent toutes les jeunes filles ,pauvres ,ignorantes et sans famille) Elle arrive par hasard à Gilead, ou de façon inattendue ,le vieux pasteur du village s éprend d elle...mais chut ,je ne raconte pas tout

Ceci est la trame narrative mais au delà ,ce que j ai apprécié c est la manière dont les émotions et les sentiments de Lila sont décrits ,enfant mal aimée et abandonnée ,n arrivant pas a se respecter ni à se laisser aimer ,toujours prête à fuir et à reprendre la route .
Le passage où elle rencontre un adolescent en fuite après une altercation avec son père est magnifique
C est un roman remarquable:la narratrice est Lila adulte ,on passe sans cesse du moment présent (a Gilead,auprès du pasteur)au passé,
mais la forme est naturelle ,fluide ,cela ne sent pas le "fabrique" comme dans de nombreux romans ou l éditeur semble avoir mêlé les chapitres et la chronologie pour faire plus "abouti"?plus littéraire?
Du grand art ,à lire absolument!

je rangerais ce roman sur une étagère à côté de ceux de Toni Morrison.
Un des romans de l'auteur" Gilead "serait un des favoris de Barack Obama
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critiques presse (4)
LaLibreBelgique
19 juin 2017
Etourdissante d’intensité dans son écriture comme son propos, Marilynne Robinson célèbre la grâce, seule à même de s’opposer à l’amertume, au désespoir, à la peur.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Chro
31 mars 2015
L’intemporalité, le silence, la contemplation, le retrait : voilà qui décrit assez bien les romans de l’américaine, auteur singulier.
Lire la critique sur le site : Chro
Liberation
09 février 2015
C’est comme si le roman s’employait à illustrer l’expression du visage de Lila, que le pasteur, à la première page de Gilead, le livre fondateur, reconnaît dans le regard de leur enfant, «une sorte de fierté farouche, fervente et grave».
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
04 février 2015
C'est avec lenteur, douceur, une sensualité âpre, une acuité extrême dépourvue d'impudeur, et selon une logique savante qui se joue de la chronologie, que la romancière déplie, déploie et dévoile tout ensemble le destin et la vie intérieure de Lila.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Lila aimait beaucoup travailler dans le jardin du Révérend. Il n'y mettait quasiment jamais les pieds. Autrefois, quelqu'un de l'église passait de temps à autre pour désherber. Lorsqu'elle avait commencé à venir là, afin de s'occuper des roses et de nettoyer un peu, elle avait fait un petit potager dans un coin, y plantant quelques pommes de terre, rien que pour elle. Quelques haricots. Il n'y avait pas de raison de gâcher un bout de terrain aussi ensoleillé, d'autant que le sol était fertile. De vieux souvenirs. Elle adorait sentir l'odeur de la terre, et la toucher. Elle devait se forcer pour se laver les mains.
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Lila avertit l’enfant: «Ça fait tellement longtemps que le monde existe, c’est comme si tout avait un sens. On sait jamais exactement ce qu’on prend entre les mains, donc va falloir que tu fasses très attention.»
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Si je suis folle, songea-t-elle, autant que je fasse ce dont j’ai envie. A quoi ça sert d’être fou si vous devez passer votre temps à vous inquiéter de ce que les autres pensent de vous.
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Si la miséricorde du Seigneur dépasse de loin ce que nous ne pourrions jamais imaginer, et je suis sûr que c'est le cas, alors ta Doll et tout un tas de gens sont en sécurité, au chaud, très heureux et probablement un peu surpris. Tandis que, s'il n'y a pas de Seigneur, les choses sont uniquement telles qu'elles nous apparaissent. Ce qui est vraiment difficile à accepter. Au sens où cela semblerait presque anormal. Je crois que le monde ne peut se résumer à ce que nous voyons.
- Oui, mais ça, c'est ce que tu veux croire, non?
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Lila avait donné naissance à un enfant dans un monde où pouvait se lever un vent qui le lui arracherait comme si ses bras étaient dépourvus de toute force.
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