Une explication de l'inconscient avec des mots simples, compréhensibles de chacun, des références historiques de grands psychologues et des références culturelles contemporaines. Une lecture claire, efficace, et juste assez intense pour ne pas paraître simpliste.
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– C’est quoi exactement, l’inconscient ?
– Cela ressemble à un iceberg. Tu sais, cette montagne de glace qui apparaît au-dessus de la mer, près du pôle Nord : un bloc gelé à la dérive, pointu, trapu, biseauté ou érodé. Imagine un instant ce bel objet inerte, dont une moitié
est immergée dans la profondeur des océans tandis que l’autre vogue à la surface des eaux. Les deux moitiés sont inégales : la partie invisible est plus importante que la partie visible, plus dangereuse aussi, parce qu’elle reste dissimulée.
Tous les navigateurs le savent. Ils redoutent bien plus ce qui est caché que ce qui est apparent. C’est cela l’inconscient, la partie immergée de la montagne blanche, composée de plusieurs étages avec des tranchées, des passerelles, des labyrinthes. On peut la comparer à une maison flottante dont on ne parvient pas à définir le contour mais dont on sent la présence.
Mais comment on accède à son inconscient?
Par une introspection, c'est à dire une écoute de soi -même, une observation de tes réactions ou "un examen de conscience". L'idée de se confesser et de raconter ce qui fait souffrir ou ce qu'on a vécu, existe depuis longtemps. Beaucoup d'écrivains ou d'artistes ont publié leurs confessions : saint Augustin, Montaigne, Rousseau. Parler de soi permet d'accéder à l'inconscient.
Être inconscient, c'est commettre des actes insensés. Avoir un inconscient, c'est avoir en soi cette maison, ce lieu qui se dérobe à notre conscience, rempli d'imaginaire, d'intuitions et d'émotions.
Elisabeth Roudinesco - Soi-même comme un roi : essai sur les dérives identitaires