Un roman sur le deuil, la nostalgie d'une enfance disparue, qui m'a plus agacé qu'ému. Haine et mépris envahissent tout l'espace, prenant pour cible tout ceux qui n'étaient pas "lui", l'enfant défunt. Car lui était beau, doué, pour les études, la musique, et si proche de sa mère ; en revanche, ses soeurs étaient quelconques, privées de toute facilité pour l'étude, superficielles dans leur goûts vestimentaires et musicaux ; et ne parlons pas de l'insignifiant quatrième de la fratrie.
Et le mari ? Transparent jusqu'à l'inexistence, médiocre et inutile, il semble n'avoir jamais suscité autre chose que le regret d'avoir été épousé.
Ensuite vient la plèbe des amis, traîtres ou profiteurs, méprisables de toute façon.
Et ce n'est pas la mort du petit cheval de course qui a fait basculer sa mère dans le rejet de tous les autres (basculement qui aurait été compréhensible et aurait pu donner un bon roman) : cette dichotomie préexistait. le mari a toujours été de trop, les soeurs du fils merveilleux ont toujours été nulles en tout, les amis, tous nés traîtres ou profiteurs.
Tant de méchanceté étouffe toute émotion. Tant d'exagération, tant de manichéisme achèvent de l'enterrer irrémédiablement.
Ajoutez à cela un style sans grâce, un beau bouquet d'invraisemblances, des justifications tirées par les cheveux qui tombent sur la soupe, et il ne reste alors que l'étonnement : pourquoi ce florilège d'avis journalistiques élogieux sur la quatrième de couverture ? Pourquoi un prix ? Pourquoi même une publication ?
Copinage parisianiste ? Népotisme germanopratin ? Je n'en sais rien.
Tout ce que je sais, c'est que je ne regrette pas de privilégier depuis quelques années la lecture d'auteurs étrangers.
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violent, insupportable, fantastique, cruel, juste, injuste, sans concession, brutal.
coup de poing dans le ventre, déflagration mentale, affectivement incorrect, constat terrible sur les relations humaines et plus particulièrement au coeur de la cellule familiale.
Souhaitons que cela ne soit que fiction et une provocation littéraire pour secouer les lecteurs et les faire réfléchir sur leurs relations actuelles et à venir
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Tu te laisses dériver, au fil des dates, d’un absent à un autre, tous ennemis ce soir, plus qu’aucun autre jour, ennemis par leur indifférence que tu ne peux supporter d’imaginer, ennemis par leurs scrupules que tu espères et auxquels tu ne crois pas assez. (p. 22)
Des autres, tu ne pourras bientôt plus rien dire, ils seront fondus dans le brouillard, figurants dont la présence ne sert qu’à faire masse autour de toi, tandis que tu as un pouvoir nouveau, le pouvoir exorbitant, enivrant, de dire personne ne peut comprendre. Tu feras sentir à tous quel écart te sépare désormais de l’humanité.
Comme s’il suffisait d’un sac-poubelle pour se préserver du passé. (p. 71)
Anne Godard - Une chance folle