Impression : décontenancée ; intriguée ; intéressée.
Circonstances : possibilité offerte de découvrir un roman ; je n'ai bien sûr pas résisté même si je ne suis pas particulièrement friande de S-F mais, dixit l'auteur : "
L'Indélicatesse du Cosmos est un roman de science-fiction de type space opera "à ma façon", lisible tant par les aficionados du genre que par les lecteurs de littérature générale (je m'y suis attaché). Alors, surtout, n'hésitez pas si vous ne lisez habituellement pas de SF ; j'insiste, vous pourriez être surpris !". Alors, je n'ai plus hésité…
Inutile, me semble-t-il, de tenter de résumer cet OVNI littéraire, ce serait peine perdue. Je m'en abstiendrai donc.
Mon avis ? Décontenancée, je le fus : quelques pages lues et déjà, je me dis "mais dans quoi me suis-je embarquée ?" ("que diable allais-je faire dans cette galère ?"*) Ouille, d'emblée je me tracasse un tantinet car l'auteur m'apparaît sympathique et cela m'ennuie de ne pas me sentir plus enthousiaste. Qu'est-ce donc qui me freine ? Principalement l'emploi de termes tellement "science-fictionnesques" que la compréhension n'est pas toujours aisée et demande concentration. Mais je décide de m'accrocher.
Intriguée, je l'ai été : hé bien oui, je finis par tourner les pages en me demandant où allait m'emporter cet "indélicat cosmos". Tellement indélicat que j'en arrive même à "goûter le mauvais goût", indéniablement porteur de sens.
"Je vous rappelle la règle de base - modelée à sa manière - détruire d'abord, discuter ensuite !" [p. 151]
"L'organisation humaine fonctionne comme un gigantesque organisme vivant qui ne trouve mouvement que dans le déséquilibre. L'immobilité signifierait la mort de tous ces mécanismes qui, par la compétition, l'idée de la compétition, donnent une raison de se féliciter à une partie de la population, autant qu'un motif à poursuivre la lutte au reste. Sans ces ressorts, c'est l'oxydation des rouages, la fossilisation des ambitions, le suicide collectif…"
Elle prit une courte pause, le temps d'une ou deux inspirations calculées.
"L'ONU veut un conflit galactique, parce que nous souffrons d'une paix qui tue à petit feu les moteurs de l'économie, diminue le prestige des politiques et finit par rendre caduques tous les bricolages ponctuels que les gouvernements successifs ont pu mettre en place - avec plus ou moins de réussite, il faut le dire - , à dessein de fournir matière à influx nerveux, à sortir ses tripes et faire prétexte à un peu de cohésion ou d'opposition, mais quelque chose…" [p. 179]
Intéressée, je le suis devenue puisque j'avais envie de savoir vers où j'avais pris le parti de me laisser dériver dans cet infini temporel.
Je sais que ce qui va suivre n'évoquera rien en dehors des régions wallonne et bruxelloise, mais je n'ai pu m'empêcher de songer, au fil du récit, à notre
Jean-Luc Fonck national, le seul, le vrai, l'unique, dont les textes savoureusement déjantés plaisent... ou déplaisent, sans demi-mesure. Ceux qui m'ont déjà lue savent que j'aime beaucoup cet artiste, spécialiste, s'il en est, de la dérision. C'est ainsi que surviennent subrepticement dans le roman Mc Wolfgang Snoop Dog III, Roox' et Roky', Maître Capelo ou encore un certain Bond qui "ingurgita un flacon de Fill-it Bang"...
Un détail purement pratique : j'ai beaucoup apprécié le lissé du papier ; un réel enchantement.
* Réplique librement "adaptée" de Géronte dans
Les Fourberies de Scapin de
Molière.
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