La rivière de l'enfer.
John, jeune cavalier solitaire, revient à la ferme de ses parents adoptifs, Molly et Burt mais le vieux s'est enfermé dans l'alcool et le mutisme. John vient pourtant lui annoncer qu'il est enfin possible d'approcher le camp indien où est retenue depuis dix-huit ans Sarah, devenue l'Indienne blanche. Il faut toutefois agir vite et rejoindre les Comanches à Purgatorie River avant l'arrivée des rangers qui préparent une action punitive et sanglante.
Mosquito continue, à raison d'un album noir & blanc par an depuis 2012, la réédition des westerns de Serpieri parus une quarantaine d'années auparavant. Concomitamment à la reprise par Glénat du cycle de Druuna, il est à nouveau possible d'avoir accès à une bonne partie de la production de l'artiste italien. Avec « L'Indienne blanche », Serpieri livre une histoire de l'Ouest sans concession, âpre et brutale, au plus près de la rugueuse réalité, loin des fioritures et des clichés inhérents au genre. Même si l'auteur pratique l'ellipse à bon escient, certains passages frappent de plein fouet. La maîtrise graphique de Serpieri est époustouflante. Les dessins sont solidement architecturés et les hachures croisées apportent tout le moelleux nécessaire pour les faire vibrer. La maestria est manifeste mais Serpieri n'est pas qu'un fabricant de belles images. Il sait construire et mener une bande dessinée avec un art consommé. Il est difficile de résister à la magie du trait et quand l'histoire est au diapason, le lecteur n'a plus qu'à se laisser transporter dans les vastes espaces de l'Ouest américain.
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Encore une BD sur la nation indienne et sa disparition progressive lors de la conquête de l'ouest, mais qui apporte un regard très différent de ce dont on à l'habitude. Loin d'un manichéen primaire, Serpieri s'attache à démontrer des relations inter-indiennes complexes, des guerres de nations et des massacres, amplifié par l'arrivée des hommes blancs et de leurs fusils. le sol américain fut bien trempé de sang dans toute cette histoire ...
Et c'est exactement ce que l'auteur arrive à nous retranscrire : tout ce que cela à donné dans ce conflit sans fin, entre catholiques exterminateurs (ah, les grandes causes et les grands noms ...), racisme et intolérance, personne essayant de tisser des liens. On retrouve un peu tout ces archétypes de personnages dans cette histoire bien ficelée, et qui a le mérite de proposer une fin très réaliste (malheureusement).
D'ailleurs le réalisme imprègne les pages, tant par le dessin que par l'histoire. le coup de crayon de l'auteur m'avait beaucoup plu dans sa série Druuna, et là j'ai pris plaisir à regarder la façon dont il croquait les visages tout autant que les personnages.
Mais ... Il y a quelques bémols, et notamment le fait que la BD est bien trop courte ! L'histoire va bien trop vite, les actions s'enchaînent trop rapidement, on a pas vraiment le temps de s'immerger dans certaines scènes ... Et c'est regrettable, car le pitch permettait de facilement rajouter une dizaine de pages. Je pense que le format des BD ne l'a malheureusement pas permis. du coup, je suis un peu frustré de voir la BD aller si vite et ne pas avoir posé plus certains passages.
Mais globalement, une BD qui fait plaisir à lire, et que je vous recommande pour peu que vous soyez intéressé par l'ouest américain ou fan de western. Ici, on aura quelque chose de plus réaliste, et c'est pas mal du tout !
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Paolo Serpieri en interview pour PlaneteBD.com