Contrairement à ce que nous indique la fiche de David Silva en quatrième de couverture de ce nouvel opus, ces personnages ne nous paraissent pas comme des dignes héritiers de
Ian Fleming. Ils nous semblent, en effet, plus près de ceux de John le Carré.
A mon avis «
l'infiltré de Moscou » est de toute sa production, celui qui se rapproche le plus de l'excellent auteur de romans d'espionnage des quarante dernières années. En puisant dans la vie de
Kim Philby, David Silva a créé une intrigue qui ressemble un peu à celui de la dernière oeuvre de John le Carré « l'héritage des espions » (bien que ce dernier ait écrit également un roman s'inspirant de
Kim Philby « la taupe », tout comme
Frédéric Forsyth «
le quatrième protocole. ») Ces retours sur l'histoire même d'un des grands traîtres britanniques (des années 40 à 62) vendu à la Russie soviétique, qui y trouva refuge et y mourut lui ont servi de support pour un scénario tellement bien construit et réaliste que l'on imaginerait sorti de la biographie de
Kim Philby lui-même.
En substance, après sa fuite en URSS en 1962, Philby aurait laissé une maîtresse à Beyrouth qui allait lui donner un enfant illégitime. Celui-ci (ou plutôt celle-ci puisqu'il s'agit d'une fille) sera élevé à Moscou selon les concepts soviétiques pour suivre l'oeuvre du père. Envoyée en études à Cambridge, elle sera embauchée par le MI 6 et grimpera dans la hiérarchie du service d'espionnage de sa majesté pour accéder (presque) au titre suprême.
Gabriel Allon, le héros récurrent de David Silva, chef des services secrets israëliens, également restaurateur d'art, après des assassinats suspects d'agents doubles ou retournés va être amené à enquêter et à découvrir ce qu'il y a d'anormal au MI 6. le suspense est permanent, les découvertes parfois surprenantes et les 160 dernières pages deviennent de plus en plus haletantes. Nous ne dévoilerons pas la fin car David Silva sait ménager le lecteur et comme depuis ses premiers ouvrages nous redécouvrirons dans son (ses) suivants la même équipe qui le suit aux quatre coins du monde et (peut-être) quelques-uns des mêmes adversaires. Qui sait ?