Choquée/bousculée/trimballée d'un sentiment à l'autre/je me sens exsangue après la lecture de ce roman délirant, violent, psychologiquement déstabilisant.
Tiens, voilà que j'imite la façon d'écrire de
Karine Tuil. Faut croire qu'elle m'a aimantée, cette auteure au style truculent, extrêmement vivant, sinueux comme les contours des sentiments et des émotions.
J'ai adoré suivre l'histoire de ces deux hommes si dissemblables, au destin soi-disant établi et uniforme et puis soudain qui dérape.
L'un (Samuel) est un juif qui pense avoir tout échoué, alors qu'il vit avec Nina, une femme superbe. Ecrivain raté, dépressif, vindicatif, jaloux, introverti, incapable de confiance en lui mais si sensible...
L'autre (Samir) est un musulman qui renie tout pour grimper dans l'échelle sociale, quitte à se faire passer pour un juif. Gagnant, manipulateur, charmeur, rien ne lui résiste, surtout pas les femmes.
Ces deux amis se sont d'ailleurs partagé Nina il y a 20 ans, mais c'est Samuel qui vit avec elle depuis longtemps.
Le moment où cela chavire ?
Lorsque ces trois personnes se retrouvent, après des années.
Lorsqu'un membre de la famille de Samir se déploie et se fait menaçant.
De Paris à New-York, des cités effroyables aux lofts luxueux, tout est permis, tout est violenté, tout est analysé, tout est renversé, perturbé, broyé.
Les années s'escaladent et forment une montagne de non-dits.
Les thèmes s'entrechoquent : racisme, religion, recherche de sa propre identité, influence de la famille, création littéraire, positionnement dans l'échelle sociale, règne de l'apparence et du tape à l'oeil face au moi profond, mensonge, manipulation, désir sexuel...
Alors je n'ai qu'un seul conseil :
Karine Tuil, continuez à inventer des vies !