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EAN : 9782743623425
318 pages
Payot et Rivages (04/04/2012)
4.46/5   12 notes
Résumé :
De son enfance entre une mère narcissique, immature et un père, joueur invétéré qui, après avoir survécu à un premier cancer, passe désormais son temps à cultiver son jardin, Rose a gardé les déchirements. Tout juste adulte, elle s'efforce de survivre à ses histoires d'amour lamentables ou malsaines. D'un bref mariage pitoyable avec un demeuré mystique à sa relation avec un artiste cocaïnomane et manipulateur, elle glisse sur la pente qui mène sa jeunesse à la misèr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans ce roman largement autobiographique, une jeune femme qui a choisi de porter le prénom de Rose, se raconte.
Elle a 27 ans, vit à Los Angeles pendant les années soixante dix. Ses parents sont divorcés et son père vient d'être hospitalisé dans un service de cancérologie. Après une intervention chirurgicale particulièrement mutilante, il lutte entre la vie et la mort. Rose a peur de le perdre, de ne plus être une petite fille et de devoir grandir pour devenir une femme. Entre ses visites à l'hôpital en compagnie de sa mère, elle est submergée par un flot de souvenirs, de sensations et d'images qu'elle déverse dans un kaléidoscope étourdissant.
Curieusement Rose semble dépourvue d'émotions....
Entre son mariage raté avec Gérald, un " connard complètement ravagé ", sa relation foireuse avec Jason, sa mère qui va et qui vient, son père qui se meurt, Rose parle beaucoup des autres mais quasiment pas d'elle et ne dit jamais sa douleur. Elle semble vide, dépossédée d'elle même, une morte vivante qui ne tient que grâce à l'aiguille plantée dans son bras.
Rappelant en filigrane le mythe de Médée trahie et humiliée par Jason, l'histoire de Rose foncièrement mélancolique et désespérément seule, possède un charme envoûtant, quasi vénéneux, dont il est impossible de se défaire. Une lecture sombre mais puissante, addictive comme un shoot d'héroïne.
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Tout d'abord merci aux Editions »Quidam pour la découverte de ce roman qui m'a littéralement scotchée (et pourtant combien de livres ai-je lus qui décrivaient une famille à la dérive ! )
Ce roman a été écrit en 1979, c'est important de le signaler, il devait être l'un des premiers à plonger ainsi dans l'univers décadent de l'époque et tous ses comportements irresponsables . Il a été traduit, et avec quelle maestria, en 2006 .
L'intrigue pourrait être banale si elle n'était écrite avec « les tripes » de l'auteur.
Appelons l'héroïne Rose, (elle n'est pas nommée dans le récit) du prénom de sa grand-mère juive-polonaise arrivée en Amérique au début du siècle dernier;un père joueur, une mère femme-enfant,mais une famille aimante jusqu'au jour où »je devins indifférente, adepte de refus systématique,ma bouche dessinait des « non » d'acier tandis que j'emmagasinais les cicatrices invisibles d'un air déchiré par les claquements de porte. » Ses parents divorcent.
Puis vient un mariage idiot et raté, des amants , et Jason bien sûr avec qui elle découvre la drogue, qui peut-être n'est pas étrangère à la si grande intensité de ce livre.
Elle a 27 ans quand son père est atteint une nouvelle fois de cancer;entre sa mère ,qui a réussi au moins dans son travail, si ce n'est dans sa vie privée, et les visites à l'hopital se déroule un texte magnifique, fait de rage, de beauté, de gentillesse, d'ironie même parfois.
Ce livre renferme en fait toutes les addictions, consenties d'ailleurs , familiales, drogues, sexe. La correspondance adressée à une cousine éclaire d'ailleurs cet aspect.
Le récit est éclaté,hypnotique, poétique même, c'est avant tout l'écriture qu'il faut retenir, rien n'y est banal. Ce fut vraiment une découverte rare, j'aurais aimé le lire quand j'avais l'âge de l'auteur lorsqu'elle a lâché ainsi toutes ses émotions.
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Bouleversant d'émotion, d'intelligence et d'humour poétique, un conte radieux de la famille, de l'addiction, de la maladie, et du passage à un âge adulte possible.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/11/23/note-de-lecture-lithium-pour-medee-kate-braverman/
Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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« S'il quelqu'un restait assez longtemps, tôt ou tard tout viendrait s'échouer sur la plage. » La prose de Kate Braverman est cette mer qui roule et brasse les mille souvenirs et sensations de sa narratrice, à l'heure difficile où son père est atteint d'un cancer, pour la seconde fois.

En quelques pages, les principaux motifs de la narration, qui « dénoueront » l'intrigue, sont explorés : la drogue, Los Angeles et Venise Beach, les relations avec Francine (sa mère), l'enfance, le premier cancer, la figure du père, Philadelphie, le mari, Berkeley, Jason l'amant – une cousine, aussi, et le passé de la famille. [...]
Lien : http://glossolalies.net/roma..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Jamais l’homme primitif ne pourrait se soumettre à l’hôpital. Un homme primitif insisterait pour être entouré de ses objets les plus magiques. Il y aurait des prières et des chants collectifs, un souffle commun entretenu. Des feux de camps pour flamboyer dans l’obscurité, les étincelles des bûches de cèdres, l’air hérissé de rouge dans le noir, sang et fumée. Il y aurait des amulettes, des charmes, des totems. Les masques seraient repeints. Les calebasses à percussions, sorties de la hutte du guérisseur. Il y aurait des danses, des peintures de sable, des reconstitutions chantées des victoires de la tribu sur le mal, des morts aléatoires et des naissances inexpliquées, une sorte de tintement singulier.
Le guérisseur implorerait la terre. Et la terre répondrait. Les os sacrés de tous les sages décédés rongeraient la nuit noire et rouge et soulèveraient la poussière des tombes fantasmagoriques. Le rêve s’y plierait et le squelette articulerait de vrais mots d’une bouche aux lèvres et à la langue réincarnées.
L’hôpital était trop vide et uniforme. C’était un espace dénudé, une antichambre de la mort. Ici, les shamans revêtaient des costumes particuliers, masques blancs et blouses blanches. Ils maintenaient des rituels antiseptiques. Communiquaient en un dialecte privé ancestral. À leur façon appauvrie, ils s’efforçaient de préserver le mystère. Ils adhéraient à des formes ancestrales, mais vidées de leur substance, de leurs relations aux pouvoirs impénétrables.
Les docteurs portaient des stéthoscopes autour du cou et communiaient avec des machines, mais ce n’était pas suffisant, pas tout à fait. Je voulais des cornes d’antilopes sur leurs têtes, des percussions et des tambours. Je voulais une bénédiction tonitruante et prodigieuse, des sels magiques, de la fumée colorée, des genoux sur la poussière, des étoiles guidant les prières.
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J'avais des idées noires, je caressais les démons dans l'obscurité de mes neuf ans, scellant des pactes et tournoyant dans le sommeil tout en récitant les listes sans fin de mes ressentiments. J'étais incapable de pardonner. Sournoise, j'écoutais aux portes et me renfrognais face à l'appareil photo que ma mère pointait sur moi, m'assurant que jamais elle n'oublierait, et que plus tard, en fouillant dans ses tiroirs, elle découvrirait une petite fille qui la fixait, lèvres déformées, moue hargneuse. J'étais indifférente, adepte du refus systématique, ma bouche dessinait des "non" d'acier tandis que j'emmagasinais les cicatrices invisibles d'un air déchiré par les claquements de porte. J'errais, seule, et pratiquais l'abandon dans des parcs aux collines basses et asséchées. J'étais celle qui portait son enfance comme une maladie orpheline, déjà lassée des contes de fées, celle à qui, déjà, il ne fallait pas en raconter. J'étais celle qui avait de bonnes notes et des secrets, celle qui se déplaçait lentement, celle qui disait non et le pensait. J'étais froide, enfermée, je refusais d'apprendre à faire du charme ou à quémander. J'étais celle qui tissait des toiles d'araignée et rendait la nuit contagieuse.
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Francine me voit toujours comme cette gamine de six ans, pâlotte et grassouillette. A dix ans, j'étais une guimauve, blanche et pâteuse, déjà presque aussi grande qu'aujourd'hui, effarouchée pour un rien. Je n'acceptais rien facilement. Le ciel n'était jamais une simple question d'air, d'espace ou de couleur. La pointe des étoiles brûlait forcément. Ma peau semblait porter les stigmates permanents de mauvais traitement d'un midi blanc ankylosé ou d'une nuit noir comme une mer de rats. Les étés me blessaient, trop jaunes et brûlants, incandescents et insensibles. Les hivers étaient cruellement courts, pointes cinglantes et brèves sur des pelouses roussies poussant des lis noires aux grandes bouches blanches béantes et édentées.
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Il y avait chez Gerald quelque chose d'inachevé. Plus tard, je le verrais comme le produit d'une fabrique d'astronautes androïdes. Non pas qu'il ait ressemblé à un astronaute. Mais plus exactement parce qu'il semblait en être le reflet. Il avait l'étoffe d'un modèle réduit. Il était comme ces gadgets aux détails parfaits mais non-fonctionnels, attachés aux ponts des bateaux en plastique, ces mitraillettes miniatures collées aux maquettes d'avion. D'apparence parfaite, mais rien qui marchait, rien.
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Que suis-je en train de faire? Et la voix à l'intérieur de moi a répondu. Tu es en train d'attendre, ma petite. C'est ce que tu es en train de faire. Attendre. Tu n'as toujours pas compris? Los Angeles est la grande salle d'attente du monde. Attendre d'être découverte. Attendre ton chèque de sécurité sociale. Attendre le retour du cancer. Attendre la faille, le tremblement de terre. Attendre les mots blancs et cassants annoncer que l'homme que tu appelles ton père est mort. Attendre avec ta petite vie qui s'écoule dans la brume grise d'un après-midi chaud et blanc.
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