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EAN : 9782381960340
608 pages
Monsieur Toussaint Louverture (06/10/2022)
4.12/5   72 notes
Résumé :
Ebenezer Le Page est un être direct, tenace et… charmant. À quatre-vingts ans, il a toujours vécu sur l’île de Guernesey, un coin pierreux et délicieux coincé entre l’Angleterre et la France, et un monde véritablement à part. Ebenezer lui-même est farouchement indépendant, mais alors qu’il atteint la fin de son existence, il est déterminé à raconter son histoire et celles de ceux – parents, amis, ennemis – qu’il a côtoyés, appréciés ou détestés.

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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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C'est un livre très long qui, de la première à la dernière page, ne parle que de relations humaines vécues par un homme au cours du vingtième siècle sur l'île de Guernesey où il est né et où il mourra.

Ces relations concernent essentiellement sa famille, nombreuse, partant des grands-parents, parents, oncles, tantes, fratries diverses, cousins, épouses, mariages ratés, amours impossibles, rencontres du voisinage, le tout vu à travers son enfance, son adolescence, sa vie d'adulte et sa vieillesse.

C'est une lecture que j'ai trouvée très pénible, par ses longueurs, ses digressions perpétuelles, les convictions têtues des protagonistes, leurs doutes ou incertitudes, leurs actes trop souvent malfaisants.

Je n'ai pas aimé toute cette haine que l'auteur met en scène, haine entre soeurs, entre cousins, entre conjoints, avec des victimes de tous ces comportements entiers, exclusifs, ou bien prêts à subir les autres, comme si la faiblesse était inéluctable et la loi du plus fort la meilleure.

L'auteur paraît bien meilleur que tous les siens, du moins c'est l'impression qu'il donne, mais finalement je crois qu'il est atteint de cette même mesquinerie îlienne, et ne vaut guère mieux que les autres.

Au fil de cette éprouvante saga familiale, il ne dit finalement pas grand-chose et tout le message du livre pourrait finalement tenir dans les 50 premières pages. Mais, il faut en lire plus de 600 pour finalement constater que malgré la densité des faits rapportés avec force détails, l'ensemble demeure très confus, éprouvant et indigeste.

De nombreuses considérations sur la vie, sur les relations entre hommes et femmes, ponctuent ce récit. J'ai retenu quelques citations, savoureuses ou non, que j'ai publiées avec un peu de provocation -- cela a bien marché d'ailleurs compte tenu des commentaires qu'elles ont générés.

Guernesey, une île, des paysages, la mer, tout un ensemble laissant espérer un grand texte. A mon goût, il n'en est rien, pas ou peu de descriptions des beautés de l'île qui m'auraient apporté un peu de baume au coeur de cette bien lassante lecture.
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Il est des livres, rares, comme Ebenezer le page, qui évoquent un cours d'eau paisible , ici, c'est une mer de particules de vies, de réminiscences, de stigmates de souvenirs. La musicalité du récit s'insinue en nous et nous emmène à Guernesey, l'île d'Ebenezer, début du XXème siècle.
D'une beauté saisissante, ce roman est une relique confidentielle enfermant une écriture d'une élégance renversante, les images de Sarnia (autre nom de l'île) nous envahissent, on sent ces bourrasques de vent pénétrantes, la chaleur des mots nous ramène au coin du feu et c'est avec avidité qu'on écoute religieusement Ebenezer nous conter ses mémoires.
Nulle précipitation, si la mer se déchaîne, ce monument littéraire, lui, navigue précautionneusement, le temps n'existe plus, on se love entre ces pages délicates, on savoure le charme de ce bijou qui aurait pu ne jamais voir le jour sans la ténacité des proches de Gérald Basil Edwards, qui, à sa mort en 1976, leur laissera ce manuscrit remarquable.

Ebenezer a 80 ans, son coeur est une citadelle qui enferme un humour truculent propre aux hommes obstinés et abrupts.
Du berceau de ses amitiés aux branchages des amours, des feuillages de querelles aux camouflages des trahisons, il porte le poids de son histoire qui par la simplicité de sa vie sur son rocher jamais quitté, devient un hymne d'une philanthropie aux multiples facettes, une esquisse pittoresque des êtres de ce bout de paradis anglican.
Ebenezer ébouriffe la foi omniprésente, défrise un petit monde imprégné de conventions, il coiffe au poteau les croyances et les postures hypocrites d'une époque pourtant tant aimée et aujourd'hui révolue.

C'est dans ce regard pénétrant dans lequel brille l'intelligence et dans la tragédie des âmes enfilant des masques de comédie que réside toute la grandeur de ce livre.
C'est dans la noblesse de coeur que se loge la profondeur de ses affects, par la grâce des ressentis purs qu'il diffuse des mots ivres.
La philosophie n'est pas le privilège d'une classe bien spécifique et Gérald Basil Edwards nous le prouve en l'exposant dans sa plus grande simplicité. La sagesse flirte avec l'altruisme et donne naissance à ce récit qui dès son premier cri nous enveloppe de toute l'étendue de l'humanisme.
Parsemé d'histoire , ce livre est également la mémoire de Guernesey, le coeur même des habitants qui battait au rythme des évènements , la célébration d'une île authentique devenue ce paradis fiscal clinquant.

Délicate et feutrée, la chronique de la vie imaginaire d'Ebenezer le Page est un diamant brut. Un chef d'oeuvre intimiste qu'on murmure aux oreilles initiées avec délicatesse.

Merci mille fois aux éditions Toussaint Louverture pour ce bijou.
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Comme j'ai eu du mal à quitter Ebenezer le Page ! Il m'a conté sa vie à travers un journal qu'il a tenu au fil des ans. Avec lui, j'ai parcouru le 20ème siècle jusqu'aux années 1960 sur l'île de Guernesey qu'il n'a jamais quittée, vécu la première guerre mondiale à son adolescence, et l'occupation allemande lors de la seconde guerre. J'ai côtoyé les membres de sa famille, j'ai apprécié ses amis, j'ai espéré que son amour pour Liza trouve un dénouement heureux, mais surtout, j'ai aimé apprendre à le connaître. Je me souviendrai peut-être plus de l'homme adulte, un des derniers témoins de ce que l'île était avant l'arrivée des touristes, des automobiles, de la télévision. Il sent qu'avec sa disparition, l'île aura perdu à jamais son authenticité. Guernesey, le seul endroit où il vécut, n'est pas seulement faite toute de beauté, aux paysages époustouflants, mais aussi emplie de ses habitants qui ont bon gré mal gré traversé les épreuves, certains mieux que d'autres qui, comme par magie, ont prospéré après la guerre 40.
Vivant du travail de la terre et de la production de ses tomates dont il était très fier, Ebenezer est un homme simple. Il n'a pas fait de grandes études, il ne comprend pas les mots compliqués mais il aime lire et ne souhaite qu'une chose, être juste dans ses jugements, ne faire de mal à personne (sauf lorsqu'il faut que justice soit faite!) et que ses actions reflètent toujours ses opinions et ses prises de position. Sans être ambitieux, il veut être honnête avec lui-même et les autres et respectueux sans nécessairement approuver. Chacun fait ce qu'il veut. Il est d'un caractère entier comme ont dit.
Les femmes n'ont pas souvent joué un beau rôle à ses yeux, souvent bigote, fainéante, pernicieuse, superflue ou simplement bête, il a toujours mis la barre très haut dans ses amitiés et ses amours. D'où son célibat et l'absence d'enfants. Mais il a voué un amour fort et fidèle à sa mère, sa soeur, à Liza et plus tard à Adèle.
A travers ce récit, c'est toute une flopée de personnages que l'on découvre, toute une époque aujourd'hui révolue au grand dam d'un Ebenezer nostalgique en raison des bouleversements du siècle et de l'apparition de nouveaux opportunistes qu'il ne comprend pas.

C'est l'histoire d'un homme qui était fier d'être un Guernésiais.

C'est le livre unique de Gerald Basil Edwards.
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Chronique des banalités d'une île, ce livre guernesiais semble pourtant presque ignorer son décor : le lieu n'existe que par et pour ses habitants, tous plus ou moins cousins d'après Ebenezer, le narrateur. Les années filent, bisbille après bisbille, mariage après divorce, naissance après enterrement, le vieil homme se souvenant de l'Histoire de ses voisins et de sa famille, laquelle se déroule lentement mais aussi, paradoxalement, très vite. Malgré la tendresse et l'humanité qui se dégagent de ce récit linéaire relevé par trop peu de dialogues, le lecteur s'y ennuie souvent (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/10/05/le-livre-debenezer-le-page-gerald-basil-edwards/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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J'aurais aimé que la tempête empêche le ferry d'appareiller pour prolonger de quelques jours notre séjour à Guernesey. le gros Livre d'Ebenezer le Page (608 p.) m'a permis de flâner un long moment encore dans la campagne, de revoir avec enchantement les criques, les roches. Peut- être ne suis-je pas objective? L'auteur ne fournit que peu de descriptions précises du décor, et que je m'y suis promenée plus par mes proches souvenirs que par les évocations du livre. Je ne sais pas si un lecteur qui ne connait pas Guernesey aurait une impression aussi vive que la mienne. En revanche, c'est LE livre à emporter si vous préparez un voyage à Guernesey.


Ebenezer le Page est né à Guernesey à la toute fin du XIXème siècle, dans une famille où l'on parle encore le patois guernesiais, ancien patois normand, dont certaines expressions donnent une coloration exotique au texte (en VO en anglais, je ne sais pas, sûrement). Pêcheurs, maraîchers, ils pratiquent déjà la culture en serres, tomates, raisin, pommes de terre de pleine terre. Poules et cochons. Il y avait aussi des carriers.

Les familles guernesiaises ont des patronymes à consonnance françaises comme la toponymie mais Guernesey est sous la domination de la couronne anglaise depuis des siècles. le père d'Ebenezer est mort pendant la Guerre des Boers (1899-1902) . Si Ebenezer n'a quitté son île qu'une seule fois pour aller à Jersey, son père avait voyagé dans le monde entier comme marin, et ses cousins sont partis en Australie, en Amérique. L'île est petite, mais le monde entier arrive à Saint Pierre-Port et les séismes que furent les Guerres mondiales n'ont pas épargné ses habitants.

Ebenezer raconte les changements qui ont affecté la vie tranquille de sa famille proche et de ses cousins lointains, parce qu'à Guernesey, tout le monde est plus ou moins apparenté. Ses chroniques de l'île sont pleines de saveur et d'humour.


Le livre est composé de trois parties :
La première raconte l'enfance et la jeunesse du héros, ses amitiés très fortes, ses premiers émois amoureux. la guerre de 14 éclate, beaucoup se portent volontaires.

La seconde commence avec la démobilisation des soldats de la Grande Guerre, tous ceux qui ne sont pas revenus…Ayant perdu son grand ami Jim, il se rapproche de son cousin Raymond qui se destine au sacerdoce. Il est beaucoup question de religion : Ebenezer est anglican mais sa mère très pieuse est méthodiste. Curieusement les catholiques qui sont aussi nombreux sur Guernesey sont très peu présents. J'ai eu un peu de mal avec les nuances entre les différents courants méthodistes et anglicans et pas trop compris les prêches.

Les jeunes d'aujourd'hui n'ont aucune idée de l'importance qu'avait la religion sur l'île il y a soixante ou soixante-dix ans. Il n'y avait aucun endroit où aller, à part l'église.

Mariages se font et se défont, des enfants naissent. Puis vient le drame de l'occupation allemande qui a laissé des blockhaus, tours en béton, rationnements et sous-alimentation, marché noir, délation aussi….

La Troisième partie montre la modernisation de l'île, les voitures se répandent, les touristes arrivent . Nombreuses exploitations agricoles se convertissent en pensions de famille ou gîtes touristiques. Avec l'extension de l'urbanisme, le caractère agricole se dilue.

Je me suis attachée à Ebenezer . Dans cette petite île, l'auteur a su faire vivre tout un monde. J'ai refermé à regret le Livre et je l'ai offert autour de moi. J'espère qu'il plaira autant qu'à moi.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Je voulais qu'elle soit enterrée dignement. Je ne voulais pas de cette coutume idiote qui consiste à recevoir tout le monde pour le thé après la cérémonie ni voir un tas de cousins inconnus venus profiter d'un repas gratuit.
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-- J'ai commis une grave erreur dans la jeunesse. Je pensais à ce moment-là que les filles étaient des êtres humains comme nous, mais c'est faux. Elles sont toujours en quête de quelque chose, de votre corps, de votre argent, ou d'un père pour leurs enfants, et si ce n'est pas le cas, elles veulent quand même que vous deveniez quelqu'un ou que vous fassiez quelque chose qui leur apportera la gloire. Ca ne leur suffit jamais de vous laisser vivre et de vivre avec vous.
-- Tu sais, j'ai répliqué, les hommes aussi en ont toujours après quelque chose.
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Guernesey, Guernsey, Garnsai, Sarnia, qu’ils disent. Moi, en tout cas, je ne sais pas. Plus je vieillis, plus j’apprends, et plus je sais que je ne sais rien. Je crois que je suis le plus vieux de l’île. Liza Quéripel de Pleinmont prétend que c’est elle, mais je pense qu’elle en rajoute. Quand elle était jeune, elle avait un anniversaire tous les deux ou trois ans, mais ces derniers temps, elle en a deux ou trois par an. Pour être honnête, je ne connais pas mon âge. Ma mère l’a noté sur la première page de la grande Bible ; elle a inscrit le jour et le mois, mais elle a oublié de mettre l’année. Je suppose que je pourrais la trouver en allant au Greffe, mais ce n’est pas maintenant que je vais m’en soucier.
(INCIPIT)
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Guernesey,Guernsey,Garnsai,Sarnia,qu'ils disent.Moi,en tout cas ,je ne sais pas.Plus je vieillis, plus j'apprends,et plus je sais que je ne sais rien.Je crois que je suis le plus vieux de l'île. Quéripel de Pleinmont prétend que c'est elle,mais je pense qu'elle en rajoute.Quand elle était jeune, elle avait un anniversaire tous les deux ou trois ans,mais ces derniers temps ,elle en a deux ou trois par an.Pour être honnête, je ne connais pas mon âge. Ma mère l'a noté sur la première page de la grande Bible; elle y a inscrit le jour et le mois ,mais elle a oublié de mettre l'année.Je suppose que je pourrais la trouver en allant au greffe, mais ce n'est pas maintenant que je vais m'en soucier.( Page 13).
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J’aimais beaucoup « La Marseillaise ». C’est le seul hymne national que j’aimais entendre pendant la guerre. Il vous donnait envie d’aller vous battre. En comparaison, « God save the King » était une vraie marche funèbre. Quoi qu’il en soit, pendant la fête de Victor Hugo, j’ai sympathisé avec un jeune Français, et à partir de là, j’ai trouvé qu’ils n’étaient pas si mal, après tout. Je regardais la statue dévoilée et le jeune Français, juste à côté de moi, m’a demandé ce que j’en pensais. Il avait parlé en anglais, mais j’avais reconnu son accent. Je lui ai répondu que je la trouvais très bien, mais que je n’y connaissais pas grand-chose. Il a dit qu’elle était très bien en effet. « Le vieux serait content de se voir là-haut, en train de regarder la mer », a-t-il ajouté.
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