Magyd Cherfi tombe la chemise. Torse-nu, il se dévoile. Sa jeunesse, son adolescence, son zoo. le zoo, une banlieue de Toulouse, la ville rose de Nougaro, une ville plutôt grise pour Magyd. Pourtant, le chanteur de Zebda l'aime cette ville et c'est certainement pour ça qu'il m'en parle. Il égrène des souvenirs comme des vieilles égrèneraient leurs chapelets devant la statue de la Vierge Marie. Marie un prénom bien français qui change assurément de ces filles de la cité qui elles ont un nom du bled. Marie, il pourrait s'assoir à côté d'elle dans le bus au collège, le seul moment où il peut regarder ces filles de près…
Mais au-delà de ses souvenirs d'enfance, le chanteur, auteur, poète a en
lui une certaine rage. de la société, de l'immigration, de la France. le bruit et l'odeur. Il a eu le vote utile, a déposé le bulletin Jospin dans l'urne, ce qui n'a pas empêché Jean-Marie le Pen d'être au second tour. On peut avoir Marie dans son prénom sans pour autant avoir sa délicatesse, sa poésie, son souffle divin. Il me parle du foot, sélection black blanc beur, il me parle de son côté musulman, catho ou athée, ça dépend des jours, ça dépend des temps, surtout ce
lui où il est à la terrasse d'un café, un ballon de rouge posé et le regard sur les jambes de ces passantes insouciantes dans ce pays de liberté, liberté des yeux, liberté de la peau. Liberté de la pensée aussi, il serait près à sortir un livre de
Voltaire de sa poche, en attendant, il écrit de la poésie comme
Maupassant.