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EAN : 9782924327227
M éditeur (01/02/2015)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Le 24 janvier 2009, sous la direction de Pierre Karl Péladeau, Québecor verrouil- lait les portes du Journal de Montréal. Ce lockout – geste violent et pourtant jugé nécessaire par la partie patronale – s’éternisera pendant 25 longs mois; 764 jours pendant lesquels les syndiquées, 253 journalistes et employées de bureau, ne sou- haitent qu’une chose, que s’enclenche une véritable négociation.
Au nom de la convergence, craignant que les nouvelles technologies ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
On achève bien les journaux…
Une remarque préalable. L'environnement législatif, le droit du travail, le droit syndical, au Québec, diffèrent de ceux applicables en France. En absence de description précise de ces « contraintes » institutionnelles, il convient de garder à l'esprit que le mouvement syndical et ses pratiques sont toujours dépendant des environnements législatifs et ne pas plaquer la situation française sur celle de nos ami-e-s de l'autre coté de l'atlantique…

Histoire d'un lockout, d'une restructuration, d'une défaite de salarié-e-s… Comme l'indiquent Manon Guilbert et Michel Larose en avant-propos, « On s'étonne par ailleurs que cet événement marquant de l'histoire de la presse écrite et du monde syndical n'ait suscité que peu de débats alors qu'il avait toutes les allures d'un grand pied de nez au visage de la démocratie ».

Le livre témoigne d'un long conflit de travail, du bouleversement de la vie des employé-e-s du Journal de Montréal, des impasses de la stratégie syndicale du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal (STIJM), de la puissance d'un groupe de communication.

Le lockout a duré 25 mois et le journal « le plus lu de la francophonie en Amérique du Nord, a été publié sans interruption et surtout sans ses journalistes »

Les auteur-e-s racontent cette « marche funèbre », l'histoire du journal et de ses animateurs, la politique du groupe Québecor, les négociations, la signature d'une lettre d'intention, « La lettre qui tue », Pierre Karl Péladeau, le silence syndical face aux salarié-e-s, « Après avoir signé la lettre d'entente, le comité constate toutefois qu'elle est indéfendable compte tenu du mandat initial donné par l'assemblée générale qui l'aurait rejetée du revers de la main ». En somme, « La table est mise. La partie patronale a façonné le conflit »…

Manon Guilbert et Michel Larose parlent de la vie des lockouté-e-s, de leurs actions, de la stratégie du groupe, de sa volonté de « partage des textes sur toutes les plateformes » de Québécor, du contournement des dispositions anti-briseurs de grève du Code du travail, des collusions entre patronat et gouvernement, « C'est amusant de les voir bénéficier du parapluie de la protection étatique tout en passant leur temps à donner des coups de pied à celui qui le tient, et à vouloir que le parapluie leur appartienne à eux seulement », des relations entre le STIJM et la CSN, de l'isolement choisi… Elle et il analysent les rapports de force, « aucune force de frappe n'a été déployée lors du déclenchement du conflit, rien n'a été mis en place pour entraver la production du journal au début du lockout ou pour peser sur les résultats financiers de Québecor », l'absence d'appel à boycott du tabloïd…

Les auteur-e-s parlent de la qualité de l'information, « Si le public ne voit pas ou ne cherche pas à comprendre ce qui menace la qualité de l'information durant ce conflit, c'est que le Journal de Montréal n'est qu'un simple produit de consommation. Un produit de divertissement. Point à la ligne », d'évolution du journalisme, « le journalisme a évolué au cours des dernières années avec la vedettarisation. Il y a plusieurs effets, entre autres celui de diviser ceux et celles qui font le travail de base, lequel peut être anonyme à la limite, d'autant plus que les textes sont échangés sur différentes plateformes, comme le fait Québecor Média avec son agence QMI, des autres, les vedettes ».

J'ai été notamment intéressé par le chapitre « Un enjeu fondamental » et les remarques de Stéphane Baillargeon « Mais je me suis rendu compte qu'il y avait des enjeux beaucoup plus profonds. Des enjeux syndicaux, corporatifs, mais aussi en rapport au métier, à la liberté d'expression, des enjeux par rapport aux effets néfastes de la concentration de la presse, du contrôle de l'information. Et aussi sur la concentration des points de vue et donc de la diversité des voix ». Une révolution est en marche autour du groupe Québecor, une pieuvre propriétaire de nombreux titres de presse, de maisons d'édition, de disques et de distribution, de chaines de télévision, etc. « Québecor ramasse de 40 à 60% des médias, dépendamment des secteurs, et a un pouvoir de frappe incroyable auprès des publicitaires et donc du public. L'argent de la publicité circule dans son propre groupe. C'est un danger immense pour les voix indépendantes. Il a tout avalé : les journaux, les magazines, les livres, la télévision, les disques ».

Les auteur-e-s soulignent comment « Cette machine de guerre défonce sans scrupule la frontière éthique entre la couverture journalistique et la promotion commerciale, et cela, chaque hiver depuis dix ans »

Sous-traitance, non respect de la règle syndicale de l'étanchéité de la salle de rédaction et des différents services du journal, syndicat détruit… « le visage du journalisme change. La plupart des journalistes doivent faire leur travail en beaucoup moins de temps et de ressources. Ce qui les amène à recourir à des solutions de facilité. Plusieurs spécialistes en communication et attachées de presse le confirmeront : il n'est pas rare que leurs communiqués de presse conçus pour guider une recherche plus approfondie à être effectuée par le journaliste se retrouvent mot à mot dans l'édition du journal du lendemain. La production se rythme au flux de la nouvelle et essouffle le petit nombre de journalistes qui doivent la traiter. Les conséquences de cet essoufflement sont la source même de la crise de la presse ! »

Groupe de presse et pouvoir politique. « Maintenant que Pierre Karl Péladeau siège à l'Assemblée nationale comme député du Parti québécois, comment croire que le jeu démocratique sera intègre tant et aussi longtemps qu'il sera propriétaire de Québecor Média ? »

Manon Guilbert et Michel Larose concluent : « L'histoire du lockout au Journal de Montréal servira sans doute à jeter un éclairage sur les méthodes de cet homme influent. On ne doit pas oublier ce que signifie le mot « démocratie » dans le dictionnaire personnel de Pierre Karl Péladeau. On doit se souvenir aussi que le Journal de Montréal, le bateau amiral de Québecor et un héritage de son père, lui a permis d'accéder à ce statut au vu et au su de toutes… et au détriment de 253 syndiquées, journalistes et employées de bureau au service de cette même société. »

A l'heure de la crise renforcée de la presse nationale papier, des restructurations dominées par des financiers, des nouvelles orientations impulsése par les actionnaires non journalistes, un livre sur la fin d'un certain journal…

« La liberté de la presse ne devrait en aucun cas être subordonnée à la liberté de l'entreprise »


Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le visage du journalisme change. La plupart des journalistes doivent faire leur travail en beaucoup moins de temps et de ressources. Ce qui les amène à recourir à des solutions de facilité. Plusieurs spécialistes en communication et attachées de presse le confirmeront : il n’est pas rare que leurs communiqués de presse conçus pour guider une recherche plus approfondie à être effectuée par le journaliste se retrouvent mot à mot dans l’édition du journal du lendemain. La production se rythme au flux de la nouvelle et essouffle le petit nombre de journalistes qui doivent la traiter. Les conséquences de cet essoufflement sont la source même de la crise de la presse !
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Le journalisme a évolué au cours des dernières années avec la vedettarisation. Il y a plusieurs effets, entre autres celui de diviser ceux et celles qui font le travail de base, lequel peut être anonyme à la limite, d’autant plus que les textes sont échangés sur différentes plateformes, comme le fait Québecor Média avec son agence QMI, des autres, les vedettes
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La liberté de la presse ne devrait en aucun cas être subordonnée à la liberté de l’entreprise
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