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EAN : 9782843047756
208 pages
Zulma (02/05/2016)
3.89/5   236 notes
Résumé :
Illustrateur: Francesc Rovira
"J'ai passé mon enfance à Petit-Goâve, à quelques kilomètres de Port-au-Prince. Si vous prenez la nationale Sud, c'est un peu après le terrible morne Tapion. Laissez rouler votre camion (on voyage en camion, bien sûr) jusqu'aux casernes (jaune feu), tournez tranquillement à gauche, une légère pente à grimper, et essayez de vous arrêter au 88 de la rue Lamarre. Il est fort possible que vous voyiez, assis sur la galerie, une vieil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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Ah l'odeur du café! Incontournable parfum du matin, odeur agréable, même pour ceux qui n'aiment pas le café...

Mais plus que l'odeur du café, c'est l'odeur de son enfance que Dany Laferrière nous invite à humer. C'est l'odeur d'Haïti pour un gamin qui décrit avec naïveté le monde qui l'entoure, les amitiés, les conflits les superstitions. Et surtout Da, sa grand-mère, qui régit sa vie et offre volontiers le café à tous les passants.

Un récit discontinu ponctué par des sous-titres, ce n'est pas une aventure qui impose de trouver les pages, mais une tranquille balade à Petit-Goâve d'avant les ouragans et les tremblements de terre dévastateurs.

Une écriture simple, avec des touches d'humour et d'émotions, par les yeux d'un enfant trop jeune pour comprendre les remous politiques du pays.
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L'odeur du café se lit comme on feuilletterait un album photo dans lequel Dany Laferrière a fixé des instantanés de son enfance caraïbe.
C'est une myriade de petits moments, de choses simples telles que le chien, la maison, la pluie etc. ou d'histoires entendues alors qu'il était près de sa grand-mère l'été de ses dix ans en 1963 . Il ne veut rien en oublier et les recueille ici dans ce livre.
Mais derrière toutes ces anecdotes enfantines, se profile le portrait d'une société haïtienne encore sous le joug de Duvalier qui maintenait le pays dans la misère et la terreur. Il ne devait pas trop faire bon vivre à l'ombre de Papa Doc et ses tontons macoutes , et si le bonheur pouvait encore exister, c'était bien souvent grâce à des gens qui "vous protégeaient à votre insu ".
C'est à celle qui a su le protéger et lui apprendre la vie que Dany Laferrière rend ici un bel hommage dans une langue simple mais aux puissants arômes créoles.
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C'est comme on dégusterait un café brûlant, gorgée par gorgée, qu'on découvre l'Odeur du Café. Des instants de vie sur l'été des dix ans de Dany Laferrière, convalescent à un âge d'effervescence.
Haïti dans les années 60, Petit-Goâve exactement: de sa galerie, Dany et sa grand-mère Da observent le monde qui défile: le notaire toujours bien vêtu, Gros Simon dans son camion, le docteur, Zette qui sait toujours tout, la Folle...
C'est tout un petit monde qu'on retrouve, tous liés les uns aux autres dans la vie et dans la mort car la frontière entre les deux, ici, est ténue. Les mauvais esprits rôdent, une jeune fille peut se faire voler son bon ange et devenir l'esclave d'un homme si on n'y prend pas garde, tout comme le soir, les morts viennent parfois se promener dans la rue déserte comme avant.

Dany Laferrière a écrit ce livre pour ne pas oublier ce pays de son enfance, le bleu intense du ciel qui se confond à la mer, l'odeur iodée de la plage et celle, bien sûr, du café que humait Da avant de le boire, ses amis d'enfance, ses envies, ses peurs, ses questions d'enfant curieux et réfléchi.
Mais surtout, Dany rend un bel hommage à Da, la femme qui l'a élevée et a fait de lui l'écrivain d'aujourd'hui par sa philosophie de la vie, ses maximes, ses réponses et sa générosité.
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L'odeur du Café est une collection de petit bout de mémoire de l'auteur Dany Laferrière. Ces mémoires se concentrent exclusivement sur la période où il a vécu chez ses grand-parents maternels. L'auteur dit lui même que la seul raison d'être de ce livre est la scène où un petit garçon de est assis au pieds de sa grand-mère sur une galerie ensoleillée d'une petite ville de campagne.

Ce roman parle d'une des plus belles périodes de la vie de Laferrière. Lire ce livre a été pour moi comme regarder une peinture haïtienne. C'est naïf mais en même temps tellement beau. L'odeur du Café est complété par le charme des après-midi sans fin qui raconte les dernier moments où il a habité chez Da.

Encore une fois, l'auteur ma donné un beau moment de lecture.
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On dit que l'enfance, on la porte toujours en soi. C'est par là que tout commence : nos premières observations du monde, nos expérimentations, nos jeux, notre chambre, nos lectures, la bienveillance des parents et leurs colères parfois, les bancs de l'école, nos amitiés et inimitiés, les balbutiements de l'amour, les endroits qu'on a foulé des centaines de fois, des situations cocasses dans lesquelles on s'est trouvé, d'autres plus sombres qu'on aurait préféré ignorer, nos rêves jolis, nos peurs aussi... Adulte, des images, des couleurs, des parfums, des sensations, des goûts, des bruits nous reviennent par moments. Des souvenirs vaporeux. Des petits bouts à renconstituer. Certains nous font sourire, d'autres nous émeuvent. Penser à ce temps révolu fait du bien, nous donne du baume au coeur. L'enfance, c'est notre fondation, nos racines, notre « matière » comme le dit Marie Desplechin : « C'est la « matière » de l'homme. Tout ce qui constitue un homme ou une femme prend sa source dans l'enfance. On n'en finit jamais avec elle. »
Alors, pour garder en mémoire ces réminescences de l'enfance, fragiles et brumeuses, Dany Laferrière a couchées les siennes sur le papier. Il les a décrites comme il les recevait, par bribes. Ainsi, les paragraphes se forment les uns à la suite des autres sans véritable lien, ils arrivent en « cascade », par répercusions, par enchainements d'idées. Les images débarquent et les mots suivent : la maison, le bruit de la pluie, les rêves, la mort, les fourmis, le match, la bicyclette rouge, les filles, la fête, le bouquet, le sac de café, le déjeuner, la longue sieste, la tasse bleue, la chaise, la voiture noire, la poussière, les mangues, le déjeuner, la lettre, la clé...
Et le point de départ de ce récit, le repère, c'est un visage doux et cher, un sourire plein de bonté, un regard apaisant : sa grand-mère, Da. Il se revoit lui, un petit garçon de dix ans en 1964, « assis aux pieds de sa grand-mère sur la galerie ensoleillée » à Petit-Goâve, (près de Port-au-Prince) à Haïti.
Il raconte cet été-là, avec le vocabulaire simple et sincère de l'enfance. Il raconte Da, celle qu'il a tant aimé. L'odeur du café des Palmes qui se propageait sur la galerie et attirait les passants, la petite tasse couleur azur dans laquelle coulait ce merveilleux café que Da proposait gentiment. Il raconte Vava, la petite fille à la robe jaune qui faisait battre si fort son petit coeur. Il raconte ses fièvres, ses balades à bicyclette, la mort de son grand-père, le ciel et la mer, le temps qu'il passait à regarder les fourmis, la chaleur qui engourdissait les membres, la pluie raffraichissante, le vent qui faisait se soulever la poussière, ses tantes virevoltantes, le football, les nouvelles de sa mère, les voisins...
Quand on referme ce livre, on se souvient nous aussi de ces petites choses de l'enfance auxquelles on tient si fort. On se dit qu'il ne faut en aucun cas les laisser s'envoler. Ne jamais les oublier. Il y a tant de tendresse en elles.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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critiques presse (1)
Telerama
18 mai 2016
Surtout, ne rien oublier de l'enfance à Petit-Goâve. Dany Laferrière s'est fait très jeune cette promesse, et il la tient fermement dans ce livre, qui multiplie les scènes quotidiennes comme autant de poèmes singuliers.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
LA RUE
Notre rue n'est pas droite. Elle court comme un cobra aveuglé par le soleil. Elle part des casernes pour s'arrêter brutalement au pied de la Croix-Jubilée. C'est une spéculateurs, qui achètent du café ou du sisal aux paysans. Le samedi, c'est jour de marché. Une vraie fourmilière. Les gens viennent des douze sections rurales environnantes qui forment le district de Petit-Goâve. Ils vont pieds nus avec un large chapeau de paille sur la tête. Les mulets les précèdent, chargés de sacs de café. Bien avant le lever du soleil, on entend un vacarme dans la rue. Les bêtes piaffent. Les hommes hurlent. Les femmes crient. Da se lève tôt, le samedi, pour leur préparer du café. Un café très noir.
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- Ce qu'il faut à ce garçon, Da, c'est de l'exercice. (le Docteur Cayemitte)
Da lui jette un regard étonné.
- Et vous avez attendu la fin des vacances pour me dire ça, docteur.
- Quelles vacances !
- Les vacances, dit Da d'un ton inquiet.
Le docteur Cayemitte se frappe le front.
- C'est pour ça qu'ils sont dans mes jambes tout le temps.
Un Temps.
- Et bien, faites-lui prendre des vacances durant l'année scolaire.
- Vous n'êtes pas bien, docteur.
- Laissez courir ce garçon, Da, c'est tout ce qu’il lui faut.
...
- Tout va bien, Da. Ce garçon est prêt à apprendre toutes les bêtises qu'on va lui fourrer dans le crâne, de gré ou de force.
- Et c'est comme qu'on qu'on devient docteur plus tard.
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D’après Zette, il parait que Galbaud se laisse mener par sa voiture.
— Sa femme l’a toujours mené par le bout du nez aussi, Da.
— Une auto n’est pas une femme, Zette.
— Oui, Da. Mais un homme reste toujours un homme.
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A ce moment-là, il me faut arrêter tout mouvement, car elle n'est pas loin. Vava est dans les parages. Je la sens qui s'approche. Mon ventre se met à bouillir. Ma tête devient vide. Je suis en sueur. Mes mains sont moites. Je me sens mal. Je vais mourir.
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Yon jou, papa mande Klemantin al chache dlo pou li. Klemantin ranmase kivèt li, li al nan dlo. Men papa a pran chimen dekoupe, l al kache dèyè blòk wòch la. Li wè Klemantin rive ak kivèt li sou tèt li, chita bò dlo a epi l pran chante : Tezen zanmi mwen, Zen... Dlo a vin ap yon ti jan klè. Pwason an parèt tèt li sot nan dlo a. Papa Klemantin ba l yon grenn kout manchèt, li coupe tèt li sèk. Ma a vin wouj. Papa pote pwason an bay manman l kuit, men, Klemantin refize manje l. Li chita tout apremidi a sou yon vye chèz pay, l ap kriye, l ap chante pou Tezen. Tank l ap chante, tank chèz la ap desann rantre nan tè. Li pa sispann kriye, li pa sispann chante. Chèz la desann, li desann. Vin jwenn yon lè, manman an chèche Klemantin anvan l rive jwenn li dèyè kay la. Li te gentan byen fon anba tè. Yon grenn très cheve po t ko antere. Manman an rale l ak tout fòs li, li ret nan men l.

Un jour, le père demande à Clémentine d'aller lui chercher de l'eau. Celle-ci prend une cuvette et se dirige vers la mare. Le père prend un chemin de traverse pour aller se cacher derrière le rocher. Il voit Clémentine arriver avec la cuvette sur sa tête, s'asseoir près de l'eau et se mettre à chanter : Tezin mon ami, Zin... L'eau commence à s'éclaircir. Le poisson sort sa tête hors de l'eau et le père de Clémentine, vif comme l'éclair, lui tranche la tête d'un coup de machette. La mare devient rouge. Le père ramène le poisson à la maison. La mère le fait cuire, mais Clémentine refuse d'en manger. Elle passe tout l'après-midi assise sur une vieille chaise en paille, à pleurer et à chanter la chanson de Tezin. Au fur et à mesure qu'elle chante, la chaise s'enfonce dans la terre. Elle n'arrête pas de chanter ni de pleurer. La chaise continue de s'enfoncer. À un moment donné, la mère cherche Clémentine pour, finalement, la trouver derrière la maison. Elle était déjà complètement enfoncée dans la terre. Il ne restait au dehors qu'une tresse de cheveux. La mère tire brutalement sur la tresse qui lui reste dans la main.
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Vidéo de Dany Laferrière
En 2015, l'écrivain canadien d'origine haïtienne, Dany Laferrière est reçu à l'Académie française. Il est l'auteur, entre autres, de Comment faire l'amour à un nègre sans se fatiguer ou de L'Odeur du café. Son épée d'académicien est le fruit d'un dialogue avec le sculpteur haïtien Patrick Vilaire. Dans cet entretien, il revient sur les différents symboles qu'elle porte et sur ce qu'elle dit de la place de l'écrivain et de l'académicien au sein de nos sociétés.
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Dany Laferrière Écrivain et membre de l'Académie française
Direction éditoriale Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Coordination scientifique Charline Coupeau, docteure en histoire de l'art et chercheuse à l'École des Arts Joailliers
Coordination éditoriale Constance Esposito-Ferrandi, chargée d'édition multimédia, BnF
Lieu de tournage Institut de France
© Bibliothèque nationale de France
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