Lorsque j’avais vu « Loin de l’île » dans la dernière masse critique de Babelio, j’ai coché ce livre sans hésiter, car la couverture m’attirait énormément ! Certes, le thème était malheureusement d’actualité, puisque David, un commercial, revient de Chine et ramène malgré lui un virus… Ce dernier se répand comme une traînée de poudre, contaminant de plus en plus de personnes, si bien que l'île de la Réunion doit passer en quarantaine. Quel hasard, cette publication en ces temps difficiles ! Bon, on est sur du zombie… Mais cela reste une fiction avec des zombies. Et j’espérais probablement que cette histoire fantastique exorciserait un peu le climat anxiogène dû à la pandémie et me ferait , malgré tout, passer un bon moment. Hélas, au fil des pages, mon enthousiasme a déchanté. Si l’on exclut quelques coquilles ou de nombreux oublis de majuscule qui ont parasité ma lecture, je n’ai pas été transportée par ce que j’ai lu. Peut-être que ce titre plaira à d’autres lecteurs que moi ?… Il est rare que je n’accroche pas avec un roman Z et je ne souhaite pas froisser l’auteur en me contentant d’un simple « je n’aime pas ». Aussi, je serai sincère en argumentant au maximum.
Avec les revenants sur la couverture et l'idée de virus, le doute sur les créatures que l'on va rencontrer au fil des chapitres n'est plus permis ! Et pourtant, j'ai trouvé que cela changeait par rapport à ce que l'on peut croiser d'habitude… Cela aurait pu être un atout toutefois, je ne le vois pas comme tel. On retrouve l'idée de morsure qui transmet les symptômes aux victimes cependant, on a très peu d'informations sur l'incubation ou la transformation. J'ai plus eu l'impression d'un simple accès de rage qui prenait les infectés par intermittence. Même après avoir croqué quelqu'un, les personnes touchées étaient capables de parler, de conduire et d'agir « normalement ». Ensuite, elles s'évanouissaient… Mais pour combien de temps ? Pourquoi ? Y avait-il un autre stade après ces réactions ? Je suis assez frustrée, car l'auteur n'apporte pas ces réponses et nous laisse volontairement dans le flou. En outre, j'ai trouvé dommage de ne pas voir plus de passages gores. Non pas que je sois une psychopathe adepte de sang, mais quand je lis des oeuvres avec des zombies, je m'attends à un minimum de tripes à l'air ou de peur ! Là, je n'ai ressenti aucune ambiance post-apocalyptique et aucune frayeur !
Dans un premier temps, j'ai été ravie de constater que l'histoire se déroulait sur l'île de la Réunion. Cela changeait des romans Z aux États-Unis ou à Paris. Malheureusement, c'est à peine si la localisation a eu de l'importance. Il n'y avait pas de réelles descriptions des lieux ou d'atmosphère des îles… À mes yeux, quelques mots en créole, deux/trois noms de villes et une scène en bateau ne suffisent pas. Cela m'a déçue, car j'ai eu la sensation que ce choix était simplement là pour expliquer l'idée de territoire confiné. En outre, la pandémie en elle-même m'a chagrinée. Peu développée, elle semble pourtant se répandre à une vitesse phénoménale. On assiste juste à quelques cas qui s'enchaînent (untel mord untel, qui va ensuite se faire les dents sur un voisin), mais les choses s'arrêtent là. On ne creuse pas l'idée de survie, d'épouvante ou de stress lié à ces êtres cannibales (ou, ici, simples mordeurs) ! J'aurais souhaité me trouver au coeur de l'action, pas aux côtés d'un David déprimé qui va pêcher avec son ami Pierre (qui ne pense qu'avec son pénis) et encore moins aux côtés des autorités ou des épidémiologistes qui ne cessent de blablater pour conclure par « on doit trouver le patient zéro / l'hôte ». D'ailleurs, j'ai trouvé bizarre qu'ils ne se mobilisent pas plus que ça pour stopper le virus, protéger la populace ou chercher un vaccin ! Ils se contentent d'enquêter sur David et, une fois trouver, de le pointer du doigt en le jugeant coupable de tout à travers les médias. Il était évident que la foule, apeurée, allait se jeter sur le pauvre héros ! Je n'ai jamais vu des autorités aussi peu compétentes et investies…
En lisant le résumé, j'avais espoir de plonger dans une histoire au « rythme d'un thriller à l'américaine » comme c'était promis. Hélas, cela n'a pas été le cas : le début a été assez lent et, même si l'on assistait à une infection progressive, il n'y avait pas de véritable tension. Entre les sessions de pêche avec le personnage principal ou les conversations avec peu d'intérêt pour l'intrigue, je n'ai pas eu l'impression de moments haletants. En revanche, je dois reconnaître que le dernier tiers bouge beaucoup. Enfin, il y avait enfin du thriller et je souhaitais savoir comment les héros allaient s'en sortir ! C'était une véritable traque, suivie d'une chasse à l'homme avec une course-poursuite ! Toutefois, les choses sont retombées comme un soufflet avec le dénouement qui n'était pas à la hauteur de mes attentes. Il faut également avouer que je ne me suis attachée à personne. Hormis le héros que j'ai trouvé assez plat, les autres personnages sont peu dépeints et surtout très stéréotypés, en particulier Pierre dont l'humour gras et vulgaire m'a hérissé le poil (on notera par exemple son « Blondasse Bombasse Baisable »). Les blagues de beauf', ça va bien cinq minutes… Ajoutons à cela la place des Femmes qui fut très discutable et révoltante. J'ai ainsi retenu Claire, la femme de David, qui pète une durite en se montrant hystérique et chiante mais qui change d'avis le lendemain, sa fille Clara une ado rebelle et insolente qui suit aveuglément sa génitrice, la mère de Thibault qui se cantonne à un rôle de maman larmoyante, Emie qui ne sert pas à grand-chose ou encore Daphnée dont la présence s'est limitée à écarter les cuisses… En tant que lectrice, la place ou le rôle que les Femmes ont joué m'a gênée, voire irritée. J'espère qu'il s'agit d'un choix involontaire et non de la misogynie… Quoi qu'il en soit, cela a pesé dans mon ressenti.
De nombreux éléments ont donc été rédhibitoires pour moi. C'est vraiment dommage, car je pensais tomber sur un roman Z distrayant reprenant les codes du genre où l'auteur apporterait sa petite touche personnelle, tout en proposant un rythme intense. Malheureusement, je referme cet ouvrage avec beaucoup de déception… Merci tout de même à Babelio et à Storia Editions pour cet envoi.
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