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Lonesome Dove tome 4 sur 5

Christophe Cuq (Traducteur)
EAN : 9782351788332
784 pages
Gallmeister (02/06/2022)
4.41/5   175 notes
Résumé :
«La plupart des voleurs de trains sont pas malins, et c'est une chance pour les compagnies de chemins de fer. À eux seuls, cinq bandits pas trop idiots pourraient braquer tous les trains de ce pays.» Ainsi parle Woodrow Call, ancien capitaine des Texas Rangers désormais reconverti en chasseur de primes. Engagé pour éliminer Joey Garza, un dangereux criminel mexicain plus futé que les autres, il sillonne les étendues arides du Texas en compagnie d'une équipe hétérocl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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J'vais vous dire : la vérité c'est que ça me manquait, tout ça ; l'aventure, le désert, les longues chevauchées quand nos silhouettes se découpent dans le coucher du soleil ; Ouais, même les serpents dans la nuit froide et les nuages de sauterelles, pourquoi pas, tant qu'on affronte ça tous ensemble. Vous savez c'que c'est, la nostalgie… Et puis Berni_29 fredonnant ♪ I'm a poor lonesome cowboy ♫, en mâchant son brin d'herbe. J'avais besoin de retrouver cette camaraderie tranquille, de me sentir de nouveau utile. Alors j'ai sellé ma vieille Daube ; J'ai réparti les sacoches de munitions, et je suis partie loin du saloon, où je menais une vie sédentaire depuis trop longtemps. Je me désaltèrerai au gré des cactées : Un cheval, un fusil et huit dollars, suffisent à un cow-boy pour survivre (1) - et à Calamity-Onee aussi. Pour tout vous dire, « chevaucher Dob était un peu comme s'asseoir sur une scie. L'animal était squelettique et sa selle étroite et dure », à tel point que j'avais « l'impression qu'on allait me retrouver sciée en deux quelques kilomètres plus loin ».
Le temps d'me réhabituer, et juste au moment où je me lassais de galoper sans but dans les plaines arides, v'là-t-y pas qu'je tombe sur le seul gars qui pouvait comprendre ma nostalgie : le pote Berni. J'fais piler ma Daube, nos yeux s'accrochent. Ah on était beaux : Deux âmes errantes suivant la piste du bon vieux temps qui s'efface, celui où Woodrow Call, ancien texas ranger, nous avait engagés pour faire traverser le pays à son troupeau, afin de rejoindre le Yellostone en partant de Lonesome Dove. Fameuse aventure que celle-là ! Si vous avez loupé c't'épisode, vous pouvez lire Mc Murtry, un gars qu'on avait sauvé des indiens et qu'avait ensuite raconté notre histoire. Il vous racontera ce qui va suivre aussi, 20 ans plus tard, avec le talent qui est le sien, sans omettre de nous placer face à notre vieillissement (comme il fait sûrement face au sien) et notre déchéance, racontant le poids du temps qui passe, la barbarie des tueries de notre époque ou la manière dont les femmes doivent être fortes pour y survivre.
D'ailleurs en ce moment, un jeune pilleur de train sévit qui massacre des convois entiers pour un éventuel butin. On dit qu'autour du dernier train, « le tapis de vautour était si épais sur les parois du convoi que les hommes durent les chasser à coups de bâtons ». Faut dire qu'apparemment, il a pas eu la vie facile, le môme. J'en aurais presque pitié si ses actes me faisaient pas penser à quelqu'un qui tue pour le plaisir… Voilà le fruit de nos causeries, avec Berni, entre deux cavalcades de retrouvailles complices.


Un mec bien, le type Berni, il oublie jamais de partager sa flasque de tequila. C'est ainsi au pas nonchalant de montures exténuées, écumantes de sueur et titubant sous la chaleur malgré la traversée de quelques rivières, qu'on est arrivés dans Les rues de Laredo : Deux centaures au coude à coude, la flasque presque vide passant de ma main droite à sa main gauche dans un geste si bien rôdé qu'il frôlait la chorégraphie.
C'est pour ça qu'au début j'ai cru à un mirage alcoolisé : Cette silhouette à peine moins alerte qu'il y a vingt ans, à peine plus frêle et tassée, et cette drôle de mule chevauchée par ce vieillard mexicain aux cheveux longs… Hey Berni, ch'crois qu'ton poison m'a tuée ; chui morte et j'vois des putains de rev'nants. Nope, qu'il répond, ou alors on est deux putains de cadavres ambulants qui rencontrent celui de Bol et de Woodrow Call ; Or ce mec peut pas mourir, Cal'Onee. Cepafo, je concède en plissant mes yeux de biche tout en chiquant, crachant mon jus de chique puis avançant vers le convoi fantôme.
Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés enrôlés, Berni et moi, dans cette chasse au pilleur de train que devait diriger Woodrow, parce que son bras droit Pea Eye lui avait fait faux bon pour rester auprès de sa famille. Ouais j'sais, une famille pour des gens comme nous, c'est à gerber. Faut croire que les gens changent. Et Woodrow était colère, mais ça le soulageait vachement de nous engager. Surtout avec notre bon vieux cuistot Bol qui l'accompagnait - mais perdait total la boule - et ce fichu comptable de Brooklyn que la compagnie ferroviaire lui a fourgué dans les pattes pour surveiller les dépenses de la chasse à l'homme. Sûr que si Brooklyn continue à courir après son chapeau qui s'envole, il aura tôt fait de se faire scalper, dans la région. M'est avis que le calibre 8 auquel il s'accroche désespérément va très vite lui faire prendre le bon gros coup de recul nécessaire pour voir dans quelle panade il s'est fourré. Parce que Joey, le pilleur qu'on pourchasse, son beau-père l'avait vendu aux indiens quand il était petit. Il en a réchappé, mais désormais « Joey souriait toujours avant de donner la mort ». Sûr que si on veut le trouver, faut checker du côté de Crown Town, repère de vautours ravitaillé par les corbeaux, où croupissent les peaux de bisons puantes, les chercheurs d'or, et les tueurs en série. Là-bas, pas un homme de loi. La traque s'annonce dangereuse, digne d'un thriller-western. Parce que comme nous dit Call : « Seize personnes ont perdu la vie en un peu plus d'une semaine. En quinze ans de bataille contre les indiens sur la frontière, j'ai perdu six hommes. On traque pas un simple voleur, on traque un tueur… »


Voilà qui est rassurant, surtout que selon les rumeurs, il a volé un gadget qui nous met sacrément en danger - mais on vous dira tout quand vous arriverez. Maintenant que je vous ai résumé comment on en était arrivé là, je vous laisse attraper vos chevaux et nous rejoindre dans la poussière pour la faire mordre à ce hors-la-loi. Parce qu'on est un peu en sous-effectif, comme on vient d'apprendre que Berni traine une blessure de cactus qui s'est infectée et qui se réveille dès qu'il arrête la tequila pour viser juste. On est contraints de le laisser dans les rues de Laredo. Il est dégoûté : « Y va y'avoir du sport, et moi, j'reste tranquille ! » râle-t-il. Mais vous inquiétez pas, on l'a laissé aux mains expertes d'une jolie mexicaine : Elle prendra bien soin de ce gringo romantico-blessé qui lui joue de l'harmonica. En éperonnant nos chevaux, on l'entendait déjà s'exclamer : « Ils sont bons tes fayots, mamita ! » (2) M'est avis qu'on n'a pas fini d'en entendre parler d'cette histoire, dans Les rues de Laredo… Celle d'un héros vieillissant sans super-pouvoirs qui doit apprendre à raccrocher - comme l'a fait son auteur qui vient, hélas, de décéder en mars de cette année. Allez, en route, trouvez-nous le pisteur indien Famous Shoes et amenez Berni au passage s'il est guéri d'ici-là - et si vous parvenez à l'arracher à sa belle aux boucles brunes ! On aura sacrément besoin de renfort… Des volontaires ?


(1) et (2) A quels westerns ai-je volé ces répliques ?
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♪ Si tu vas à Laredo, n'oublie pas de monter là-haut ! ♫ ♫

Naguère, souvenez-vous, une lectrice amie dont je tiens ici à respecter l'anonymat, - une certaine Onee C., m'avait plongé dans la chronique du même roman dans une situation fort inconfortable. Je vous invite à aller lire (ou relire) sa chronique sous ce même fuseau horaire. Pour les besoins de l'histoire, nous l'appellerons Calamity Onee ; elle fit cependant montre d'une camaraderie tranquille et sans faille comme vous allez pouvoir le constater dans la suite de l'histoire...
Tout ceci se passait vingt ans après que le fameux capitaine Woodrow Call devint célèbre. Souvenez-vous de l'épopée mythique des premiers récits de Lonesome Dove, Lonesome Dove, tome 1 et Lonesome Dove, tome 2, où le fameux Larry McMurtry nous avait déjà mis en scène, pour ne pas dire en selle.
Ancien Texas Ranger, on le croyait rangé des fusils et des cavalcades. Il aurait bien mérité une retraite paisible. Mais retraite, pour quoi faire ? Passer de la selle à la selle ? Diable ! Et c'était sans compter sans sa réputation, les longues chevauchées et l'appel du désert !
La frontière mexicaine était désormais jalonnée de lignes de chemin de fer, tout comme l'était déjà le reste du pays.
Le paysage avait changé sérieusement de physionomie depuis nos premières cavalcades. Moi aussi j'en avais marre de fredonner ♪ I'm a poor lonesome cowboy ♫ and a long way from Lonesome Dove ♫, en mâchant des brins d'herbe en continu pendant que je cultivais mon jardin...
Joey Graza, un jeune Mexicain, dangereux criminel, était devenu avec ses acolytes une véritable menace pour les trains qui transportaient des marchandises.
Entraînés par le capitaine Call reconverti pour l'occasion en chasseur de primes au profit de l'une des compagnies de chemin de fer, nous étions alors partis furieusement à la poursuite de ce gamin effronté, certes intelligent et surdoué de la gâchette, mais surtout sans foi ni loi. Nous le savions bien, que ce n'était pas le casting idéal, nous étions déjà un peu tous âgés, bien que ce côté vieux fourneaux nous allât à merveille et l'expérience parlait, mais surtout la compagnie nous avait affublés de chevaux squelettiques et de leur comptable urbain, un certain Brooklyn qui avait peur de son ombre et criait « Au secours ! » chaque fois que son chapeau s'envolait dans le vent.
Le capitaine Call n'avait peut-être pas bien négocié le budget avec cette compagnie des chemins de fer.
Mais voilà que je contractai une méchante blessure de cactus qui s'infecta et l'équipée sauvage, - ingrate pour le coup je trouve, crut bon de m'abandonner dans les rues de Laredo, au motif qu'il ne serait pas efficace de s'encombrer d'un équipier devenu inutile. Je fus reconnaissant cependant à ladite camarade Onee de me laisser quelques flasques de tequila et la compagnie d'une jeune et jolie Mexicaine pour me soigner... Je ne sais pas, vous, mais les blessures de cactus ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable à soigner. Aussi cela mérite beaucoup d'attention et une convalescence des plus longues et des plus rigoureuses.
J'eus un pincement au coeur de voir mes compagnons me quitter pour l'aventure sans moi... Surtout Calamity Onee... La poussière laissée sur l'horizon par leurs montures avait à peine disparu que je me laissai déjà happer par une convalescence qui s'apprêtait à être débridée... Cependant je me garderai bien de m'étendre sur le sujet...
Puis vint la guérison. J'étais enfin sur pieds, fini le régime sans selle.
Le temps de jeter ma dernière flasque de tequila derrière les fagots, d'embrasser la belle éplorée, je me jetai illico presto sur ma monture et traversai le paysage sans me retourner, - euh ! juste un petit peu, mais comme ça alors, vite fait !
J'ai lancé ma monture au grand galop pour arriver plus vite. Il fallait que je retrouve les copains qui avaient, sans nulle doute, grand besoin d'un compagnon requinqué par les vertus de sa convalescence.
Alors, je retrouvais enfin les pages éternelles qui m'avaient enivré durant les premières épopées de Lonesome Dove. Autour de moi il y avait le Texas sauvage, les déserts, les plaines, les canyons, les rivières que je retrouvais comme un décor familier... Au-dessus de moi c'était enfin le ciel, les étoiles et les oiseaux...
Je savais qu'il y avait un côté crépusculaire dans cette chevauchée fantastique. Je savais que nous étions devenus fragiles à force de contempler le ciel criblé d'aigles, de corbeaux et de vautours.
Je savais qu'il y aurait des ravins, des trébuchements, des morts peut-être. Je savais que le danger était de toute part, autant chez ce jeune diable de Joey Garza, que chez ce Mox Mox, celui qu'on surnommait à juste titre le brûleur d'hommes....
Je savais ce monde d'une cruauté sans nom.
Mais j'espérais retrouver la belle Lorena Parker et d'autres personnages tout aussi beaux dans leur âme et capable de s'élever contre la brutalité qui constituait le monde autour de nous.
Comment ne pas être attentif à la voix douloureuse de Maria, la mère de Joey Garza, cette mère au destin secoué de convulsions, tenaillée entre l'amour protecteur pour son enfant et la douloureuse certitude que ce fils maléfique avait perverti sa vie et celle de sa famille ?
Si je suis là pour vous écrire ces mots, c'est que j'en suis revenu finalement, mais de quelle manière ?!
J'ai continué ainsi de cavaler à bride abattue jusqu'aux dernières pages, où m'attendait peut-être quelques âmes errantes, dont la fidèle Calamity Onee...
Dernier cru de cette saga mythique et picaresque, Lonesome Dove : Les rues de Laredo ne déroge pas à la règle. Il m'a enchanté.
Ici encore j'ai été séduit par le talent de l'auteur dont l'écriture se déploie dans une saisissante maturité. Moins tourné vers l'action, ce dernier opus prend le temps de poser et peindre des personnages qui deviennent sensibles et attachants, parfois assaillis d'ambiguïté.
À force de cavalcade en sa compagnie, Larry McMurtry est devenu un ami. Chapeau l'artiste !
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J'ai fini tout à l'heure ces "Rues de Laredo".... et je me sens toute désappointée... Pourquoi ce livre est-il fini ? Mais, mais.... Déjà ? (après 752 pages pourtant !)
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Petit retour en arrière. J'ai découvert la critique d'Onee sur ce livre. Critique très tentante mais comme je l'ai commenté, "les westerns, ce n'est pas ma tasse de thé". Je pense que tu vas pouvoir me taquiner pendant longtemps, Onee, sur ce sujet.... Car oui j'ai lu "Lonesome Dove" (qui se situe avant ce livre) et j'ai adoré. Et oui je me suis lancée dans ces "Rues de Laredo" avec une petite pointe d'inquiétude : est-ce que ce sera aussi bien, serait-il possible que cette suite soit digne du premier tome ?
Mon mari a été le premier à le lire. Et il a adoré. Tout en restant très laconique. Impossible de lui tirer un commentaire, une piste à part "aussi bien que Lonesome Dove". Je me demande si ce silence n'est pas aussi tentant.... Allez je me décide et j'y vais de ce pas !
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Je pense que je serais ridicule si désormais je disais "les westerns c'est pas ma tasse de thé" !
En fait on retrouve de nouveau le même style de l'auteur : il laisse l'histoire se mettre en place, il cisèle ses personnages, leurs caractères, ses dialogues, ses descriptions. J'ai aimé accompagner le capitaine Call dans sa chasse face à un jeune voleur, dépouilleur de train et tueur. Mais j'ai encore plus apprécié ma rencontre avec Maria et redécouvrir Lorena....
Les femmes sont encore plus importantes dans ce livre, elles sont même décisives. Malmenées par la vie, mais toujours battantes.
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Comme pour "Lonesome Dove" j'ai été embarquée de suite.
D'où finalement ce manque maintenant que ce livre est fermé. Je n'ai plus devant moi les plaines du Texas, arides l'été, glaciales l'hiver, ces campements spartiates, le café partagé autour du feu.... Ca me manque, mais qu'est-ce que j'ai aimé chevaucher là-bas (moi qui ne suis jamais montée sur un cheval !)....
Si vous avez aimé "Lonesome Dove", je ne peux que vous conseiller vivement ces "Rues de Laredo" !
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Fini, terminado, the end… Et le rideau sur l'écran est tombé… Bye, bye, les aventures des deux célèbres rangers texans…
En préambule à cette chronique, un double avertissement est indispensable :
- À ceux qui ne connaissent pas cette fabuleuse épopée : il serait inopportun de s'y plonger en commençant par « Les Rues de Laredo », cinquième et ultime volet. Il vous reste dès lors deux options : vous précipiter dans « Lonesome Dove » (I) puis (II) ou bien dans « La marche du mort », suivant que vous choisissiez l'ordre d'écriture de cette pentalogie ou l'ordre chronologique du récit.
- À ceux qui ont suivi jusque là les aventures de Gus et Woodrow : n'ayez aucune crainte ! Cet opus vous réjouira.
McMurtry, c'est la symbiose texane de Zola et Dumas. Des descriptions qui vous plongent immédiatement dans un cadre historio-géographique savamment retracé et probablement étayé par une solide étude documentaire. Des portraits d'hommes et de femmes auxquels on s'attache même parfois quand ce sont des vrais gros méchants. L'Ouest sauvage en recèle de nombreux exemplaires. Dans cet ultime opus, ils sont encore bien présents. Chez McMurtry, donc des bad guys mais pas de super héros, pas de John Wayne. Plutôt des Eastwood, des Mitchum, des hommes certes courageux mais également en proie à des interrogations existentielles. Des hommes qui n'hésitent pas à défourailler mais, qui, une fois le calibre rangé, sont confrontés à leurs doutes. Emportés qu'ils sont emportés dans les bourrasques d'une nature majuscule, aussi belle qu'hostile, ils doivent de surcroît nager dans les tourments de la construction compliquée de l'American dream, entre antagonismes opposant les Yankees et les sudistes et les violentes confrontations avec les Indiens et les Mexicains.
Tous les ingrédients sont réunis pour permettre des intrigues palpitantes reprenant les codes traditionnels du western tout en remettant en cause le roman national américain. Rien n'est manichéen chez McMurtry, pas étonnant de la part du scénariste du secret Brokeback Mountain…
Histoire d'hommes ? Pas seulement, les scénaristes de « Godless », la meilleure série western d'une célèbre plate-forme de streaming, connaissent probablement leur McMurtry sur le bout des doigts. Les femmes sont très présentes tout au long des plus de 3000 pages de cette « série » et ce final ne déroge pas à la règle.
Ce n'est pas seulement le couple Pea Eyes et Lorena, déjà rencontrés précédemment, qui vole la vedette au duo Gus et Woodrow, Maria et Joey, la mère courage et le fils maudit, embarquent le lecteur dans un drame plus proche de la tragédie grecque que des querelles de la famille Smet.
La relative confidentialité de ces cinq livres me surprend. Sans doute, la perspective de s'embarquer dans un voyage aussi long joue-t-il en leur défaveur. Ce bon Charly disait « Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! de vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. » Je rajouterai « Ou bien sniffez du McMurtry ! »
Plonger son nez dans cette quinte flush royale risque de créer une dépendance palmadesque, mais heureusement, c'est une addiction sans danger pour vous et vos prochains… à moins, bien sûr, que vous ne lisiez au volant.
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Clap de fin pour cette magnifique série d'aventures et dernier opus après Lonesome Dove. Les lecteurs passionnés par cette épopée savent qu'il manque un personnage dans ce dernier roman, et on avait tous une tendresse particulière pour lui et son humour…Alors, j'ai beaucoup aimé mais un peu moins que Lonesome ou Lune Comanche parce qu'il m'a manqué ce sacré Gus !

Une bonne quinzaine d'années ont passé, Call est devenu vieux même si sa légende est toujours intacte. Il est chasseur de primes et lorsque l'histoire commence, il est recruté par une compagne de chemins de fer pour traquer un jeune mexicain qui sème la terreur dans les trains. Mais le bandit est jeune, audacieux et malin alors que Gus est devenu un vieil homme perclus de douleurs….La chasse va nous entraîner à travers des contrées parfois grandioses parfois très inhospitalières. Gus emmène à sa suite son ancien comparse Pea Eye et en recrute des nouveaux pas toujours adaptés. On y croise à nouveau la belle Lorena et quelques figures féminines qui ont du caractère. Les femmes ont d'ailleurs la part belle dans ce roman par rapport aux précédents tomes.

Comme d'habitude, j'ai galopé, j'ai eu peur, j'ai ri, j'ai eu froid, j'ai pleuré pour certains personnages. Car cette série se lit mais se vit aussi !!! L'auteur a vraiment un talent fou pour la narration et pour imaginer des personnages attachants qu'on peine à quitter la dernière page tournée.

Ils vont me manquer ces chers cowboys et ces femmes confrontées à la vie rude de l'Ouest.
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critiques presse (1)
LeDevoir
16 août 2022
Le livre de McMurtry repose sur des personnages hors du commun évoluant dans des paysages inhumains où ils doivent constamment faire face à leurs limites.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Il était impatient de regagner les hauts sommets d’où il pouvait pister du regard les grands aigles. Un jour, lorsqu’il était jeune, il avait pris au piège un aigle, l’avait tué et lui avait mangé les yeux dans l’espoir d’acquérir sa vision. Un pisteur se devait de pouvoir distinguer ce qu’un œil d’homme ne pouvait repérer. Il pensait que manger les yeux de l’aigle l’y aiderait, mais le résultat n’avait pas été à la hauteur de ses attentes. Sa vue ne s’était pas améliorée ; pire, le repas l’avait rendu malade. Mais il avait pardonné aux aigles. Ce n’était pas de leur faute s’il avait été assez stupide pour croire qu’il pourrait voir avec leurs yeux.
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* – Il m’a quittée parce qu’il ne m’aimait pas, dit Maria.
– Il t’a bien épousée pourtant. Pourquoi qu’il t’aimait pas ?
– Il aimait ce qu’il voyait, répondit-elle. Seulement il a cru que je n’étais que ça.
– Je peux le comprendre, dit Billy. J’ai souvent fait la même erreur. Sûrement que je la ferais encore si j’avais une meilleure vue.

* - Tu ferais mieux de garder tes commentaires pour toi, Wes, dit Patrick O’Brien. Mes oreilles en ont marre de t’entendre jurer quand t’es de mauvais poil.
– Estime-toi heureux de pouvoir m’entendre, Pat, répondit Hardin. Ça signifie que je t’ai pas encore abattu.

* La théorie de Jimmy Cumsa était la suivante : Mox tuait les personnes de petite taille parce qu’elles lui renvoyaient sa propre image. Et il tuait les gens de grande taille parce qu’il les enviait. Il avait beau être un tueur, il ne serait jamais grand. De la même manière, il ne pourrait jamais être blond parce qu’il était roux, et ne pourrait jamais regarder quelqu’un droit dans les yeux parce qu’il louchait. L’un de ses yeux panait vers l’extérieur. Mox Mox détestait sa petite taille, les cicatrices que la variole lui avait laissées sur le visage, et ses cheveux qui n’étaient pas blonds, mais ce qu’il haïssait le plus chez lui, c’était son œil tordu. Il réservait ses tortures les plus élaborées aux détenteurs d’yeux bleus vifs bien alignés. Quand Mox Mox attrapait une telle personne, homme ou femme, c’était généralement à leurs yeux qu’il infligeait les pires supplices. Si en plus d’avoir les yeux bleus, elle avait la malchance d’être grande et blonde, alors tant pis pour elle.

* Étant près de ses sous, il avait pris l’habitude d’étrangler les putains à qui il rendait visite afin d’économiser ce qu’elles lui coûtaient. La pratique lui semblait judicieuse : Vera Cruz ne manquait pas de putains, et il n’en avait étranglé que quelques-unes, et cogné une ou deux de plus. Quant aux dernières, il les avait tuées parce qu’il avait bu. Mais les autorités n’avaient pas accepté ses raisons.

* Brookshire s était désintéressé de son registre de comptes et il ne le tenait plus à jour, bien qu’ils eussent fait des achats substantiels à Presidio. À une ou deux occasions, il en avait même arraché des pages et s’en était servi pour allumer les feux de camp. Quelque part le long du Rio Conchos, il avait perdu le sentiment de vivre dans un monde où les livres de comptes étaient importants. Le colonel Terry appartenait toujours à ce monde, et il en ferait toujours partie. Tout comme le vieux juge, il s’empresserait de réclamer le paiement de sa dette, pour cinq cents, et même pour un cent.
Brookshire, lui, avait dépassé le monde des livres de comptes pour entrer dans celui du vent et des grands espaces, des nuits glaciales et des étoiles scintillantes, un monde d’hommes qui tuaient par balles et d’autres qui brûlaient des chiens. S’il avait voulu tenir chaque nuit sa comptabilité, Brookshire aurait dû dégeler l’encre dans un premier temps, puis se réchauffer suffisamment les doigts pour réussir à écrire. Il était difficile de distinguer les lignes à la lueur d’un petit feu de camp, et tout aussi délicat de soigner son écriture quand on avait les doigts gelés. Or le colonel était également à cheval sur l’écriture. Il n’aimait pas devoir plisser les yeux pour déchiffrer les registres de compte, il l’avait maintes fois répété.
Maintenant que, planté devant le saloon du juge Bean, Brookshire jetait un regard rétrospectif sur son passage au Mexique, les exigences du colonel semblaient avoir perdu leur importance. Brookshire avait d’autres compétences à maîtriser, comme l’allumage de feux de camp qui puissent durer toute une nuit avec un minimum de petit bois. Le capitaine Call était aussi strict au sujet des feux de camp que le colonel l’était en matière de calligraphie.
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- Mon heure arrive, dit-elle. Elle sera là quand j'aurai fini de manger cette nourriture que tu m'as donné. Je ne veux pas m'en aller et rater mon heure. Quand on rate son heure, on ne repose pas en paix. Et puis j'aime bien les corbeaux, ajouta-t-elle. J'en ai un qui vient me raconter des secrets. C'est comme ça que je sais que je dois rester ici pour attendre mon heure. Pour le moment, il est là-haut.
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-Je me demande si Roy Bean saurait quelque chose sur le jeune Garza? demanda Call.
-Possible, répondit Goodnight. Il a l'œil pour repérer les voleurs. Roy Bean est près de ses sous. Il pourrait pendre un type pour un pet si l'odeur lui déplaisait.
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- C'est pas des pistes , foutu crétin d'Indien , avait dit Roy Bean . C'est des mots ! Des mots comme ceux que je dis en ce moment .
-Mais les mots sont faits de souffle , avait relevé Famous Shoes .Comment peuvent-ils habiter dans un livre comme celui-ci ?
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Je suis le personnage secondaire "réel" le plus présent dans la série et je fais ma première apparition dans l'album "Hors-la-loi". Dès ma deuxième apparition, dans "Lucky Luke contre Joss Jamon", je prends les traits d'un jeune bandit coléreux, petit, nez retroussé, taches de rousseurs et incisives en avant, je suis la parfaite caricature des jeunes adolescents.

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