On ne peut pas tout à fait parler de bande dessinée : Les dessins occupent tous une pleine page ou une double page, ils sont entièrement réalisés en noir et blanc, au trait de rotring, fait de hachures régulières, de motifs réguliers, avec un style un peu naïf, des personnages avec un seul oeil, comme du Doodles Art. Chaque page foisonne de motifs, d'éléments de décors, d'arbres, de buissons… et les personnages déambulent dans la page, toujours à la même taille et pas de perspective, parfois plusieurs scènes dans la même image, et pas la moindre parole.
Ces illustrations représentent de nombreuses scènes de batailles, de luttes de combats, telle une saga antique. Elles nous racontent la vie d'un berger devenu roi, le ton est sans émotions, tel une frise antique. J'ai pensé aussi aux Très riches heures du Duc de Berry, aux archers de Darius, ou à la Tapisserie de Bayeux.
Pas d'ironie, un second degré bien discret, cela raconte toute la vie de ce personnage, comme une saga qu'on laisse pour édifier les générations à venir, sans jugement apparent. On s'amuse à laisser errer notre regard au fil des pages, avec l'impression d'être revenu aux origines les plus lointaines de la bande dessinée, juste une suite d'images qui relate les évènements et qui, raconte une grande saga épique et fantastique. sans le moindre mot.
Le silence nous imprègne d'une intensité, on ne relève de ce récit, que la vacuité d'un règne, qui n'est finalement pas grand chose face à la force de l'imagination et la beauté des légendes.
J'aime ces histoires qui offrent au regard le droit de se perdre, de déambuler dans le sens qu'il veut, on peut l'ouvrir à n'importe quelle page, chaque image est déjà une histoire en soi, à la manière des référence que j'ai cité précédemment. J'avoue que je suis assez fan de Doodle Art, qui renoue avec le psychédélisme et le Pop Art, euphorique et joyeux dans le style et qui contraste avec la noirceur et la violence de ce monde proche de la barbarie.
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Un dessin par page. Un roman graphique muet. Pas une parole, pas une bulle de texte pour raconter l'histoire d'un berger qui un jour trouve son village incendié et la population assassinée. Il rassemble les restes pour en former un bucher où il mettra le feu avant de partir à la poursuite des assaillants qu'il réussit à tuer. Blessé, il est recueilli et soigné. C'est ensuite une succession de batailles et conquêtes entre villages et contrées ennemis, jusqu'à ce que notre berger monte lui-même sur le trône. La vie se poursuit, il trouve femme, ils ont un enfant qui lui-même grandit et part à la conquête du monde. le vieux roi sentant sa fin arriver quitte son royaume et retourne dans son village. A la place du bucher a poussé un arbre magnifique au pied duquel il s'installe.
Ce récit est conté dans une suite de vignettes pleine page dont chacune avec un dessin au feutre noir fin, joue de l'agencement des lignes et des cercles pour composer des paysages et des scènes de bataille qui fourmillent de détails, et très ornementales.
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Le deuxième tome, Le Fils du roi, s’inscrit dans la continuité de ce livre, sur le fond comme sur la forme, à un détail près : l’alternance de pleines pages et d’autres découpées. Pour un rendu tout aussi réussi. Longue vie à cette saga !
Lire la critique sur le site : BoDoi
C'est un jeune auteur que l'on découvre, en 2020, grâce à deux albums inventifs et stimulants, "Longue vie" et "Le Fils du roi" et une exposition qui se tient possiblement en cette fin d'année dans les conditions que l'on connaît.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Vidéo de Stanislas Moussé