Pitch accrocheur. Une aristocrate de quarante-huit ans qui s'enfuit avec son chauffeur de vingt-six ans ! Je m'attendais à une rocambolesque histoire d'amour, de folie douce, de nouvelle vie... Oui, il y a de tout ça, et il en faut de l'amour ; mais il y a aussi l'enfermement à l'asile de fous pour étouffer l'adultère et sauver l'honneur du mari cocu. Peut-être prend-on bien mal aujourd'hui toute la mesure de la "folie" de Maria Adelaïde qui a tout quitté pour son Manuel : statut social, réputation, mari, fils, fortune. Tout, quoi, à l'époque. Mais heureusement, il reste encore de nos jours ce puissant cri de liberté chez les femmes. Son mari a préféré la déclarer folle plutôt qu'avouer l'adultère et la romance en public. Preuves scientifiques à l'appui. Et là je me dis : comme il est facile de juger. Les médecins, la famille, les amis, tout le monde y va de son petit commentaire bien pensant. Et nous aussi, qui découvrons cette histoire un siècle plus tard. Qu'importe. Ils ont feint leur tristesse et leur abattement face à cette "terrible maladie mentale". Chez le lecteur, la révolte est spontanée, naturelle presque, poignante. Parce que c'est révoltant. Révoltant de voir des hommes user de leur pouvoir et de leurs certitudes pour réduire les femmes au silence ; et révoltant de se dire que malgré l'éblouissant et admirable exemple de Maria Adelaïde, trop peu de femmes encore osent parler, partir, vivre. Malgré la tension, l'énervement, l'envie viscérale de leur coller une bonne baffe, tout ce qu'on veut, au final, c'est qu'elle s'en sorte.
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Tânia Ribas de Oliveira conversa com Manuela Gonzaga a propósito do novo livro 'Moçambique - para a Mãe se lembrar como foi'.