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EAN : 9782848765716
240 pages
Philippe Rey (05/01/2017)
3.82/5   58 notes
Résumé :
A neuf ans,Ninetto est obligé de quitter sa Sicile natale , laissant derrière lui une mère réduite au silence par une crise d'apoplexie et un père qui préfère le savoir loin de la misère de son village . Une fois arrivé dans un Milan brumeux et industriel, c'est un tout autre monde qui s'offre à lui.Ninetto se jette dans la mêlée, vit de débrouille et de rencontres , avance sans s'arrêter, cherche un travail , tombe amoureux .C'est le début de tous les apprenti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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D'abord , si j'ai choisi de me " lancer " dans cette lecture , c'est , qu'une fois de plus , j'ai été attiré par la superbe couverture du roman qui vient de faire son apparition en poche , une photo dans laquelle , toutes proportions gardées, je me retrouve un peu , comme sans doute tous ceux et celles nés dans les années 50 .
Ninetto a 9 ans , vit misérablement avec son père et sa mère dans un village de Sicile . Les coups pleuvent , on ne discute pas dans la famille ...Heureusement , il y a le copain Peppino et la véritable figure tutélaire, le modèle, l'espoir , le maître d'école, passeur de la culture libératrice. Hélas, le mère est atteinte d'apoplexie et , confié à un " pays " pas forcément très scrupuleux , Ninetto part pour Milan .......
Vie de " petits boulots " , amitiés, exploitation , mariage , un " immense trou noir de 32 ans dans une usine ", un second " trou noir avec 10 ans de prison " . C'est là que nous le rencontrons , enfermé dans la solitude avec comme " seule distraction", la résurgence des souvenirs marquants du passé.......
Et puis , la sortie . Un monde qui a changé. Une famille qui a changé et , surtout , un Ninetto qui a changé, lui aussi .Dix ans sont passés, la roue de la vie est passée , broyant tout sur son passage , pensez- donc , il faut remplir un " CV européen " pour livrer des pizzas.....Ninetto va devoir faire face à la dure , très dure épreuve du retour à la vie active dans un monde sans pitié....
Les trois parties de ce roman , la prison , l'avant et l'après sont écrites, on s'en doutera , de façon bien différentes , l'auteur adoptant bien son style à la situation décrite , la fin du roman se voyant empreinte de plus de désespérance que la première partie , douloureuse certes , mais pleine de facéties et d'espoir .
Le personnage central ,Ninetto , ne laisse pas , ne peut pas laisser indifférent. Chacun appréciera sa personnalité à sa convenance , les avis étant très partagés ( et ça, c'est vraiment bien ) .On pourrait vraiment faire de sa personne , une très bonne analyse , en classe , j'imagine d'ici les discussions acharnées...Pardon , mes vieux démons me jouent encore des tours pendables. En conclusion , j'ai beaucoup aimé ce roman , vraiment . Il m'a fait rire ( un peu , parfois ) , il m'a ému, il m'a interpellé.....A 9 ans , en Italie , a quelques centaines de kilomètres de nous , on pouvait " être livré à la rue " , dans les années 60....Terrible .
J'avais beaucoup aimé " je reste ici " , du même auteur .J'espère le retrouver très bientôt.



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Ninetto est couché, les mains derrière la nuque, les yeux clos pour ne pas voir les autres, serrés comme des harengs dans la même cellule. Il se raconte une histoire.

Son histoire.

Parce que dix ans, c'est long. Même s'il doit sortir bientôt.

Ninetto vient de Sicile, il vient de la misère et de la faim, il vient du pays où les baffes volent bas quand on est un "picciridù".

Ces mioches-là ont juste le droit de se taire - " tu pourras parler quand tu verras la poule pisser", lui dit sa mamma quand elle l'emmène à " casa d'altri"- ils ont aussi celui de retrousser leurs manches et de bêcher la terre aride pour un " paesino" presque aussi pauvre qu'eux. Et enfin, celui de s'arracher, à neuf ans, à ce "pays de merde" pour tenter leur chance dans les grandes villes du Nord où le boulot ne manque pas.

Cette triste histoire- là, Ninetto se la raconte dans sa langue à lui, chaleureuse, haute en couleurs, cocasse, émaillée d'expressions locales...et c'est comme un rayon de soleil dans l'eau froide!

Ses tribulations de "galoppino"-littéralement, coursier- tricotant des gambettes sur son biclou dans les rues crasseuses d'une banlieue ouvrière de Milan, deviennent une geste héroïque et facétieuse qui masque pudiquement une vie déracinée et douloureuse.

Quelques rencontres chaleureuses-les maçons des Abruzzes, Antonio le musicien sans guitare, Maddalena la femme de sa vie et sa femme pour le meilleur et le pire- viennent trouer de leur lumière le récit sans cesse interrompu que Nino se fait à lui-même, dans la promiscuité de sa cellule.

Mais il sort, et le récit butte sur l'irracontable.

Quels mots, pour raconter le noir tunnel du quotidien, et celui, plus noir encore, de la faute qui l'a mené en prison ?

Quels mots pour raconter l'impossible réinsertion pour ce travailleur de la première heure qui retrouve, à cinquante ans passés, un monde sans usine, sans travail, sans âme ?

Ninetto aurait voulu être poète, et peut-être aussi un peu communiste, s'il n'avait juré à Maddalè qu'il ne se ferait ni rouge, ni noir, ni blanc. Sa courte expérience de l'école lui a laissé le goût des rimes et une grande admiration pour "Russò", qui eut le cran de faire le procès du premier qui osa dire : "Ceci est à moi!"

Maintenant, c'est un autre livre qu'il lit, relit, et peu à peu, reconnaît. le héros de ce livre s'appelle Meursault. Un frère. Un Étranger.

Un Étranger comme Ninetto, petit "napuli" de Milan -les italiens du Nord mettent tout le mezzogiorno dans le même sac-.

Un Étranger comme Nino devenu vieux, maintenant, dans ce nouveau monde où il faut un c.v. modèle européen téléchargé sur le net pour pousser des chariots ou vider des palettes.

Un Étranger dans ce monde où de nouveaux pauvres de toutes les couleurs, venus de plus en plus loin, ont remplacé siciliens, abruzziens et calabrais, pour faire un travail d'esclave.

Un Étranger à lui-même, puisqu'il n'arrive plus à mettre ses mots colorés sur cette vie toute noire, toute opaque, menacée par le silence, la solitude, la folie..

Magnifique livre, une fois encore, de Marco Balzano, qui a été , nous dit-il en postface, précédé d'un long travail d'interviews de ces anciens petits migrants des années cinquante, arrachés en pleine enfance à leur terre natale, à leur famille et qu'il a patiemment interrogés et écoutés.

Mais loin de nous livrer le fruit d'un reportage, Balzano a complètement intériorisé son sujet. Il a donné une stature-décharnée, - on l'appelle "pelleossa", sac d'os- à son narrateur, et surtout une voix, étouffée, douloureuse, marquée, mais, quand elle revient à l'enfance, toute chargée de soleil et d'humour. Et c'est ce clivage des tons qui fait, mieux que tout, sentir la brisure de l'être.

Un beau personnage que cet Etranger sicilien, qui m'a paru d'autant plus vrai et proche que j'ai lu - ou plutôt dévoré- le livre dans sa version originale.
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Je ne connaissais pas Marco Balzano. Je ressors très émue de cette rencontre. Son écriture a cette particularité qui me touche beaucoup, d'être à la fois simple mais capable de donner vie, profondeur,et singularité aux personnages.
Le dernier arrivé, c'est l'histoire de Ninetto ou " sac d'os" qui,petiot,a vécu dans un village sicilien,dans la pauvreté. Il a cependant eu la chance de côtoyer,trop peu longtemps, Vincenzo un instituteur qui saura voir en lui un enfant sensible et intelligent et valorisera son rêve de devenir poète. Ninetto a 9 ans lorsqu'il doit quitter son village pour Milan avec son "pays" un oncle,afin de fuir la misère. Il la retrouve pourtant sous une autre forme,en tant que migrant, "sale Napolo". Il trouve des petits boulots, évidemment peu gratifiants et sous payés,puis découvre l'amour,l'usine,mais aussi 10 ans de prison.
Ninetto raconte ses souvenirs et son récit alterne les moments qui reconstituent son parcours,et ceux qu'il passe dans sa cellule jusqu'au moment de sa libération où il retrouve sa femme et va,d'une certaine façon ,continuer à purger sa peine...ce n'est qu'à partir de là qu'on découvre la raison de son incarcération et celle qui le tient éloigné de sa fille et petite fille.
Le discours de Ninetto n'est ni plaintif,ni révolté. Son regard est juste lucide sur une vie volée, gâchée. Bien que la plume de M.Bolzano évite totalement le larmoiement, l'émotion a grandi en moi au cours des pages dans un mélange d'admiration,de tendresse et de compassion pour ce " sac d'os" malmené par la vie.
Avec ce beau personnage, l'auteur dévoile l'Italie des années 60, la migration de nombreux enfants du Sud vers le nord de l'Italie pour tenter une vie meilleure mais qui, souvent ont perdu leurs racines et leur âme sans trouver le bonheur. Il nous rappelle,si besoin était, l'abrutissement de l'usine,qui bien souvent à broyé les êtres psychiquement encore plus que physiquement...
Je recommande vivement la lecture de ce roman d'une grande justesse dans sa capacité à décrire l'itinéraire d'un homme comme beaucoup d'autres,qui a dû oublier ses rêves,et même parfois oublier qu'on peut rêver...
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En un paragraphe Ninetto, le narrateur, explique son parcours depuis son départ tout gamin de son petit village de Sicile : « La vraie vie pour moi a été ma misère de petiot, mon émigration à Milan et ma survie au cours de ces années difficiles. Quand l'usine est arrivée, je me suis certes casé, mais je suis entré dans un tunnel sombre. Ça a été un chapelet, madame. Oui vous avez bien compris, un chapelet, la prière la plus stupide qui soit, car à force de répéter machinalement une seule rengaine, la parole de Dieu elle-même tourne à vide, comme la voix dans une marmite en cuivre. Et la prison, chère madame, vous savez ce que la prison a été pour moi ? Un deuxième chapelet et un deuxième tunnel ».
Tout une histoire résumée en quelques lignes et détaillée dans un livre laissant une impression mitigée.
Ce roman démarre mal. Ninetto reprend ses souvenirs de jeunesse, en les contant d'une façon hachée. Balzano y ajoute un style délibérément simple. J'ai failli abandonner ma lecture.
A partir de la rencontre avec Maddalena, sa future femme, le livre s'améliore. Le duo fuit à Milan pour trouver à se marier malgré leur très jeune âge. S'en suit une vie simple et sans grand accrocs dans la banlieue ouvrière de Milan. Trop routinière sans doute pour Ninetto, qui enchaîne les boulots pour améliorer la condition de sa famille, son trésor, lui qui est parti de rien. Son côté protecteur et possessif lui vaudra pourtant une cruelle désillusion.
Le Ninetto sorti de prison retrouvant la vie « normale » est touchant. Toujours aussi maladroit ; voulant bien faire, mais n'y mettant pas les formes attendues.
D'ailleurs, la partie finale est certainement ce qui est le plus réussi dans cette histoire. Dommage d'avoir du supporter de longs passages insipides et lourds avant d'en arriver là.
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Coup de coeur.
A cinquante sept ans, Ninetto se remémore sa vie et son parcours. Un gosse qui grandit dans la Sicile pauvre de la fin des années cinquante, surnommé "sac d'os" parce que son repas quotidien de pain et d'anchois n'est pas suffisant et qu'il reste maigre, essuyant les coups de son père, privé de sa mère éloignée après une attaque cérébrale, le jeune garçon trouve du réconfort auprès de son ami Peppino et surtout en la personne de Mr Vincenzo, le maître d'école. Mais à neuf ans à peine, son père le confie à Guiva un ami de la famille qui monte chercher du travail comme maçon à Milan où, encore enfant, Ninetto va devoir travailler.
Le dernier arrivé est le récit de la vie d'un gamin comme tant d'autres nés dans des famille pauvres du sud de l'Italie, envoyés au Nord, dans la famille ou chez des amis, afin d'y trouver un travail sûr et mieux rémunéré et l'espoir de faire carrière...
Un roman a deux vitesses, alternant passé et présent, pour comprendre l'enfance et la vie d'adolescent qui se cherche tombe amoureux, se marie et va tourner mal pour finir en prison.
Marco Balzano offre un roman d'apprentissage et de rédemption d'un homme avec, toujours en filigranes, les racines siciliennes, l'attachement à la famille et l'influence de la poésie transmise dès l'école comme un lueur au bout du tunnel. Mais il y évoque également la face cachée, peu connue de ses gamins exploités.
Un très beau roman qui met en lumière de nombreux enfants éloignés trop jeunes, loin de leur famille.
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critiques presse (1)
Actualitte
24 janvier 2019
Entre le jeune garçonnet qui force les portes de la vie et le vieil homme brisé par des années de prison et de culpabilité, toute une vie. Toute une histoire d’Italie et d’Italiens que Marco Balzano raconte avec la vivacité de l’enfance, le recul de l’âge et une maîtrise magnifique de son sujet, de son récit et de son texte.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Et j'ai regretté que la mort ne soit pas venue me prendre à ce moment- là, mais après qu'ils l'eurent emmenée, peut-être pour toujours, je suis resté vivant, éveillé pendant toute la nuit, à chercher par la fenêtre de la rue de Yougoslavie une étoile filante, que je n'ai pas trouvée.
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Or ce fils n’est jamais arrivé. Après Elisabetta, Maddalena n’est plus tombée enceinte. Nous essayions, réessayions en vain. Je m’étais tellement entêté que je couchais avec elle sans plaisir, et que j’éprouvais chaque fois une déception qui me gâchait l’humeur et me donnait l’impression d’être un raté. Quelques années plus tard, je lui ai proposé d’adopter un petiot : l’emprunt était sain et nous avions assez d’argent. Mais Maddalena n’a rien voulu entendre
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Le vieux Sergio avait raison : la rébellion est un métier de vocation, elle ne convient qu'à de rares individus. La plupart des gens ne savent que se défausser, faire semblant de s'indigner et de se plaindre, mais si bous leur laissez assez d'argent pou s'acheter une belle voiture et dîner le samedi soir à la pizzeria, ils auront toujours tendance à voter pour le meilleur démarcheur, à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez, à ne pas ouvrir leur porte à ceux qui y frappent. Chiens féroces et hautes geilles, comme dans l'histoire de la propriété privée.
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Seul un employé a remarqué l'égarement que j'affichais et m'a conseillé de m'inscrire à des cours organisés par la Région où l'on apprend gratuitement à se servir d'un ordinateur. Je l'ai remercié avec chaleur, mais j'ai décidé que je n'ai plus envie d'apprendre. On ne peut pas sauter dans tous les trains, il faut en rater certains, en laisser partir d'autres et se résigner.
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Moi je serai bien allé chercher un pauvre petit diable quelque part sur la planète. Peu importait qu’il vienne d’un autre ventre et d’une autre semence que la mienne. L’affection et la protection que je lui aurait offerte auraient suffit pour qu’il devienne mon fils. Sans la terre chaude, sans les mains du paysan, sans le soleil, une graine ne signifie rien, les gens devraient le savoir.
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