Pour bien situer le ton de ce livre, il faut d'abord présenter l'auteur. Né en 1945 à Paris,
Jérôme Clément sait de quoi il parle, puisqu'il a baigné longtemps dans la politique culturelle française, au temps de Mitterrand et de
De Gaulle. Il a entre autre fondé la chaîne de télévision Arte, et présidé au Théâtre du Châtelet et à la Fondation
Alliance Française. Egalement officier de la légion d'honneur, commandeur des Arts et des Lettres, ainsi que de l'ordre du Mérite, l'homme connaît son sujet sur le bout des doigts et entend bien le défendre bec et ongles.
Il commence donc par retracer son propre parcours, en parallèle de l'évolution de la politique française culturelle, sachant qu'à l'époque où il faisait partie du ministère de la culture, celle-ci était l'un des points les plus importants de la démocratie française. Les présidents et ministres étaient avant tout des hommes lettrés, écrivant eux-même, accordant une grande place au patrimoine, à la culture, à son accès, à sa popularisation. Comme le dit l'auteur, avant ils lisaient des romans, maintenant ils lisent des rapports. La France était fière d'être culturelle avant tout, d'ailleurs elle a été longtemps dans l'imaginaire collectif l'un des pays les plus culturels, que ce soit en littérature, en mode ou en gastronomie.
Mais qu'en est-il maintenant ?
Jérôme Clément dresse un portrait actuel des différents vecteurs culturels principaux : le livre, la musique, le cinéma, les musées, etc... le constat est loin d'être dramatique, malgré ce que l'on pourrait penser avec l'arrivée massive d'Internet, et il est dressé avec intelligence, références... et chiffres. Et puisqu'on parle de chiffres, c'est selon lui ce qui a fait chuter la culture de son piédestal. Ramenant toujours les choses à leur aspect économique, la politique a fait de la culture quelque chose dont on pourrait se passer si elle ne rapporte pas. C'est d'ailleurs le budget alloué à la culture par le gouvernement qui déterminera si la culture est dans un état d'urgence ou non, au final.
Et l'auteur ne s'arrête pas simplement à la France, mais élargit son point de vue à l'Europe et au Monde entier. Pointu et critique mais pas trop, il fait surtout l'éloge de ce qui fait la singularité d'un patrimoine culturel, l'éloge de la langue principalement, car elle est le premier intermédiaire. le livre s'inscrit tout à fait dans l'actualité et offre plusieurs solutions à appliquer pour redorer le blason de ce qui était autrefois affaire de prestige et qui tend à être mis au second plan.
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