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EAN : 9782021136036
212 pages
Seuil (04/09/2014)
3.2/5   15 notes
Résumé :
À quoi sert la littérature ? se demandait naguère Jean-Paul Sartre. À quoi sert ma bibliothèque ? s’interroge aujourd’hui Cécile Ladjali, lectrice au goût traditionnel assumé, qui est aussi l’auteur de fictions résolument modernes. Pour répondre à cette question qui engage sa vie même, elle conduit son lecteur à travers le labyrinthe des milliers d’œuvres qui occupent ses rayonnages : elle l’attire dans l’intimité de son va-et-vient entre lecture et écriture et scru... >Voir plus
Que lire après Ma bibliothèque : Lire, écrire, transmettreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« La lecture est pour moi un acte antérieur à l'écriture. Un positionnement originel. »

« Je cherche à comprendre le va-et-vient délicieux qui existe entre la lecture et l'écriture »

Dans un élan passionné, animée d'une grande sincérité, Cécile Adjali nous invite à la suivre dans cette recherche en nous entrainant à sa suite dans les rayonnages de sa bibliothèque où elle nous décrit la façon dont se côtoient tous les auteurs admirés, les anciens et les contemporains, unis par la passion de celle qui les a rassemblés. Elle nous en fait parcourir les strates en énumérant les titres mais sait aussi nous faire don de très belles pages comme celles sur Virginia Woolf et son Orlando, sur Emily Dickinson, Ingeborg Bachmann et Paul Celan…. Elle nous laisse entrevoir la relation « scandaleusement décomplexée qu'elle entretient avec les oeuvres, voire les auteurs » comme celle avec Baudelaire lorsqu'elle se voit Jeanne Duval lors d'une visite de l'hôtel de Lauzun

« Je me souviens de cet appartement, où tremblaient les lueurs vert-de-gris de la Seine et l'ombre vibrante des peupliers. Un lieu vide, où rien n'avait été refait depuis la rédaction des Fleurs du Mal. Je me souviens de cette porte à vantaux couverte de miroirs piqués par l'usure et la crasse. Quand j'étais Jeanne Duval, il y a plus d'un siècle, je m'y mirais pour renouer mon corset … Un jour il faudra que je publie ce livre écrit sur celui que j'ai si bien connu et qui dans une autre vie a relacé mes corsets devant la porte aux miroirs. »

Elle nous découvre ses premières amours et rend un bel hommage à son maître Georges Steiner. Elle nous parle aussi d'écrivains actuels qui font partie de ses amis comme Marie-Hélène Lafon, Véronique Ovaldé ou Linda lê avec laquelle elle correspond,
« Les lettres que Linda Lê m'a écrites sont rangées dans la bibliothèque, juste à côté de ses livres. Nous ne faisons que nous écrire, je n'ai jamais eu l'audace d'aller à elle. Je la devine farouche. On verra. En son temps. Je lis ses romans comme des lettres qu'elle m'aurait envoyées et résonne étrangement cette petite phrase d'elle : « en amour il ne faut jamais rencontrer son double ».

J'ai aimé sa relation vivante au livre, qu'elle me dise et me montre que ses « personnages ne sont jamais que les enfants nés de ses lectures » mais aussi que par son intermédiaire se renouvelle mon désir de découvertes, s'alimente mon avidité de lectures. Et je termine par ce bel hommage de sa part qui résume un peu toute la richesse de ce voyage dans sa bibliothèque :
« Tolstoï m'a appris le soleil et le souffle. Kafka l'inquiétude nécessaire. Celan le silence éloquent. Sylvia Plath et Ingeborg Bachmann la poésie des jours blancs. Shakespeare la puissance. Racine la décence. Faulkner les voix. Proust et Woolf le temps. Pascal la ferveur. Flaubert la cruauté. Baudelaire la colère. Montaigne l'homme. Benjamin l'intelligence du désespoir. Ainsi ma bibliothèque a de nombreux visages et, en même temps, il se pourrait bien qu'elle n'en ait qu'un, tous ses livres se condensant dans celui que je suis en train d'écrire. »
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Une bibliothèque par trop érudite, en ce qui me concerne, dans laquelle je ne puiserai pas, n'ayant point de place dans mon "rayonnage cérébral" pour ces auteurs là.
Ceci dit, après en avoir pris plein les neurones, matraquage qui en mettrait plus d'un sur le carreau, à commencer par la commune des mortels que je suis, je me suis accrochée, appréciant parfois ces savantes et élégantes réflexions sur des Grands auteurs que je ne lirai sans doute jamais . Et je me suis souvent noyée dans ce vaste océan de références ! En fait, davantage une bibliothèque de ses impressionnantes connaissances ! Il est vrai que j'ai pas fait Sorbonne, moi, juste lycée Jeanne D'Arc !
Quant à se targuer de n'avoir eu à sa disposition pendant son enfance et adolescence aucun bouquin à se mettre sous la main (et sous la dent) pour assouvir sa faim......Life. le monde vivant, Vie et langage, anthologies De Lagarde et Michard, Planète, les Rois Maudits, le Littré , "je crois que c'est à peu près tout" !!! Ben, moi, j'aurais bien aimé en avoir eu autant.
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Au fil du temps ma bibliothèque s'est enrichie de nombreux ouvrages consacrés aux livres, aux bibliothèques et à la lecture. Une centaine de titres composent cette collection, on y trouve pêle-mêle : « L'art de lire » d'Émile Faguet (un classique), « Petit éloge de la lecture » de Pef (ou se mêlent poésie et humour), « Le silence des Livres » de George Steiner (un petit essai très sérieux et plein de bonnes idées), « Je déballe ma bibliothèque » de Walter Benjamin (avec une caractéristique étonnante, on y trouve une liste non exhaustive, mais déjà très longue des livres lus par l'auteur), « Bouquiner » d'Annie François (une autobibliographie) etc.

Mon préféré est celui d'un des maîtres en la matière : Alberto Manguel « La bibliothèque la nuit », un passionnant essai dans lequel l'essayiste argentin explique comment il s'est installé dans le Poitou avec ses 30 000 livres.

Le livre de Cécile Ladjali « Ma bibliothèque » vient rejoindre cette série d'ouvrages qui sont l'occasion pour leurs auteurs de parler de leurs lectures, de leur rapport aux livres, des souvenirs, des anecdotes et des réflexions sur les bienfaits de la lecture. Cécile Ladjali est enseignante et femme de lettres, son essai porte en sous-titre « Lire, écrire, transmettre », ces trois verbes reflètent le contenu de son ouvrage qui tente de guider le lecteur dans le labyrinthe de sa bibliothèque et de ses va-et-vient entre l'acte de lecture, l'acte d'écriture et l'enseignement de la littérature. L'auteure fait l'inventaire des 5000 livres de sa bibliothèque et évoque ses souvenirs de lectrice à la bibliothèque nationale et à la bibliothèque de la Sorbonne. Un ouvrage parfois un peu difficile qui fait de nombreuses références à des auteurs pas très connus du grand public, mais qui m'a permis de redécouvrir George Steiner qui, dans son livre « Dans le château de Barbe-Bleue » pose l'intéressante question de savoir pourquoi la culture n'a-t-elle pu empêcher la barbarie. le début du livre de Cécile Ladjali est un peu laborieux, car elle consacre environ 80 pages à l'énumération des titres composant sa bibliothèque. Ce catalogue un peu sec est heureusement agrémenté de quelques commentaires. La visite est organisée par thème et par époque ce qui est l'occasion de faire un tour d'horizon sur la production littéraire de plusieurs siècles et de noter au passage quelques titres. Cette visite se poursuit avec des considérations de plus en plus larges et variées sur différents thèmes liés à la lecture avec des éclairages particuliers sur certains auteurs comme Paul Celan, Dostoïeski. Un chapitre est consacré à l'enseignement et à la manière de former de bons lecteurs. le dernier chapitre dresse les avantages et les inconvénients de la bibliothèque à l'ère de l'internet, de l'ebook et du pdf. Dans l'épilogue l'auteure nous invite à sortir de la bibliothèque pour retrouver sa propre pensée et la connaissance que chacun porte en soi en dehors de la parole écrite des auteurs « À un moment, pour vivre, il est nécessaire d'oublier les livres. » Mais lorsqu'on quitte les livres, on consacre plus de temps à l'écriture et l'écriture nous ramène aux livres dans un mouvement comparable aux vagues qui montent puis redescendent sur la plage.

- « Ma bibliothèque, Lire écrire, transmettre », Cécile Ladjali, Seuil (2014) 202 pages.
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C'est peut-être dans l'histoire personnelle de Cécile Ladjali qu'il faut chercher les raisons de ce livre dont l'ambition est de décrire en détail sa bibliothèque, comme une revanche sur une enfance dont « les étagères étaient vides de vélin. »

Ce n'est qu'à la mort de son père et l'année de son entrée à la Sorbonne qu'elle s'est autorisée à débuter cette accumulation protectrice. « Ils sont là, les visages. Tous les visages. Ceux de mes auteurs. »

Pour Cécile Ladjali, longtemps brouillée avec les mots, enseignante en milieu difficile, et auteur, il est impossible d'écrire sans avoir lu, beaucoup, avec boulimie. La bibliothèque est un « antidestin », « une invite à écrire le monde avant qu'une main invisible plus habile […] ne décide des mots et des choses à notre place. »

« Je lis pour vivre, pour écrire, et aussi pour retrouver mes amis. »

Alors il y a la bibliothèque matérielle de Cécile Ladjali, sur un grand mur de pierre, en arche au-dessus de la porte d'entrée « blindée. »

Un classement ? Pas vraiment.

Un « désordre magnifique » qui sous-tend le désir d'écrire.
Un « rangement » par « affinités électives ». Ingeborg Bachmann et Paul Celan à jamais côte à côte. Flaubert relisant Huysmans.

Les livres d'art rangés à l'extrême gauche de la bibliothèque, sur une colonne de quatre mètres de haut. Et au milieu quelques livres de philosophie.

La littérature orientale. Les femmes de la littérature anglaise. Virginia Woolf. Emily Dickinson. Les Allemands. Les Russes. le camarades de plume : Belinda Cannone, Carole Martinez, et tant d'autres.
La littérature française. La poésie « noyau dur. »

Des centaines et des centaines de titres énumérés, proposés au lecteur essoufflé et désespéré de ses propres insuffisances.

Quant à la critique, elle est reléguée à quatre mètres du sol. Dans « les limbes », les espaces intermédiaires, sur l'escalier, au bord de l'écroulement, les derniers livres achetés ou ceux qui flottent entre deux domaines.

Il y a aussi les bibliothèques arpentées, fréquentées : la BNF de la rue Richelieu. Les parquets craquants de la Sorbonne « un décor de roman. »

Ne pas oublier non plus la liste « non exhaustive » des « livres que je n'ai pas lus ». La littérature japonaise, restée opaque. Les Chinois, les Indiens, les Espagnols, sachant que « l'absence est une présence en creux. »

Cécile Ladjali parle aussi de son maître Georges Steiner, des dangers et des promesses des bibliothèques électroniques.

Malgré le vertige, le lecteur est infiniment reconnaissant à Cécile Ladjali de lui proposer ainsi mille pistes de lectures et la certitude que « le paradis a la forme d'une bibliothèque », « une chambre à soi où l'on lit tranquillement. »





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Ce livre est décevant : ce n'est qu'un collage pendant 210 pages de titres et d'auteurs. Ladjali met en avant ses collections plutôt que leurs contenus: on n'apprend rien dans cette superficialité, sinon son énorme besoin de dire sa grande culture. Complexe de celle qui aurait tellement aimé naître une petite cuiller d'argent dans la bouche? Trouble compulsif? "Art thérapie"? Ah il est loin le temps où la Sorbonne formait des esprits critiques! Snif!
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
La fonction de bibliothèque est fondée sur un malentendu, à savoir qu’on irait à la bibliothèque pour chercher un livre dont on connaît le titre. […] mais il n’y a rien de plus révélateur et de plus passionnant que d’explorer des rayons […] et de trouver à côté du livre qu’on était allé chercher un autre livre qu’on ne cherchait pas et qui se révèle être fondamental (Umberto Eco, De Biblioteca - L'échoppe- 1986).

Ainsi je me souviens très bien que, cherchant un livre de Gary, j’ai découvert Sylvie Germain. C’était à la librairie Compagnie, dans cet antre magnifique occupé par Mme Josette Vial. Une autre fois, voulant racheter un exemplaire des Maximes, mon œil rencontra non le noble patronyme du duc de La Rochefoucauld, mais le nom aquatique de la romancière Linda Lê. La chose advint cette fois-ci à la Terrasse de Gutenberg à l’heure de la fermeture, dans cette belle librairie du faubourg Saint-Antoine tenue par une autre Circé, Michelle Farradou.
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Les limbes de la bibliothèque c’est aussi la nouvelle géographie qu’il a fallu que j’invente pour certains volumes que ne pouvait plus contenir la bibliothèque. Il s’agit d’espaces intermédiaires où les mots et les images flottent et semblent attendre. Ainsi j’ai rangé une partie des livres d’art dans une niche creusée à même le mur de l’escalier qui conduit au premier étage de l’appartement.
(...)
L’escalier me sert de bibliothèque provisoire. À l’endroit où les marches présentent la surface la plus large, je dépose les derniers livres achetés après m’être adonnée à un petit rituel. Toujours le même. Sur la page de garde j’écris mon nom, la date et le titre du texte que je suis en train d’écrire. (Dans les limbes tout est fragile et fluctuant, alors on se rassure comme on peut.) Et puis il est amusant, en rouvrant un roman des années après, de se souvenir dans quel état nerveux nous étions alors, quel était notre rapport au sens, au temps, au dire, puisque l’œuvre avait été choisie une première fois pour aider à la rédaction du texte en cours. Il n’est pas rare que je lise cinq volumes tout frais débarqués de la librairie en même temps, ce qui me conduit à leur trouver des correspondances légitimes, alors qu’aucun lien naturel ne m’y autorise en principe. Mais l’escalier-bibliothèque est le tronc d’un arbre généalogique. C’est lui qui diffuse la sève vers les branches-fouillis au bout desquelles fleurissent les familles d’écrivains que j’invente en lisant.
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On ne demande jamais à un homme de définir l’écriture au masculin, sans doute parce qu’elle reste pour beaucoup de consciences d’essence masculine et que, si le livre est signé par une femme, il s’agit d’une anomalie que l’on tolère, bien décidé cependant à ne pas mélanger les torchons avec les serviettes. J’entends encore mon amie, Marie-Hélène Lafon, ulcérée par la fausse problématique, rugir lors d’une rencontre littéraire à Brives-la-Gaillarde : « Mais moi, monsieur, quand je crée, je suis tout : homme, femme, eau, feu, vent, terre. Oui, je suis tout ! » Elle fut sublime et le débat s’est clos sur ces mots non négociables.
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Mes personnages ne sont jamais que les enfants nés de mes lectures. Il m’est impossible d’écrire sans avoir lu, parce que la tâche de l’écrivain commence avec ce patient arpentage des œuvres, crayon en main, cornant les pages, lisant à voix haute bien souvent. Un écrivain est avant tout un grand lecteur. Mais un lecteur qui a du vice : il perturbe le cours calme et suave de la lecture, crée un estuaire, et précipite les mots arrachés aux livres dans l’océan de ses travaux. Le roman en train de s’écrire est ainsi continuellement abreuvé par les très riches heures passées à fréquenter les textes des autres. Si les images et les mots volés viennent à manquer, la mer se tarit puis meurt. Le sel a rongé sa faune, sa flore. La page, son intention même, est devenue sèche, râpeuse. On ne crée jamais rien. On se souvient.
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Mme de Sévigné écrivait un jour à sa fille cette phrase inouïe : « J’aime à vous écrire, c’est donc un signe que j’aime votre absence. » Écrire une lettre plutôt que de compter sur le téléphone, le sms, le mail, c’est faire confiance au temps, à la distance, et considérer ces données comme sacrées, puisqu’en raison des empêchements qu’elles induisent, elles confèrent au papier un caractère précieux que les autres supports n’ont pas. À la différence du courrier électronique, la lettre privée préserve intactes notre intimité et toute la grâce d’un certain secret. Mais surtout elle nie l’absence. Rend présent. Incarne.
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