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EAN : 9782374910765
158 pages
Quidam (01/03/2018)
3.39/5   9 notes
Résumé :
Après une carrière dans le feuilleton radiophonique, un comédien se retrouve au chômage. Il est approché par des services spéciaux de la police. Contre une somme importante, on lui demande de reconstituer, à partir de quelques documents, la voix d’un prisonnier politique mort sous la torture et d’endosser le rôle de celui-ci dans une fausse conférence de presse justifiant un meurtre politique… Avec cette mise en scène de la dialectique de la vertu et de la corruptio... >Voir plus
Que lire après Ma voix est un mensongeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce que j'ai ressenti:
La voix. La voix du Méchant, qui plus est…On the radio…Entendre et ne pas voir, développe l'imagination, énergisant l'esprit et c'est tout un monde de possibilités qui s'ouvre dans ce mystère : qui se cache vraiment derrière? Propre à chacun, mais pouvant prendre mille petites intonations trompeuses, elle peut aussi avoir dans ses cordes, toutes les façons pour mieux vous manipuler…Mais une voix a t-elle le pouvoir d'aller jusqu'à tuer?

La mort est un acte intime.

Un comédien se raconte et nous fait trembler aux vibrations chorales de son organe. Et toute la beauté de ce polar se tient dans ce mystère: les ondes chaudes de cette voix aux multiples capacités face à ces acteurs de l'ombre mis en scène derrière un rideau noir de corruptions. On est captivé par cet homme qui nous conte ses ennuis, mais qui va vite se retrouver dans une panade, encore plus vertigineuse…Et son talent d'orateur suscite les plus éhontées des convoitises: des mains avides qui veulent s'arracher son timbre caméléon, et des liasses de billets qui chantent une comédie malhonnête…Prenez donc place dans vos fauteuils, la radio vous livre son dernier show, plus vrai que nature. Vous pouvez appuyer sur le bouton rouge On Air pour le lancement de cette comédie cynique orchestrée par des pantins de scènes politiques et laissez-vous charmer par ces échanges brouillés d'ondes mensongères, et saturés de sourires carnassiers…

La langue est plus puissante que l'épée.

J'ai beaucoup aimé ce roman noir pêchu, à l'allure un peu rétro avec cet homme désabusé par la vie. Efficace et tendu jusqu'à la dernière page, j'ai aimé les failles et la sensibilité qui se cachait derrière cette voix, cette illusion d'homme violent torturé de bons sentiments. Rafael Menjivar Ochoa nous prouve dans ces pages, que les apparences sont toujours trompeuses dans les enjeux politiques. Il se plaît à nous enchanter de faux-semblants criants, et nous laisse vibrer au doux son des pièges meurtriers. Elle ne te fait pas rêver cette diffusion d'un bon moment de lecture?

Ma note Plaisir de lecture 9/10
Lien : https://fairystelphique.word..
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Une histoire bien noire et bien serrée.
Où l'auteur met en scène un comédien de séries radiophoniques recruté par une organisation politique pour un travail qu'il devine pas très catholique mais qu'il ne peut se permettre de refuser compte tenu de ses pauvres perspectives d'emploi des prochains mois et de ses poches vides.
Et où, en quelques minutes, toute la complexité et la perversité du système politico-médiatique du pays se retrouve sous les projecteurs où l'on devine les contraintes, la violence, les menaces et la manipulation. Et bien sûr le cynisme d'une population désabusée.
C'est d'une efficacité indéniable et si je ne mets "que" 3 étoiles c'est juste que mon appétence pour la littérature hispanophone reste assez faible malgré pas mal de tentatives. Question d'ambiances, de climats, de culture. Ceux qui ont plus d'affinités que moi avec l'Amérique Latine ne pourront qu'être comblés par cette fable à la fois simple et redoutable qui se lit d'une traite.
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Je n'ai pas accroché avec ce roman, l'histoire ne m'a pas emballée et les personnages ne m'ont pas convaincue...
Et pourtant l'intrigue était alléchante et pleine de promesses puisqu'il était question de police spéciale, de mystère, de l'utilisation d'une voix pour un faux témoignage et toutes les questions que cela soulève pour l'acteur. Mais cela n'a pas pris et je n'ai pas réussi à entrer dans cet univers.
J'ai trouvé que certaines choses étaient un peu longue à se mettre en place tandis que d'autres allaient beaucoup trop vite. Je n'ai ressenti aucune once de compassion pour le personnage et suis restée complètement hermétique à cette histoire quelque peu bâclée...

Mais voyons le côté positif, ce roman m'a permis de découvrir un auteur salvadorien et qui sait, peut-être que je me replongerai dans ce livre dans quelques temps et en aurait une approche différente.
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Ce n'est pas si souvent que l'on a l'opportunité de lire un auteur Salvadorien de par nos contrées, c'est pourtant possible grâce au talent de dénicheur de Quidam éditeur. Voici un polar très particulier dont je vais tenter de vous dresser le scénario de manière aussi peu confuse que possible. le narrateur dont nous ne connaîtrons pas l'identité travaille dans une station de radio pour laquelle il joue de sa voix ambivalente dans des feuilletons radiophoniques après avoir été acteur de théâtre, accompagné par Gudalupe Frejas, sa partenaire professionnelle, qui lui donne la réplique. Seulement, il joue toujours les méchants, les ordures. Possédant une certaine notoriété auprès des fidèles auditeurs, il est impossible de lui laisser tourner pour des publicités, sa voix serait immédiatement associée à ses rôles de salauds. Donc il se retrouve au chômage.

Sur ces entrefaites Gudalupe décède, c'est là qu'il réalise qu'il l'aimait. Son ombre va d'ailleurs hanter le récit. Un ténébreux service spécial de police propose à notre narrateur sans le sou un contrat fort juteux mais qui n'est pas sans risque et dont voici les données : un type châtain a assassiné un révolutionnaire qui devenait gênant pour le pouvoir. le meurtrier, prisonnier politique, serait mort, le narrateur est recruté pour jouer son rôle vocal, avouer le crime auprès de journalistes et donner toutes les preuves de l'assassinat en se faisant passer pour le meurtrier afin de faire croire qu'il est bien toujours vivant.

Ce roman est celui des faux-semblants : du faux paralytique en passant par la fausse veuve (quoique !) puis par la fausse amoureuse, les fausses infos des journaux. Pour les défunctés c'est pareil, il n'est jamais clairement dit qu'ils sont bel et bien morts, et si ça l'est, c'est parfois démenti quelques pages plus loin. Où est la vérité ? Y'en a-t-il une d'ailleurs ? Et ne peut-elle pas jaillir de fausses preuves ? C'est le bal des masqués dans ce polar atypique. Un personnage peut être un bras armé du gouvernement tout comme un leader de la guérilla. Les convictions sont sans cesse chahutées, discutées, infirmées. Qui sont les interlocuteurs ? Qui est cette Maria qui semble tomber amoureuse du narrateur plus vite que l'éclair ? Et où diable se déroule l'action ? Au Mexique sans doute, même si rien n'est précisé. Même chose pour l'époque, on aurait tendance à la situer en 1956, mais là non plus rien n'est sûr.

Une spirale infernale qui procède par informations aussitôt contredites pour un récit haletant, sans temps mort (la brièveté du roman lui donne encore plus de force) et résolument politique. L'ombre de KAFKA semble planer à chaque page. Derrière les semelles collantes d'une intrigue sombre et poisseuse, l'auteur sait agrémenter son exposé de quelques tirades drôles échouées là comme un cheveu sur la soupe (même si l'un des personnages principaux est chauve).

Le titre est sacrément bien trouvé, car la voix humaine et le mensonge sont les deux piliers de ce bouquin déstabilisant – le premier titre édité était « Les années flétries », bien moins parlant - qui est le premier volet d'une trilogie baptisée « de certaines façons de mourir… » (d'ailleurs est-ce vraiment une trilogie ? là aussi les cartes sont brouillées), c'est aussi une nouvelle réédition (de 2018) et accessoirement un pur régal. Attendons les rééditions des prochains tomes, si elles sont du même tonneau, nous n'avons pas fini de nous délecter, ne les ratez pas. L'auteur est décédé en 2011.
https://deslivresrances.blogspot.fr/
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Sur la voix de la rédemption

Tout est question de voix et de voies.

Un narrateur de feuilletons radiophoniques du Salvador des années 1970 se retrouve au chômage. Il erre un peu comme une âme en peine à la suite du décès d'une de ses collègues et seule amie du narrateur. Par un coup de pouce du destin et de son patron, il retrouve un job particulier : mettre sa voix à la disposition de services spéciaux pour prendre la place d'un homme mort et impliqué dans une affaire d'enlèvement politique qui a tourné au fiasco.

Ce qui marque dans ce roman est la concision dont parvient à faire preuve l'auteur pour faire monter la sauce de son roman noir autour de la personnalité du narrateur dont on ne connait que la voix : celle qui raconte l'histoire et celle qui fait de lui le personnage central de ce roman.

Avec une économie d'effets, de mots, de scènes, de tout…, Rafael Menjivar Ochoa livre un roman aussi dense que noir et, il faut bien le dire, efficace. le lecteur vit les mêmes événements que le narrateur et bénéficie des mêmes raccourcis et informations que lui pour se faire son idée des tenants et des aboutissants. Force est de constater qu'on est content de n'être qu'en position de lecteur et pas à la place du narrateur qui se retrouve dans une position alambiquée : à la recherche d'un travail, il est contraint d'accepter un rôle de faussaire et de prêter autant sa voix que son physique à un opposant au régime qui l'emploie de manière ponctuelle.

Dans cette sorte de régime, finalement, chacun survit comme il peut plus qu'il ne vit réellement. La pression gouvernementale, policière, sociétale est un vrai étouffoir à personnalité. le narrateur tente alors malgré tout de conserver une voix à part dans ce déchaînement de folie à tous les étages. La voix du narrateur tente alors de prendre la voie d'une certaine moralité ou honnêteté…

Tout se mélange dans ce récit en forme de coup de poing : vérités et mensonges s'entremêlent pour mieux perdre le lecteur qui ne sait plus qui est honnête et qui ne l'est pas, qui est vraiment acteur et qui ne joue pas la comédie (ou le drame), qui incarne un rôle et qui joue le sien…
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La maison rappelait celle des contes de fées. On aurait dit une maison de poupée, et elle n’était pas beaucoup plus grande. Elle était peinte en blanc, avec une porte cintrée et, aux angles, des figures qui ressemblaient à des cornets de glace.
Au rez-de-chaussée, il n’y avait pas de fenêtres ; le premier étage était une mansarde en trompe-l’œil. Il y avait deux grands vitraux Art Nouveau.
Je passai devant en simulant une indifférence que je ne ressentais pas. Je ne pus feindre longtemps : soudain, je les vis, tous en même temps, davantage avec mon corps qu’avec mes yeux.
Ils pouvaient être dix, ou vingt, ou cinq, et ils étaient là, avec leur âme de chiens de garde et leurs mains plus rapides que le regard. On aurait dit des piétons fortuits, occupés à traverser la rue ou acheter des cigarettes. L’un d’eux sifflait en se dirigeant vers moi ; un autre, sans expression, parlait au téléphone dans la cabine au coin de la rue ; deux jeunes blonds – c’était eux aussi – écoutaient la radio à plein volume, dans une voiture de fils à papa, mais sans plaques d’immatriculation, tandis qu’un faux vendeur de polices d’assurance à domicile, avec porte-documents et tout, regardait sa montre en attendant un taxi, redoutant d’arriver en retard au plus important des rendez-vous. Il y avait un cireur de souliers, un vendeur à la porte de l’animalerie de l’autre côté de la rue, un homme aux cheveux blancs et au regard triste appuyé contre un poteau.
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– Reviens en septembre, dit le Chauve en fouillant dans le tiroir de son bureau. Je te promets un bon rôle.
Il n’arrêtait pas de fouiller dedans quand on lui parlait de travail et d’argent. Il y plongeait le nez et il n’y avait pas moyen de l’en sortir.
– Ça fait loin, insistai-je.
Il regarda ses mains. On aurait dit qu’il ne les avait pas vues depuis des années et qu’il ne savait qu’en faire.
– Les enregistrements sont suspendus.
Du tiroir sortirent les bruits les plus variés : bois contre métal, papier contre plastique, ses mains contre tout.
Nous étions en avril. Il me restait de quoi payer mon loyer et manger pendant un mois. La veille, j’avais terminé les enregistrements et reçu mon dernier chèque, plus les soixante-dix pesos d’indemnités agrafés à la lettre de félicitations du directeur.
Deux cent vingt-cinq pesos pour survivre jusqu’en septembre.
– Excuse-moi, mais le budget était trop juste, dit le Chauve.
Il eut un sourire joyeux et sortit du tiroir un nécessaire à ongles d’un rouge agressif. Il l’ouvrit, regarda à l’intérieur, caressa le contenu du bout de l’index et se décida pour un instrument qui ressemblait à un bistouri.
– Vous avez acheté un enregistrement vénézuélien, l’accusai-je. Qu’est-ce que vous leur trouvez aux Vénézuéliens ?
Il haussa les épaules et entreprit de se curer les ongles, mais comme si cela n’avait pas d’importance. Ils étaient irréguliers, semblaient taillés au couteau. Aussi propres que ceux d’une nonne cloîtrée.
– Les Vénézuéliens les envoient enregistrés et ils reviennent moins cher. Reviens en septembre.
Je lâchai une insulte et il sursauta ; c’était la première réaction incontrôlée que je lui voyais. Il me regarda comme si j’avais tiré un boulet de canon près de son oreille. La frayeur dura deux secondes. Il passa ensuite sa langue sur le bord de l’ongle qu’il venait de nettoyer et il me regarda avec un sourire qui n’avait plus rien de joyeux.
– Tu n’as rien d’ici à septembre ?
– Non.
Il haussa de nouveau les épaules et passa sa langue sur le fil de son ongle.
– Ta voix ne convient pas pour les publicités, dit-il sur un ton compatissant. Tu es trop connu. Tu es le méchant des feuilletons radiophoniques, et ça ne fait pas vendre. Tu enregistres une publicité pour Coca Cola et Coca Cola fait faillite. C’est aussi simple que ça.
Je détestais sa manière de se nettoyer les ongles (parfois il s’arrachait les poils du nez ou perçait un bouton). Je détestais sa manière de se lécher les ongles. Je détestais tout ce qui se trouvait derrière ses ongles. Je voulais partir mais ne le pouvais pas : j’avais besoin de travail ou bien les choses tourneraient mal.
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Je parle de Guadalupe Frejas parce que c’est la dernière fois que je l’ai vue. Elle est morte trois semaines plus tard, enfermée dans une cabine, devant tous les techniciens. Elle a succombé à une de ses crises alors qu’elle enregistrait une publicité pour je ne sais quelle savonnette.
La radio doit encore avoir la bande avec ses derniers spasmes. Le Chauve m’a proposé de l’écouter en privé un jour où il ne savait que faire pour faire le malin. J’ai refusé. La mort est un acte intime.
Quoi qu’il en soit, la mort de Guadalupe tomba à pic pour la radio. Le feuilleton vénézuélien était une cochonnerie, l’audience s’était cassé la figure, les lettres des auditrices inondaient le bureau du directeur et quelqu’un avait effacé par erreur quelques dizaines de chapitres. Si bien que « le regrettable décès de notre premier rôle féminin » servit de prétexte à rediffuser Le Dernier Amour, son grand succès de vingt et quelques années plus tôt, alors que je n’envisageais même pas encore de travailler dans des feuilletons radiophoniques. Cela m’ôtait tout espoir de travail avant février, c’était un des feuilletons les plus longs jamais enregistrés jusqu’alors.
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La langue est plus puissante que l’épée.
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Le bristol semblait danser dans ma poche avec ses lettres rondes et ses arabesques, parfaitement dessinées mais avec quelque chose d'anormal.
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