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EAN : 9782354480226
136 pages
Editions Isolato (30/11/2011)
5/5   2 notes
Résumé :
Antigone, Bartleby, Cyrano, Morgen, Côme et les autres, qu'ont-ils en commun, ces chers héros inventés par les écrivains ? Dans leur singulière aptitude à dire non se découvre, sous les divers visages que leur a conféré l'imagination de leurs auteurs respectifs, une prodigieuse densité d'affirmation de l'humain face à la force, au détriment, parfois, de ce que l'on appelle le "bon sens". Leur non, qu'il claque ou se murmure, n'en finit pas de résonner en nous, telle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Commande - Librairie Périple2- - Boulogne-Billancourt
- mi-juin 2022

Petite pépite nous illuminant un très , très long moment !...

Mes boulimies exponentielles...m'ont fait prendre du retard dans la rédaction de mes " billets "!

Ainsi, cela fait déjà presque deux mois que j'ai lu ce très beau livre mettant en avant 10 personnages romanesques, personnages " rebelles" et contestataires, qui sont devenus des archétypes " universels" , qui ont nourri, nourrissent toujours l'imagination de générations de lecteurs...et continueront à nourrir les générations suivantes, à les faire rêver, espérer , se questionner !

Parmi ces dix personnages: Antigone, Bartleby le scribe, Cyrano de Bergerac, le Baron perché, Oblomov, Ana Non, etc.

"Certains personnages inventés par les écrivains ont le don particulier de se glisser dans nos vies et d'y occuper une place d'importance sans qu'on y prenne garde.(...)
Ce sont des amis de choix, d'exquises et discrètes présences dont l'accompagnement procure à l'existence quotidienne une ligne de fuite du côté de l'attention et de la réflexion. Il est bon d'avoir de ces échappées, dispensées par les livres, qui sont des fissures utiles dans nos murailles, grâce auxquelles pénètre un courant d'air ou s'entrevoit un bout de ciel."(p.13)

Une Ode extraordinaire à la Littérature, à sa puissance de liberté et de résistance...

Je remercie, en passant, Jacques Lèbre qui , par son très intéressant texte" le Poète est sous l'escalier" m' a fait rencontrer ce texte captivant...de cette écrivaine- philosophe que j'avais déjà eu le bonheur de lire !


Une auteure que j'apprécie immensément, découverte la toute première fois avec un recueil d'essais: " Promenade parmi les tons voisins " qui relatait avec poésie la trajectoire d'artistes ayant subi de lourdes épreuves et handicaps...et par une biographie palpitante de l'écrivain- poète, Joë Bousquet...

Ces grands personnages fictifs qui par leur singularité, leur désobéissance, leurs idéaux ou philosophie de vie , leur fantaisie, leurs conviction nous transportent, nous font rêver et nous questionner durablement.

Avec cette lecture vivifiante, des envies de RELECTURES et
de découverte première comme "La Faculté de l'inutile " de Iouri Dombrovski et "La Soirée d'Elseneur in Sept contes gothiques" de Karen Blixen. du côté " relectures" celle d' "Ana Non" de Gomez-Arcos !!

"Qui sont en réalité ces personnages que nous chérissons de générations en générations ? Sont-ils des " renonçants" ? Des résistants ? Des idiots ? Ou seulement des sages ? Ils ouvrent en tout cas dans la conscience le chemin d'une question.Le simple fait qu'ils existent, même de façon imaginaire, signale que rien n'est acquis, ni le pouvoir, ni la routine du travail, ni les certitudes, ni même le destin, qu'une alternative est toujours possible.Les évidences affectives et sociales cessent de fonctionner comme des machines (...)(p.15)

Un livre à savourer, à méditer , à lire et relire...sur la Force incroyable que représentent l'Imaginaire et la Littérature !



***en complément, lien suivant :

https://www.babelio.com/livres/La-Heronniere-Promenade-parmi-les-Tons-Voisins/571784/critiques/529273
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Dix personnages de roman qui disent non, chacun à leur manière. Edith de la Héronnière partage avec le lecteur son trouble et son admiration pour ces êtres fragiles et déterminés qui dérangent, réveillent. En rompant les habitudes, ils nous obligent à remettre en question notre façon de voir et sentir le monde qui nous entoure, et souvent nous contraint.

Ces « Trois lettres accolées et le cours des choses s’enraye, les arguments se mettent à bégayer et les discours à bafouiller, les plus belles constructions politiques, idéologiques ou sociales retombent sur elles-mêmes comme un soufflet raté. »

Les cinq premiers non sont ceux de :
L’ Antigone de Sophocle qui refuse le décret de Créon ordonnant de laisser son frère Polynice sans sépulture. Elle désobéit, se dresse face au Pouvoir, « Elle agit selon son coeur »…

Bartleby le scribe de Melville qui à chaque demande de son patron, dans « une résistance passive » objecte son « I would prefer not to » « Je préfèrerais pas »…

Le panache de Cyrano et les « Non, merci ! » qui « rythment sa tirade »
« Ne le plaignez pas trop : il a vécu sans pactes,
Libre dans sa pensée autant que dans ses actes » (Duc de Grammont

Ilia Ilitch Oblomov de Gontcharov dont « le bonheur le plus pur est de rester allongé sur son lit » pour dit-il « donner libre cours à ses sentiments et à son imagination »

Dans « Le silence de la mer » on ne saura pas le nom de l’oncle et de sa nièce qui voit une partie de leur demeure réquisitionnée par les allemands pour un officier Werner von Ebrennac. Le non dans ce texte est « tissé d’un silence extraordinaire » même si des « gestes, des mouvements imperceptibles » montrent qu’un amour passionné « se fraye un chemin dans cette épaisseur basaltique » …

Les cinq non suivants viennent
du beau Morten de Coninck dans « La soirée d’Elseneur » conte tiré des Sept contes gothiques de Karen Blixen
de Montag le pompier dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury
de Zybine dans « La faculté de l’inutile » de Iouri Dombrovski
de Côme le baron perché de Italo Calvino
et enfin d’Ana Non de Agustin Gomez-Arcos

J’ai adoré revisiter des livres que j’avais lu et en découvrir d’autres grâce à l’éclairage et les belles analyses qu’en fait Edith de la Héronnière. « Mais la mer dit non », même si l’on ne lit pas les romans qui ont donné vie à tous ces « désobéissants, rebelles, véritables têtes de mules » qui les habitent et peuvent devenir des amis, peut aussi être simplement un livre de "sagesse", tragique et jubilatoire, offrant de bouleversantes leçons de vie.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
( A propos du " Baron perché "d'Italo Calvino)

Sa nouvelle vie, exception faite de son refus de toucher terre, est tissée de rapports avec les humains d'en bas.S'il ne descend pas, il trouve toujours le moyen de les faire monter auprès de lui, ou de se rendre depuis là-haut au plus près d'eux.(...)
Au royaume des arbres, le héros de Calvino réinvente la vie matérielle et sociale, dans la nouvelle dimension que lui offre sa situation.Il ne renonce ni au confort, ni à la société, ni à la connaissance, ni à l'amour, mais il les transporte en l'air, décidé à ne plus jamais fouler de ses pieds cette terre où il est soumis aux caprices, à l'inconscience cruelle et aux lubies des adultes. Là-haut, il est le maître de son temps et de son espace. Désormais il vit dans l'amitié des arbres.(p.115)
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A propos du silence de la mer de Vercors
L’héroïne sait ce qu’elle perd en disant non. Mais la valeur de résistance ne se discute pas. L’officier allemand fait alors penser à ces éphémères aux longues antennes et aux ailes légères qui volent le soir au-dessus des étangs en effleurant la surface de l’eau. L’eau et l’insecte ne se touchent jamais, mais leur danse se déploie entre l’attrait et l’évitement, comme si l’eau refusait le contact avec l’insecte et comme si l’insecte, ne s’y résignant pas, s’efforçait d’y poser ses longues pattes avec une élégance désespérée.
Ici se révèle la dimension sacrificielle du non. p 65
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Certains personnages inventés par les écrivains ont le don particulier de se glisser dans nos vies et d'y occuper une place d'importance sans qu'on y prenne garde. Ils s'y installent et s'y fondent si bien qu'ils deviennent des amis auxquels se référer dans l'incertitude d'un choix à faire, des repères autour desquels s'organisent nos pensées, des amers dans la nuit océanique sur laquelle vogue notre barque en aveugle à travers l'existence.
(...) Leur trait commun, à part la place qu'ils occupent dans mon esprit, est un refus absolu, intraitable, enragé, de l'oppression qui s'exerce sur eux. p12-13
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Qui sont en réalité ces personnages que nous chérissons de générations en générations ? Sont-ils des " renonçants" ? Des résistants ? Des idiots ? Ou seulement des sages ? Ils ouvrent en tout cas dans la conscience le chemin d'une question.Le simple fait qu'ils existent, même de façon imaginaire, signale que rien n'est acquis, ni le pouvoir, ni la routine du travail, ni les certitudes, ni même le destin, qu'une alternative est toujours possible.Les évidences affectives et sociales cessent de fonctionner comme des machines bien réglées lorsqu'un non, tout petit, tout seul, qu'il soit émis d'une voix imperceptible ou tonitruante, survient et remet tout en cause, rappelant que l'impossible a toujours été le ferment du possible.(p.15)
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(A propos de "Fahrenheit 451 " de Ray Bradbury )

Mais lui, Montag, au contraire, il veut réfléchir, comprendre ce qu'il fait, il veut toucher du doigt la vie. " Cela fait combien de temps que tu ne t'es pas tourmentée ?" demande-t-il à Mildred." Nous avons besoin de vrais tourments de temps en temps".
Les vrais tourments ne vont pas tarder.Montag souffre de ne plus regarder ni la nature, ni le ciel ni la rosée sur l'herbe, ni la lune, de vivre dans un monde où les regards ne se rencontrent plus.Il ne sait pas qu'il souffre. Et voici qu'un jour, lui qui a tout à fait oublié qu'autrefois les pompiers servaient à éteindre le feu, se voit rappeler cette vérité par une toute jeune fille nommée Clarisse, rencontrée sur le trajet du retour à la maison, une petite philosophe de 17 ans, une fille, comme dit son oncle aussi fou qu'elle.Clarisse lui pose une question toute simple, incongrue: "Êtes- vous heureux ?".La question le frappe d'autant plus qu' il y a une éternité qu' on ne l'a pas interrogé dans cette société où toute question est interdite parce que tout va de soi.( p.83)
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