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EAN : 9782070782031
142 pages
Gallimard (18/01/2007)
3.84/5   58 notes
Résumé :
"Maintenant, nous allons vivre dans la clandestinité, voilà exactement ce que ma mère a dit.
Pour la trappe clans le plafond, je ne dirai rien, même si on venait à me faire très mal.
Je n'ai que sept ans mais j'ai compris à quel point il est important de se taire."
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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En 2003, lors d'un voyage en Argentine réalisé avec sa fille, Laura se souvient des événements qui se sont déroulés alors qu'elle n'était qu'une enfant. Tout a commencé à La Plata, en 1975, ses parents appartiennent à l'organisation politico-militaire péroniste des Montoneros dont les membres sont pourchassés par les commandos de l'AAA, la Alianza Anticommunista Argentina. Le père de Laura, emprisonné, sa mère doit se cacher ...
Laura a écrit cet épisode autobiographique à Paris en 2006.

Challenge Petits plaisirs 2017 – 143 pages
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Il est vrai que je suis pas très calée question géopolitique et encore moins en ce qui concerne l'histoire de l'Argentine mais cet ouvrage m'a réellement envie de creuser de ce côté-là et de tenter de comprendre, une fois que j'aurais terminé cette critique (sinon, mes impressions de lecture risqueraient de s'avérer fausses), de comprendre certains détails qui m'on échappés.

Ici, le lecteur est plongé en plein coeur de l'Argentine, à la fin des années '70 mais surtout, en plein milieu d'une guerre civile, opposant l'armée d'une part, et les autres (les résistants au régime) d'autre part. L'auteure, personnage principal de ce livre, voit tout cela de l'intérieur mais comment une enfant de huit ans pourrait-elle percevoir tous les enjeux politiques dissimulés derrière tout ce qu'i fait dorénavant parti de son quotidien. Vivre cachée, elle a appris à le faire, mentir sur sa propre identité, cela aussi, mais vivre en ayant régulièrement des parents en prison, tout simplement parce que ces derniers s'opposent au régime en place, comme cela une fillette peut-elle l'affronter ? Eh bien, c'est tout ce qui est relaté ici dans ce témoignage bouleversant et d'une sincérité extraordinaire !

Un livre, certes complexe sur le plan politique pour qui (comme moi) ne connaît pas grand chose concernant l'histoire de l'Argentine ou était trop jeune lorsque les événements se sont déroulés mais qui est pourtant, non seulement accessible à tous tant cela est raconté avec des mots simples ! Un témoignage déchirant mais qui est pourtant si simple ! A découvrir et à faire découvrir !
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"Tu dois te demander, Diana, pourquoi j'ai tant tardé à raconter cette histoire. ..
...M'y voici.
Je vais évoquer cette folie argentine et toutes ces personnes emportées par la violence. je me suis enfin décidée parce que je pense bien souvent aux morts, mais aussi parce que je sais qu'il ne faut pas oublier les survivants. Je suis à présent convaincue qu'il est très important de penser à eux. de s'efforcer de leur faire aussi une place. C'est cela que j'ai tant tardé à comprendre, Diana. Voilà sans doute pourquoi j'ai tant attendu.
Mais avant de commencer cette petite histoire, j'aimerais te dire une chose encore: si je fais aujourd'hui cet effort de mémoire  pour parler de l'Argentine des Montoneros, de la dictature et de la terreur à hauteur d'enfant, ce n'est pas tant pour me souvenir que pour voir, après, si j'arrive à oublier un peu."

Le livre est dédié à Diana E. Teruggi.

En exergue:
Un souvenir, mon ami.
Nous ne vivons qu'en avant ou en arrière.
Gérard de Nerval.

L'épisode de son enfance que Laura Alcoba raconte commence en 1975 . Les montoneros doivent impérativement se cacher pour ne pas être arrêtés, et torturés, et très vite, d'ailleurs, Laura va aller voir son père en prison. Sa mère est recherchée , et toutes les deux vont aller habiter dans une maison, qui est en fait une imprimerie clandestine. Sa mère travaillera cachée derrière tout un camouflage de casiers de lapins. Et celle que Laura va le plus côtoyer, c'est cette Diana.
Cette histoire est vue , de façon parfaite, par petites annotations, souvenirs , et si elle raconte des évènements très particuliers, elle parle également très bien de l'enfance. A cet âge là, 8 ans, l'enfant qu'elle était ressent beaucoup de choses, en comprend d'autres, mais pas tout bien sûr. Pas les véritables enjeux, pas le pourquoi de cette existence bizarre qu'elle est amenée à mener. On rejoint là tout à fait le film de Benjamin Avila, Enfances clandestines. Et, de même on constate , devant ce combat contre une dictature, l'existence de trois générations : ces jeunes hommes et femmes, donc, les Montoneros, qui prennent, ils le savent, le risque d'être tués à tout moment, leurs enfants qu'ils entrainent dans ce risque , et leurs parents qui sont le plus souvent ambivalents: "Ce qui fait peur à mon grand-père, ce sont les gens qui veulent que tout change. "Qui les aident comme ils peuvent mais ont tellement peur de les perdre.
Ce seront ces fameuses grands-mères qui ont commencé à défiler toutes les semaines depuis le 30 avril 1977 sur la place de Mai, certaines d'entre elles ont d'ailleurs été assassinées aussi.
Les enfants.. Laura Elcoba le décrit très bien. Elle est prévenue, elle sait qu'il faut se taire : "J'ai compris et j'obéirai. Je ne dirai rien. Même si on venait à me faire mal. Même si on me tordait le bras et qu'on me brûlait avec un fer à repasser. Même si on me plantait de tout petits clous dans les genoux. Moi j'ai compris à quel point il est important de se taire."
A cet âge-là, les enfants veulent faire plaisir, s'adaptent à tout, et ce qui la heurte la plus, la petite Laura, ce qu'elle a le plus retenu, ce sont les erreurs qu'elle fait , et souvent bien malgré elle. La peur de mal faire, la honte d'avoir mal fait. le reste, se cacher sous des couvertures pour circuler, cesser d'aller à l'école parce que c'est trop dangereux,tout ce qui lui est imposé, lui semble presque normal. Laura Elcoba sait très bien traduire la tension à hauteur d'enfant, le reste, la fin, c'est l'adulte qui l'écrit.
En lien, un peu plus sur Diana Esmeralda Teruggi de Mariani, Daniel Enrique Mariani et leur fille Clara Anahi.

C'est..bouleversant. Merci MaiteBsAs de m'avoir fait découvrir Laura Alcoba.

Lien : http://www.desaparecidos.org..
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Je ne crois pas qu'on puisse faire une lecture objective d'un roman. En tout cas, je ne crois pas qu'on soit sur Babelio pour être objectif. Je crois qu'on y est par passion, parce qu'on ne peut pas se passer de lire et qu'on est avide de découvrir d'autres romans. Ceci posé, je ne suis vraiment vraiment pas objective sur "Manèges". Il se trouve que je n'ai que quelques années de différence avec l'auteur, et qu'à peu près au moment où elle quittait l'Argentine pour la France, je quittais la France pour l'Argentine. Elle y raconte un épisode de son enfance, quand elle avait sept ans, avant l'arrivée de Videla au pouvoir. Son père, opposant politique au régime de la seconde femme de Peron, était en prison, et sa mère vivait en clandestinité. Laura Alcoba a donc dû changer de prénom, de nom, d'école, de quartier, et vivre dans une maison isolée avec sa mère et d'autres montoneros, un des deux groupes majeurs d'opposition. Il se trouve aussi que j'ai moi-même écrit un roman ("Et toujours en été") qui parle justement de ses enfants de "révolutionnaires" devenus grands, de la façon dont ils ont essayé de se construire sur l'exil, les disparitions et les silences. Je tiens à préciser que je ne parle jamais de mes romans quand je poste des chroniques sur Babelio, mais qu'après deux jours de réflexion, j'ai décidé d'arrêter de me demander comment parler de ce livre de façon objective. J'ai terriblement envie de donner envie de le lire, et j'ai pensé à des accroches genre "Si vous avez aimé La Garçonnière, d'Hélène Grémillon, lisez ce livre!", "Si vous avez aimé les romans d'Elsa Osorio, lisez ce livre!", mais je crois que c'est une erreur. Vous voyez, une des phrases qui m'a le plus émue dans "Manèges" est presque anodine. "Des années plus tard, bien après le retour à la démocratie, mon père, qui était libre depuis longtemps déjà -il a été libéré quelques mois avant la guerre des malouines, comme beaucoup de prisonniers politiques relâchés au moment où la dictature commençait à s'effondrer-, m'a tendu un livre, en me disant "Tiens, là-dedans on parle de la maison où tu as vécu avec ta mère". Il n'a rien dit d'autre. C'est que nous avons beaucoup de mal à parler de tout ça". Voilà pourquoi j'ai eu brusquement les larmes aux yeux, à cause de ce bout de phrase "C'est que nous avons beaucoup de mal à parler de tout ça". J'ai moi-même beaucoup de mal à parler de tout ça. J'ai caché pendant des années que j'avais vécu en Argentine tant je redoutais les questions, et je me souviens, quand j'ai fini "Et toujours en été", qui a été, de tous mes livres, celui que j'ai eu le plus de mal à écrire, je me suis dit que je n'avais fait qu'effleurer ce que je voulais vraiment dire, que je ne l'avais peut-être même pas approché. Je pense parfois que je n'y arriverai jamais, ou en tout cas que je n'y arriverai jamais seule, que ce que j'essaie de dire est disséminé dans tout un tas de romans, et que "Kamchatka" de Marcelo Figueras, et "Manèges", sont une partie de ce puzzle. 130 pages, une dernière phrase magnifique, je ne saurais que trop recommander, sans aucune objectivité donc, la lecture de ce livre.
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Manèges, Petite histoire argentine relate la première partie de l'enfance de Laura Alcoba. le récit se déroule dans les années soixante-dix. Laura vit en Argentine, elle a environ 8 ans et son père est déjà emprisonné en tant qu'opposant politique au régime. Sa mère vit dans la clandestinité et a changé d'identité. Laura doit donc vivre cachée avec sa mère et des amis militants Diana et Cacho.

C'est une enfant qui a bien conscience de ce qui se passe. En effet, elle vit sans arrêt avec la peur de parler ou de révéler son identité. La torture est quelque chose qui lui a été expliqué et qu'elle comprend parfaitement.

Laura et sa mère s'installent dans une maison, où les "Montoneros" vont construire un "embute" pour y cacher une imprimerie qui édite des brochures dénonçant le régime politique et diffusant des idées révolutionnaires. La vie de Laura n'est pas très stable même si elle sort parfois du "milieu" pour voir ses grands-parents. de plus, elle doit changer plusieurs fois d'école pour fuir avec sa mère avant d'être livrée à elle-même dans la maison. En réalité, cette enfant est très isolée car elle vit uniquement avec des adultes.

Je n'ai pas trop compris les enjeux politiques du roman car je connais mal l'histoire de l'Argentine, je pense qu'il faut en connaître un minimum pour en saisir tout le sens.

Même si je n'ai pas eu le coup de coeur pour ce roman de Laura Alcoba, c'est avec plaisir que je l'ai lu et je pense poursuivre la découverte de ses autres romans.

Lien : http://lilasviolet.blogspot...
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Mon grand-père éprouve une grande tendresse à l'égard des petits malfrats, qui lui vouent souvent, en retour, une sorte de reconnaissance fraternelle. Il est vrai qu'une fois l'un d'entre eux, que mes grands-parents avaient recueilli pour quelque temps, est parti en emportant la baignoire. Mais dans la maison, personne ne lui en veut d'avoir été tenté. C'était une belle baignoire, tout en marbre, une vraie pièce de collection. Preuve qu'il connaissait son métier.
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En fait, il paraît que Dieu est très abordable, il suffit de lui faire signe et de croire en Lui. On appelle ça l'espérance ou la foi.
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"Il existe des hommes disposés à faire passer une frontière à la fille d'un ami, au risque de se faire trouer la peau, juste pour dire merci à cet ami."
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J'ai compris et j'obéirai. Je ne dirai rien. Même si on venait à me faire mal. Même si on me tordait le bras ou qu'on me brûlait avec un fer à repasser. Même si on me plantait des petits clous dans les genoux. Moi, j'ai compris à quel point il est important de se taire.
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Si nous avons quitté notre appartement, c’est parce que maintenant les Montoneros doivent se cacher. C’est nécessaire parce qu’il y a des personnes qui sont devenues très dangereuses : ce sont les hommes des commandos de l’AAA, la Alianza Anticomunista Argentina, qui enlèvent les militants comme mes parents et les tuent ou les font disparaître.
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Videos de Laura Alcoba (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laura Alcoba
Laura Alcoba vous présente son ouvrage "Les rives de la mer Douce" aux éditions Mercure de France.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2677309/laura-alcoba-les-rives-de-la-mer-douce
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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