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EAN : 9782869598645
89 pages
Arléa (07/05/2009)
3.86/5   22 notes
Résumé :
Elle part. Elle fuit après avoir appris l'inacceptable. Elle n'a pas peur, non, mais elle veut mettre de l'ordre dans sa vie. C'est une lettre qu'elle choisit d'écrire, une seule lettre. Les mots coulent comme un torrent, emportant sur leur passage la vie d'avant, les secrets, les mensonges, les blessures non refermées. Elle écrit et se délivre, fait place nette, se retrouve enfin et peut, apaisée, aller vers son destin.
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Un coup de coeur parti de trois pages parcourues comme on lèche un incipit au détour d'un rayon de librairie. Quel diagnostic pour cette femme jeune qui va consulter un neurologue pour une douleur inquiétante au bras ? Des taches blanches au cerveau, maladie démyélinisante, potentiellement très grave. Elle décide de tout quitter, mari, enfants. Geste excessif, avec, dirait-on, le sceau d'interrogations féministes ou existentielles. On craint la suite, pénible psycho-scénario pour chaîne audience confidentielle.

Mais trop tard, le style simple et ample, la voix sûre et lucide ont déjà pris le dessus: impossible de rien lâcher. Ensuite, aucun rideau de soins palliatifs en bout de couloir, pas de nana qui pleure vodka sur le sofa. le premier roman d'Anne Révah, c'est beau et c'est bien, avec cette facilité d'écriture émouvante: du talent et des mots.

Au lieu de prendre l'avion pour Madras, atterrissage dans un meublé en location pour taper une lettre à sa mère: "Je veux te donner un récit, avec un début, une fin". Et dès la page 33, le lecteur s'envole avec les sentences – et je choisis le mot – de cette lettre libératrice inattendue. "La course de mes mots est mon seul rythme". En dire plus tuerait le sujet difficile, vite et finement traité. Au bout, le livre reste calé entre les doigts crispés, un peu groggy : on voudrait dire merci pourtant.

Je n'ai pas l'habitude d'être aussi dithyrambique à propos d'un livre, je sais que cette auteure a écrit "Pôles magnétiques" après, j'ignore quels succès lui sont acquis ou promis, mais avec ce Manhattan, elle a réussi, selon moi, un pierre fine idéalement taillée. On a l'impression d'un seul jet mais tout, les tournures, la progression, la concision incisive témoignent d'un bon travail de polissage dans l'ombre. Jamais on ne sent le roman, jamais on ne sent les 90 pages se dérober tant c'est pathétique et juste. Et pudique. L'intensité du ton monocorde s'épand en un réquisitoire douloureux.

Alors pourquoi Manhattan ? le mal que ressent la narratrice sur la peau de l'avant-bras a la forme d'un rectangle qui évoque pour elle l'arrondissement de Manhattan. Cela fait écho à un voyage décevant avec son mari à New-York :
"Je n'ai rien dit de négatif, Victor a cru que j'étais contente; j'ai dit les choses qu'on dit habituellement à propos de New-York: c'est impressionnant. J'avais trouvé que c'était inhumain et fatigant."

Inhumain et fatigant comme une grave maladie, comme un drame jamais avoué. Cruel, plausible.

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"JE NE SAIS PAS" tel est le cri poussé par Elle.Elle vient d'apprendre qu'elle est atteinte d'une maladie incurable et décide de tout abandonner mari, enfants, vie sociale .Elle veut se retrouver seule face à son destin' ce n'est pas Sissi!).Avant de s'éloigner elle se met à mettre les mots sur le papier.Je n'irai pas plus avant dans l'histoire
C'est un texte très court (88 pages) mais SPLENDIDE. .Pour un premier roman quel coup de maître ,auteure à suivre.
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La narratrice vient d'apprendre une nouvelle intolérable, foudroyante : la douleur qui s'étend sur son bras depuis quelques semaines est probablement le symptôme d'une maladie évolutive. Elle sort du cabinet du neurologue avec la décision de tout quitter, enfants et mari, sans un mot. Elle rédige en revanche une longue lettre pour sa mère où elle dresse le bilan de sa vie. Elle explique sa difficulté à paraître, à être une femme comme les autres, elle va jusqu'à renier son bonheur d'avoir été épouse et mère. "Qui peut faire le tri parmi tout ce que j'ai mis en ordre apparent. J'ai vécu dissimulée. Je me suis déguisée." (p. 49). "Ce n'était pas une vie sans joie, c'était une vie sans vie." (p. 54).
On la croit bouleversée, désabusée par l'annonce de sa maladie. Certes, mais il y a une autre explication, très sombre, qui trouve ses origines dans l'enfance. La haine habite cette femme et on reçoit la révélation de son secret de plein fouet, après de longues considérations sur ses années de faux-semblants. Et alors on comprend mieux pourquoi le ton qu'elle emploie dans la lettre pour sa mère est si dur.
Roman très émouvant et percutant où une femme, pleine de haine face à la maladie et suite à un traumatisme de l'enfance, décide de lever le voile sur une vie de mensonges en accablant sa mère.
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Des taches sur un bras formant une sorte de plan de Manhattan, une insensibilité de la peau, une radio et soudain, un diagnostic qui tombe : des taches blanches dans le cerveau.
Pour l'héroine du roman, la seule décision à prendre est celle de partir. Partir loin de son mari, de ses enfants pour leur épargner la lente déchéance. Elle va tout quitter sans rien dire, sans se retourner, fuyant son foyer et la vie parfaite qu'elle s'y était construite. Seul le chien l'accompagnera.
Elle décide de partir à l'étranger, et puis non, renonce, abandonnant le chien à l'aéroport. Elle comprend qu'elle lui reste une chose à faire : écrire à sa mère, se libérer d'un secret qui la ronge depuis tant d'années. Alors elle s'enferme et lui écrit.

Les critiques sont unanimement positives sur ce roman mais si je me suis laissée prendre par le début de l'histoire, je suis vite restée sur le bord de la route...
Cette femme, malade, dont on ignore vraiment si elle va en mourir, fait montre d'une froideur et presque d'un égoisme qui m'a empêchée toute empathie avec le personnage. Elle abandonne sa famille sans un mot, sans un regret. Quand elle en parle, elle ne montre aucune affection, comme si tout ça était juste une commodité auquelle elle s'est prêtée sans rechigner mais sans sentiments. le chien, lui-même, sera trahi un peu plus loin. Son seul souci finalement, c'est de soulager sa concience, sans réfléchir à la souffrance des autres. le fameux secret m'a, pour ma part, fortement déroutée. Difficile d'en parler sans spoiler mais je m'attendais à quelque chose de plus "fort", de plus "horrible". Non pas que je minime les faits mais je ne comprends pas vraiment en quoi ça peut bouleverser une vie au point de jouer une comédie auprès de sa famille, au point de taire les faits. Certains me trouveront peut-être insensible mais tant pis, je suis vraiment restée complètement extérieure à cette histoire.

A côté de çà, j'ai beaucoup appréciée l'écriture de l'auteur. Pas d'excès de sensiblerie, pas de pathos qui aurait plombé le récit déjà pas bien gai. Je regrette juste cette froideur dans les sentiments du personnage, froideur qui forcément se ressent dans le style qui ne laisse éclater aucune concession sur le plan des émotions. La fin, innatendue, laisse une impression forte mais insuffisante pour que je m'attache à ce personnage qui, jusqu'au bout, n'aura pas le courage d'affronter son passé, ni la force de se battre. Pourquoi une lettre alors qu'elle pourrait en parler directement avec sa mère ?

Bref, je suis donc passée complètement à côté de ce petit roman, auprès duquel j'espérais tant pourtant... et que j'oublierais surement très vite...
Mais je ne manquerais pas tout de même de suivre les futurs textes de l'auteur.


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Un premier roman renversant et bouleversant, en si peu de pages, l'auteur nous entraîne dans une chute vertigineuse.

Une chute que rien de présage ni sa maladie ni sa fuite ni son constat du vide qui l'habite depuis son enfance.

J'ai lu ce livre en une seule traite sans pouvoir me détacher de l'histoire.

Le choc de la maladie et sa décision de fuir loin de cette vie dont elle ne fut qu'actrice, combien on pourrait s'identifier par moments à cette sensation de n'être que le pantin d'une existence, combien on s'interroge sur la finalité d'un destin, autant de questions qu'elle nous susurre en filigrane.

Faut-il une tragédie pour prendre conscience de l'absurdité d'une vie ?

Faut-il se savoir au bout du chemin pour déposer ce lourd fardeau au pied de celle qui aurait du voir ce qui se tramait chez cette si gentille voisine ?

Faut-il être au bout pour constater amèrement que la fin sera une délivrance mais jamais une renaissance ?

Au début de l'histoire on est très loin de deviner le pourquoi réel de cette fuite, si ce n'est l'annonce de cette maladie.

Puis de révélation en révélation, c'est le choc.

De page en page on glisse dangereusement vers le drame. C'est une lecture vertigineuse où rien ne peut nous arrêter.

Une longue glissade de plus en plus rapide de plus en plus déroutante jusqu'au point final, on espère qu'elle changera d'avis que quelqu'un viendra lui porter secours.

Voyez le bandeau sur le livre (J'aurais voulu qu'il y ait quelqu'un sur mon chemin pour suspendre la chute) ça résume mon ressenti, comme dans un cauchemar, elle hurle sa douleur, elle est seule dans ce vide béant, mais personne n'a jamais rien vu ni entendu personne n'a jamais su la sortir de cet abysse effroyablement glacial et profond, elle n'a jamais su le dire non plus hormis sur cette longue lettre avant de s'éclipser totalement.

On se pose la question parfois sur la réaction soudaine et inattendue des gens, sans doute avant de juger leur comportement devrions – nous aussi soupçonner un drame qui les ronge depuis trop longtemps pour pouvoir continuer à faire semblant.

Je suis sortie de cette lecture complètement abasourdie, c'est un petit roman qui nous assomme.


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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation

J'ai pris les mots d'assaut. Je les ai érigés en digues, puissantes protections agencées contre mon enlisement. Avec les mots j'ai pu faire comme si je savais. Avec habileté et obstination, j'ai proclamé, distribué des sentences, montrant sans faillir que je savais, tout, presque tout, sur tout. Je disais sans retenue, je pouvais en toutes circonstances montrer que j'avais un avis, n'importe quel avis, peu importait le contenu, il fallait que cela ressemble à une conviction, infiniment construite, une pensée si fortement ancrée, l'autre me regardait émerveillé devant tant d'aplomb et de désinvolture. J'attirais l'attention avec une souplesse enviable, je me donnais à entendre. Pendant la traversée des jours, je posais des mots et des actes tout autour de moi, j'étais visible, vivante.

Qui peut faire le tri parmi tout ce que j'ai mis en ordre apparent. J'ai vécu dissimulée. Je me suis déguisée. Les autres n'ont que peu compté dans cette affaire. Rien ne m'enthousiasmait plus que le miroitement de mon visage dans leurs yeux, et les échos de mes mots. Je me suis imposée à eux pour ne pas tomber dans le vide offensif en mon creux. Il y avait tous ces moments noyés dans le rien, ces flottements menaçants où je prenais la mesure de mon inquiétante vacuité. Alors, avec opiniâtreté, j'installais des mots, des idées, j'empoignais chez d'autres les morceaux de certitude dont j'avais besoin pour inventer et tisser une mise en scène qui puisse être un peu moi.
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J'ai arrêté d'écouter, je n'entendais plus rien, un silence brutal. Quatre taches claires taches claires trouaient mes masses cérébrales, envahissaient mes oreilles, mes yeux, ma respiration. J'ai recompté plusieurs fois : quatre trous de lumières vibraient sous mes yeux. J'y ai perdu la voix du neurologue. J'étais sans doute malade, c'est ce que j'avais compris. Le plan de Manhattan sur mon avant-bras était le signe d'une guerre cérébrale peut-être déjà engagée, presque muette mais réelle, quelque chose de larvé, de torve. J'ai senti que mes yeux regardais le monde à distance.
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Ce quotidien plongé dans le temps et son extension, ces longues listes qu’on égrène. Ma vie est un découpage du temps qui ne s’ignore pas, s’accroche à mes pas. Je connais mes heures et l’encombrement de mes jours. C’est si simple. Il y a une chose que je sais, j’aime la lumière du jour, ses rythmes et ses éclats. J’ai peur de la nuit. Elle efface les contours, elle perd ceux qui y traînent
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Je me suis attachée à aménager une apparence qui dispose un contour, une sorte de paroi. On ne verrait pas derrière cette paroi. La façade était enviable, assurément efficace. Je m’installais sous le regard des autres. J’existais.
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Magnifique livre qui m a fais penser un peu a Veronique Olmi.
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Anne Révah vous présente son ouvrage "À ma reine" aux éditions Mercure de France.
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