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Laurence Sendrowicz (Traducteur)
EAN : 9782070313839
512 pages
Gallimard (13/05/2004)
3.89/5   57 notes
Résumé :
Naama et son mari Oudi ne sont ni heureux ni malheureux. Une vie de couple bien réglée, une fille de dix ans, des métiers satisfaisants, guide touristique dans le désert pour lui et assistante sociale pour elle. Une vie ordinaire, en apparence. Jusqu'à ce matin où Oudi ne parvient pas à se lever. Ses jambes ne lui obéissent plus, ses membres inférieurs sont paralysés. Lorsque le verdict des médecins tombe - le trouble est de nature psychosomatique -, la mécanique de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Avec « Mari et femme », Zeruya Shalev aborde une nouvelle fois un thème qui lui est cher, celui des relations amoureuses qui se délitent.
Ici, le point de départ de cet effondrement est la subite paralysie d'Oudi, guide touristique. Après des examens à l'hôpital, il s'avère que son mal est entièrement psychosomatique. Naama, sa femme, tente de l'aider du mieux qu'elle peut, mais les reproches incessants d'Oudi, toujours insatisfait, ne cessent de creuser un fossé déjà existant mais rendu visible par la maladie, et surtout désormais impossible à nier.

« Mari et femme » est un roman à la psychologie complexe et très fouillée. le seul point de vue auquel le lecteur a accès est celui de Naama, mère et femme courage qui se nie depuis des décennies (elle est en couple avec Oudi depuis ses 12 ans) pour essayer de faire tenir un mariage dont les morceaux ne cessent de devenir à chaque remarque blessante, à chaque dispute, plus fins. En présence d'Oudi, le débit de ses pensées est saccadé, les phrases s'entrechoquent, montrant une angoisse et une culpabilité sans fin qui l'empêchent d'être lucide sur le fait qu'elle est totalement dépendante de son mari Oudi, qu'elle est manipulée par cet homme jaloux et égoïste. Dès qu'il est absent, il est saisissant de voir combien ses pensées se calment, pour devenir plus lisibles et la rendre (presque) capable de recul sur sa situation.
Pour autant, elle n'est pas totalement une victime, car très vite on soupçonne ce couple de se faire réciproquement du mal : en essayant d'être la femme et la mère parfaite, en essayant de combler par la fusion dans son couple (et dont leur fille se trouve un peu à l'écart) sa propre histoire familiale dont elle souffre encore aujourd'hui, Naama impose un modèle à Oudi qui ne peut qu'échouer, provoquant inévitablement son ressentiment. Un mécanisme broyeur et un cercle vicieux que Zeruya Shalev décrit admirablement.

Toutefois, si ce roman est indéniablement réussi, il m'a bien fallu une centaine de pages pour m'immerger totalement dans ce récit lourd psychologiquement, parfois pénible dans sa crudité, et qui n'est à ce titre pas facile à lire. La souffrance et l'hypersensibilité qui oppressent Naama m'ont prise à la gorge, et la difficulté à la cerner (qu'elle partage elle-même) ne la rendent pas forcément très sympathique (sans même parler d'Oudi, pauvre type antipathique et falot). J'ai eu bien souvent envie de la secouer, à l'instar de certains des personnages gravitant autour d'elle, pour qu'elle décide d'enfin prendre sa vie en main, de se faire passer en premier, de résister à la spirale de dépression dans laquelle elle semble se complaire (et dont elle échappe par la grande compréhension de ses proches, sans se rendre compte de la chance qu'elle a).

Un grand roman qui ne laisse pas indifférent, et qui vaut la peine de s'accrocher dans sa lecture.
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Dans un flot d'écriture obéissant au rythme des émotions du personnage, Zeruya Shalev fait jaillir un texte remarquable qui parle d'un couple en crise.
Les phrases sont longues et ne s'encombrent pas du respect des règles de syntaxe, mais uniquement de celui du coeur et de la sensibilité du personnage. Très souvent, des bouts de dialogues s'invitent au beau milieu de la prose. On est dans un style complètement expressif. Après quelques pages, je m'y suis habituée, les notes sensibles du fil de la narration m'ayant séduite. Il doit y avoir une magie secrète derrière tout cela.
Le texte nous fait vivre la défaite d'un couple, après plusieurs années de mariage. Oudi, « l'homme de sable », guide dans la plaine du Jourdain, tombe dans un état de paralysie inexpliqué. Naama sa femme, est assistante sociale dans un Planning Familial pour femmes enceintes en difficulté. La paralysie d'Oudi est un symptôme du mal être de ce couple, fait de rancunes, de non dits.
L'angoisse de Naama se libère dans ces lignes, et il est bien question d'émotions à maîtriser, justement, lorsque l'auteur évoque le bouddhisme au travers d'un personnage qui viendra soigner le couple. Pour arriver à une paix intérieure, il faudrait justement se défaire de tout ce flot d'émotions.
Une vraiment belle découverte que ce livre, qui m'a transportée dans une tornade incroyable et déstructurée, rythmée au son des émotions vives de Naama, une femme à vif. En lisant, on prend également position.
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Dans ce deuxième roman publié en France, Zeruya Shalev sonde les replis intimes de la vie à deux et dissèque avec subtilité toute la complexité de la vie conjugale. La question du mariage et le choix du partenaire sont si profondément ancrés dans notre inconscient qu'ils sont souvent énigmatiques. C'est ce que nous révèle cette histoire à travers les personnages de Naama, Oudi et leur fille Noga. Ce couple s'est formé à l'adolescence. Ils s'aimaient d'amour tendre ces deux-là, tout à l'innocence de leur âge. Leur entourage était convaincu qu'ils allaient se marier mais eux aussi l'étaient en évoquant une sorte d'injonction inéluctable.

Comment peut-on discerner la réussite de notre couple, l'équilibre de notre famille ? La vie moderne nous submerge d'occupations entre travail et contraintes familiales, nous laissant peu de temps pour la réflexion. Faut-il qu'une difficulté surgisse pour percevoir des failles dans notre fonctionnement qui altèrent dangereusement notre équilibre mental ?

Zeruya Shalev explore les mécanismes de ce couple qui les emmènent progressivement au bord du gouffre. Un jour, Oudi est incapable de se lever, ses jambes ne lui répondent plus. Cet homme, un marcheur expérimenté, qui guide des touristes à travers le désert se retrouve cloué au lit. Après une série d' examens à l'hôpital, le verdict tombe : sa maladie est psychosomatique. Face à cette réalité, Naama et Oudi rejette l'idée d'une hospitalisation en psychiatrie et décident de rentrer chez eux.

C'est en auscultant l'intimité de Naama et Oudi, que l'on découvre le déséquilibre et son poids sur leur existence. Nos jeunes amoureux s'étaient jurés amour et fidélité éternels. Mais le couple fusionnel de leur adolescence a du mal à vivre sa vie d'adulte. Un couple d'adolescents n'a pas les mêmes besoins qu'un couple d'adultes. Ils se sont étouffés l'un l'autre en se forçant à s'aimer comme à quinze ans. Tous les deux naviguent avec peine à travers un océan d'incompréhension, de communication lacunaire et de tentatives de fuite qui engendrent frustration, ressentiment et mal-être laissant ce couple désarmé face à ces épreuves.

Le roman est construit autour du dialogue intérieur de Naama, figure centrale qui porte une autorité tacite sur toute la famille. Incarnant successivement le rôle d'épouse, de mère et exerçant comme assistante sociale, Naama aspire à orchestrer chaque aspect de la vie familiale selon ses volontés. Mais, elle se trouve ainsi prisonnière du modèle initial : atteindre l'idéal d'une famille parfaite. Naama est malgré tout un très beau portrait de femme, à la fois combative, sensible et déterminée à sauver sa famille.

Ce roman explore avec beaucoup de subtilité la façon dont les déséquilibres que nous traversons agissent comme des révélateurs sur notre propre nature.
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Naama et son mari Oudi se connaissent depuis l'adolescence, sont mariés et ont une fille de dix ans.
Ils mènent une vie de couple ordinaire, plutôt fusionnelle quand même, jusqu'au jour où Oudi se réveille avec les jambes paralysés.
Les médecins ne décèlent aucune cause physique, c'est, selon eux, un symptôme de "conversion".
D'ailleurs ce symptôme se déplace, se portant sur les yeux, puis le corps tout entier.
Peu à peu Naama est obligée de prendre conscience que le fonctionnement de leur couple est peut-être à modifier.
Elle doit aussi admettre que tout n'est pas de la faute d'Oudi.
Elle aussi, avec son habitude de tout prendre à sa charge, de colmater tous les problèmes, de chercher à être parfaite, doit admettre que la "fusion amoureuse" recherchée a abouti au résultat contraire.

Dans ce roman, encore plus réussi que le précédent "Vie amoureuse", Zeruya Shalev a réussi à mettre à nu le déroulement de la pensée d'une femme.
Par un style délibérément libéré de la ponctuation classique, elle permet de suivre les méandres de la pensée de Naama, torturée par la culpabilité, mais en même temps sûre de sa bonne conscience de mère, d'épouse et de fille.
Il lui faudra faire un travail énorme sur elle-même pour réussir, peut-être pas à sauver son couple, mais au moins à vivre en harmonie avec elle-même.
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Un livre pas facile à lire mais très beau. Pas simplisme mais bien plutôt très réaliste sur les relations qui se tissent au fil des années à l'intérieur d'un couple. Les concessions, les non dits, les culpabilités sur lesquelles on peut arriver à se figer ou s'enfermer et qui peuvent conduire à l'oubli de soi puis au délitement de l'amour pour l'autre qui est pourtant là tapit dans les coeurs. Ces écueils vont même jusqu'à étouffer l'entant au sein de la famille. Ajouter à cela le poids de son enfance que l'on a pas su ou pas pu évacuer et qui peuvent aussi être un frein à l'épanouissement et la réalisation de soi voire du couple. Analyse fine qui pousse à la réflexion.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Chaque matin, lorsque je sors de chez moi, la chaleur sui se colle à ma peau comme un manteau de fourrure moulant et inamovible me rappelle le déguisement de lapin qu’on avait confectionné à Noga à l’occasion d’une des fêtes de Pourim, les poils synthétiques la couvraient de la tête aux pieds et quand après le défilé je m’étais penchée sur elle pour l’aider à se déshabiller, la fermeture Eclair s’était coincée, la condamnant à rester petit lapin toute sa vie.
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Dans un flot d’écriture obéissant au rythme des émotions du personnage, Zeruya Shalev fait jaillir un texte remarquable qui parle d’un couple en crise.
Les phrases sont longues et ne s’encombrent pas du respect des règles de syntaxe, mais uniquement de celui du cœur et de la sensibilité du personnage. Très souvent, des bouts de dialogues s’invitent au beau milieu de la prose. On est dans un style complètement expressif. Après quelques pages, je m’y suis habituée, les notes sensibles du fil de la narration m’ayant séduite. Il doit y avoir une magie secrète derrière tout cela.
Le texte nous fait vivre la défaite d’un couple, après plusieurs années de mariage. Oudi, « l’homme de sable », guide dans la plaine du Jourdain, tombe dans un état de paralysie inexpliqué. Naama sa femme, est assistante sociale dans un Planning Familial pour femmes enceintes en difficulté. La paralysie d’Oudi est un symptôme du mal être de ce couple, fait de rancunes, de non dits.
L’angoisse de Naama se libère dans ces lignes, et il est bien question d’émotions à maîtriser, justement, lorsque l’auteur évoque le bouddhisme au travers d’un personnage qui viendra soigner le couple. Pour arriver à une paix intérieure, il faudrait justement se défaire de tout ce flot d’émotions.
Une vraiment belle découverte que ce livre, qui m’a transportée dans une tornade incroyable et déstructurée, rythmée au son des émotions vives de Naama, une femme à vif. En lisant, on prend également position.
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"si seulement on pouvait se débarrasser à jamais de la culpabilité, cette fausse amie aussi invisible que perfide, si seulement on pouvait éviter de se charger du poids de l'autre et rester chacun à regarder par son bout de la lorgnette"
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