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EAN : 9782311101485
240 pages
La Librairie Vuibert (15/02/2016)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Une biographie de référence pour les soixante-dix ans de la fermeture des maisons closesElle a laissé son nom à la loi de 1946 fermant les maisons closes, mais c'est son destin qui a fait de Marthe Richard une figure d'exception.Adolescente prostituée au tournant du siècle, devenue pionnière de l'aviation et espionne en 14-18 (à défaut de pouvoir participer à l'effort de guerre en tant qu'aviatrice), elle est élevée au rang d'héroïne nationale dans les années 1930. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Marthe Richard ! Voilà un nom que beaucoup d'hommes à l'époque - et peut-être encore de nos jours ? - n'ont probablement guère apprécié, à cause de la loi en France, sur la fermeture des maisons closes. Une loi votée, qui plus est, en 1946, l'année de ma naissance !
Mais blague à part, la vie de Marthe Richard se lit, même sur Wiképedia, comme un thriller. À plus forte raison la biographie que Natacha Henry en a fait, vous offre des surprises à gogo. le titre : " Marthe Richard, L'aventurière des maisons closes" pourtant pose un problème dans la mesure que l'existence de cette Française ne se limite pas à l'interdiction des bordels et lupanars, loin delà.

Ce que Natacha Henry propose est de raconter "la femme derrière la légende". Rien de moins ! Car légendaire elle est incontestablement. Les caractéristiques dont elle a été affublées sont, en ordre alphabétique, : aviatrice, collaboratrice, écrivaine, espionne, lesbienne, mythomane, politicienne, prostituée et résistante. Ce qui fait beaucoup pour une seule personne. Un véritable cocktail molotov, dont certaines "étiquettes" ne sont guère engageantes, tandis que d'autres impliquent esprit d'initiative et courage. En d'autres termes, il convient de nuancer son jugement à la lumière de ce qui fut vraiment sa vie. L'inconvénient est que l'on ne peut, malencontreusement, pas trop se fier à ses propres témoignages, tels qu'ils ressortent de ses oeuvres biographiques : "Mon destin de femme" de 1974, "Espions de guerre et de paix 1920-1938" de 1938 , et "Mes dernières missions secrètes, Espagne 1936-1938", de 1939, qui contiennent des passages fantaisistes ou la réalité se trouve "édulcorée".

Née en 1889 en Lorraine près de la frontière allemande, en milieu défavorisé (mère hypocondriaque, père alcoolique), la jeune Marthe ne pensait qu'à fuir cet environnement accablant et réaliser son propre destin. Vu le départ plutôt problématique, déjà très jeune, elle estimait qu'elle avait une revanche à prendre. Son mariage, en 1915, avec Henri Richer (mort l'année après dans la bataille de la Marne), son brevet de pilote aviateur (n° 1369), en 1913 (à 24 ans), son grave accident, la même année, - qui la rendra stérile et frigide - ses efforts pour entrer dans l'armée de l'air, comme combattante, en sont des illustrations évidentes.

Mais pour les peu de femmes devenir pilote de guerre n'est pas possible, comme le chef de l'aéronautique militaire lui fait savoir par lettre. Sa présence fréquente près des aérodromes attire l'attention du chef du Deuxième Bureau, le commandant Georges Ladoux (1875-1933) qui lui propose d'entrer au contre-espionnage. Je ne vais pas résumer ses activités d'espionne. Je signale que son chef en a fait un récit : "Marthe Richard : Espionne au service de la France" en 1932. Un petit détail tout de même : en espionnant le neveu du général Erich Ludendorff, elle croise, à Madrid, sa fameuse collègue Mata Hari (la Hollandaise Margreet Zelle 1875-1917), également recrutée par Ladoux, mais fusillée peu après. de même que je vous la laisse découvrir, en 1936 en Espagne et lors de la 2ème guerre mondiale à Vichy et Paris. Son rôle de grande résistante a été contesté par entre autres Jacques Delarue. À sa mort en 1982, à l'âge de 92 ans, la controverse subsistait toujours.

Quoi qu'il en soit, elle a eu son heure de gloire et fut élue conseillère municipale à Paris, où elle passera dans l'histoire avec la loi qui porte son nom. Sans vouloir rouvrir les longs débats à la Chambre des députés en 1945-1946, on peut bien sûr se poser la question si "la loi dite Marthe Richard" a été finalement une bonne chose ? Pour les hommes qui abusaient des filles et femmes, comme les proxénètes, souteneurs, criminels etc. sûrement. Pour les femmes et filles sans moyens qui optaient pour une solution de prostituée, c'est déjà moins évident. Les pauvres filles en étaient réduites à déambuler dans les rues, tandis qu'une minorité de 'poules de luxe' pouvait gentiment continuer à gagner des sous avec leurs 3 ou 4 clients fortunés. Bref, une telle loi poussait les victimes dans l'illégalité avec tous ces dangers. le développement de l'Internet avec ses 'offres d'emploi et de loisirs' et ses circuits mafieux, tout comme la précarité de la situation d'un nombre important de réfugiées, sont à mon avis des facteurs qui, de nos jours, mettent la question dans un autre contexte.

L'option la plus radicale, pratiquée par la Suède, qui l'interdit complètement tout en punissant les clients, va le plus loin, mais arrange les circuits mafieux et illégaux. Comme l'éradication de la prostitution par une loi relève de l'utopie, la plupart des pays préconisent des solutions intermédiaires : concentration des bars et clubs spécialisés à des endroits limités, visites médicales obligatoires, mesures administratives, fiscales etc. L'essentiel est, à mon avis, d'offrir le maximum de garanties de sécurité à ces femmes et filles, tout en préservant les intérêts de la société par un système de règles et mesures bien réfléchies et facilement contrôlables. Ceci ne sont que quelques réflexions par quelqu'un qui n'est pas qualifié en la matière et ne dispose, de toute façon, pas des éléments et données indispensables à un jugement fondé et équilibré.
Les bonnes intentions de Marthe Richard ne sauraient, en revanche, pas faire l'ombre d'un doute.

Une autre biographie retraçant son parcours peu ordinaire est celle d'Élisabeth Coquart : "Marthe Richard. de la petite à la grande vertu", parut en 2011 chez Payot.

Ouf ! Il me faut admettre que je sois content d'être arrivé au bout de cette chronique. Une héroïne dont la vie n'a pas été très rectiligne et un dossier "chaud" comme celui de la prostitution, tout en voulant être impartial, a été un défi qui ne m'aura pas fait rajeunir....donc, de grâce, ne tirez pas sur le pianiste.

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