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EAN : 9782919755127
303 pages
Scrineo (03/05/2012)
3.77/5   22 notes
Résumé :
La photo diffusée à la télévision d’un vieillard assassiné replonge Nathalie dans le drame de son enfance…
Elle le reconnait, c’est lui, le mystérieux individu, le dernier homme qu’ait vu sa mère avant de se suicider trente ans auparavant. Que lui a-t-il chuchoté à l’oreille ce jour-là ? Elle doit savoir et revenir sur son passé, renouer avec sa famille et ses secrets.
Son enquête commence et, plus elle avance, plus le mystère s’épaissit. Un tueur psyc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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C'est ce titre particulièrement accrocheur qui avait orienté mon choix dans le masse critique de Babelio. La photo sur la première de couverture est aussi peu rassurante, cette petite fille au regard sombre qui vous glace, bref cela promettait d'être un bon thriller tout comme la quatrième de couverture. Ce fut le cas même si l'on n'est pas transcendé par la peur ou l'angoisse. Il y a quelques passages effrayants et c'est suffisant.

Quatrième de couverture : Marseille, vendredi 20 juin 1986.
Nathalie alluma la télévision. Les informations commençaient.
- Torturé et brûlé vif pour lui dérober ses économies. Maurice Picon, un paisible retraité, a été assassiné sauvagement dans sa maison de Cassis, dans les Bouches du Rhône.
A ce moment, le visage de la victime apparut à l'écran. Une simple photo d'identité qui montrait un homme âgé, aux traits fins et au regard félin. Nathalie porta ses mains à sa bouche.
- Oh, mon Dieu !
Elle aurait voulu crier, mais aucun son ne sortit. Ses yeux étaient rivés sur la télévision. Ce visage, même trente ans plus tard, elle ne pouvait l'oublier. Cet homme avait marqué sa vie de façon irréversible. Un fantôme du passé resurgissait devant elle !

Trente ans plus tôt presque jour pour jour, Maurice Picon a été la dernière personne à parler à la mère de Nathalie. Deux heures plus tard, celle-ci se suicidait. Pour comprendre et renouer avec ses souvenirs enfouis, Nathalie va retourner sur les traces de son enfance en Touraine.
Une enquête haletante, une histoire émouvante inspirée de faits réels qui ont défrayé la chronique de l'après-guerre.
Le cahier documentaire en fin d'ouvrage revient sur ces dossiers, l'affaire Finaly et l'affaire Lecoz.

L'auteur Vincent Desombre est reporter pour la télévision. Après avoir travaillé comme journaliste pour les grandes chaînes françaises, il est aujourd'hui auteur-réalisateur de films. Par ce livre, il nous montre qu'il peut aussi être écrivain. En effet, il a su utiliser deux faits réels, les imbriquer, pour en faire une histoire intéressante et plus que plausible. le cahier documentaire en fin d'ouvrage est d'ailleurs une excellente idée, il donne encore plus de sens et de vie au roman.

Nathalie est une jeune femme divorcée et mère d'une ado un peu déjantée Cloé. Son ex-mari Paul est un journaliste coureur de jupons. La photo de Maurice Picon, ce retraité assassiné, va complètement ravager Nathalie, déjà au bord de la déprime. Elle va devoir fouiller dans ses souvenirs et revivre un passé lourd et difficile afin de comprendre pourquoi cet homme a tellement traumatisé sa mère. Fervente catholique, elle s'était suicidée, geste qui lui avait définitivement fermé les portes du Paradis.
Seule, Nathalie retourne dans sa région natale, interroge les voisins, sa tante et les membres du couvent qui l'ont vu grandir. La vérité est d'autant plus difficile à découvrir que trente années se sont écoulées. Durant ce laps de temps, des témoins ont péri, des preuves ont été perdues ou volontairement détruites et plusieurs personnes veillent à ce que le secret soit bien gardé. Ce mystère est suffisamment important pour que nul ne veuille l'éventer. L'enquête de Nathalie sera donc longue, pénible et périlleuse. Mais elle aura tout de même des points positifs, Paul et Cloé finiront par être auprès d'elle pour l'aider et de nouveaux liens se formeront.

Le roman se lit très vite, les chapitres sont courts, les pages se tournent rapidement tant le style d'écriture est fluide et agréable. L'auteur nous offre quelques descriptions non tapageuses, juste ce qu'il faut pour nous placer le décor et nous faire partager les émotions des personnages. L'auteur laisse beaucoup de places aux dialogues pour mettre en valeur l'enquête, les interrogatoires, les témoignages, ainsi on a l'impression d'être un spectateur à part entière. le mystère, une fois éclairci, nous offre des informations sur notre Histoire tout comme le faisait déjà le roman « Ainsi finissent les salauds » précédemment lu lors d'un autre masse critique. Décidément, il y a encore des horreurs insoupçonnées qui ont été commises durant la Seconde Guerre Mondiale.
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Le lecteur se demande souvent où les auteurs vont il puiser leurs idées pour échafauder un scénario et écrire leur roman. Parfois , à lecture d'interviews ou de rencontres à l'occasion d'un salon littéraire celui-ci parvient il à satisfaire sa curiosité.

Les éditions Scrineo ont la particularité d'offrir à la fin de chacun des romans qu'elles publient un dossier documentaire sur les affaires qui ont pu inspirer l'auteur, où traiter un thème en lien direct avec celui abordé dans le roman publié.

Dans celui-ci, l'auteur nous présente dans un style journalistique deux affaires qui avaient défrayé la chronique au sortir de la guerre et qui l'ont directement inspiré pour écrire son livre. Intéressant dès lors de voir comment celui-ci peut s'approprier un fait divers pour le retranscrire dans son oeuvre, même si le lecteur serait fort mal inspiré de commencer par la lecture de ce dossier avant celle du livre, s'il ne veut pas se gâcher le plaisir de la découverte.

Journaliste de formation ayant travaillé pour les principales chaînes françaises, Vincent Désombre, devenu entre temps auteur-réalisateur de films, signe là son tout premier roman.

Quand elle apprend que Maurice Picon, un retraité, a été sauvagement assassiné chez lui pour se faire dérober ses économies, Nathalie n'y voit là qu'un fait divers de plus qui vient se rajouter à la longue liste de ceux qui quotidiennement défrayent la chronique à la une des journaux.

Pourtant, quand le visage de la victime s'affiche sur son écran télé, c'est le choc. Tétanisée, le souffle coupé, ses yeux ne peuvent quitter ce portrait qui s'affiche et qui la ramène des dizaines d'années en arrière.

Un passé douloureux, personnifié par ce visage, celui de cet inconnu qui trente ans plus tôt s'était présenté chez ses parents.

C'est une petite fille qui à l'époque avait ouvert la porte, avait suivi l'homme jusqu'à sa maman et l'avait vu lui murmurer quelque chose à l'oreille. C'est elle seule qui avait vu sa mère devenir hystérique et supplier à genou l'homme qui, indifférent, était reparti comme il était venu. Quelques minutes plus tard, une détonation avait retenti. Un suicide maternel et une vie en devenir marquée à jamais par le drame.

Ce passé réveillé, Nathalie décide de l'affronter en remontant le cours de ses souvenirs et de son histoire personnelle en enquêtant sur cet homme qui a fait voler sa famille en éclat et anéanti l'insouciance de sa jeunesse. Dans cette enquête tortueuse elle finira par y entrainer son ex-mari, journaliste survivant d'un cancer, et sa fille, jeune ado délurée qui s'invente détective pour l'occasion.

Cette enquête les mènera à une vieille tante encore vivante ( plus pour longtemps !), à une confrérie dont il ne reste que peu de survivants et qui semble avoir gardé un sombre et lourd secret. Pendant ce temps là le Lynx épie, et tue en silence. Car dans ce roman le chasseur n'est pas forcément celui qu'on croit.

« Maudite soit elle » est un thriller de facture classique, bien maîtrisé. Des chapitres courts pour imprimer le rythme, des dialogues nombreux mais brefs pour inscrire l'action dans le présent alors que l'histoire enchaine des flashbacks pour poser au fil des pages les éléments constitutifs du drame, et parfois, une approche cinématographique originale de l'histoire. La plume de l'auteur se fait par moment caméra et opère des travelings ou des plans zoomés sur des détails que ne voit pas l'héroïne, sur des scènes qu'elle ne vit pas.

Voilà donc un roman respectueux des codes du genre. A aucun moment celui ci ne compte de temps mort, le scénario plutôt équilibré ne souffre pas de faiblesse, et le lecteur n'arrivera pas à déduire lui-même le pêché originel qui conduit à ces morts.

Pour autant, je n'ai pas été totalement conquis par ce roman. Je trouve qu'il lui manque une âme, une saveur, ce petit quelque chose qui fait que l'on adhère et qu'on se laisse capturer par l'auteur, et amener où bon lui semble.

J'ai eu du mal à m'attacher au personnage de Nathalie, et encore plus à son mari et à sa fille, dont la présence n'apporte finalement pas grand chose au roman si ce n'est de disperser l'intérêt que l'on pourrait porter au personnage principal.

A ce manque d'empathie pour l'héroïne s'ajoute le déroulement de l'histoire, fait d'une succession de visites de lieux et de personnages, de passage en revue de points de vue, qui n'arrivent pas à entretenir un suspens angoissant que je n'ai d'ailleurs pas vraiment ressenti au fil des pages. Pourtant l'histoire du tueur et son parcours elle, est intéressante.

Enfin, le final aurait peut être gagné en efficacité s'il avait été dispensé de l'apparition soudaine d'un élément qui, sans doute visait à rajouter du spectaculaire et de l'angoisse mais qui n'aura fait qu'altérer la crédibilité d'un dénouement pourtant bien amené jusque là.

Ces réserves formulées, n'oublions pas qu'il s'agit d'un premier roman, et que celui-ci témoigne malgré tout d'une imagination créative évidente chez cet auteur.

La lecture de ce roman n'a d'ailleurs pas été sans me rappeler un autre écrivain, que j'avais lu et apprécié il y a quelques années, Laurent Botti, dont je trouve l'univers assez proche.

Vincent Desombre a des choses à dire et il sait raconter une histoire, c'est évident.Sortir un premier roman oblige sans doute à respecter les codes avant de pouvoir s'en affranchir, et user aussi de petites recettes qui ont assuré le succès d'autres avant lui.

Ce premier roman s'il souffre des quelques défauts évoqués, reste malgré tout agréable à lire. Nul doute qu'avec le temps son écriture se patinera d'expérience et qu'il sera un auteur à suivre dans les prochaines années.
Lien : http://passion-polar.over-bl..
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Ce livre, je l'ai reçu chez moi grâce à l'opération masse critique, d'ailleurs je voudrai remercier d'entrée Babélio ainsi que l'éditeur Scrinéo, pour cette initiative.
Au départ, je suis resté assez longtemps sur la réserve dans ma lecture, tant la mise en place de l'histoire traîne, certes il faut faire connaissance avec les différents protagonistes, mais l'ensemble reste long.
Mais, c'est environ au milieu du roman, que, pour ma part, je suis vraiment entré dans l'histoire, pour ne plus en perdre une miette jusqu'à la fin.
Si l'action se déroule dans les années 80, de nombreux flashbacks bien situés dans des paragraphes relativement courts, nous entraînent dans des périodes antérieures, comme les années soixante et surtout pendant la deuxième guerre mondiale, et les situations souvent révoltantes qui ont eu lieu à cette période, et dont on ne peut être fier.
Bien sur, je ne m'étendrai pas sur le contenu pour éviter d'enfreindre le suspense pour les futurs lecteurs.
Globalement, le roman de Vincent Desombre, qui est son premier, souffre certainement de quelques imperfections, comme les longueurs citées plus haut, mais je pense qu'on a affaire à un auteur qui n'a pas fini de surprendre.
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Nathalie, divorcée, maman de Cloé, va découvrir aux infos la photo d'un retraité assassiné.
Cette image fait ressurgir en elle un très mauvais souvenir vieux de 30 ans. Celui d'un homme venu parler à sa mère, qui se suicidera après son départ.
Elle décide de comprendre pourquoi cet homme avec quelques mots chuchotés a détruit sa vie.
Elle retourne dans sa région natale pour retrouver voisins, amis, parents et découvrir une vérité qui s'avère bien difficile à faire ressurgir même et surtout 30 ans plus tard.
Ses recherches vont entraîner la mort de témoins, la disparition de preuves, et vont s'avérer longues, pénibles et périlleuses.
Que s'est-il passé pour que sa mère, fervente catholique, se suicide ?
Pourquoi Nathalie a-t-elle la sensation d'être le coeur du problème ?
Pourquoi ce silence ? Même sa tante, soeur de sa mère semble taire un terrible secret.

Des chapitres qui alternent les faits du moment et des retours 30 ans en arrière.
Enquête, témoignages, dialogues, nous donnent l'impression d'assister aux recherches de Nathalie.

Il est à noter que Vincent Desombre s'est servi de 2 affaires réelles de la fin de la seconde guerre mondiale pour créer son roman.

Une écriture simple et efficace, des personnages convaincants et mis en valeur au travers leur comportement.
Une belle construction pour ce roman-polar-thriller-historique.
Une lecture fluide qui nous entraîne page après page.

Un petit plus, un cahier documentaire d'une quinzaine de pages en fin de livre pour nous présenter les 2 faits qui ont inspiré l'auteur.
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Qui est-elle ?

Inspiré de deux fais divers des années cinquante, ce roman met en lumière des événements s'étant déroulés à partir de 1944.
Ils sont d'ailleurs détaillés dans le « cahier-documentaire » en fin d'ouvrage.
Cette façon de faire est originale et apporte un vrai complément à ceux qui aiment connaître ce qui a pu servir de base à une oeuvre littéraire.

Le présent dans le livre est indiqué par l'année 1986 mais nous ferons des sauts dans le passé : 1944, 1946, 1956, 1968 (et ses barricades) et d'autres périodes seront évoquées.
Chaque début de chapitre nous situe le lieu, le jour précis et l'heure.
De ce fait, aucune difficulté pour suivre les différentes situations et les personnages qui y sont rattachés. de plus, le lecteur ne peut pas se perdre tant l'écrit est net, précis, dépouillé de toute fioriture, sans digressions. L'histoire est racontée à la troisième personne, par un narrateur et nous accompagnons les différents personnages de ce récit.

Nathalie, jeune mère d'une adolescente rebelle, Cloé, s'est séparée de Paul, son mari journaliste car il court le guilledou. Elle est blessée dans son amour propre, mal à l'aise devant le comportement de sa fille et, comme tout un chacun à un tournant de sa vie, elle ne sait pas trop ce qu'elle veut.
Un simple flash aux informations télévisées va bouleverser sa vie, celle de ses proches et entraîner d'autres personnes dans des remous.
Nathalie est vive, parfois colérique (et à ces moments là, son vocabulaire se relâche….) mais si on creuse sous la carapace, c'est une jeune femme fragile qui ne sait peut-être pas toujours très bien communiquer, dire ce qu'elle ressent. Elle est opiniâtre et, puisqu'elle a décidé de comprendre, elle ne lâchera plus jusqu'à ce qu'elle aboutisse et que la lumière soit faite. Elle a besoin de savoir pour continuer à vivre sinon elle ne sera pas en paix.

Il va m'être difficile de parler du contenu de cet opus car le déflorer serait très dommage pour les gens amateurs de suspense….car il y en a et beaucoup.
La construction même du livre (alternance passé présent nous laissant soigneusement sur notre faim chaque fois) provoque chez celui qui lit l'envie de tourner les pages encore et encore pour savoir ce qu'il en est. Secrets de famille bien (mal) gardés, « cadavres dans les placards », relations complexes entre les uns et les autres, hommes ou femmes à plusieurs visages, poids de la culpabilité, influence du passé, de la religion, femmes soumises n'osant pas se révolter, nous allons tour à tour découvrir les uns et les autres.

L'auteur, habilement, sème ça et là des indices indispensables à la compréhension finale qui se fera, très vite, en peu de pages, à la manière d'un coup de théâtre, nous laissant estomaqués devant tant de non-dits. Mais il est vrai, que, replacés dans le contexte de l'époque, les choix peuvent s'expliquer (je n'ai pas dit forcément se comprendre…)

Ce roman est très visuel (par exemple, les descriptions physiques des personnages sont courtes mais très ciblées), on ressent que l'auteur travaille aussi dans le cinéma (d'ailleurs je verrai très bien une adaptation de ce livre en téléfilm). Les lieux aussi, à Marseille comme à Tours, sont installés en quelques mots. Cela donne vie au texte, transmet du rythme au contenu des chapitres qui sont eux-mêmes, assez courts.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture, sans temps mort, j'étais pressée de connaître la suite, de voir se mettre en place toutes les pièces du puzzle qui se construisait sous mes yeux pour enfin, savoir qu'elle était le lien entre Nathalie et l'homme qu'elle avait vu aux infos….

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Elle alluma la télévision. Les informations commençaient. Le présentateur annonça les titres :
– Une nouvelle personne âgée sauvagement tuée dans le sud de la France, la dixième depuis le début de l’année. Incertitude concernant la libération des otages au Liban. Grève à la télévision. Vive émotion après la mort de Coluche, son corps a été rapatrié sur Paris…
Nathalie n’en croyait pas ses oreilles : Coluche ne venait qu’en quatrième position ! Coluche, quand même !
– Torturé et brûlé vif pour lui dérober ses économies. Un nouveau fait divers révoltant et inquiétant, un de plus, et celui-ci est particulièrement barbare. Maurice Picon, un paisible retraité, a été assassiné sauvagement dans sa maison de Cassis, dans les Bouches-du-Rhône. Après la série sanglante des vieilles dames tuées à Paris, on est en droit de se demander si le phénomène ne s’étend pas à la France…
– Allez, c’est ça, foutez donc les pétoches au bon peuple ! Il vous le rendra dans les urnes ! Tous des cons, ces journalistes. T’es d’accord, le chat ?
Haydn, bien calé sur les genoux de sa maîtresse, ronronnait.
– Maurice Picon, soixante-seize ans, habitait cette jolie maison des hauteurs de Cassis. Ses voisins décrivent un homme discret, toujours d’une grande amabilité…
À ce moment, le visage de la victime apparut à l’écran. Une simple photo d’identité qui montrait un homme âgé, aux traits fins et au regard félin. Nathalie porta ses mains à sa bouche.
– Oh, mon Dieu !
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– Excusez-moi, mademoiselle. Votre cigarette, s’il vous plaît : nous allons atterrir.
Toujours sans lui adresser le moindre regard, Nathalie écrasa son mégot dans le cendrier de l’accoudoir.
– Mademoiselle ? insista l’hôtesse.
Nathalie la fixa alors de ses grands yeux noirs. Un rictus énervé agitait son visage.
– Quoi encore ?
– Votre ceinture, s’il vous plaît Mademoiselle, termina l’hôtesse sans se départir de son large sourire.
Nathalie lui répondit par un sourire forcé et boucla sa ceinture. L’hôtesse s’éloigna et elle put enfin reprendre la lecture de son journal. Un accident stupide. Michel Colucci s’était tué en percutant à pleine vitesse un camion. Coluche motard ? Fan de vitesse ? L’article rappelait qu’il avait battu le record du monde à moto de vitesse du kilomètre lancé : 252 kilomètres à l’heure. Elle n’en avait jamais entendu parler. Malgré cela, l’accident lui semblait louche et elle se demandait s’il n’y avait pas un complot derrière tout ça. Libé n’évoquait même pas cette possibilité et ce silence lui parut suspect. Le comique dérangeait. Sa mort arrangeait trop de monde. Sa candidature aux élections de 1981, les Restos du cœur… Étrange, non ? Songeuse, elle replia le journal et le glissa dans son sac.
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Sous la fenêtre, des jeunes passèrent en riant dans la rue. L’homme éteignit le téléviseur et tendit l’oreille. Il attendit un certain moment dans le noir. Les rires s’éloignèrent. Le silence de la nuit emplit de nouveau la maison. Il alluma la lampe sur le guéridon. La pièce s’éclaira. Partout, des papiers, des livres, des coussins jonchaient le sol. Du pas traînant des vieillards, il traversa la pièce jusqu’à la cheminée et se saisit du tisonnier. Puis il revint sur ses pas et s’arrêta devant l’autre homme, celui qui semblait dormir dans le fauteuil. Il n’avait toujours pas bougé. Sa tête était renversée vers l’avant, les bras ballants.
Il resta bien une bonne minute à l’observer. Sa main tremblait. Il leva alors le tisonnier et enfonça sa pointe dans les côtes du dormeur. L’autre ne réagit pas. Pas un souffle de vie ne s’échappait de son corps. Il recommença, avec plus de force cette fois-ci et plus haut, sur la tempe. La tête bascula en arrière, comme un poids mort.
Mort était le mot.
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Au fond de l’avion, Nathalie, absorbée par la lecture de Libération, tira une taffe de sa Gauloise et en expira longuement la fumée. En couverture, une photo en noir et blanc prenait toute la page. Coluche, en chemise à fleurs, l’air grave, presque perdu, se tenait la tête. Et un titre : « C’est un mec, y meurt… » Coluche était mort ! Le comique s’était tué la veille en moto sur une petite route du sud de la France. Il avait quarante ans. Presque comme elle… Elle en avait quarante-deux.
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C’était le cimetière miséreux d’un pays miséreux. Un pays de sépultures en ciment, noircies par les mousses et le temps qui passe. Un pays de croix rouillées, de noms effacés, de morts oubliés.
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