José-Alain Fralon s'attache aux pas de
Maurice Ronet, qui fut l'une des personnalités les plus intéressantes du cinéma des années 50 au début des années 80. Il tourna beaucoup, en France, en Espagne, en Italie, en Allemagne, à Hollywood. Il incarna des personnages de séducteur fragile, de dandy désabusé, de noceur cynique, de mondain suicidaire… Mais il valait beaucoup mieux que ces clichés.
Il fut avantageusement comparé à
Alain Delon, avec qui il tourna quatre fois et qui le tua deux fois. Deux beaux gosses, deux regards magnétiques, deux bad boys, deux hommes réputés de droite. Ronet admirait
Brasillach, se passionnait pour Céline, fréquentait les hussards
Blondin et Nimier, aidait Robert le Vigan exilé en Argentine.
À son actif, pas mal de films médiocres et quelques nanards. Mais au moins six films remarquables : Rendez-vous de juillet, Ascenseur pour l'échafaud, Plein soleil, le feu follet, La piscine, Raphaël ou le débauché. Sans compter ses mémorables participations à La femme infidèle, Mort d'un pourri et La balance.
Fralon rappelle que Ronet ne fut pas qu'un acteur. Il mit en scène plusieurs films. le voleur du Tibidabo fut un désastre.
L'île des dragons un étrange documentaire sur les varans de Komodo. Il filma la guerre de décolonisation au Mozambique. Pour la télévision il adapta deux fois
Edgar Poe et une fois
William Irish. Il réalisa au moins un chef d'oeuvre : Bartleby, d'après
Herman Melville qui, en 1976, enchanta la critique et le public. Il fit un livre d'entretiens avec
Hervé le Boterf :
le métier de comédien.
Fralon a interrogé les femmes, les amis, les témoins. Il reconstitue la vie « mystérieuse et disloquée » de ce comédien dilettante et irremplaçable.