Pour une fois qu'un titre traduit parfaitement le contenu d'un album sans trop en dévoiler, on ne va pas bouder son plaisir.
Mélodrame, c'est vrai, on nage en plein dedans. Et Biélorusse, c'est vrai en partie, mais nous traverserons également d'autres contrées qui ne sont pas sans charme…
La vie de notre héros camionneur n'est pas glorieuse tous les jours, entre les collègues crétins et la monotonie de l'activité à effectuer : « J'ai une vie assez simple. Je conduis un camion d'un point A à un point B. Evidemment, plus jeune, j'aspirais sûrement à autre chose. Mais qui s'en souvient ? ». Mais Kolsmalsky ne se formalise pas de son sort et il sait cueillir les opportunités lorsqu'elles se présentent à lui. Dernière en date, à la base de ce mélo : la possibilité d'aller en Biélorussie pour livrer un béluga alors que se tient une compétition nationale de tennis. L'occasion rêvée pour Kolsmalsky de rencontrer sa tenniswoman préférée : Makarina.
Sur cette base simple viennent se greffer des embryons d'histoires toutes plus absurdes les unes que les autres, telles la rencontre avec un producteur de frites qui se terminera en orgie, l'obligation de se farcir la grosse assiette de choucroute des allemands ou d'assister à un spectacle de bélugas. Tout cela paraît bien mignon mais avec Kolsmalsky, les choses dégénèrent vite et l'histoire part dans le décor. Plus on tourne les pages, plus on s'enfonce dans l'absurde, dans le grotesque, dans le salace et dans le gore, ceci dit sans aucun dégoût mais avec, au contraire, une satisfaction intense, parce que cette progression est menée à très bon rythme et parce que les blagues ne retombent jamais.
Le dessin colle bien avec cette ambiance absurde. Les personnages empruntent presque au burlesque de Chaplin, tant il semble que leurs mouvements sont raides, mécaniques et privés de toute humanité. Leur jeu est comparable à celui de marionnettes perdues au milieu de ces pages dans l'unique but de répéter toujours les mêmes paroles et d'accomplir les mêmes gestes. Seul Kolsmalsky garde une petite part d'humanité et d'originalité –heureusement puisqu'il s'agit du personnage principal.
Melo Bielo, cynique et absurde à souhait, est donc la lecture idéale des mauvaises journées au cours desquelles on aurait envie de faire la peau à tout le monde. Mais s'il fallait n'en retenir qu'une chose, ce serait la suivante : méfiez-vous des bélugas !
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