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EAN : 9782378800260
105 pages
L' Iconoclaste (05/09/2018)
3.95/5   51 notes
Résumé :
« Je voudrais que l’on dise ce que vivent les gens, que l’on raconte les quartiers, les immeubles, l’argent qui manque, l’absence de reconnaissance. Je voudrais oser les mots ghetto, stigmatisation, relégation. Je voudrais appeler à la clémence, au doute. Je voudrais que l’on se soucie des abandonnés. »

Il est avocat pénaliste depuis trente ans. Enfant des cités, sa vocation est née de son histoire. Et parce que la misère côtoyée par le passé est cell... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Concise lecture fort instructive que ce témoignage d'un professionnel du barreau. A priori, je n'avais pas l'intention de commenter mais ayant jeté un oeil sur les critiques et ayant discuté âprement avec un spécialiste du "droit chemin", puis m'étant amusé des postures prises par les habituels donneurs de leçon souvent eux-mêmes corrompus, liées à l'actualité, je me fends d'un petit billet.
L'auteur utilise son titre pour mieux le démentir et nous asséner son point de vue : les personnes qualifiées de monstres, qu'ils soient dictateurs, pédophiles, assassins... n'en sont pas.
Ils font partie de l'humanité et les renvoyer en dehors de celle-ci par ce subterfuge sémantique n'est qu'un moyen de refuser la réalité de l'espèce humaine. de se protéger de ce qui se cache en nous.
Voilà, c'est brut, et puisque le texte lui-même est bien mieux écrit et court, j'invite tous ceux qui se posent des questions sur la culpabilité et la punition à lire ce petit essai qui n'est pas un pamphlet.
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Thierry Illouz, avocat pénaliste depuis trente ans, tente de répondre à la question qui lui a été si souvent posée : « vous défendez tout le monde, même les monstres ? »
A travers son histoire personnelle de fils de rapatrié, parqué dans un HLM en banlieue après la guerre d'Algérie, juif, stigmatisé, abandonné par le pouvoir et celle d'un de ses camarades de classe, devenu le meurtrier de six personnes, il veut démontrer que les circonstances de la vie ont fait de son copain un meurtrier mais pas un monstre et de lui un avocat.
Pour lui on ne naît pas meurtrier, on le devient pour paraphraser une célèbre citation ; il n'y a pas de monstre inné mais des hommes qu'un contexte social et familial défavorable et un élément déclencheur ont conduit au meurtre.
Cet essai n'est pas l'exposé d'une théorie philosophique mais l'expression brute d'un ressenti qu'une écriture simple, directe et rapide nous fait partager. Il est émaillé d'exemples précis et concis et Thierry Illouz n'hésite pas à faire appel à des souvenirs personnels ce qui en rend la lecture facile et attrayante, le propos de l'auteur atteignant ainsi son objectif par la proximité qu'il établit avec le lecteur .
Ce plaidoyer pour ceux qui sont qualifiés de monstre par la presse, la partie civile mais que l'auteur voit comme des hommes perdus, à la dérive, hors d'eux, qu'il faut prendre le temps d'écouter, fait plus pour s'interroger que tous les articles et discours politiques ou d'experts sur ce sujet éminemment sensible.
Ce texte est pétri de sincérité, d'une conviction profonde et même si l'on peut ne pas partager toutes les idées de l'auteur, il fait mouche ; une fois le livre refermé, il continue à faire son oeuvre de réflexion et de questionnement.
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L'auteur, Thierry Illouz, nous plonge au coeur d'une réflexion personnelle concernant la justice mais surtout cette question qu'on lui a tant de fois poser (et que l'on se pose également lorsque l'on pense à la profession d'avocat) : « Vous défendez tout le monde, même les monstres ??!! ». Pour lui, il n'y a pas de « monstres », juste des hommes, des vies, des histoires différentes, et malheureusement de la misère sociale, bien réelle et omniprésente. Il ne défend pas les crimes commis mais les personnes.

Voilà pourquoi se trouve en exergue la citation de Victor Hugo : « Démontez-moi cette vieille échelle boiteuse des crimes et des peines, et refaites-la. Refaites votre pénalité, refaites vos codes, refaites vos prisons, refaites vos juges. »



Cet essai m'a globalement beaucoup plu même si, je dois l'avouer, quelques affirmations m'ont fait titiller, notamment certains points quant à l'avis de l'auteur concernant les qualifications de « monstre » et « monstruosité »…



En partant de ce coeur, du terme « monstre », Thierry Illouz en vient à se dévoiler lui-même. Il nous parle de son histoire personnelle, de son métier, du comment et pourquoi il en est venu à porter l'habit d'avocat, à représenter la justice. Pour ce faire, il nous rend compte de certaines affaires qui l'ont plus ou moins marqué, lui permettant ainsi d'illustrer ses propos et de rendre la compréhension de son ouvrage encore plus abordable que ne le fait son écriture claire, précise et concise.

Mais ce que j'ai principalement apprécié est le fait qu'il ne s'arrête pas là mais aborde également la vie dans les tribunaux, les jurés (leurs expériences etc…), les prisons (les conditions de vie etc…) et aussi la lecture, oui, oui !

Cela se lit relativement très vite et n'est en aucun cas théorique. C'est du concret, c'est rapide et efficace !
Lien : https://lecturesgourmandeswe..
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Thierry ILLOUZ signe ici un document social poignant.
Il revient - à coeur ouvert - sur le choix qu'a été le sien d'être avocat. Un avocat qui a décidé de ne s'asseoir que sur le banc des accusés, des coupables. de ceux que l'on appelle « Les Monstres ».
L'auteur nous explique son choix de les défendre. Ces monstres, il les comprend, les connaît depuis l'enfance parfois. Eux et lui viennent du même milieu, de la même misère sociale où se mélange tous les maux : racisme, pauvreté, alcoolisme, maltraitance, …
Il nous rappelle que derrière chaque « monstre » se cache un Homme construit à partir de son milieu social, de son passé, son histoire, ses blessures. Il nous rappelle qu'il ne faut pas juger mais qu'il faut comprendre avant tout. Et, surtout, il nous rappelle que les monstres n'existent pas - ou du moins - uniquement dans les contes pour enfants.

Ecrit avec finesse et sensibilité, j'ai adoré la lecture de ce document qui interpelle le lecteur et duquel il ne sortira pas indemne.
Composé d'une centaine de pages, celui-ci se lit très vite et très facilement.
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Je me souviens d'un désir de porter la robe d'avocate par soucis de justice, projet abandonné après une année de droit au bénéfice du voyage et de la géographie dans le but d'oeuvrer dans les pays les plus pauvres. Je suis donc sensible aux propos de Thierry Illouz qui témoigne de son expérience d'avocat pénaliste. Cet essai est aussi un récit autobiographique qui montre la vocation de celui qui a choisi de défendre "Même les monstres".
Pourquoi ? Parce que pour lui il n'y a pas de monstres, c'est une représentation qui permet de déshumaniser des personnes par ceux qui veulent se rassurer, se convaincre qu'elles ne nous ressemblent pas. Pour autant, il y a des actes terribles, des criminels dont il comprend la faiblesse. Elle fait écho à la misère qu'il a également connu enfant dans les cités ghettos.
Je trouve qu'il faut une sacrée dose de compassion pour choisir d'écouter et de se mettre à la place des accusés quelque soient leurs actes. Pour lui c'est la seule façon d'ôter au mal toute chance d'être le mal c'est-à-dire une idée réfractaire à toute compréhension, toute histoire.
Thierry Illouz a usé sa robe d'avocat et aujourd'hui il a plus envie d'écrire que de parler tout en continuant de se soucier du sort des prisonniers et de travailler à cette vérité de l'humanité des hommes qui est son credo. C'est pour cette raison qu'il a enfilé l'habit d'écrivain.


Challenge Riquiqui 2021
Challenge ABC 2021-2022
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critiques presse (1)
Lexpress
12 novembre 2018
C'est un petit livre qui pèse lourd. L'un de ces credo qui font réfléchir longtemps sur la nature humaine et la société.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Quand j'ai commencé à travailler comme avocat, j'assurais ce que l'on appelle les audiences "de comparution immédiate" après avoir été appelées " de flagrants délits". Il s'agissait d'examiner un dossier à toute allure, et de le plaider dans la foulée, à la chaîne. Il paraît que la justice est trop lente, on s'en plaint, on vitupère, mais dans ces moments-là, j'ai rêvé de lenteur...Je voyais défiler les prévenus sans avoir le temps d'échanger suffisamment avec eux, de chercher dans leurs récits, dans leur voix et dans leurs yeux les indices qui pourraient m'aider à les défendre. Je devais le faire pourtant...Et parcourir le dossier, le décrypter dans la forme et dans le fond, en recenser les éventuels vices de procédure et les contradictions. Chacun connaît l'expression " au bénéfice du doute", c'est un réel principe de droit, on ne peut en théorie condamner quelqu'un dans le doute. Alors, je me suis efforcé de me demander dans chaque affaire s'il subsistait le moindre doute, à défaut d'aveu, ou même parfois en présence d'aveu. Un doute, quelque grain de sable qui contrarierait l'évidence. Cette théorie du doute devient une religion quand on défend et, contrairement à ce que l'on dit souvent, c'est un bienfait, une chance pour la démocratie. La condamnation est une porte fermée, une réclusion dans tous les sens du terme.
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La justice est un spectacle, elle est une chose publique, cette exhibition me gêne.....aucune affaire importante sans voir accourir au tribunal des hordes de caméras. Je la comprends bien cette envie de savoir, cette envie de voir, de se mêler au roman des gens. Mais j'ai peur de la surface des choses. Un procès est toujours complexe. Défendre, c'est comprendre ce qui se trouve derrière les gestes, derrière les comportements ; où cela commence un geste ? Dans quelles circonstances, par quel enchaînement ? Comment toute la vie de quelqu'un prépare patiemment le moment terrible du passage à l'acte ? Il faudrait du temps, du calme, et pas seulement ce bruit et cette fureur.
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A l'audience correctionnelle me vient le souvenir de cette femme trahie par son oreille et sa voix devant le président qui l'interroge :
"Vous avez eu des dégâts ?"
- Non, monsieur le président, je n'ai eu que des filles."
Elle avait entendu " des gars". Chez elle, on disait "des gars" et, dans sa maladresse, elle disait une chose forte : elle espérait qu'on lui parlerait ici comme on lui parlait chez elle. Il s'en est suivi un rire général dont je ne sais pas ce qu'il faudrait dire ou écrire, si ce n'est que je l'ai partagé et que j'en éprouve encore une honte.
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J'ai appris le monde de mille manières, mais les plus fortes, les plus définitives restent les livres et les procès.
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« Même les monstres ? me demande-t-on alors. Cette question, je l’entends sans cesse. Il paraît que j’ai croisé des monstres et que je pourrais moi aussi venir de là, du pays des monstres, dire à quoi ça ressemble, comment s’est fait peut-être. »
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Videos de Thierry Illouz (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thierry Illouz
- "Même les monstres", Thierry Illouz, l'Iconoclaste. https://www.librest.com/tous-les-livres/meme-les-monstres-9782378800260.html
Jeudi 27 septembre 2018 à 20H Rencontre avec Thierry Illouz est avocat, romancier, auteur de pie?ces de the?a?tre dont plusieurs ont e?te? joue?es au the?a?tre du Rond-Point, il nous présentera son nouveau récit Même les monstres aux éditions Iconoclaste.
Comment pouvez-vous de?fendre tous ces crimes ? lui demande- t-on souvent. A? cela il re?pond que jamais il ne de?fend des crimes, mais des hommes. DE LA CITE? A? LA COUR D?ASSISES Sa robe d?avocat est pose?e sur le dossier d?une chaise. Il la regarde du coin de l??il. Lorsqu?il l?enfile, il n?est plus le me?me. Sa voix ne tremble pas. Il ne doute jamais. Lui, l?enfant d?un quartier de?laisse?, le fils de rapatrie?s d?Alge?rie. Il se souvient de ses grands-parents ravage?s par leur de?part et leur installation dans une cite? picarde. Lorsque c?e?taient eux que l?on de?signait comme diffe?rents, et donc monstrueux. C?est cette histoire intime qu?il convoque lorsqu?il est confronte? a? ses clients. Des criminels. Des monstres, comme on les appelle. Parce que de?fendre, ce n?est pas excuser, mais chercher a? comprendre. UN GRAND RE?CIT SOCIAL Comment pouvez-vous de?fendre tous ces crimes ? lui demande- t-on souvent. A? cela il re?pond que jamais il ne de?fend des crimes, mais des hommes. Seulement des hommes. Ils ont des visages, des histoires, des luttes, des blessures. Et parce qu?il a co?toye? la mise?re sociale, il le sait, le comprend. De?fendre ces gens-la?, se « coller a? leur souffrance », c?est aussi et surtout de?fendre l?humanite? en chacun. Et gue?rir ses propres failles. UNE VIBRANTE PLAIDOIRIE D?une e?criture a? l?oralite? saisissante, Thierry Illouz livre un re?cit intime. Il retrace un parcours, une vocation. Et nous exhorte a? regarder l?autre. Celui qui nous effraie. Celui que l?on condamne.
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