Mémoires

La 1ère fois que j'ai vu Errol Flynn sur un écran j'étais toute gamine et, de façon peu originale, c'était dans « Robin des Bois » de Curtiz. J'avais été subjuguée par ce type qui bondissait, riait à gorge déployée, se battait à l'épée avec une énergie démente, le tout vêtu d'un improbable collant vert qui ne parvenait pas à le rendre ridicule. Il était flamboyant, tout simplement. Depuis, pour moi Robin des Bois ne peut être qu'Errol Flynn. Bon, j'exagère un petit peu, Sean Connery est très bien dans « la rose et la flèche » mais son Robin vieillissant est presque un autre personnage. Quant au renard du dessin animé de Disney, il est formidable, mais quand je le regarde, je vois une version animalière d'Errol Flynn. Les autres Robin (Kevin Costner, Russell Crowe…) ne sont pas acceptables. Par la suite, j'ai vu d'autres films avec Errol Flynn que j'ai, pour la plupart, beaucoup aimés. Et j'ai aussi entendu parler de ses frasques et de sa vie mouvementée. Ca fait donc pas mal de temps que je voulais lire les mémoires de Flynn, en gardant à l'esprit bien sûr qu'il s'agit de sa version des faits. A l'issue de ma lecture, je ne sais pas plus qu'avant qui était le vrai Errol. Une certitude cependant : en plus d'être un acteur séduisant, Flynn est un écrivain. Et un bon !

Le bouquin de Flynn n'est pas parfait mais il a suffisamment de qualités pour qu'on perçoive combien le type avait un talent d'écriture. Je ne sais pas quelle est la part de vérité et de mensonges dans ce qu'il raconte mais peu importe. J'avais commencé ce livre en me disant que je voulais mieux connaître un acteur que j'apprécie. Très vite, j'ai lu ce livre comme un roman. Et c'est un peu en tant que tel que je vais évoquer ce qui m'a séduite.
L'air de rien, Flynn construit remarquablement son récit bien qu'il adopte une structure globalement chronologique donc très classique. Mais, à travers son récit se dessine le portrait d'un personnage avec un véritable arc transformationnel. le récit est d'abord aussi bondissant que le Flynn de « Robin des Bois » ou « Captain Blood », le héros étant présenté comme un adorable garnement épris de liberté et devenu aventurier. Ensuite, le récit changera peu à peu de tonalité et deviendra progressivement de plus en plus émouvant, le Flynn plein de panache se muant en homme désabusé et mélancolique.
A ce talent pour se dessiner lui-même en tant que personnage, s'ajoute une plume très agréable. Certains passages sont très beaux, d'autres sont drôles. Pas de doute, Flynn est vif d'esprit et futé, ça se sent dans son sens de la formule et certaines de ses saillies humoristiques, colériques ou mélancoliques.

Il me semble que Flynn a écrit un roman et je serais curieuse de voir ce que ça donne lorsque son héros n'est pas lui-même. En tout cas, cette lecture enthousiasmante m'a donné envie de me faire un petit cycle dvd Errol Flynn.