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EAN : 9782845451247
217 pages
Editions des Syrtes (21/04/2006)
3.66/5   22 notes
Résumé :
Dans la Bulgarie postcommuniste, les destins de sept adolescents, élèves dans le même lycée, se croisent dans le chaos qui les entoure et les désarrois familiaux. En " mal de mère ", Andreia, Lia, Dana, Alexander, Nicola, Deyann et Kalina vivent, chacun à leur manière, les souffrances de l'enfance ou la démission des parents. Dans ce chaos, le rêve d'une vie meilleure est incarné par Yavora, leur nouveau professeur, qui sait écouter et panser toutes les plaies. Et s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Trouver un livre bulgare n'est pas une mince affaire. Alors quand en plus il est bon, c'est tout bénéfice.
Car ce mères est, pour moi, un bon livre . Un livre sur les liens parentaux mais aussi sur une société bulgare déboussolée. Écrit en 2004, il porte clairement la trace du passage au postcommuniste.
Il s'agit en fait de plusieurs chapitres mettant en scène différents adolescents qui ont tous un lien avec une mystérieuse Yavora.
Ces chapitres sont l'occasion pour l'auteur de nous faire plonger dans le quotidien d'adolescents bulgares, déboussolés, dont les parents sont absents, physiquement ou mentalement, écorchés, dévastés par la vie , sans le sous ou hors la loi.
Des adolescents livrés à eux mêmes, abandonnés par des adultes trop soucieux d'eux mêmes ou juste inaptes dans leur rôle parental. Des parents dont l'enfance les a déjà plongés dans les affres de la vie, incapables de donner ce qu'ils n'ont pas reçu.
On ne peut que s'attendrir devant la candeur des jeunes, l'injustice, le marasme dans lequel ils sont plongés. le coup de force de l'auteure est d'avoir fait évoluer ses personnages dans des milieux bien différents, avec des problèmes bien distincts et une seule solution : Yavora.
Un très beau livre , extrêmement bien écrit, construit originalement par une auteure dont le père, célèbre écrivain bulgare même si ces trois mots ont du mal à cohabiter en France !, a beaucoup souffert du communisme .
Ce roman est bâti sur un fait divers, expliqué dans une note par la traductrice .
Je finirai en signalant la grande beauté de la photo en couverture qui à elle seule résume le livre . Il y a tout dans cette image , de la détermination à aller de l'avant à l'abandon, aux difficultés d'une vie qui ne fait que commencer.
Je ne saurai trop conseiller ce livre à ceux qui veulent découvrir d'autres horizons littéraires . Il est édité par Syrtes Poche.
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Une soirée de Coupe du monde est l'un des plus petits détails qui, comme un fil reliant les différentes perles d'un collier, rassemble les chapitres de ce roman bref et percutant, et lui donne son unité. Ce livre porte le nom de Mères, mais ses chapitres – Andreia, Lia, Dana, Alexander, Nikola, Deyann, Kalina – égrènent ceux de leurs enfants. Seul le dernier chapitre y fait exception : Yavora, le nom de l'énigmatique et adorée Yavora, qui fait le lien à la fois tangible et intangible entre tous ces adolescents, sans pourtant être l'un d'entre eux. Lien, et fermoir, car c'est avec ce chapitre où elle apparait enfin après avoir été incessamment et mystérieusement évoquée, que se résout et se clôt la structure du roman.

Jusqu'à ce dernier chapitre, on pourrait presque lire Mères comme une succession de nouvelles parallèles, chacune le portrait d'une famille de la Bulgarie ordinaire du début des années 2000.

Et quels portraits ! C'est d'abord celui d'Andreia, prise en étau entre « sa mère malade qui se mouvait comme un enfant devant elle, [et] son père malheureux qui tentait de tout son coeur de l'élever. » Puis celui de Lia, à qui ses parents aimants mais désargentés ne peuvent offrir les cours nécessaires pour développer ses dons pour la danse, puis celui de Dana, « grande, massive, masculine, … première de la classe », vivotant avec son père sur les deux cents euros mis de côté chaque mois par sa mère, garde-malade à Chypre, et ainsi de suite jusqu'à la dernière, Kalina, « cette enfant qui n'avait pas connu d'enfance » et qui s'écroule devant la responsabilité de s'occuper de sa grand-mère semi-paralysée et de sa mère frappée « d'asthme bronchique, d'un diabète avancé et d'ostéoporose. »

Si chaque chapitre est, à son tour, la description d'un univers particulier, compris entre les quatre murs d'un appartement, il est aussi celle d'un univers général, celui d'une société que la transition post-communiste a jeté dans une crise matérielle et existentielle à laquelle peu échappent.

Bien que chaque chapitre soit relativement bref (l'ensemble fait tout juste 200 pages), il rend presque immédiatement palpable chaque famille et chacun de ses membres. Par son style, le livre épouse au plus près les récits, les émotions et les besoins de ses personnages, et la lectrice se retrouve prise dans les flots de dialogues et de pensées qui se bousculent dans cette narration rapide et sans transitions (et superbement traduite par Marie Vrinat).

Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire – sur l'amertume de parents, pris, à mi-chemin de leurs vies d'adultes, dans une transition dont les bénéfices sont durs à apercevoir ; sur le rôle que joue Yavora dans la vie de leurs enfants ; sur le changement de registre qui marque la fin de chaque chapitre… Mais c'est surtout cette structure à deux niveaux que je retiendrai, avec cette immersion dans l'univers de chaque appartement et de ses occupants, et ces détails qui sentent le vécu à plein nez : une immersion qui nous fait aussi nous rendre compte à la fin des récurrences dans ces vies. Celles-ci transcendent chapitres et personnages pour mener à un chapitre final brutal et inattendu, que la traductrice Marie Vrinat compare dans son excellente postface à une scène biblique. Une scène finale d'autant plus brutale qu'elle se déroule dans un parc de la ville pendant que, devant la télévision, bière en main, les adultes regardent le dernier match de la Coupe de monde de football.

Par son style incisif et son sujet en prise avec l'actualité, Mères appartient à la même veine littéraire que deux autres romans publiés en traduction française ces dernières années par les éditions des Syrtes : La croisade des enfants de la roumaine Florina Ilis, et L'été où maman a eu les yeux verts, de Tatiana Ţîbuleac (également roumaine). Publié en Bulgarie en 2005, la traduction française parait déjà en France en 2006, et c'est à l'occasion de sa réédition en version poche l'année dernière que les Syrtes m'en ont envoyé un exemplaire. On ne peut qu'espérer que les éditions des Syrtes continueront à enrichir ce volet résolument contemporain, percutant, et féminin de leur catalogue.
Lien : https://passagealest.wordpre..
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Uppercut. En pleine face. Un écrin de noirceur.

Sofia, capitale de la Bulgarie.

Plusieurs adolescents, autant de chapitres et de témoignages, dont le seul point commun serait d'avoir des parents défaillants : dépressifs, alcooliques, indifférents.

Un nom revient dans leurs récits : Yavora. Une femme mystérieuse. Point de lumière de leurs existences sacrifiées. Qui est-elle ? Quel est son lien avec les enfants ?

Récit âpre, inspiré de plusieurs faits divers, prétexte pour dénoncer les travers de la société bulgare. La corruption, la mafia, la pauvreté et l'alcoolisme...autant de calamités dont les premières victimes sont ces jeunes, tiraillés, meurtris là où ils devraient être protégés.

Comment pourront-ils grandir, ne pas reproduire le schéma familial qui leur est imposé?

Même si les adolescents sont le point d'articulation du récit, les mères en sont l'épicentre.

Sacrifiant leurs carrières à leur maternité, elles en ressortent aigries. Elles sont dépassées par leur propre douleur. Accaparées uniquement par leur propre vie ou alors trop occupées à trouver un moyen de survivre pour pouvoir s'occuper de leurs enfants.

Elles sont l'objet de l'amour et du dévouement de leurs enfants mais elles sont également celles qui leur infligent les plus profondes blessures.

Yavora apparaît, elle, comme une figure maternelle de substitution mais elle semble si irréelle. Une sorte de métaphore de ce que l'amour parental devrait être.

Cette opposition rend le drame inévitable...

Une belle porte d'entrée pour moi à la littérature bulgare et que je vous conseille.
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La lecture de Mères est une expérience troublante tant les phrases s'enchaînent de manière ininterrompue, décrivant des situations familiales où la violence des uns envers les autres est inouïe.

Sous couvert de présenter la vie de jeunes adolescents qui souffrent de leurs relations avec leurs parents, Teodora Dimova attire en réalité l'attention du lecteur sur ces mêmes parents qui, incapables de surmonter leur pauvreté, leur alcoolisme, le succès de leur conjoint, une humiliation lors de leur propre enfance, s'enferment dans une sorte d'apathie ou de dénégation sans la moindre considération pour les conséquences que cela pourrait avoir sur leurs enfants.

Comment ne pas s'étonner que ces derniers s'accrochent comme des noyés à leur bouée à la mystérieuse et tendre Yavora, et refusent à tout prix de la perdre ?

Mères est un roman extrêmement sombre et attristant, qui dresse le portrait d'une société gangrénée par la mafia, la corruption, l'alcoolisme et la pauvreté ; cette Bulgarie que nous décrit l'auteur est effrayante, et l'on ne peut s'en étonner lorsque l'on découvre à la lecture de la postface que l'évènement déclencheur de l'écriture de Mères fut un fait divers bulgare où de jeunes adolescentes assassinèrent une de leur camarades. Glaçant.
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Pour les sept mères qui donnent leur nom à ce roman, devenir mère ne fut pas facile dans leur corps, dans leur vie. Qu'est-ce qu'être mère ? Celle de Kalina est devenue invalide après la naissance de sa fille, entre diabète et ostéoporose. Celle d'Alexander souhaitait se conformer à la volonté de Dieu et ne pas avoir d'enfants, puisqu'elle était stérile. Nicola n'est né que parce que sa mère n'avait pas le courage de se faire avorter. Christina, la mère d'Andreia, est en pleine dépression, faisant subir à sa fille ce qu'elle-même a subi étant enfant. Ces huit enfants sont déjà, le plus souvent, les parents de leurs parents.
Ceux-ci appartiennent pourtant à une génération chanceuse, celle qui a vu la chute du communisme et devait permettre la réalisation de tous les espoirs. Si ce n'est qu'aucun d'entre eux ne savait ce que le mot « espoir » signifiait. Des rêves, oui, certains en avaient mais peu les ont accomplis, et plutôt que de chercher en soi les raisons de cet échec, il est plus facile d'accuser l'autre, que ce soit son conjoint, ou, en son absence, son enfant.

Dans ce livre, l'enfant est souvent unique – comme si un seul accident suffisait, et après, les précautions furent prises. Il doit faire face, seul, aux errances de ses parents. La solitude est encore plus accentuée pour Deyann, séparé de sa soeur jumelle depuis la séparation de ses parents, chacun d'entre eux voulant que l'autre prenne ses responsabilités. Mot souvent prononcé ou sous-entendu, alors que personne ne semble vraiment mesurer ce qu'elle recouvre. Ainsi, la mère de Dana, qui subvient aux besoins de sa famille en partant travailler deux ans à l'étranger, sans veiller aux besoins affectifs et psychologiques de sa fille adolescente.
Faut-il alors vraiment s'étonner que tous aient vu Yarova, leur professeur, comme une lumière dans la nuit ? Ne les écoute-t-elle pas, ce que personne ne fait ? N'est-elle pas venue en aide à certains d'entre eux ? Il n'est pas facile de connaître les motivations de cette femme. A-t-elle été dépassée par ce qu'elle a contribué à créer ? La fin du premier chapitre nous le montre assez.
Mères est un livre dur, âpre, au style très particulier, asphyxiant – de très longues phrases, avec de nombreuses pauses, mimant la colère et l'urgence, l'absence de signe permettant de distinguer le dialogue du récit, comme si parler ne servait à rien, les interlocuteurs n'écoutant qu'eux-mêmes. Un livre pas assez connu en France, qui donne une vision glaçante de la Bulgarie.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Et tu sais, Lydia, tant qu’on est jeune, on ne croit pas qu’on ne pourra plus descendre le sentier qui mène au rivage, on ne croit pas qu’on ne pourra plus plonger dans l’eau et nager, nager, nager des heures durant, bien loin, et encore des heures pour revenir vers la côte, on ne croit pas qu’il nous est arrivé de mettre au monde cinq enfants, quatre fils et une fille, Vassiliki, que le lien ne se maintiendra avec aucun d’eux, qu’on aura pas besoin de voir l’un de ses enfants, parce qu’une fois qu’ils ont grandi, Lydia, qu’ils ont commencé à vieillir, une mère se détache de ses enfants vieillissants, ou bien ce sont eux qui se détachent de leur vieille mère, je ne sais pas s’il en sera de même pour toi, Lydia, je ne sais pas qui s’est détaché le premier ni quand ça s’est produit, ça se produisait en continu, mais je ne le croyais pas, je n’ai jamais été vaniteuse ou superstitieuse, Lydia, mais ce paradoxe, à savoir qu’une personne étrangère, une Bulgare qui plus est, soit avec moi durant mes derniers jours, s’occupe de moi, me serve, me coiffe, me baigne, que ce soit quelqu’un de complètement étranger qui doive être avec moi et non pas l’un de mes enfants, ça, Lydia, je ne puis pas le comprendre, pouvais-je m’imaginer qu’à quatre-vingt-douze ans, je ne converserais qu’avec une Bulgare, Lydia ?
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Est-ce que tu m'aimes, maman. 

Je ne sais pas si c'est de l'affection, Andreia. Lorsque tu n'as aucun désir de faire quoi que ce soit pour ton enfant. Lorsque la seule chose qui compte au monde, c'est ton propre malheur. 

Et papa, tu l'as aimé ? Non, bien sûr que non. 

Mais alors, pourquoi l'as-tu épousé ? 

Tout le monde se mariait. Moi aussi, je devais en faire autant. 

Et tu n'as jamais été heureuse avec lui ? 

Après une longue réflexion : Non, je crois que non, je crois n'avoir été heureuse que dans les buissons, lorsque je prenais les coccinelles. 

Andreia et Christina se taisent. Elles se regardent dans les yeux. Elles ressentent leur attachement, leur dépendance mutuelle.
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Je n'arrive pas à piger, disait souvent Yordann devant ses collègues et amis, ou simplement devant Kérana et Lia, et je ne comprendrai sans doute jamais ce que peut bien faire quelqu'un s'il n'écrit pas. Comment peut-il appréhender le monde ? Quand est-il heureux ? Par quel biais peut-il transmettre la vie, la penser ? Rien qu'en la contemplant ? Absurde ! Or, chez l'écrivain, vie et écriture sont intimement liées, l'écriture est le moyen de vivre davantage, plus profondément, plus clairement, plus intérieurement, plus, tout simplement, parce que, en écrivant, il vit plus intensément même que dans la vraie vie !
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Le premier souvenir qu'il avait de ce monde était un souvenir d'abandon, de malheur, de solitude.
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et alors il comprit qu’il était seul, seul pour toujours, il en prit conscience à l’âge de huit mois, sans même connaître les mots pour « maman », « solitude », et « douleur ».
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Video de Teodora Dimova (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Teodora Dimova
A l'occasion du festival Week-end à l'Est, Théodora Dimova s'est entretenue avec les Editions des Syrtes au sujet de son dernier roman, Les Dévastés. Ce roman choral entremêle les voix de trois femmes dont les vies ont été bouleversées par l'arrivée des communistes au pouvoir en Bulgarie en 1944 et les purges qui ont suivi.
Traduction du bulgare: Marie Vrinat
Prise de vue et montage: François Deweer
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