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EAN : 9791030902372
312 pages
Editions Orizons (15/06/2020)
4.11/5   18 notes
Résumé :
Fin des classes. À l’issue d’une année scolaire, Léo et Siegeer ont vécu charnellement leur amour. Voici venu le temps des vacances et chacun suit sa famille. Avec la promesse audacieuse de gagner Paris à leur retour. Certes, il y a l’épreuve de leur séparation. Mais un défi lancé par Siegeer ― mettre en jeu leur fidélité ― jette Léo dans la consternation.

Émotions dues à de nouvelles rencontres, aventures sensuelles, désopilante épopée d’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Notre jeunesse devient-elle, au fil des âges et en dehors d'un examen de conscience, une force bienfaitrice, ou bien une rancunière cruelle pour lui avoir fait vivre son lot de présents et de sacrifices ? Voilà, en effet, comment nous pourrions aborder le roman d'Olivier Sourisse, par cette question somme toute universelle, à laquelle on n'échappera pas un jour ou l'autre. Comme un moyen de se replonger dans son histoire intime pour la poursuivre encore et toujours, la faire durer jusqu'à son achèvement total. C'est qu'en termes de destinées, il y a celles, qui pour connaître et vivre leur amour, doivent passer par l'obligation de s'effacer, d'être un autre aux yeux des siens, lesquels n'étant pas toujours bienveillants. Ce que l'on comprend en suivant Léo et Siegeer, tous deux quinze ans, qui pour fuir la menace, vivent leur amour, terrés sous une barre H.L.M., dans un quartier de Nantes, carrefour de vies d'ouvriers, de chômeurs, de retraités, de jeunes en quête d'un horizon meilleur. Il faut dire que pour son entrée en matière, le narrateur, Léo, situe d'emblée le rejet dont il est la victime en évoquant le mépris de l'Éducation nationale envers ce « ce sale petit pédé (je n'ai pourtant rien avoué, je vous assure)» qui ne saura ni progresser socialement ni plonger dans ce bassin dans lequel on vient de le jeter, malgré sa peur du plongeoir, ses suffocations intérieures. Et bien sûr, sous le regard moqueur de ses petits camarades.

Mais encore, là – cette fin des classes - ne se situe pas le coeur du roman, et des menaces dont les deux garçons seront victimes. Puisque voici le temps des grandes vacances, le moment de se quitter. Pour l'un, partir au bord sur la côte Atlantique, pour l'autre, découvrir les Alpes, le Jura, à bord de la première voiture du père, qui à cinquante-huit ans, et pour fêter sa préretraite, vient de passer son permis de conduire. Comme un acte héroïque, peut-être le seul de sa vie tout entière. Ce qui en dit long sur sa fierté ou non d'être père. Ainsi donc, un mois de renoncement de soi-même, d'être arraché à l'être aimé. Un mois à jouer le « gentil fils ». Un mois à subir son soi visible, à être un soumis parfait, celui à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. Alors qu'en parallèle, Léo sera confronté à l'appel des désirs nouveaux, au manque physique et moral de Siegeer. D'ailleurs, cette partie-là, ces vacances dans les Alpes, est un pan central du roman par lequel on va comprendre comment fonctionne l'esprit charnière de Léo. Tout comme, à son image, on est troublé, voire perturbé, par l'apparition de cette femme forte, Gaïa, dont les fantômes de ses fils vont le poursuivre et nous-mêmes avec, au-delà même de la fin du roman, lors du retour à Nantes de Léo, de sa vie reliée à celle de Siegeer. Et pour cause…

Pour être franc, je ne sais quel pourcentage du roman est romancé (selon l'éditeur, il s'agit d'un roman d'après une histoire vraie) mais une chose certaine, à lui seul ce roman est une méditation extraordinaire sur les relations intrafamiliales, les désirs des uns d'être rattachés ou non, à sa fonction de parent ou enfant.

Autant le dire, Mes amours souterraines secoue, nous fait poser beaucoup de questions autant qu'il réclame du recueillement sur cet amour dont la narration au présent le rend intergénérationnel et intemporel. Parce que oui, on ne peut s'empêcher de penser à ceux qui doivent se cacher d'eux-mêmes, à ceux qui aiment d'une façon miroir, à ceux tout simplement à qui on interdit d'aimer, sous prétexte qu'il faut suivre les préceptes "innés" de la tradition. Jusqu'à accepter d'être violé, de mourir (Mais oui, un châtiment mérité de Dieu pour tous ces pédés !).

En somme, voici là un roman coup de poing comme un témoignage indispensable, au style à la fois authentique et construit, souvent vertigineux, le tout sous forme d'un tableau politico-social en pleine révolution.
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Léo a 15 ans en cet été 82. L'âge de tous les possibles, des premières expériences, des premières amours. Mais à cette époque en fin de compte pas si lointaine, certaines amours se doivent d'être tues, dissimulées ; souterraines. Il ne fait pas bon d'aimer quelqu'un du même sexe, alors que le sida commence à tuer, que les préjugés et la haine sont vivaces, et jettent une ombre empoisonnée sur cet amour qui a encore beaucoup de peine à dire son nom. Léo et Siegeer s'aiment dans la clandestinité, de toute la force de leurs 15 ans, pleins de l'espoir de quitter bientôt Nantes et la cité de béton qui les emprisonne pour s'en aller vivre à Paris, vivre plus libres, vivre tout simplement.
Parler de « Mes amours souterraines » n'est pas un exercice très simple ; tantôt poétique, tantôt cru et dur, le récit adopte parfois des airs d'autobiographie où ressurgiraient les souvenirs d'un séjour en famille à la montagne tandis que Léo, dans toute la force et la fragilité de 15 ans, ses espoirs déjà meurtris, nous entraîne au fil de ses rencontres, ses expériences, qui ne font que renforcer l'entièreté de son amour pour Siegeer. L'écriture est belle, sinue au fil des errances de Léo, parfois tendre, parfois brutale, convoie un mélange d'espoir, de révolte et de résignation.
J'ai lu les deux précédents romans d'olivier Sourisse, j'aime sa plume travaillée, ses personnages complexes. Avec ces « Amours souterraines », il livre ici un roman tout de contrastes, une histoire d'amour forte et poignante qui ne peut laisser indemne. Un beau roman, tout simplement.
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Roman d'apprentissage dans la grande tradition, "Mes amours souterraines" d'Olivier Sourisse tisse l'intime d'une adolescence dans une cité nantaise et l'histoire d'une famille ouvrière des années 80. Eté 1982, une loi achève de dépénaliser l'homosexualité, mais tout reste à conquérir. A Nantes, cet été là, un jeune garçon va s'affronter à l'amour fou et aux réalités sociales et conquérir son indépendance familiale et amoureuse. Affirmer et vivre l'amour homosexuel dans la province ouvrière de ces années-là reste un défi toujours proche de la tragédie. Olivier Sourisse mène son récit tambour battant, fait vivre des personnages forts, courageux, endurants et déterminés aux prises avec les freins politiques, les préjugés moraux, les déterminismes sociaux des institutions et des familles, et dessine le portrait d'une France des années 80 si loin et si proche, comme encore figée. La tragédie n'est jamais loin, elle advient même, mais la rage de vivre de ses protagonistes sait désarmer les fantômes. Un roman d'amour et de résistance à tous les conformismes, à toutes les lâchetés, à toutes les violences et aussi aux facilités du désespoir et du pathos. Un roman hanté des possibilités crucifiées par la banale cruauté des certitudes d'une société fermée et pétrifiée. Une éducation sentimentale et politique superbe, vraiment.
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Dans « Mes amours souterraines », la description est détaillée et cinématographique, le cadre créé est d'une telle précision que nous sommes placés au milieu de l'action. La subtilité de chaque pensée, le moment où elle se produit fait que nous devenons Léo- le protagoniste. Son regard d'adolescent, qui dans sa recherche de l'amour, traverse des paysages intérieurs et extérieurs, nous amène à interroger notre propre humanité.
Léo : personnage attachant, fragile, fort, opiniâtre et mature. Sa solitude nous touche, nous lui tendons la main à chaque page.
Une écriture dense et fluide qui nous transporte du passé au futur au moment présent, nous dévoile réflexions, rêves, travers de l'âme. L'intériorité et le réel dansent. L'émotion volcanique et la pensée lucide dansent.
« Mes amours souterraines », questions sans réponse mais avec réponses sur l'amour, l'adolescence, la violence, l'homophobie, la famille.
La vie et la mort nous entraînent comme une vague, nous bouleversent, nous révèlent...
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Nous sommes emportés de chapitre en chapitre au gré de cette passion intense naissante et affirmée qui dans la légèreté pesante d'un été s'écrit dans un présent en construction constante. C'est pourtant en 82 que cela se déroule. L'auteur ne se place pas dans le catalogue des souvenirs, dans l'introspection ayant valeur de bilan, dans la sensiblerie que l'on pourrait porter à la construction des sentiments de l'adolescence qui marquent une vie. Cette lecture n'est pas seulement réservée à l'intérêt porté par l'amour entre deux garçons initiateurs de l'avenir, mais à un regard plus universel sur la naissance de la tragédie. Durant l'espace estival des vacances en famille, émaillés de son lot des manies parentales cocasses, mais révélatrices, la mise à l'épreuve d'une séparation momentanée ouvrira le champ romanesque de ce récit aujourd'hui d'une absolue nécessité. D'après une histoire vraie, lit-on sur le quatrième de couverture : le style très direct de ce roman jouant des niveaux de langue littéraires comme du langage parlé en est les strates superposées des complexités de l'âme. Cette pépite a visiblement été polie longtemps avant de sortir de son écrin.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
... ,délicieux garçon de mon âge, à la peau douce et laiteuse, et que je dois donc attendre, là, docile, dans le clair-obscur de notre tanière. Une ancienne chaufferie située au sous-sol de sa barre HLM. Puisqu’il nous faut nous effacer pour continuer à exister, à chérir la chair. Puisqu’il nous faut maculer de secret nos états d’âmes de petits pédés, nos baisers, nos joies, nos pleurs, nos adieux, ce sentiment confus et puissant qu’ils nomment amour.
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« Mais depuis à la seconde, mon cher professeur, ou l’on a moqué mes défauts, pointé mes faiblesses ; depuis que l’on a déversé sur moi votre abjecte morale du dominant ; depuis que l’on m’a taxé de sale petit pédé (je n’ai pourtant rien avoué, je vous assure), pour avoir imploré de ne pas sauter du plongeoir. Enfin, vous voyez, depuis qu’on m’aime, quoi »
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Alors que faire ? Se laisser mourir ? Un choix comme un autre. Gravir les cinq étages ? Une possibilité. Arracher Siegeer à son père ? Oui, mais comment pénétrer l'antre des monstres et en ressortir vivant, avec lui ?
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Mais dans ce cas, peut-être aussi il aurait donné raison à ces trois brutes pour m’avoir montré, sous la douche, la voie qu’on me destine, pareil à ces chatons noyés par milliers, dans les toilettes de ces familles remplies d’amour, pour être nés sans agrément du droit de vivre.
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En effet, quel joli conte sur le rêve libéré de son crépuscule. Quelle démonstration magistrale pour avoir tenté de faire de ce mensonge, leur amour à eux, une vérité universelle.
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Vidéo de Olivier Sourisse
Entretien avec Olivier Sourisse par Katy Sroussy, pour le média Saisons de Culture, autour de son roman fantasy Nãtahãn Willers, le Nouvel-Élu, aux éditions Orizons.
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