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EAN : 9782868536501
256 pages
Plein Chant (10/10/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
«Le peuple étriqué et coincé dont je sortais, jeune, meurtri, curieux, timide et assez mal assuré, avait donc lui aussi ses artistes, son droit de voir, ses perplexités et ses accroches lumineuses. Un arbre plein de lucioles m’éclairait. Il me changeait de la misère ambiante, du rétrécissement familial où je végétais, de l’absence de perspective et de beauté. Le Merveilleux était derrière ces portes. Il fallait avancer…»

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"J'ai pu me faufiler dans le monde du travail en restant une sorte d'éternel étudiant. le monde du livre, dans lequel j'ai travaillé, m'aida à grappiller de courts mais vifs apprentissages. La réalité s'estompe un peu au contact des livres. Etre en librairie m'a permis d'approcher des gens, de prétendre à des idées et de croiser des milieux dont je n'imaginais même pas l'existence. "(p. 153)

J'ai découvert il y a un bon nombre d'années Patrick Cloux avec un merveilleux livre sur un des milieux professionnels qu'il a exercé lui-même : Libraire, avec "Mon libraire, sa vie, son oeuvre"... qui est une ode des plus enthousiasmantes à une profession unique, et aux libraires préférés de l'hexagone, de l'auteur... Depuis, j'ai suivi fidèlement ses écrits, et sa prose poétique et vivifiante...
C'est encore le cas avec un de ses tout derniers opus, où il parle toujours avec une grande simplicité et bonhomie de ses coups de coeur qui l'ont aidé dans une enfance aride: la littérature et l'art, mais pas l'officiel, le rigide, le conventionnel, mais celui , en marge, qui enchante les bords de chemins buissonniers !!

Les rencontres humaines, culturelles déterminantes, les apprentissages du Merveilleux, de l'insolite... aux pays de la littérature et des Arts... qui ont consolé, construit notre poète- libraire d'une enfance aride, nue...

Ce qui m'interpelle le plus ce sont ses attirances, ses préférences pour des artistes marginaux, méconnus... qui le plus souvent ne se considéraient pas comme tels !

L'impression de me promener en compagnie de vieilles connaissances, comme Philippe Dereux qui "en magicien de l'ordinaire constituait ses premiers tableaux d'épluchures" [ artiste incroyablement inventif, découvert personnellement il y a quelques années à la Halle Saint-Pierre- Musée d'art naïf à Paris]

Patrick Cloux, issu du monde ouvrier [père en usine, militant communiste] nous livre en vrac ses chocs avec une culture dite "populaire" dissidente, mais combien imaginative, inclassable, hors cadre, l'Art des Rues et Art vivant sous toutes ses formes !... d'Art naïf, de ses multiples coups de coeur, dont son premier choc avec l'oeuvre et les écrits de Jean Dubuffet !

Très heureuse de m'être commandé ce texte qui me donne la très réconfortante sensation d'être en présence d'un camarade familier et complice : le Bonheur de transmettre des coups de coeur artistiques ou littéraires; les livres, les écrivains dissidents, l'Art des rues, le sens du Merveilleux, qui se moquent des cénacles et des élites !

une publication à savourer, lire lentement ... il est question d'art populaire, d'art vivant en dehors des académismes et des rails habituels...
"Cet art est libre comme l'air ", ces "Inspirés des bords de route" [ Jacques Lacarrière]

Ouvrage à lire lentement tant il est dense, nourri de tant d'artistes, de créateurs atypiques.... Ce livre est un panorama multicolore ... qui dit magnifiquement et joyeusement que l'amour du Beau, de l'art , l'Imaginaire ne sont pas que des questions d'élites, ou de classes sociales privilégiées, ou des conditionnements culturels habituels... Cette lecture inaugure de la meilleure façon un film qui va sortir en ce mois de janvier 2019, sur le Facteur Cheval... que je m'empresserai d'aller voir !! Comme un prolongement à cet ouvrage "hors-catégorie"...

J'achève cette très belle lecture, dont j'aurai encore beaucoup à dire... mais il y a trop ... dont tant de noms inconnus, que j'ai envie de rencontrer dont le cinéaste , Jean-Jacques Brunius, avec son court-métrage "Violons d'Ingres"...qui m'intrigue... et tant, tant d'autres nouvelles connaissances, en perspective... Je vais me permettre de transcrire un long extrait qui donne fort bien le ton de " ce livre, véritable caverne d'Ali-Baba"... ! :


"Je tiens à mes irréguliers. A mes encombrés, à mes encombrants. Ils ne s'occupent que de leurs passions, vivent gentiment à l'écart, s'établissent en angle-mort, assez loin des préoccupations soi-disant sérieuses de la plupart des gens. Toute leur force est en eux. Ils parviennent à viser juste en tirant de biais, ce qui est déjà un bel exercice. Nos frontaliers de l'art de faire réinventent sans cesse un imaginaire puisé à leurs fonds propres. On les a tant et tant promenés eux aussi que j'en fais implicitement partie. C'est ma chance. Je suis un arriéré. Ce qui me tient et me saisit si fort chez la plupart d'entre eux c'est leur véritable honnêteté, celle d'être à la fois des marginaux inventifs et de vivre leurs étranges propositions à plein temps. Ce sont des êtres rétifs à la sociabilité ordinaire. A l'analyse. Au Marché. Aux discours lénifiants où s'enracinent les fourches caudines du savoir. Ils inventent un autre droit coutumier. Chez eux l'amitié choisit ses saisons à leur rythme. Ils sont riches ou pauvres, mais demeurent insolvables. (...) Leur valeur vient surtout de leurs écarts. (p. 243)
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Je tiens à mes irréguliers. A mes encombrés, à mes encombrants. Ils ne s'occupent que de leurs passions, vivent gentiment à l'écart, s'établissent en angle-mort, assez loin des préoccupations soi-disant sérieuses de la plupart des gens. Toute leur force est en eux. Ils parviennent à viser juste en tirant de biais, ce qui est déjà un bel exercice. Nos frontaliers de l'art de faire réinventent sans cesse un imaginaire puisé à leurs fonds propres. On les a tant et tant promenés eux aussi que j'en fais implicitement partie. C'est ma chance. Je suis un arriéré. Ce qui me tient et me saisit si fort chez la plupart d'entre eux c'est leur véritable honnêteté, celle d'être à la fois des marginaux inventifs et de vivre leurs étranges propositions à plein temps. Ce sont des êtres rétifs à la sociabilité ordinaire. A l'analyse. Au Marché. Aux discours lénifiants où s'enracinent les fourches caudines du savoir. Ils inventent un autre droit coutumier. Chez eux l'amitié choisit ses saisons à leur rythme. Ils sont riches ou pauvres, mais demeurent insolvables. (...) Leur valeur vient surtout de leurs écarts. (p. 243)
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Lui qui depuis toujours et à pas d'heure était là, la porte ouverte, jamais pressé de finir la journée, n'aimait pas lâcher la rambarde. (...) Berger nocturne, il aurait pu causer philosophie avec un réverbère. Il était devenu à son insu, cela l'agaçait un peu, une de nos mythologies urbaines, une part non négligeable de nos jeunesses, une des configurations mentales de nos piètres mémoires, dévorées de tant de contradictions (...) Lui, au contraire ne prêchait pas, n'évangélisait personne, , n'imposait rien . Il vous mettait un livre en main et c'était à vous de jouer. (...) Il était devenu à la longue le témoin des lectures de ses clients, piochées sur des étagères de fortune. Un petit bois de passion lente brûlait en lui. [extrait...écrit à la mémoire de Jean Rome, libraire hors pair, hors grands circuits, qui exerça rue des Gras à Clermont-Ferrand, disparu en 2008]
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La Fabuloserie, établie à Dicy dans l'Yonne, a acquis à ainsi lâcher les amarres une renommée internationale. a l'entrée une citation de Bernanos donne le ton : "J'ai juré de vous émouvoir d'amitié ou de colère." C'est bien cela. Le musée est un lieu dynamique où règnent l'intime et le secret mais aussi la démesure. (...) ce musée d'art vivant est à la fois un reliquaire, un espace de liberté et une sauvegarde physique et visible de l'esprit d'insolence; (...)L'ordinaire pourtant n'y a pas sa place : toute chose ici se transforme et se transfigure. (...)
La fréquentation de l'art brut reste essentielle et salutaire; Elle aide à se débarrasser des discours ampoulés, de la prétention et des tours de passe-passe des-faiseurs- de l'art en place. Elle offre d'autres alternatives; (...) seul est beau ce qui est irrémédiablement non reproductible. (p.148-149)
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J'avais eu en histoire de l'art une professeure d'un certain âge, volontaire, vivante et claire. Elle avait son franc-parler. (...) Sous ses airs de garçon manqué, elle circulait librement dans son savoir à la façon des égéries d'ateliers des années cinquante. Elle nous disait que l'art, s'il sert en partie au panache d'une classe, n'est en rien un privilège de rang ou une source de distinction. (...) Cela me plaisir. Mais l'art pouvait être autre chose : un lieu profondément chargé d'obscurité, un tissu d'émotions aux odeurs d'absinthe, aussi fragile en bouche que le fruit de l'anis étoilé. Elle nous parlait divinement bien des communautés russes d'exilés à Paris. De la Ruche. Largement plus que les livres, de telles rencontres dament les aspérités des débuts. Elles vous choisissent.
J'avais une culture rudimentaire. Et une soif insolente. (p. 52-53)
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(...) Écrire me donne le sentiment ce matin (il est très tôt et l’aube débute, les coqs commencent à chanter, les étourneaux s’en vont, le renard rentre au gîte) de rayer du pied le gravier d’un chemin allant, à force de références, vers l’effacement. Surtout par manque de relais. Autour de moi une fois l’aurore levée, moutonne la verte campagne à l’infini. Il faut, certains jours, une bonne composition face à tant de verdure. Lire seul dans son coin épuise. D’où la nécessité d’établir en ces années, ces cahiers de notes que sont mes livres. D’aller à la pêche, de jouer à la pétanque, de discuter de tout et de rien, de briquer la proue du navire ne me suffit pas. L’incomplétude de chaque vie vient de ce qu’on n’en transmet qu’une infime partie. Cette dilapidation vous jette lentement quelques pierres. Sans trop de dégâts au début. Juste dans les carreaux. Puis en vieillissant, en silence et sans que personne ne s’en doute, elle vous lapide, assez sûrement.
Les entailles, scarifications, graffitis dont se chargent les murs en ville, orientent vers une autre écriture. Le premier geste gravé des enfants, des sans-nom, des paumés volubiles, d’anonymes souffrants ou d’amoureux exaltés permet de régresser de façon empirique. Cet art ne s’affiche pas, ne s’archive pas non plus très facilement mais me touche vraiment. Largement plus que la sculptures bâclée des bois d’un Baselitz, dont je saisis mal l’hyperbolique succès. Il y a trop d’argent qui circule dans certaines sphères et si peu pour restaurer les miracles fragiles. Ce cénacle de peu où s’affichent les rayures d’un simple mur dégradé me ramène à cet art fait d’invisibilité où rien de durable n’existe. Je tiens pourtant à de telles traces. Elles sont, loin des sentiers battus, l’essence d’un premier merveilleux.
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