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EAN : 9782909240244
231 pages
Ecriture (27/03/1996)
3.94/5   17 notes
Résumé :
Ce livre rassemble les entretiens que Colette a accordés à André Parinaud en 1949. Un document inédit exceptionnel. Cinq ans avant sa mort, l'auteur du Blé en herbe y apparaît tantôt charmeuse, tantôt ironique, toujours sincère. Elle y évoque, avec une étonnante liberté de ton, les êtres qui ont marqué sa vie, l'élaboration de son oeuvre, sa conception de l'amour.
Un essai biographique, une chronologie et une bibliographie détaillée complètent l'ouvrage.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Au crépuscule de sa vie, Colette répondit à une trentaine d'entretiens radiophoniques menés par le journaliste André Parinaud. Agée de 77 ans, clouée par l'arthrite sur son lit-radeau dans son appartement face au jardin du Palais-Royal, la vieille dame se livra avec plus ou moins de bonne volonté sur la genèse de ses personnages, sur la part personnelle que comportent ses romans, sur ses amis et les personnalités qu'elle fréquentait. On peut d'ailleurs écouter une bonne partie de ces entretiens sur YouTube : c'est très émouvant d'entendre la voix de Colette roulant ses R pour parler d'elle-même.

Je n'imaginais pas les journalistes des années 50 aussi désagréables et obstinés car, là, on n'est vraiment pas loin de l'agressivité et d'ailleurs Colette ne se prive pas d'envoyer quelques piques à André Parinaud. le journaliste indélicat se montre très insistant et malmène la romancière pour lui faire admettre qu'elle s'est beaucoup inspiré de ses propres expériences que ce soit à l'école, à Paris ou dans son couple avec Willy pour écrire les Claudine. Mais Colette s'en agace, prétendant n'accorder aucune importance à ses premiers romans, qu'elle semble presque renier et auxquels elle dénie toute qualité littéraire. Avec la ténacité bornée d'un roquet qui ne veut pas lâcher sa balle, le journaliste la pousse dans ses retranchements et finit par lui soutirer quelques aveux.

On se souviendra pourtant que Colette s'était montrée plus prolixe dans "Mes apprentissages" sur la genèse des Claudine et les personnages qui l'ont inspirée. André Parinaud ne se prive d'ailleurs pas de le lui rappeler mais la romancière alterne mauvaise foi et dérobades.

Colette nous explique pourquoi elle a voulu tuer "Chéri" ou "Michel" le mari trompé de "Duo". Elle aborde aussi les difficultés à terminer ses romans, l'effort important à fournir pour réécrire une fin encore et encore, le "refroidissement physique" qui la saisissait à ce moment-là. Ses souvenirs défilent... Polaire, Missy, Maurice Chevalier, Cocteau, Giraudoux, Courteline, Marguerite Moreno et tant d'autres qui traversèrent le début du XXème siècle...

On découvre aussi une Colette plus pudique, plus secrète que dans "Mes apprentissages" ou son étude "Le pur et l'impur". Mais peut-être est-ce parce que certains enregistrements furent censurés au montage par le directeur des programmes de la RTF, soucieux de préserver décence et moralité à ces entretiens destinés à un large public. Ou tout simplement est-ce dû à une certaine lassitude de Colette, fatiguée de remonter le temps et de dérouler une fois de plus le cours de sa vie pour des oreilles indiscrètes...

Bien que parfois entachées d'insincérité, ces vérités dessinent le portrait d'une femme qui s'est libérée de toute contrainte et d'un des plus grands écrivains du XXème siècle dont le génie réside dans sa plume et ses multiples vies, des vies qui ont fortement imprégné chacun de ses romans.

Je remercie chaleureusement Babelio et les Editions Archipoche pour l'envoi de ce recueil.

Challenge Non fiction 2023
Challenge Multi-défis 2023
Challenge Plumes féminines 2023
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Colette est née en 1873. On célèbre donc cette année son cent cinquantième anniversaire.
C'est une auteure que j'aime beaucoup et je possède énormément d'ouvrages qui lui sont consacrés. Outre ses propres oeuvres, la correspondance, des biographies, des critiques, des bande dessinées...
Peu avant sa mort, en 1954, le journaliste André Parinaud, qui éprouvait une vive admiration pour cette femme si singulière, décide de lui consacrer des émissions. Il propose son idée « à la chaîne nationale de la Radiodiffusion française » qui accepte.
Pas question de faire venir Colette dans les studios. Depuis un certain temps déjà, elle souffre de polyarthrite et ne quitte plus son appartement du Palais-Royal. C'est le critique qui se déplace et qui la rencontre, assise sur son « lit-radeau » depuis lequel elle surveille la rue en contrebas (comme elle l'écrit dans « Paris de ma fenêtre »). C'est ainsi que naissent trente-cinq entretiens diffusés sur les ondes et qui ont été rassemblés dans ce volume publié par les éditions Archipoche.
Il commence par une préface, dans laquelle André Parinaud remonte le fil du temps et retrace brièvement la vie de Colette, laissant une large place à de nombreux extraits de son oeuvre pour illustrer ses propos. Cette partie est longue, elle occupe un tiers de l'ouvrage et permet aux lecteurs qui ne connaissent pas (ou pas bien) Colette de découvrir qui elle était, quelle était sa famille, comment elle est devenue écrivain, mais aussi d'autres aspects assez curieux de sa biographie, puisqu'elle a été mime, s'est occupée d'un institut de beauté, a rédigé de nombreuses critiques (d'art, de mode...), a travaillé dans le journalisme et a beaucoup voyagé.
Il aborde aussi l'univers de ses amours, multiples et compliquées, qui n'ont pas manqué de faire scandale (Willy, Bertrand de Jouvenel, Missy...), ses amitiés (Marguerite Moreno, Jean Cocteau, Marcel Proust et tant d'autres), son incroyable liberté (il intitule d'ailleurs cette partie « La femme la plus libre du monde ») et les nombreuses demeures dans lesquelles elle a vécu.
On trouvera ensuite la transcription des entretiens. Certes, je les trouve intéressants. Par exemple, André Parinaud ne se contente pas d'aborder l'oeuvre, dont il cite énormément d'extraits, mais aussi d'innombrables aspects de sa personnalité. Par exemple, on, verra que, enfant (et contrairement à beaucoup de personnes de cette époque), Colette était encouragée à lire par ses parents : « A huit ans, j'ai demandé qu'on me donnât pour mes étrennes les volumes parus (...) du théâtre de Labiche. On me les a donnés. »
Ma mère, par exemple, me racontait toujours, avec regret, que sa propre mère considérait la lecture comme une perte de temps, une activité d'oisif. Par chance, sa frustration a eu l'heureuse conséquence qu'elle-même nous laissait lire tant que nous voulions.
André Parinaud a également bien cerné ce qui donne une qualité incomparable aux romans de cette grande dame des lettres : « Votre oreille est musicale, votre tactilité d'une grande richesse de nuances, et votre sens gustatif est celui d'une gourmande. C'est cet ensemble sensoriel qui assure ce que je dénommerai les vertus de votre style. »
Mais, d'un autre côté, il me semble qu'il a parfois des idées préconçues et erronées. Ainsi, je pense qu'il n'a pas bien compris « La Chatte », un de mes romans préférés (allez savoir pourquoi!) Il dit : « Alain préfère sa chatte à sa femme ». Mais, selon moi, il ne s'agit pas du tout de la même sorte d'amour. D'ailleurs, Colette répond : « La chatte n'a pas d'arrière-pensée, mais la jeune femme en a une, ou plus précisément, elle les a toutes. »
Je trouve que, très souvent, les questions posées sont bien trop longues. Il n'est pas rare qu'elle occupent une page entière, ou même plus. Pour ma part, j'en aurais déjà oublié le début !
Souvent, il se répète, insiste, alors qu'on devine bien que Colette ne veut pas répondre. Ses formules se font de plus en plus lapidaires.
Je reprocherais également de nombreuses redites qui lassent le lecteur à la fin. J'avais parfois l'impression de relire des passages repris quasiment mot pour mot. Peut-être qu'à l'oral, cela ne choque pas, car on n'a pas tout retenu, mais, si on reprend les interviews, on pourrait les « toiletter » et en grouper les thèmes.
Le volume se termine par quelques appréciations des critiques parues à l'époque et par une « lettre d'Henry Barraud, directeur des programmes de la Radiodiffusion. »
Celui-ci insiste (assez lourdement) sur son droit de regard, je dirais même de censure, car il veut qu'André Parinaud lui soumette ses séances de montage avant de les diffuser. En effet, si Colette est émancipée (trop, à son avis), « la Radiodiffusion ne peut pas se permettre ces mêmes libertés de langage. »
Je n'ai pas pu m'empêcher de rire en découvrant ce cri du coeur : « Elle est dans son personnage en tenant des propos d'une grande liberté, mais d'une moralité propre à soulever la réprobation véhémente de tous les pères de famille soucieux de la protection de leurs jeunes filles. » (Autrement dit : « sois belle et tais-toi. Contente-toi de servir ton seigneur et maître en silence »). Il ajoute que, s'il n'a pas le temps de revoir lui-même les émissions, André Parinaud doit avoir la décence de s'autocensurer.
J'ai lu ce volume avec intérêt et je remercie Babelio et l'opération Masse critique, ainsi que les éditions Archipoche de m'avoir permis de le gagner .
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J'ai eu le plaisir de recevoir ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique, et je remercie Babelio et les éditions Archipoche.
D'emblée on voit qu'il s'agit d'un bel objet, avec sa couverture en papier glacé; Il s'agit d'une photographie du fonds Roger-Viollet représentant la jeune Colette en habit de faune.
De Colette, j'avais lu un ou deux livres, à savoir Claudine à l'Ecole et l'Ingénue libertine.
Dans Mes Vérités, on n'a pas affaire à une oeuvre de fiction, mais à un recueil d'entretiens radiophoniques réalisés entre 1949 et 1950 par André Parinaud, soit au soir de la vie de l'écrivain.
Dans le livre ils sont précédés d'une préface d'André Parinaud, qui nous présente à la fois la vie et l'oeuvre de Colette.
Puis ce sont les entretiens à proprement parler, dont certains sont annotés d'André Parinaud.
Colette y semble peu prolixe souvent, notamment au sujet de sa relation avec son premier mari, Willy.
Parfois elle ne répond pas aux questions, disant qu'elle ne se rappelle pas.
Alors qu'à d'autres occasions, elle "se lâche" et développe sur des thèmes qui lui tiennent à coeur. Comme l'écriture, les personnages de ses livres, sa mère. Sido, son père, l'amour, les chats, le bonheur..
Ce livre a valeur de témoignage. Colette parle également de ses rencontres avec les artistes de l'époque tels Jean Cocteau, Anna de Noailles, Armand Salacrou, Madame Popesco etc... Ce qui fait aussi du livre un témoignage intéressant sur la vie artistique et culturelle de l'époque.
En fin d'ouvrage, on peut lire une biographie de l'écrivain.
J'ai apprécié la lecture de ce livre et j'ai appris sur ce grand écrivain qu'était Colette.
Le format des entretiens, un dialogue, implique une proximité, on a presque l'impression d'être présent et d'y assister.
Je le recommande.
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lisant mes vérités il me revient que Colette a laissé sa fille Bel Gazou en nourrice jusqu'"à l'âge de huit ans puis l'a envoyée en pension jusqu'à ...?
cela confirme qu'elle pensait davantage à sa "carrière" qu'à son enfant :
en avance sur son temps ...
Lisant les réponses faites à l'auteur de "mes vérités", on constate
que Colette avait un fort et peu facile caractère.
Pourquoi la vouloir parfaite ? parce qu'elle écrit divinement ?
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Tout comme j'ai fait il y a peu une cure de Lydie Salvayre, je fais en pointillés une mini-cure de Colette… et de ses biographes, commentateurs, intervieweurs.

Mais nous avons lu tant et tant d'excellents textes à son sujet que celui-ci – la transcription des entretiens réalisés par André Parinaud pour la Radiodiffusion française, en 1950, transcription intitulée « Mes vérités » – me semble bien décevant. J'avais éprouvé le même sentiment devant le recueil « Cadeaux de Noël » que j'ai chroniqué l'année dernière : le problème, ce n'est pas Colette, toujours brillante, c'est ce qu'on essaie de lui faire dire ! Trop souvent, dans ces entretiens, André Parinaud tente de faire coïncider l'oeuvre de Colette avec certains épisodes intimes de sa vie, alors qu'elle slalome comme un chat entre ses questions, et déploie des trésors de malice pour ne pas lui répondre, ou pour répondre à côté. Comme les « Cadeaux de Noël » du recueil cité, les « Vérités » de ces entretiens relèvent du trompe-l'oeil. En couverture du livre, heureusement, Colette incarne un faune sibyllin et charmant.


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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Je veux faire ce que je veux ... Je veux jouer la pantomime, même la comédie.
Je veux danser nue, si le maillot me gêne et humilie ma plastique ...
Je veux écrire des livres tristes et chastes ...
Je veux chérir qui m'aime et lui donner tout ce qui est à moi
dans le monde : mon corps rebelle au partage,
mon corps si doux et ma liberté ! p 31
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Ce qui nous transporte, nous émerveille, c'est qu'elle ne fait jamais
partie de la norme de l'ordre humain (dixit colette de jouvenel dans son journal)
p 189
Colette a subi la même mésaventure que sa mère Sido et a eu la même réaction :
un incendie : quand nous nous sommes mis en route pour évacuer, l'escalier
était barré par la fumée et les flammes, impossible de descendre ...
Ce qui m'a permis de revenir prendre mon café en attendant les pompiers
p189
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Mais un événement allait une nouvelle fois bouleverser le cours de son
existence.
Sido, souffrante, avait écrit à sa fille :
Dire que je pourrais mouruir sans te revoir.
Pour Colette, sa sainte mère est insupportable, non qu'elle soit plus
gravement malade mais elle a une crise : je veux VOIR MA FILLE.
Cependant, Colette avait repris l'oiseau de nuit au Ba ta clan.
Le 25, durant les représentations, Sido mourut :
Maman est morte avant hier écrivit-elle à Hamel.
Je ne veux pas aller à l'enterrement.
Je le dis presque à personne et je ne porte aucun deuil extérieur.
(foncièrement égoïste Colette ? ou trop meurtrie ? dixit charlottelit) p 40
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Deux femmes, bien éprises, n'évitent pas la volupté,
ni une sensualité plus éparse que le spasme et plus chaude que lui.
C'est cette sensualité sans résoltuion et sans exigence, heureuse du
regard échangé, du bras sur l'épaule, émue de l'odeur de bébé tiède
réfugiée dans une chevelure, ce sont ces délices de la présence constante
de l'habitude qui engendrent et excusent la fidélité.
Peut-être cet amour qu'on dit outrageant pour l'amour échappe-t-il aux
saisons, au déclin de l'amour, sous la condition qu'on le gouverne
avec une sévérité invisible, qu'on le nourrisse de peu, ...................
p 204 pour savourer la suite p 205
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- Il me semble que, dans toute votre œuvre, vous transposez par affabulation certains aspects de vous-même. Je vous demande de préciser si, en écrivant Claudine en ménage, vous ne cherchiez pas à forcer le destin, à "appeler" autre chose, à vous défendre contre vous-même peut-être ?

- Quittez, je vous prie, l'idée que les choses relatées dans ce volume ont eu de l'importance ou de la véracité.
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