* CHALLENGE MASSE CRITIQUE 2016*
J'ai été ravie de recevoir ce petit livre qui tient à la fois du journal intime, du carnet de bord et du témoignage. le fil rouge de cette "thérapie par l'écrit" est en fait la dépression, à un moment clé de la vie: l'adolescence. Margaux nous livre son coeur, ses émotions et ses réflexions sur la vie avec une plume délicate et pleine de poésie. On ne tombe jamais dans le pathos. Même au + bas, l'espoir parvient toujours à se frayer un chemin jusqu'à nous.
L'âge de l'auteure et certains "déserts" comme elle dit, que nous avons eu en commun, font que j'ai souvent pu m'identifier et n'aie eu aucun mal à me mettre à sa place. L'émotion n'est pas surjouée, elle est vraie. Si l'on voit régulièrement des témoignages de victimes de viols ou de maltraitances, la dépression est moins souvent traitée. Celle-ci peut avoir de multiples causes, mais pour Margaux elle est viscérale et comme venue de nulle part, amenant avec elle son cortège d'horreurs: anorexie, boulimie, automutilation... Elle n'a pas vécu de traumatisme majeur, mais sa souffrance est pourtant réelle.
Pour certains, les "hypersensibles", la vie elle-même, dans toute sa vacuité, est déjà une épreuve. Ecrire ce livre a été pour
Margaux Cipriani une véritable catharsis. Elle partage ses démons pour mieux les exorciser. On la sent à la fois forte et pure, son écriture presque naïve parfois et pourtant profonde reflète encore l'innocence de l'enfance, et elle a su préserver son sens du merveilleux, garder son âme d'enfant malgré les épreuves. C'est une véritable leçon de courage. Les mots de Margaux ont une portée universelle.
Je pense que l'auteure a visé juste: elle voulait que son expérience puisse servir à d'autres, et c'est réussi! "
Mi-cuite" est le reflet de son cheminement psychologique, cheminement que toutes les personnes en souffrance n'ont pas encore forcément accomplis eux-mêmes. On trouvera donc ici des raccourcis, des métaphores, des béquilles pour avancer et faciliter la prise de conscience, donc la guérison. Ce livre aide à se sentir moins seul, aussi: une "armée des déserts" comme le dit Margaux.
S'il faut amener un petit bémol, j'ai un peu de mal avec sa revendication d'être "une artiste", mais ce détail m'est personnel... Sur la fin je l'ai également trouvée un peu égoïste, rancunière et agressive mais, semble-t-il, sa défense: c'est l'attaque... Et puis elle s'est endurcie, et si c'est là que se trouve pour elle la voie de l'épanouissement, alors tant mieux! Chacun a sa manière d'appréhender la vie, les autres et la souffrance. Chacun trouvera ici des éléments qui feront écho à son vécu ou celui de ses proches. Il y a un peu de Margaux en chacun de nous...