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EAN : 9782365692670
240 pages
Editions Les Escales (07/09/2017)
4.13/5   36 notes
Résumé :
Miguel, un veuf solitaire, reçoit une lettre de sa soeur Nuria : elle a perdu son époux et compte venir s'installer près de lui, dans sa cité ouvrière de la région de Tolède. Pris de panique, le vieil homme fuit avec son chien Ramon en direction du village de son enfance, dans l'Estrémadure, où il n'est jamais retourné depuis la guerre civile. Là, des souvenirs de sa jeunesse refont surface...
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Ils étaient deux, Miguel et Ramon, des jumeaux inséparables. Miguel, dit Medianoche, le taiseux, le raisonnable et Ramon, Mediodia, le joyeux, le turbulent. Mais la guerre est passée par là et des jumeaux, seul reste Medianoche. Il a survécu à la guerre, à la prison, aux camps de travail, au mariage et au veuvage. Depuis cinq ans que la Pura, son épouse revêche, a été enterré, Medianoche partage son temps entre les fleurs de son jardin et ses promenades sans fin en compagnie de Ramon, son chien, son ami, son frère. Il est enfin libre de vivre à sa guise et c'est bien de la terreur pure qu'il ressent quand sa soeur Nuria lui annonce par lettre que, désormais veuve elle aussi, elle vient s'installer chez lui pour s'occuper de son foyer. Alors Medianoche prend la fuite. Avec son chien, il grimpe dans un car et part vers son village natal, ce petit pays d'Estemadure qu'il a quitté à l'âge de 17 ans et n'a pas revu depuis soixante ans. le village n'existe plus, noyé par un barrage, mais dans la tête et le coeur de Medianoche, les souvenirs sont intacts : son jumeau fusillé, son arrestation, ses dix années d'enfermement, son ami Andrès, son premier amour, sa rencontre avec Pura, son fils disparu, toute une vie marquée par l'infamie d'être un Rouge dans l'Espagne franquiste.

Retour sur la Guerre d'Espagne à travers les souvenirs d'un vieil homme qui n'a rien oublié de la violence des phalangistes, de la terreur, des humiliations, des exécutions sommaires et du silence de plomb qui a suivi la défaite. de sa jeunesse fauchée par la barbarie, il a gardé la conviction d'avoir été du bon côté. Et même s'il a fallu vivre dans la honte des vaincus, même s'il a fallu se taire et supporter l'arrogance du régime, la déformation des faits historiques et la misère, Medianoche est resté l'homme libre qu'il était déjà à 17 ans. Il a conservé précieusement le souvenir de son jumeau, mort d'avoir profané une église, celui aussi d'Andrès, son compagnon d'infortune dans les camps, celui de Rosario à qui il a renoncé parce qu'elle était institutrice et fille de notaire et lui presque analphabète. Si la République avait survécu, peut-être...Tous égaux, hommes comme femmes, tous instruits, fils de berger ou de médecin, alors, oui, peut-être...Mais l'esprit de liberté et d'égalité a été balayé par Franco et ses troupes sanguinaires. Au cri de ''Viva la muerte'', ils ont exterminé ceux qui résistaient, ceux qui voulaient redistribuer les terres, chasser les curés, vivre libres.
Un beau roman sur l'amour, l'amitié et bien sûr sur la guerre civile qui déchira le peuple espagnol de 1936 à 1939 et les années de plomb qui suivirent. Franco resta au pouvoir jusqu'en 1975, année de la réconciliation nationale qui plongea encore une fois les vaincus dans l'oubli et le déni de leurs souffrances.
Le roman souffre peut-être d'un côté un peu trop didactique pour être un coup de coeur. Carine Fernandez s'est bien renseignée sur la guerre d'Espagne et elle étale un peu ses connaissances, mais l'ensemble reste émouvant.
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***,*

Miguel, appelé Médianoche, fuit sa maison et sa soeur par peur de perdre sa liberté. Depuis le décès de sa femme, il profite du jour, de son jardin, des plaisirs simples et de son chien, Ramon. Tous deux sont plus qu'une bête et son maître, ils sont deux amis, deux êtres malmenés par la vie et qui se suffisent à eux mêmes.
Alors qu'il revient vers son village natal, les souvenirs affluent. Médianoche se rappelle le village enfoui sous les eaux, son jumeau fusillé et la prison. La guerre civile espagnole fait encore rage dans sa tête et les humiliations et les mauvais traitements font partie de son histoire...

"Mille an après la guerre" est un roman d'une grande intensité, d'une grande sensibilité et écrit avec talent. Je connais assez peu cette période et j'ai découvert avec la simplicité du personnage, les actes terribles menés en Espagne.
Cet homme nous touche par sa solitude, sa honte et son manque de confiance en lui. Il nous émeut et on ne peut que saluer son courage au milieu de ce monde dur et cruel. Médianoche fait partie de ses personnages qu'on ne peut oublier facilement...

Un grand merci à NetGalley et aux éditions des Escales pour le partage de ce beau roman.
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Un vieil homme revient sur ses terres d'enfance, après les avoir ignorées pendant des décennies. Tant d'années ont passé, il ne reconnaît plus rien. Durant ce voyage qui s'apparente à un pèlerinage, les souvenirs reviennent, une vie qui bascule à 17 ans, emprisonné comme républicain dans les turbulences de la guerre civile espagnole.
Un vieil homme qui porte en lui la culpabilité du survivant.

Une belle histoire, triste et douloureuse, qui évoque bien la volatilité des choses et des lieux, quand les traumatismes des hommes ne disparaissent jamais. Tant de douleurs physiques ou morales, et d'espoirs perdus en route, dans les temps du fascisme.

Les époques s'entrelacent et se lisent avec une belle fluidité. Un roman qui s'ajoute à tous ceux qui témoignent de la guerre civile, qui raconte les exactions, les vies brisées ou disparues, mettant en lumière le courage, l'amitié et l'entraide dans l'élan solidaire vers une juste cause. La guerre ne fait pas des héros, juste des hommes qui résistent et se battent pour survivre ou simplement pouvoir être en accord avec eux même.

L'écriture est vraiment très visuelle. Dans le voyage de Medianoche, on voit l'Espagne, on la hume, on s'en rassasie les yeux. Apparaissent dans ces personnages l'identité espagnole, l'esprit de loyauté et de générosité, âpre et vindicatif. Le style de Carine Fernandez arrive à mêler la rudesse du propos et une certaine forme de vitalité potache (la visite au musée du Prado est savoureuse).

Un très beau personnage, qui voyage dans sa tête et dans son coeur, en quête de sérénité.

Remerciements à Netgalley et aux éditions Les Escales
Rentrée littéraire 2017
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Miguel et Ramon ou Medianoche et Mediodía ,deux frères , des jumeaux. Seul Medianoche , l'aîné , est encore en vie. Bien vieux, veuf depuis quelques années, avec pour seul compagnon son chien. Il passe ses journées à arpenter les chemins en compagnie de Ramon le chien. Quand il apprend que sa soeur Nuria , veuve elle aussi, veut venir s'installer chez lui , il s'affole , prend quelques affaires et le car… Les heures défilent et les souvenirs aussi…
Tous sont là bien présents même si la chape de plomb de silence imposée par la dictature de Franco existe bel et bien. Un voyage qui le ramènera à ses origines .
Un roman certes poignant, certes douloureux mais illuminé par l'écriture de Carine Fernandez . Plume à la fois conteuse et charmeuse ; les mots s'égrènent , les phrases s'enchainent , le mot est juste , précis et fait mouche . le temps passe mais la plaie s'est elle refermée? Ce long voyage harassant va t'il permettre à Miguel de poursuivre sa route ?
Un livre au parler vrai, une période douloureuse de l'histoire de l'Espagne , des générations marquées pour toujours, les langues se délient espérons que la plaie finira par cicatriser.
Un immense merci aux éditions Les escales via NetGalley pour ce moment passé avec Medianoche .
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Un vieil homme retourne sur les lieux de son enfance, près de son village englouti par les eaux après la construction d'un barrage. Il se remémore sa jeunesse profondément marquée par la guerre d'Espagne, durant laquelle il a perdu son double, son frère jumeau surnommé Mediodia, lui-même étant Medianoche. Ce demi-jour lui manque ainsi que tous les autres disparus qu'il a connu et aimé. Il reporte son affection sur son chien, un brave cabot mais...
Il s'agit là d'un roman poignant sur l'amitié, l'amour contrarié par la différence de classe sociale, malgré les idées progressistes, sur les méfaits de la guerre et du manque de liberté.
On y retrouve l'atmosphère de l'Espagne franquiste puis de ce pays actuel, que le vieillard ne peut plus comprendre, où il est maintenant comme un étranger, ressassant toutes les souffrances qu'il a subies.
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
08 janvier 2018
Un roman poignant qui s’ouvre sur la vie pépère d’un vieillard solitaire et qui, grâce à la magie des mots, nous permettra ensuite d’en apprendre beaucoup sur la guerre civile espagnole.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le vieux avance, escorté de son armée de fantômes, de son camp gris de vaincus, il avance, le regard brouillé, vers le drapeau rouge et or qui se déploie, au-dessus de la caserne de la guardia civil. Il voudrait ne pas le voir, l’effacer à jamais de son ciel d’Espagne et de sa mémoire. Qu’il le veuille de toutes ses forces n’y change rien. Pour cela aussi il est impuissant. Il n’a aucune prise sur le monde.
Rien ne peut faire que le drapeau ne soit là, devant lui, à lui claquer au nez ses deux couleurs auxquelles il manque la troisième : le violet de la République, la teinte du ciel quand vient le soir, la page mauve où les hirondelles écrivent leurs traits vibrants, leurs paraphes orgueilleux, leurs strophes à la liberté. Contre la dureté du monde, la méchanceté des hommes, il ne peut rien.
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Le savoir était la vérité et il fallait la chercher sans relâche, c’était un devoir, mais l’art, eh bien, l’art restait toujours à inventer. L’art était la porte ouverte, la liberté de l’homme.
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Et maintenant c'est toi qui tombes à genoux, Medianoche, nuit après nuit. La mitraille éclate dans tes poumons tandis qu'un flot sanglant te monte aux lèvres et tu tombes. Tu gis au fond de ton lit, sans trouver le sommeil, condamné à revoir sans rémission la lumière de septembre s'éteindre dans l’œil béant du petit frère. Mediodia, enterré avec onze autres, dans une fosse commune sous les arbousiers, à deux kilomètres de Montepalomas.
L'histoire l'a effacé. Il n'attend rien, seulement qu'un chien le déterre quelque jour. Un très jeune homme, rayé du monde des vivants. Ton frère, pas toi.
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Il n'a pas d'illusions sur les hommes. Il sait que les bons et les mauvais ne sont pas des espèces différentes, mais que chacun est un brave type et un salaud tour à tour et même plusieurs fois par jour. Il suffit de tomber au bon moment et de l'accepter.
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La nature est complice, la nuit se tait, le laisse faire. Va Medianoche où le passé t'appelle. Le silence comme une cape, que soulève de loin en loin le coassement des grenouilles. De tout leur chant ventriloque, elles savent. Par cette malignité de la nature qui contient tout, le passé comme le futur. Qui sait d'avance.
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