Aujourd'hui il s'agira encore d'un livre jeunesse,
Mon amie la sirène, un bel et grand (36x28,5) album de
Nathalie Minne paru en 2016 chez Casterman.
Malo, un petit garçon, habite sur la falaise; un soir, c'est la tempête! le lendemain il découvrira une étrange petite fille sur la plage, qui semble avoir un problème...
Par contraste avec Ma mère est une sirène et L'enfant-phoque (sans compter le phare des sirènes, lu auparavant, dont l'histoire principale démarre de manière analogue mais dont la fin est un mélange de tristesse et d'espoir), évidemment l'histoire m'a parue d'abord un peu plate et sans surprise, avec une sirène princesse en détresse (comme dans la perruche et la sirène) et le côté un peu gnangnan du texte de fin (bien que l'illustration ne le montre pas du tout, et soit, de mon point de vue, bien plus touchante).
Puis, ensuite, en le relisant j'ai apprécié son charme simple, et ses richesses moins évidentes, comme l'effet miroir des découvertes (gustatives notamment) et des préjugés des parents, qui se retrouve aussi dans les illustrations (dont on profite sans texte puisqu'il se situe dans une marge blanche à côté). Les containers du cargo quand son père raconte à Malo "que les sirènes sont dangereuses et cruelles, qu'elles attirent les marins dans des profondeurs d'où ils ne reviennent jamais" répondent aux intérieurs de couverture, remplis d'effets picturaux, gouttes, brossés; et les dires du père de Malo répondent au père de la petite sirène qui "dit qu'il faut se méfier des humains" (le monde des sirènes est du coup vu comme équivalent à celui des humains, pas plus éclairé qu'eux!)
Bon, alors je suis assez partagée sur le graphisme de cet album: autant le principe des papiers peints, texturés, découpés est beau (avec la grande taille de l'album on en profite bien et il est très riche en effets picturaux, une vraie texturothèque! ça peut même servir d'exemple ou de point de départ pour étudier avec des enfants les divers effets qu'on peut obtenir par empreintes de pinceau ou de papier froissé), autant je n'aime pas trop les designs des personnages de
Nathalie Minne avec les têtes toutes rondes, les joues rouges, les nez tout pointus... Un peu marionnettes ( mais le côté géométrique fonctionne bien mieux pour les animaux)... Et le fait que la sirène semble porter un "vêtement" est un peu étrange aussi: ses bras ont l'air de sortir de manches de tee-shirt, moi ça me fait bizarre -_- Par contre, ses cheveux ont une vie propre et ondulent en permanence dans les airs au-dessus et autour de sa tête, j'adore!
Les couleurs sont belles, légèrement éteintes et d'un palette un peu réduite, mais sans tristesse et très harmonieuses. On peut aussi remarquer le discret embossage de la couverture, qui donne une petite dimension tactile toujours appréciable ^^
Mais ce qui reste vraiment le plus joli dans cet album, c'est cet échange de connaissance entre enfants, vierges de tout préjugé, et pleins de confiance l'un envers l'autre malgré les idées reçues des adultes. Et cet éloge de le découverte, surtout des goûts - le meilleur moyen de passer un bon moment avec l'autre n'est-il pas de partager un repas ensemble? on appelle cela la commensalité :)
Ici le monde des adultes n'intervient que très peu, on reste dans le monde des secrets et des jeux enfantins, avec une parenthèse/incursion de chacun dans le monde de l'autre, en gardant un côté très doux, détendu, rassurant. Vous pourrez le lire très tôt à vos petits bouts!
Plus de photos et de citations disponibles sur mon blog sirènologie ^^
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